Archives mensuelles : décembre 2022

Les 50-64 ans sont 20% des créations ; 5 profils les caractérisent.

Méthodologie : l’enquête Insee-SINE (20).10-2015) est la base de données centrale. Elle permet de suivre sur cinq ans une cohorte de jeunes entreprises et de définir les caractéristiques du créateur, notamment son âge.

4 autres bases sont mobilisées et appariées avec la précédente pour mieux qualifier la sortie de l’entrepreneuriat : le BODACC et Insee-SIRENE-SELS pour la pérennité (elles permettent d’identifier notamment les ventes et les fusions acquisitions d’entreprises), Insee-FICUS-FARE pour le développement et la rentabilité de l’entreprise (cette base contient les informations comptables des entreprises issues des liasses fiscales et mises en cohérence avec les informations provenant de l’Enquête sectorielle annuelle), et Global Monitoring Monitor (GEM).

Noter que la notion de « cessation » d’une entreprise renvoie à 3 situations non renseignées dans lesquelles l’entreprise n’est plus active : l’entreprise n’existe plus, l’entreprise a été vendue ou transmise, l’entreprise a été mise en location gérance.

 

Les seniors sont pour moitié des chefs d’entreprises soit serial entrepreneurs, soit de type indépendant et pour moitié des personnes en reconversion du fait du chômage ou de revenus insuffisants.

⇒ Éléments complémentaires pour approcher l’enquête

Les concepteurs de l’enquête s’appuie sur un méthodologie particulièrement pointue dont quelques éléments sont cités ci-après : 

 

-Les appariements des 5 bases de données permettent de distinguer, dans l’ensemble des créations, 4 populations au sein de la cohorte 2010-2015 : 36 387 entreprises créées en 2010, 20 631 (60%) ont survécu au moins 5 ans ; 24% ayant survécu 5 ans ont fait l’objet d’une cession transmission ; 10% de celles n’ayant pas survécu, ont fait l’objet d’une liquidation judiciaire.

 

-L’impact est analysé en distinguant 3 classes d’âges (18-29 ans, 30-49 ans, 50-64 ans, voire 55-64 ans). L’âge moyen de création d’entreprise est de 40 ans.

Le vieillissement est porteur de phénomènes très différents : on se rapproche de la fin de la période d’activité, ce qui peut porter à limiter les investissements de toute sorte (investissement personnel, embauche, investissements matériels…). Pour l’estimer, à côté de la variable « âge du créateur », une variable « distance à la retraite » a été créée.

 

-88% sont des créations nouvelles, les autres des rachats ou des location-bail.

 

-Par ailleurs, le taux de cessation d’activité présente une variabilité départementale importante ; il permet d’expliquer significativement la probabilité de survie des entreprises.

 

La comparaison internationale montre que la volonté d’entreprendre en France diminue fortement avec l’âge : les seniors français sont moins enclins que les américains à vouloir entreprendre, mais autant que les seniors britanniques et allemands ; selon l’enquête GEM, si la France affiche en moyenne sur la période (2014-2018) un taux de création d’entreprise inférieur à celui observé en moyenne dans l’UE (1,9% contre 2,8%), il n’y a pas de différences pour le taux de création d’entreprise des seniors (1,7% contre 1,9%) ; ce taux est d’autant plus élevé que les seniors étaient en plein emploi au sein de leur activité nouvelle.

Noter que dans la région dite de culture européenne, seuls 6% des personnes âgées de 50 à 64 ans souhaitent créer une entreprise, contre 14% en Asie du Sud-Est, 23% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 27% en Amérique du Sud et 35% en Afrique subsaharienne. Il en est de même pour les seniors : 4% pour la zone des pays développés, comparé à 9% en Asie du Sud-Est et 7% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Sur les intentions d’embauche à la création, reflet d’optimisme et d’une volonté de développer l’entreprise, la France est dans la moyenne de l’UE avec un peu plus de 10% des répondants, quant aux seniors et aux créateurs âgés de 18 à 64 ans. C’est 18% aux États-Unis.

 

Les résultats de la recherche de la Fondation Entreprendre auprès de créateurs des 45 ans et plus, ceux d’Initiative France, études que développe France Stratégie, conduisent aux quasi mêmes observations.

⇒ Profils des créateurs seniors et caractéristiques des entreprises créées

♦ Une élément clé de différences avec les créateurs plus jeunes

La création d’entreprise « subie », motivée par la contrainte économique, n’est pas un objectif fréquent parmi les seniors, ni parmi les 18-64 ans ; par contre, les seniors se distinguent en ayant en priorité des motivations et objectifs de rentabilité plus que de développement de l’entreprise (en termes de marchés, de chiffres d’affaires, d’emploi, etc.). Cela renvoie à la volonté d’assurer à la fois son propre emploi, mais aussi un niveau et une qualité de vie. Les seniors seraient moins dans une démarche expérimentale (tenter, voir, apprendre), mais plus dans une recherche de viabilité du projet, confortée par leur expérience professionnelle antérieure.

 

♦ Les caractéristiques des seniors comparés à l’ensemble des créateurs

 

-Les seniors représentent une part importante et stable dans le temps des créateurs d’entreprise, de l’ordre de 20% de l’ensemble environ en 2010, 2014 et 2018, leurs caractéristiques se modifiant peu sur la période, sinon qu’ils sont moins souvent demandeurs d’emploi. 

 

-Ils sont plus fréquemment de sexe masculin (77% vs 67 parmi les 25-34 ans),  et vivent plus souvent en couple. Ils sont à la fois peu diplômés (44% ont un niveau inférieur au baccalauréat contre 38 dans l’ensemble) et diplômés du supérieur (39% vs 43), mais davantage de type ingénieurs, grandes écoles (8,2% vs 6,9).

 

-Leur expérience professionnelle antérieure : 51% ont déjà crée une entreprise (vs 33 pour l’ensemble des créateurs) ; d’ailleurs au moment de la création, 38% disent être indépendants ou chefs d’entreprise (vs 24 l’ensemble des créateurs).

65% déclarent tout autant que les autres avoir un entourage entrepreneurial.

 

-51% avaient été cadres lorsqu’ils étaient salariés (vs 32) ; noter qu’1/3 avaient été ouvriers ou employés (vs 49). 62% ont une expérience professionnelle de plus de 10 ans dans le métier ou l’activité de création (62% vs 39). 59% déclarent que le secteur d’activité de l’entreprise créée est identique à celui du métier exercé précédemment (vs 64).

Ils sont aussi moins souvent demandeurs d’emploi (28% vs 33) mais un plus souvent de longue durée (12,5% vs 10,8).

-Lors de la création, 23% poursuivent une activité rémunérée complémentaire (vs 19), notamment comme dirigeant (67% vs 57) ou salarié (33% vs 42). 64% exercent cette activité de création à temps complet (vs 64).

 

♦ Le financement de leur entreprise et le recours aux prestations sociales

 

-Au démarrage, les seniors ont démarré avec un même ordre de grandeur de capitaux : 43,5% avec au plus 8 000€ vs 43,2 et 32,7% avec au moins 16 000€ vs 33,5%.

Par contre leur apport au capital est un peu plus fréquent  (59% vs 53) et donc plus élevé  ; ils ont moins recours à l’emprunt bancaire (37% vs 44), un peu moins à d’autres types d’emprunt (6,1% vs 8,7), à peine plus aux subventions et primes (6,6% vs 6,4) et au capital risque ou à l’apport d’autres sociétés à leur capital (4,2% vs 3,7).

 

– Le recours aux allocations chômage, aux prestations sociales et aux aides publiques à la création d’entreprise est minoritaire (33% vs 49), notamment du fait de l’ACCRE (30% vs 42).

⇒ 5 profils de création chez les seniors

♦Profil 1 – le serial entrepreneur très diplômé (24%).

Ce premier profil décrit un homme en couple, français, très diplômé, âgé de 55 à 59 ans. Il a une activité rémunérée dans une autre entreprise et était auparavant chef d’entreprise. Il ne perçoit pas d’allocation chômage, ni de prestation sociale ni d’aide publique à la création d’entreprise. Il apporte un capital personnel élevé au démarrage. Son entreprise est en général une société. Ses motivations sont respectivement avoir une idée nouvelle à développer, avoir le goût d’entreprendre et avoir une opportunité.

 

♦ Profil 2 – un indépendant ayant un bas niveau d’éducation (24%).

Avec un diplôme peu élevé et des moyens financiers faibles, cette catégorie est composée d’anciens indépendants ou de personnes sans activité qui créent une entreprise sous le statut juridique de personne physique. Les activités créées sont localisées dans les secteurs de la construction, les HCR, le transport ou le commerce. Ils ne reçoivent aucune prestation et aide publique, et leur motivation principale est « d’être indépendant ».

 

♦ Profil 3 – un chômeur de longue durée (21%).

La personne est âgée de 55-59 ans, au chômage depuis plus d’un an. Elle est moins souvent en couple. Elle est motivée par la volonté de créer son propre emploi, et bénéficie d’aides publiques, notamment de l’ACCRE.

 

♦ Profil 4 – une femme retraitée nécessitant un complément de revenu (19%).

Ce profil correspond à une femme âgée de 60 à 64 ans ayant un haut niveau de diplôme. Il s’agit d’une 1ére création d’entreprise. Elle ne perçoit pas d’aide publique à la création. Sa motivation est d’augmenter son niveau de revenus. Avant la création, elle était retraitée ou agent de la fonction publique. Elle développe son entreprise dans les secteurs de la santé et de l’action sociale, de l’enseignement et dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques.

 

♦ Profil 5 – un demandeur d’emploi depuis moins de 12 mois (12%).

Il s’agit d’une personne plus jeune (50-54 ans) que dans les précédents profils. Sans emploi, elle a recours aux prestations sociales et aux aides publiques d’aide à la création. Il s’agit d’une 1ére création d’entreprise, motivée par la contrainte économique mais aussi par la volonté d’être indépendant et par le goût d’entreprendre. La personne vit plutôt en région parisienne et son éducation est de niveau intermédiaire.

⇒ Les créateurs seniors au démarrage

-66% des créations nouvelles par des seniors prennent la forme juridique d’une société, plus que pour l’ensemble des créations.

 

-Les créations se concentrent principalement dans 3 secteurs d’activité, proches des autres créations : celui du commerce et HCR (32,6% vs 31,3), celui des services aux entreprises (24,2% vs 23,5), et de la construction (16,8% vs 19). 

Les seniors sont un peu moins présents dans les services aux personnes (santé, éducation, arts, services aux particuliers) avec 10,2% des créations (vs 12,5), un peu plus dans les activités financiéres et immobilières (6,5% vs 5,1) et dans l’industrie (6,5% vs 5,7).

Les deux enquêtes Insee SINE (2010-2015) et (2014-2019) montrent peu d’évolution, sinon une légère hausse de la proportion de seniors créateurs d’entreprise dans le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques et une baisse dans celui du commerce-transport-hébergement.

 

– Leur clientèle est plus fréquemment composée d’entreprises et administrations (45% vs 39) que de particuliers. La proportion de la clientèle locale ou de proximité est moins présente (48% vs 56) ; cette clientèle est plus souvent nationale ou internationale (30,1% vs 22,4).

Dans l’UE, sur la période 2014-2018, 1/4 des nouveaux créateurs seniors déclarent avoir proposé des nouveaux produits ou services à leurs clients potentiels, autant que pour l’ensemble des nouveaux créateurs ; en France, c’est 1/3 vs 37% parmi l’ensemble des créateurs d’entreprise.

 

-La direction de l’entreprise est un peu plus souvent conduite avec le conjoint ou la famille (17,3% vs 14,5), moins avec des actionnaires (12,8% vs 14,6), mais en proximité, ils dirigent seuls (70,9% vs 71,8).

 

Ils rencontrent moins de difficultés au démarrage (34% vs 22), en particulier pour régler les formalités administratives (33% vs 41,5), fixer le prix d’un produit ou d’un service (8,5% vs 15), établir un contact avec la clientèle (15,7% vs 20,8), trouver un local commercial (9,6% vs 12,1) et faire face seul (11,6% vs 15,5).
Par contre le poids des difficultés est proche pour la relation avec la banque (32,4% vs 33) et pour embaucher (10,5% vs 11,6) ; rappelons que 85% n’ont pas de salarié au démarrage (seniors comme ensemble).

 

Au sein de l’UE, en moyenne sur la période 2014-2018, les entrepreneurs seniors (50-64 ans) déclarent moins souvent créer une entreprise à plusieurs que l’ensemble des créateurs (17% des seniors ont déclaré être impliqués dans la création d’une nouvelle entreprise avec une équipe de trois personnes ou plus, contre 19% pour l’ensemble). C’est moins vrai en France où 20% des seniors et 22% de l’ensemble des créateurs déclarent travailler en équipe à la création de l’entreprise.

 

Pour en savoir davantage : Quelle performance des entreprises créées par les seniors ? | France Stratégie (strategie.gouv.fr)

 

SOMMAIRE

Apports des entreprises au territoire et facteur clé de développement.

Méthodologie : échantillon de 609 dirigeants d’entreprise, interrogé par téléphone entre le 7 et le 15 novembre 2022.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d’activité et la taille, après stratification par région d’implantation.

 

Un peu plus d’optimisme, mais un moral toujours en berne pour des dirigeants qui ne se sentent pas beaucoup écouté par leur maire.

⇒ Conjoncture

Après un mois d’octobre tendu, la pénurie de carburant s’est largement résorbée et l’indicateur d’optimisme des chefs d’entreprise repart à la hausse pour la première fois depuis juillet (+10 points par rapport à octobre).

L’indicateur de l’optimisme augmente à la fois pour les dirigeants d’entreprises comptant moins de 10 salariés (74, +10 points) et pour les dirigeants d’entreprises plus grandes (64, +9 points).

 

Le moral des dirigeants reste toutefois assez mauvais (74), bien en deçà des niveaux observés avant le début de la guerre en Ukraine.

Les chefs d’entreprises de moins de 10 salariés affichent davantage de satisfaction que le mois dernier concernant la période actuelle (38%, +9 points) vs 31% (-3 points), pour les dirigeants des entreprises de 10 salariés et plus. ; toutefois 29% d’entre eux déclarent que ce sera mieux demain, contre 18% pour les moins de 10 salariés.

 

La confiance dans les perspectives économiques s’améliore. 65% des dirigeants ont confiance dans les perspectives de leur entreprise pour les 12 mois à venir (+6 points). 
La confiance des dirigeants employant 10 salariés ou plus s’améliore pour atteindre 82% (+16 points), mais moins chez les dirigeants d’entreprises plus petites (+6 points, 64%).

 

L’embellie de l’état d’esprit des chefs d’entreprise pourrait s’expliquer en partie par une baisse des inquiétudes liées aux effets de l’inflation. Alors que 54% des dirigeants déclaraient en octobre que la hausse des prix pourrait avoir des conséquences sur leur viabilité, cette proportion s’établit à 39% ce mois-ci ; l’attention portée aux charges est également en baisse (74%, -6 points), tout comme les craintes que l’inflation n’oblige les dirigeants à baisser leur rémunération (45%, -8 points).

 L’inquiétude pour la viabilité de leur activité s’apaise à la fois pour les dirigeants de moins de 10 salariés (39%, -16 points) et pour ceux d’entreprises plus grandes (35%, -11 points).

 

12% envisagent d’embaucher au cours des 12 prochains mois (34% pour les 10 salariés et plus vs 10), mieux qu’en septembre ou octobre (8 et 7%) ; le commerce affiche 14% alors que dans la construction, ils ne sont que 9% à l’envisager.

⇒ La hausse des tarifs d’électricité

10% ont un contrat qui arrive à échéance enfin d’année 2022 ; 66% d’entre eux ont connu une hausse dans le nouveau contrat ; cette hausse menace de faillite 7% de ces renouvellements. (des chiffres à prendre avec précaution du fait du petite nombre d’entreprise interrogée). Pour y remédier, en 1er lieu une hausse des prix de vente et un plan d’économie d’énergie.

 

Les dirigeants ne sont que partiellement au courant des mesures gouvernementales : 23% sur la baisse de la fiscalité sur l´électricité (TICFE), 22% le guichet d´aide au paiement des factures de gaz et d´électricité, 20% le dispositif d´amortisseur d´électricité pour les TPE non éligibles au bouclier tarifaire ; sur ces 3 mesures, les 10 salariés et plus sont mieux informés. Par contre, ils sont mieux informés sur le maintien des tarifs régulés de l´électricité (54%) et sur le bouclier tarifaire pour les TPE de moins de 10 salariés (42%). 

⇒ Les entreprises et le territoire

♦ Pour ces chefs d’entreprise, les principaux apports au territoire sont :

-Le maintien de relations sociales de proximité (38% mais 45 le commerce et 24 l’industrie, 39 les moins de 10 salariés vs 17),
-Le renforcement de l’attractivité du territoire (25% mais 32 le commerce et 11 le BTP), 
-La création d’emploi (20 mais 35 l’industrie, 81 les 10 salariés et plus),  
-La création de valeur et de croissance sur le territoire (17% mais 8 le BTP), 
Le soutien d’un tissu de fournisseurs et de sous-traitants (17 mais 12 le commerce et 33 les 10 salariés et plus), 
-Le financement de projets sur le territoire (8%), 
-La construction d’une démarche de transition écologique et sociale (7%), 
-La montée en compétences des salariés (7%).

 

♦ Les facteurs clés du développement de l’entreprise sur le territoire :

Facteurs propres au territoire :

-Le tissu économique local (33% mais 25 l’industrie et 40 les 10 salariés ou plus), 
-L’accessibilité du territoire (23% mais 40 le commerce), 
-La main d’œuvre disponible sur le territoire (16% mais 62 les 10 salariés et plus), les les compétences disponibles (10%, mais 26 les 10 salariés et plus), 
-L’image du territoire (16% mais 25 le commerce), 
-L’offre immobilière et foncière (13%), 
-Les services aux personnes (11% mais 4 l’industrie), 

 

Les facteurs du ressort direct des pouvoirs publics locaux :

-La fiscalité locale (19%), 

-La gouvernance locale (6%).

La moitié estiment n’être pas entendu par le maire de leur commune d’implantation (mais 66 le commerce) ; 27% estiment être entendu vs 36 le BTP et 38 les 10 salariés et plus.

 

Pour en savoir davantage : https://www.cci.fr/actualites/gce-novembre-2022-un-regain-doptimisme-en-trompe-loeil

 

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