Archives mensuelles : juin 2020

Les fonds de garantie de Bpifrance ont permis une pérennité et un développement plus marqué pour leurs bénéficiaires.

Méthodologie : Travail de recherche réalisé en 2019-2020 par deux économistes de la Direction de l’évaluation de Bpifrance, sous la supervision d’un comité de pilotage externe associant la DG Trésor, des économistes de l’OCDE, du FEI et de BNPP, ainsi que deux référés issus du monde de la recherche (Ahmed Tritah – Le Mans Université (GAINS, FR CNRS TEPP) – et Nadine Levratto – Economix, CNRS, Université Paris Nanterre).
S’appuyant sur 11 ans de données d’activité de garantie entre 2007 et 2017 au sein de 2 fonds de garantie :
● le fonds « création » (TPE et PME de moins de 3 ans) : près de 340 000 entreprises distinctes
● le fonds « développement » (TPE et PME de plus de 3 ans) : plus de 65 000 entreprises distinctes

Et croisées avec des données de la statistique publique : liasses fiscales des entreprises françaises (base FARE), enquête auprès d’un panel de près de 40 000 créateurs / repreneurs d’entreprise (enquête « SINE »).

Méthode utilisée : appariement des entreprises soutenues à des entreprises non soutenues mais initialement similaires.

 

Les deux fonds de garantie étudiés ont un impact positif et significatif sur la survie et la croissance des entreprises bénéficiaires à un horizon de trois ans.

 

Une comparaison internationale montre que le poids de l’encours garanti pour les TPE dans l’encours total de crédit en 2017 était de 1,3% pour la France contre 5,9% pour le Japon, 4,6% pour l’Italie, 2,8% pour les USA, mais 0,6% pour l’Allemagne et 0,2% pour la Grande Bretagne.

⇒ Les bénéficiaires des fonds de garantie de Bpifrance en 2019

50 000 TPE et PME ont été bénéficiaires uniques de la garantie en 2019 ; 90% sont des TPE. 88% se situent hors Ile-de-France, 70% hors des métropoles, et 18% en commune rurale.

 

♦ 4 profils se différencient :

– Les créateurs d’entreprise (50%) de moins de 3 ans avec peu de ressources initiales et/ou sans expérience dans la création ;

– Les repreneurs (20%) avec peu de ressources initiales et/ou sans expérience dans la reprise d’entreprise,

– Les développeurs (20%) : des PME matures (> 3 ans) risquées car dans une phase de croissance avec de forts besoins de ressources pour investir,

– Ceux qui restructurent leur bilan (10%) ; des PME matures (> 3 ans) ayant des décalages de trésorerie.

♦ Un impact très significatif sur l’investissement et sur l’emploi

– Les dispositifs de garantie ont un impact positif à moyen terme (3 ans) sur la trajectoire économique des entreprises bénéficiaires, que ce soit en termes de survie ou de croissance de l’activité,

– Ainsi, pour une génération de TPE et PME par le fonds “création” (en création ex-nihilo) ou “développement” (environ 34 000 entreprises), l’étude estime que la garantie a permis de générer environ 36 000 emplois supplémentaires dans l’économie au bout de 3 ans, en permettant aux entreprises d’obtenir plus facilement un financement pour investir. Les TPE et PME matures qui ont obtenu un crédit garanti pour investir affichent par exemple, trois ans après l’octroi de ce crédit, un stock de capital productif supérieur de 12% à celui d’entreprises initialement similaires mais non bénéficiaires du dispositif. Elles affichent également une croissance de l’emploi et du chiffre d’affaires significativement plus forte que leurs voisines (+ 9 points de croissance au bout de 3 ans).

♦ Un dispositif efficace au regard des ressources publiques mobilisées

– Les banques utilisent la garantie pour des TPE plus dynamiques que la moyenne mais plus risquées du point de vue de l’analyse financière.

– Les fonds de garantie de Bpifrance nécessitent l’immobilisation d’une dotation publique pour couvrir le risque de crédit lié aux prêts garantis. L’étude estime que le montant de dotation nécessaire pour créer ou sauvegarder un emploi est compris entre 2 800 euros et 3 500 euros selon les profils d’entreprises soutenues.

 

Ces constats rejoignent ceux d’une étude académique réalisée dans le cadre de l’appel à projets Bpifrance Le Lab et portant sur les dispositifs de garantie complémentaires et temporaires mis en place par l’Etat via Bpifrance en 2008-2009. Cette étude conclut que ce dispositif de garantie exceptionnel a créé/sauvegardé près de 31 000 emplois par an sur la période 2009-2015 et permis à l’Etat de dégager des économies massives pour l’assurance-chômage (de l’ordre d’un milliard d’euros).

 

Revenons plus en détail sur les fonds création et développement

 

Le fonds de garantie « création »

⇒ Ce que c’est

Son rôle consiste à garantir les crédits adossés à des investissements corporels (des crédits de moyen-long terme tels prêt bancaire, crédit-bail mobiliers et immobiliers, locations financières) ou incorporels (crédit de trésorerie court terme confirmé sur 6 mois minimum), portés par des entreprises de moins de 3 ans.

 

Deux types de créations sont ciblées par ce fonds de garantie :

♦ Les créations dites ex-nihilo (70% des bénéficiaires), c’est-à-dire non liées à une entreprise existante, ce sur quoi porte l’étude,

♦ Les créations autres qu’ex-nihilo, telles que les reprises de fonds de commerce avec première installation du dirigeant, les créations de franchises ou de sous-enseignes et les créations par des entreprises ou par des entrepreneurs personnes physiques contrôlant des entreprises déjà existantes. Les investissements de ces entreprises sont éligibles au fonds « création » durant les 3 premières années.

En revanche, les créations par filialisation ou transformation d’une ou plusieurs sociétés ne sont pas éligibles à la garantie création.

La quotité maximale de la garantie s’élève à 60% pour les créations ex-nihilo, à 50% pour les autres créations.

⇒ Les bénéficiaires du fonds de garantie en 2018

Les garanties adossées au fonds « création » ont bénéficié à 37 400 entreprises distinctes ; le montant total des crédits garantis sur l’année représentait 2,8 Md€, dont 1,4 Md€ couverts par la garantie. Le nombre de bénéficiaires a fortement progressé entre 2007 et 2018 du fait d’une hausse progressive des seuils de délégation entre 2006 et 2011, et de la forte hausse du nombre de créations d’entreprise.

De par la nature du projet, les crédits garantis correspondent à de petits montants, dont le montant médian était de 30K€ en 2018, 80% ayant été octroyés durant l’année de la création ; 70% correspondaient à une création ex-nihilo et 30% à une transmission (dont l’essentiel à des reprises de fonds de commerce).

⇒ L’appariement avec le sondage Sine de 2010

24% (2 152 créations) des entreprises garanties en création par Bpifrance en 2010 durant leur première année de vie ont été interrogées par SINE. 47% sont le fait de création dans le commerce, et les HCR; 78% le sont en entreprise individuelle. Pour 59% le crédit garanti est inférieur à 50K€, et pour 37% supérieur à 300K€.

Cet échantillon peut être considéré comme représentatif de l’ensemble des bénéficiaires de la garantie en création .

 

♦ La diversité des appuis financiers à prendre en compte

Afin d’analyser le ciblage de la garantie « création » et sa contribution au financement des créations d’entreprise en France, il est nécessaire de tenir compte de son articulation avec les autres formes de soutiens publics, et notamment avec les dispositifs prêts d’honneur, prêt NACRE, et PCE (un dispositif de Bpifrance supprimé en 2015. Il s’agissait de prêts compris entre 2 000 et 7 000€ et couvrant des projets allant jusqu’à 45 000€, sans caution ni garantie personnelle).

L’analyse de l’échantillon suggère qu’au sein des entreprises bancarisées sans garantie de Bpifrance, 44% ont bénéficié d’un prêt « subventionnel » (PCE, prêt NACRE, prêt d’honneur)

 

En 2010, Bpifrance a soutenu environ 13% des créations d’entreprise (6% via les garanties de prêts et 7% via les PCE ). Cette proportion est nettement plus élevée au sein des créations bancarisées et atteignait environ 30%.

il apparait pertinent de découper l’échantillon en tenant compte de ces différentes sources de financement :

– Les entreprises ayant bénéficié d’un prêt bancaire garanti par Bpifrance et éventuellement d’autres soutiens publics (6%). 2% de ces entreprises ont bénéficié d’un PCE, 34% d’un prêt d’honneur (les 3/4 d’entre eux ont bénéficié du dispositif NACRE) et 54% d’une aide ACCRE,

– Les entreprises ayant bénéficié d’un prêt bancaire sans garantie Bpifrance mais accompagné d’un prêt « subventionnel » (PCE, prêt NACRE, prêt d’honneur) soit 18%,

– Les entreprises ayant bénéficié d’un prêt bancaire sans garantie Bpifrance, ni prêt subventionnel soit 23%

– Les entreprises non bancarisées (54%).

 

♦ Afin d’apprécier dans quelle mesure la garantie modifie la politique d’octroi des banques, deux comparaisons ont été effectuées :

– Une première comparaison a été effectuée entre les entreprises ayant bénéficié d’un soutien public pour se bancariser (garantie de Bpifrance, PCE, prêts NACRE, prêts d’honneur) et celles qui ont obtenu un crédit bancaire sans soutien public,

– Une seconde comparaison a été réalisée, au sein des entreprises ayant bénéficié d’un soutien public pour se bancariser, entre les projets ayant bénéficié d’une garantie de Bpifrance et les projets bancarisés sans garantie mais avec un prêt de nature subventionnelle (PCE, prêts NACRE, prêts d’honneur).

 

La comparaison, au sein des entrepreneurs bancarisés, entre ceux qui ont bénéficié d’un soutien public (prêt d’honneur, NACRE, PCE, garantie de Bpifrance) et ceux qui n’ont pas bénéficié d’un soutien public fait apparaitre :

– Les créateurs bénéficiaires d’un soutien public ont plus habituellement aucune autre activité en parallèle (90% vs 75 pour les bancarisés non bénéficiaires de soutien public) et sont aussi plus souvent primo-créateur (79% vs 63).

– Ils sont plus souvent d’ex chômeurs (53% dont 36 chômeur de moins d’un an vs respectivement 28 et 19) et sont ainsi plus souvent bénéficiaires de l’Accre (65% vs 36).

– Ils ont nettement plus souvent été accompagnés par une structure d’appui à la création d’entreprise (56% vs 28).

 

La comparaison des entrepreneurs bénéficiant d’un prêt bancaire garanti par Bpifrance et de ceux bénéficiant d’un prêt de type soutien public autre que le prêt bancaire garanti (l’année de la création) montre :

– que ces créateurs ont l’esprit d’entrepreneuriat,

– Ils constituent très souvent leur entreprise sous forme de société.

– Leur objectif est moins souvent d’assurer leur emploi (54% vs 66) que le développement par la croissance de l’emploi (30% vs 23) ou la croissance en terme d’investissement (16% vs 11),

– Le montant investi pour créer est plus élevé (29% plus de 80K€ vs 8) et un projet d’au moins 2 emplois (26% vs 9).

Ainsi au sein des projets bancarisés ayant bénéficié d’un soutien public, la garantie de Bpifrance soutient des projets relativement ambitieux,

 

♦ Une autre approche (modèle logistique) confirme globalement les constats précédents :
– La probabilité de bénéficier d’un crédit garanti croît lorsque l’entrepreneur est ancien demandeur d’emploi et lorsqu’il n’exerce aucune autre activité rémunérée en parallèle; cette probabilité se réduit avec l’âge de l’entrepreneur,
– La probabilité de bénéficier d’un crédit garanti augmente lorsque l’entrepreneur bénéficie de l’appui d’une structure dédiée à la création ou à l’innovation,
– Elle est également plus élevée lorsque l’entreprise bénéficie d’un prêt NACRE, d’un prêt d’honneur et d’un PCE,
– Enfin, la probabilité de bénéficier d’un crédit garanti est plus importante lorsque le créateur souhaite développer son entreprise en termes d’emploi et d’investissement, lorsqu’il a l’esprit d’entrepreneuriat, lorsqu’il constitue son entreprise sous forme de société.

⇒ L’impact du crédit garanti

Pour la génération 2010, la comparaison des entreprises soutenues avec les entreprises « témoin » sélectionnées aboutit aux constats suivants :
– La garantie a un effet positif sur la pérennité de l’entreprise à 3 et 5 ans; l’écart du taux de pérennité est de 5 points à 3 ans et de 7 points à 5 ans,
– La garantie a un impact positif sur la création d’emploi. Si l’on se focalise ainsi sur les entreprises créées qui survivent à un horizon de 3 ans, l’impact moyen représente + 0,5 emploi supplémentaire. Au bout de trois ans, l’emploi agrégé des entreprises soutenues est ainsi supérieur de 19% à celui des entreprises « témoin ».

Il est intéressant d’estimer la part des entreprises « témoin » qui ont néanmoins réussi à obtenir un emprunt bancaire (hors PCE, prêts d’honneur, prêts NACRE); celle-ci est estimée à 25%.

Le fonds de garantie développement

♦ Son rôle consiste à garantir les crédits moyen-long terme adossés à des investissements corporels ou incorporels portés par des entreprises de plus de 3 ans. La quotité couverte par Bpifrance est généralement comprise entre 40 et 50%.

 

♦ Les garanties concernent :
– Les investissements dans le matériel ou dans les locaux industriels/commerciaux avec près de 80% du nombre total de nouvelles autorisations et des montants de crédits garantis ;  les plus fréquents sont l’acquisition de matériel (outillage, équipements, matériel de transport …) et les travaux d’aménagement des locaux commerciaux ou industriels (35 et 30% du nombre total d’autorisations), puis les investissements immobiliers (11 % du nombre total d’autorisations mais 23% des montants de crédits garantis),

– Les autres autorisations sont essentiellement liées à des investissements immatériels de différentes natures : notamment acquisition de fonds de commerce et/ou de parts sociales (9% du nombre d’autorisations et 10% des montants) ou renforcement de la structure financière pour faire face à une augmentation du BFR (6% du nombre d’autorisations et 5% des montants),

-Les autorisations explicitement liées à des activités de R&D, l’acquisition de brevets ou le
lancement d’un nouveau produit sont relativement rares (1% des autorisations) ; ce type de projets est explicitement visé par un autre fonds de garantie géré par Bpifrance, le fonds innovation.

 

♦ Les bénéficiaires

La garantie « développement » a bénéficié à 8 505 entreprises distinctes en 2018. Le montant total des crédits garantis représentait environ 1 309 M€, dont 464 M€ couverts par la garantie de Bpifrance, soit une quotité moyenne de 35 %.

A fin 2018, l’encours total des crédits garantis s’élevait à environ 5,1 Md€ (dont 1,9 Md€ de risque couvert par la garantie).

Le fonds « développement » garantit essentiellement des « petits » crédits : 54% des autorisations sur la période 2013-2018 portaient sur des crédits inférieurs ou égaux à 50K€ et 73% sur des crédits inférieurs ou égaux à 100 K€ ; à peine 1% des autorisations portaient sur des crédits supérieurs à 1M€.

 

♦ L’exploitation des données FARE et LIFI permet de dresser plus avant le profil des entreprises bénéficiaires de la garantie « développement » (période 2013 – 2016) :

– En termes de secteur d’activité : le secteur du commerce est le plus représenté (25% du nombre de bénéficiaires distincts), suivi par l’industrie manufacturière (14%), l’hébergement et la restauration (13%), et la construction (12%), la santé, l’action sociale et les services à la personne (5% des soutiens),
– En termes de catégorie juridique, 76% sont des sociétés (SARL 61%, SAS 15%)
– En termes de taille d’entreprise : 75% des bénéficiaires sont des TPE, 25% des PME.

– L’année de l’octroi de la garantie, le chiffre d’affaires dégagé est inférieur à 1 M€ pour 73% ; 7% affichent un chiffre d’affaires supérieur à 5 M€, et 3% un chiffre d’affaires supérieur à 10 M€,
– 27% n’ont pas de salarié l’année d’octroi,
– 55% des entreprises ont entre 5 et 15 ans et 20% plus de 20 ans, alors que 15% sont dans une phase de « post-création » (entre 3 et 5 ans) ;
– En termes de recours à l’endettement : 87% des entreprises bénéficiaires affichaient une dette financière à leur bilan l’année qui précède l’octroi de la garantie, suggérant que la majorité des bénéficiaires avait déjà recours à l’endettement.

– les entreprises bénéficiaires de la garantie sont 47% au cours des 7 années précédentes à avoir déjà bénéficié de soutiens de Bpifrance (avant même de mobiliser la garantie « développement »); 44% ont déjà bénéficié d’une intervention en garantie.

 

♦ L’impact du fonds de garantie

Il est également possible d’estimer le nombre total d’emplois que représentent les entreprises bénéficiaires. Ces données sont directement fournies par l’INSEE pour les entreprises recensées dans FARE. L’emploi total des entreprises bénéficiaires l’année de l’octroi de la garantie varie entre 70 000 et 75 000 salariés (les TPE représentant seulement 20% de ce total). Cela permet d’estimer que la garantie « développement » touche chaque année environ 0,7% de l’emploi des TPE et 2% de l’emploi des PME.

 

L’échantillon des entreprises garanties connaît une croissance nettement plus rapide que celui des entreprises « témoin » :
– En moyenne, le surcroît de chiffre d’affaires à 3 ans s’élève à 128 K€, le surcroît de valeur ajoutée à 44 K€, le surcroît d’effectifs à 1,1 emploi, le surcroît de salaires versés à 31 K€ et le surcroît d’immobilisations corporelles à 65 K€.
– L’écart de taux de croissance entre les entreprises bénéficiaires et les entreprises « témoin » est ainsi de 9 points de pourcentage pour le chiffre d’affaires, de 9 points pour la valeur ajoutée, de 9 points pour les effectifs salariés, de 11 points pour les salaires versés et de 12 points pour les immobilisations corporelles ;
• En parallèle, l’analyse de survie montre que le taux de survie à 3 ans est plus élevé pour les entreprises soutenues, avec un écart de 3,5 points de pourcentage

Mais l’endettement financier progresse nettement plus vite au sein des entreprises soutenues. Le prêt garanti s’accompagne d’une dégradation de la rentabilité des bénéficiaires à court terme.

 

La garantie « développement » a créé ou préservé un total d’environ 23 500 emplois à un horizon de 3 ans et stimulé un total de 1,7 Md€ d’investissement corporel.

Le montant de dotation immobilisé pour créer un emploi s’est élevé à environ 2 800€ pour l’ensemble des générations étudiées. Par ailleurs, un euro de dotation sur le fonds de garantie a permis d’augmenter le stock d’immobilisations corporelles d’environ 26€.

⇒ En définitive

Les garanties octroyées par Bpifrance bénéficient à des entreprises affichant un risque de crédit supérieur à la moyenne ex-ante, mais  davantage inscrites dans le développement. Ce constat vaut pour les deux fonds de garantie étudiés :
– Les banques sollicitent davantage le fonds « création » pour des primo-créateurs, des entrepreneurs préalablement au chômage ou des créateurs sans expérience dans le métier.
– Les banques sollicitent par ailleurs le fonds « développement » pour des PME ayant peu de liquidités et une dette déjà relativement élevée au regard de leurs capitaux propres et de leur rentabilité.

 

Le dispositif semble donc bien inciter les banques à accroître leur prise de risque et permet un  meilleur accès au crédit bancaire des entreprises garanties, qui leur permet d’accroître leurs investissements et leurs embauches et ainsi de pérenniser leur développement, les immobilisations corporelles augmentant davantage que les embauches.

 

Piur en savoir davantage : https://www.bpifrance.fr/A-la-une/Dossiers/Impact-de-Bpifrance/Garantie-de-credit-bancaire-evaluation-de-l-impact-des-fonds-de-garantie-de-place

 

 

 

SOMMAIRE

En 2017, le niveau de vie médian des Français est de 21 030€ annuels, avec un écart de prés de 20% entre l’Ile de France et les Hauts de France.

Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017.

 

Si les écarts de revenus médians sont plus importants dans les espaces denses, ces mêmes espaces affichent les taux de pauvreté les plus élevés.

⇒ L’approche France

En 2017, en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion, 27 875 000 ménages fiscaux regroupent 63 938 000 personnes. Cette population a un niveau de vie annuel médian de 21 030€ ou un revenu disponible de 1 750€ mensuels pour une personne seule ou de 3 680€ pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.

 

Les écarts entre régions s’expliquent par des différences liées à la spécificité de leur tissu productif et au profil de leur population (âge, niveau de diplôme, etc.). Ainsi, le niveau de vie médian est le plus élevé en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes, régions qui concentrent aussi plus de la moitié des très hauts revenus. L’Île-de-France détient la proportion de cadres la plus forte des régions (30% pour une moyenne nationale de 18). Le niveau de vie médian est le plus faible dans les Hauts-de-France où le taux de chômage est élevé et la part des cadres et des professions intellectuelles supérieures plus faible.

 

Dans 4 départements, le niveau de vie médian est supérieur à 25 000€ : Paris, les Hauts-de-Seine, les Yvelines et la Haute-Savoie . À l’opposé, le niveau de vie médian est inférieur à 19 000€ dans 5 départements : la Seine-Saint-Denis, l’Aude, le Pas-de-Calais, la Creuse et les Pyrénées-Orientales.

Au niveau des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), le niveau de vie médian est plus élevé dans les zones littorales, notamment celles du sud-est, et les zones frontalières, en particulier avec la Suisse. C’est aussi le cas dans les EPCI intégrant une métropole ou des communes denses, où il est supérieur de 1 100€ à celui des communes très peu denses.

 

Le rapport interdécile, qui mesure l’écart entre le niveau de vie des 10% les plus aisés et des 10% les plus modestes, est de 4,2 pour les communes denses, comparé à 2,9 pour les communes très peu denses, vs 3,5 en moyenne pour la France. Les inégalités sont plus fortes en Île-de-France, notamment à Paris (6,3) et dans les Hauts-de-Seine (4,9), mais aussi à La Réunion (4,4) et en Martinique (4,2) ; en revanche, les inégalités sont plus faibles dans les Pays de la Loire et en Bretagne.

 

Avec un taux de 18,2%, la pauvreté est plus importante dans les communes denses (les grandes agglomérations, où se trouvent notamment les quartiers prioritaires de la politique de la ville). Ces dernières regroupent 37% de la population des ménages fiscaux et 46% de la population pauvre. À l’inverse, les communes peu denses (30% des ménages fiscaux et 21% de la population pauvre) , affichent un taux de pauvreté de 10,8%.

 

La composition du niveau de vie varie selon les territoires

En Île-de-France, le niveau de vie annuel moyen de 28 100€ se décompose en salaires, revenus du patrimoine et  impôts; ils sont supérieurs à l’ensemble des autres régions métropolitaines, tandis que les pensions et retraites y sont moins élevées, mais la proportion de retraités plus faible aussi. Noter qu’en Martinique et Guadeloupe, les deux DOM intégrées dans l’étude, les prestations sociales représentent une part très élevée du niveau de vie moyen des ménages : sur 19 900€ de niveau de vie annuel moyen, 3 200€ proviennent de prestations sociales, dont 52% des minima sociaux.

 

Le niveau de vie annuel moyen des habitants des communes denses est de 25 200€. Il est supérieur d’au moins 1 500€ à celui des résidents des communes de densité intermédiaire ou peu denses et supérieur de 3 500€ à celui des habitants des communes très peu denses. Dans les territoires les plus denses, qui correspondent aux grands pôles d’emploi, les revenus d’activités salariées représentent une part plus importante du niveau de vie des ménages, tandis que dans les territoires très peu denses, les ménages tirent davantage leurs ressources des pensions et retraites. Les impôts et prestations sociales sont plus importants en niveau comme en proportion du niveau de vie moyen dans les communes denses, alors que les pensions, retraites et rentes y sont moindres.

⇒ Une approche par région

Classée par ordre décroissant en revenu médian

 

♦ L’ile de France

3 départements de cette région ont un revenu médian entre 12 et 18% supérieur à celui de la région et entre 11 et 30% au regard du revenu médian France. Ce sont aussi les départements où les écarts de revenu sont les plus importants (entre 3,9 et 6,3 le rapport interdécile D1/D9). 4 départements, souvent en grande couronne, connaissent une situation moyenne au regard de la région. Noter enfin le fort décalage avec la Seine-St-Denis.

 

♦ Auvergne-Rhône-Alpes

En termes de revenu médian, la Haute-Savoie dispose d’un revenu 18% supérieur à celui de la région, alors que 5 département se situent dans la moyenne (dont le Rhône et l’Isère qui totalisent), regroupant 61% des habitants de la région; ils connaissent un revenu médian supérieur à la moyenne France. Par ailleurs, 6 départements (dont 3 d’Auvergne) ont les revenus les plus faibles et une dispersion des revenus plutôt inférieure à la moyenne.

♦ La Bretagne

Les 4 départements présentent une forte homogénéité et une répartition assez proche en termes d’habitants.

Le Grand Est

L’Alsace se détache avec un revenu moyen supérieur, suivie de 2 départements Lorrains, et de la Marne (revenu moyen), puis par 4 départements le plus souvent très ruraux avec un revenu moyen proche. Noter que l’Alsace et la Moselle regroupe 55% des habitants alors que les 4 départements “ruraux” ne contient que 21% des habitants.

♦ Le Pays de la Loire

Une grande proximité des 5 départements, la Loire-Atlantique affichant le meilleur revenu et 37% de la population; noter une disparité faible et proche des revenus.

♦ Le centre Val de Loire

Là encore une grande proximité des 6 départements, avec surprise le meilleur revenu revenant à l’Eure et Loire et le moins favorable à l’Indre (ce qui n’est pas une surprise). Noter que le Loiret et l’Indre-et-Loire (50% des habitants) passent en termes de revenu après l’Eure-et-Loire (le fait de Chartres et de sa proximité de l’agglomération Parisienne).

 
♦ Bourgogne-Franche-Comté
Le Doubs et la Côte d’Or (38% des habitants) ont des revenus un peu plus élevés que ceux de la moyenne régionale.
 
♦ Paca
40% de la population est localisée dans les Bouches du Rhône. Dans ce département et celui de des Alpes-Maritimes, les écarts de revenu sont importants. 2 départements décrochent en niveau de vie au regard de la moyenne régionale, le Vaucluse et les Alpes de Haute-Provence.
♦ Nouvelle Aquitaine
La Gironde, les Pyrénées-Atlantiques et la Charente-Maritime regroupe la moitié des habitants d’une région composée de 12 départements. Si la Gironde se différencie par un niveau de vie plus élevè que la moyenne de la région, 3 départements sont au contraire les plus éloignés (la Dordogne, le Lot-et-Garonne et la Creuse).
 
♦ Normandie
La Seine-Maritime regroupe 35% de la population ; on y constate peu d’écarts de revenu, si ce n’est l’Orne en situation la moins favorable.

♦ L’Occitanie

12 départements composent la région ; 2 regroupent prés de la moitié de la population (la Haute-Garonne et l’Hérault). La Haute-Garonne se différencie en ce qui concerne le niveau de revenu (le plus élevé), alors que l’Ariège et l’Aude sont dans les situations les moins favorables.

♦ La Corse

Le Corse du Sud connait un niveau de revenu supérieur à la Haute-Corse.

♦ Les Hauts de France

Le Nord draine 43% de la population de la région, mais c’est l’Oise qui se différencie nettement en ce qui concerne le niveau de revenu, alors que le Pas-de-Calais connait la situation la moins favorable.

SOMMAIRE

Prévoir le flux des défaillances demeure actuellement difficile.

Si le flux des défaillances en France et dans les principaux pays Européens est faible, c’est à la fois du fait des appuis des Etats, et à la fois de la fermeture temporaire des juridictions en charge des défaillances. Qu’en sera-t-il en fin d’année et au cours des années suivantes ?

⇒ La situation en France

En mai 1.317 procédures collectives ont été déposées auprès tribunaux commerce. Si les dépôts de dossiers se sont accélérés durant le mois de mai, leur nombre reste près de deux fois inférieur au niveau de l’année 2019, qui était déjà une faible année pour les faillites.

Entre janvier et fin mai 2020, le cabinet Altares a recensé au total 13.920 procédures, contre 23.535 l’an dernier à la même période, très loin du scénario de 2009, où les procédures dépassaient de trois fois ce niveau.

 

Mais la fermeture des tribunaux a provoqué une chute des défaillances, leur niveau s’étant contracté de 85%, avant de repartir en douceur; mais elle reste toujours 40% en dessous de leur niveau habituel.

Et puis, les entreprises sont encore sous perfusion des aides de l’Etat. La période d’urgence sanitaire s’est également accompagnée d’ un assouplissement des règles pour les entreprises en difficulté ; celles-ci auront jusqu’au 24 août pour se déclarer en cessation de paiements, alors qu’elles ont habituellement un délai de 45 jours.

 

“En toute logique, les défaillances devraient repartir à la hausse dès le mois de septembre, ne serait-ce que parce que l’Etat va progressivement réduire les aides. C’est déjà le cas pour le chômage partiel, et prochainement pour les charges sociales qui ne pourront plus être reportées. Viendra ensuite le temps du remboursement des prêts garantis par l’Etat. Les premières victimes seront les entreprises maintenues artificiellement en vie par ces aides. Mais compte tenu du retard pris depuis le début de l’année, rien ne dit que 2020 se terminera sur un niveau historique de faillites.” selon Altares.

⇒ L’appui des Etats Européens pour éviter les faillites d’entreprises

Des amendements temporaires du cadre juridique des procédures de défaillance ont été édictées pour faire face à la crise dans beaucoup de pays européens (Allemagne, Espagne, France, Royaume-Uni, Italie).

 

En Allemagne, des mesures similaires de suspension d’obligation de déclencher une procédure de défaillance en cas de manque de liquidité ou de surendettement ont été mises en place à trois reprises au cours des dernières années, ne concernant toutefois qu’une partie du territoire.

Ainsi en 2002, suite aux inondations ayant affecté le nord-est du pays et la Bavière, l’obligation avait été suspendue d’août à décembre. Cette mesure n’avait pas empêché une augmentation des défaillances de 20% par rapport aux 5 derniers mois de 2001, contre une hausse de 16% au cours du semestre précédent.

L’effet avait également été limité lors des épisodes suivants en 2013 et en 2016-2017, dans la mesure où les défaillances avaient poursuivi la tendance des mois précédents et qu’aucun pic n’avait été enregistré lors des mois suivants.

 

⇒ Les prévisions de la Coface pour les principaux pays Européens

Selon le modèle de prévision Coface, le nombre de défaillances aura progressé de
21% entre fin 2019 et fin 2021 en France, de 12% en Allemagne, de 22% en Espagne, mais de 37% en Italie et au Royaume-Uni.

 

La comparaison entre pays européens laisse apparaître quelques divergences : d’après les prévisions de croissance du PIB de Coface, les Pays-Bas et l’Allemagne devraient être les pays les moins affectés, avec des PIB en 2021 moins de 2% inférieurs à ceux de 2019. La France et l’Espagne feraient moins bien; moins bien encore, le Royaume-Uni et l’Italie (-5 à -6%).

⇒ La difficulté d’une comparaison Européenne

L’absence d’uniformisation des cadres juridiques de la procédure de défaillance au niveau européen a des effets sur le nombre de défaillances : exemple, le taux de défaillance est environ 10 fois plus important en France et en Allemagne qu’en Espagne, où celui des TPE est quasiment nul (0,1%), alors que celui des autres entreprises est relativement équivalent à
la France (autour de 1,5%). En Espagne, afin de contourner la procédure de défaillance, les TPE privilégient le financement par hypothèques (de biens immobiliers principalement) pour, en cas de difficulté à faire face à une échéance de paiement, en faisant cession de la contrepartie hypothéquée.

 

De façon plus générale, les principales barrières au recours à la procédure de défaillance sont sa durée et son coût (avocats, frais de tribunaux, taxes).

 

Or, d’après le classement Doing Business 2020 de la Banque Mondiale, les procédures de défaillance en Europe sont relativement hétérogènes à la fois en termes de durée, allant d’un an en moyenne au Royaume-Uni à quasiment deux ans en France. La différence est plus marquée encore en termes de coût : celui-ci est de 3,5% de l’actif en moyenne aux Pays-Bas, de 6% au Royaume-Uni, 11% en Espagne et 22% en Italie. 

La liquidation volontaire, plus courte et moins onéreuse, puisque sans supervision du tribunal, entraînera de facto un nombre moindre de défaillances.

⇒ Un rappel de ce que j’écrivais en mars 2020

52 002 défaillances en 2019; combien en 2020 ? (Note d’André Letowski)

Si la hausse des défaillances suite à la crise financiére de 2027-2008 avait été de 21% au regard de la période précédente, les 7 années suivantes (2009-2015) ont connu une hausse de 41% au regard de cette même période précédente.

Coface propose aussi cette hausse de 20% sans toutefois se positionner sur les années suivantes, qui à mon sens, sont une  période plus cruciale.

 

Pour en savoir davantage : https://www.coface.fr/Actualites-Publications/Publications/Focus-Defaillances-d-entreprises-en-Europe-les-amendements-des-procedures-juridiques-repoussent-temporairement-l-echeance

 

 

SOMMAIRE


  • Prévoir le flux des défaillances demeure actuellement difficile.
    Source : "Défaillances d’entreprises en Europe : les amendements des procédures juridiques repoussent temporairement l’échéance.", Coface, les publications économiques, juin 2020 et "Défaillances : les faillites au plus bas à la sortie du confinement" les Echos du 17/06/2020
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