Archives mensuelles : juin 2017

TPE et PME, 2 logiques de cessions-transmissions différentes

Le champ observé est celui des TPE (sans prendre en compte les libéraux et les artisans non immatriculés au registre du commerce et des sociétés), des PME et des ETI.  

 

1ere idée à rectifier :  75 700 cessions transmissions et non 60 000 chaque année,  comme cela est habituellement dit, dont 58 000 cessions à des tiers, 10 454 transmissions familiales et 7 252 ventes via holding ou cessions de titres pour un total de 2 985 706 entreprises (hors autoentrepreneurs? y compris les libéraux en nom personnel ?) .

Dans le même temps, 237 436 cessations ont eu lieu. Si 80% des cessions sont le fait des TPE, 88% des emplois sont le fait des PME/ETI cédées. Si les cessions sont avant tout le fait de vente à des tiers chez les TPE (86%), elles sont pour 46% le fait de holding pour les entreprises de 10 salariés et plus. Quant aux transmissions familiales, leur importance est assez proche (12,6% pour les TPE, 16,5% pour les TPE en société et 18,5 chez les PME/ETI).

2éme idée à rectifier : la fin d’activité a un impact limité sur les cessions : la moitié des cessions de PME et ETI ont lieu avant les 55 ans du dirigeant dont 71% concernant les sociétés de moins de 10 salariés (mais il faudrait pouvoir intégrer toutes les entreprises en nom individuel du commerce, artisanat et libéraux qui devrait faire chuter ce chiffre).

17% des TPE en société cédées sont le fait de dirigeant de 60 ans et plus, contre 33% pour les PME.  

 

3éme idée, la taille des entreprises l’emporte sur l’âge pour expliquer la fréquence de la cession: pour les TPE (artisans compris), le taux de cession passe de 1,3% en l’absence de salarié à 3,7% pour 1 à 5 salariés et à 4,3% pour 6 à 9 salariés, puis pour les PME, de 6,7% pour les 10-49 salariés, 8,9% pour les 50-99 salariés, 10,8% pour les 100-249 salariés et 15,5% pour les 250 et plus. Pour les dirigeants de TPE de 60 ans et plus, 75% des cessations sont le fait de mort naturelle.  

 

Les dirigeants ont en commun leur impréparation de la cession, et le fait de privilégier la recherche d’un repreneur de type alter ego. Dans toutes les catégories de taille, des TPE sans salarié aux ETI, les transmissions au sein de la famille augmentent significativement à partir de 60 ans, où elles représentent environ 30% des cessions.

Par contre, les dirigeants de TPE sont surtout préoccupés par la faible valeur de leur entreprise, alors que ceux des PME le sont davantage par les conditions de confidentialité entourant les négociations, la perte du lien avec leur entreprise, voire leur changement de statut social.  

 

La reprise familiale s’inscrit différemment : pour les PME, sous réserve de l’appétence et de la compétence du repreneur familial, la logique est intergénérationnelle,  chaque dirigeant étant moins le détenteur que le dépositaire et le garant de la valeur de l’entreprise, en vue de la transmettre à la génération suivante; pour les TPE, cette dimension semble moins prégnante, la transmission familiale s’apparentant davantage à une démarche opportuniste (un membre de la famille y a trouvé sa place et si les perspectives économiques apparaissent favorables).    

 

En termes d’analyse pour une politique d’action au profit de la cession, rappelons que 21% des dirigeants de PME/ETI ont au moins 60 ans contre 14% au sein des TPE, alors que l’impact des PME sur le tissu économique, dont l’emploi est important, plus que pour les TPE; une cession de PME engage 27,3 emplois en moyenne contre 2,3 pour les TPE. Ceci étant, l’importance des TPE, comme élément structurant d’une économie de proximité est tout aussi essentiel.

SOMMAIRE

La cession-transmission des TPE, une opportunité pour l’économie ?

En 2014, selon l’INSEE, parmi les 3,8 millions d’entités privées marchandes de moins de 10 salariés, hors secteurs agricole et financier, 2,9 millions sont unipersonnelles (dont 1,1 million autoentrepreneurs) et 900 000 comptent au moins un salarié. Parmi ces 2,7 millions non autoentrepreneurs, 1,7 million sont des sociétés (63% des non autoentrepreneurs); ce sont ces sociétés “dites commerciales”, qui seront l’objet de cette étude, ne pouvant embraser la totalité du champ estimé par l’Observatoire BPCE à 75% des TPE.

Plusieurs bases de données (Infolégale, Sirène…) ont été exploitées; comme pour les PME et les ETI, les annonces légales de cession (cessions de fonds de commerce, fusions, transferts universels de propriétés…) et de changement d’actionnaire principal constituent un premier niveau de cession recensant 38 146 TPE.

Un second niveau, constitué des entreprises pour lesquelles un mouvement de dirigeant intrafamilial a été observé et permettant d’envisager une forte probabilité de cession, recense 7 615 sociétés transmises au sein de la famille à titre gratuit.  

En ce qui concerne le chiffrement de l’emploi des TPE, le texte de l’étude ne précise pas comment le calcul du nombre de personnes occupées a été fait : à priori prise en compte des dirigeants? quid des associés et des conjoints participant à la vie de l’entreprise au quotidien?    

 

Au total, 45 761 sociétés commerciales de moins de 10 salariés ont ainsi été cédées ou transmises en 2014 (2,7% du parc de TPE analysé), à comparer à 38 371 disparitions judiciaires et 62 902 disparitions non judiciaires, soit au total 147 034 disparitions ou cessions (8,6% du parc des TPE en société). Noter au passage que les TPE ont un taux de disparition judiciaire bien plus faible que les PME/ETI (38% vs 63 au sein des disparitions) et un taux de cessation volontaire bien plus élevé.

Noter aussi  que la moitié des morts naturelles concerne des entreprises créées il y a moins de deux ans.  

 

Les cessations ont un taux proche quelque soit la taille; par contre, au sein des cessions-transmissions, les moins de 3 salariés sont moins cédées (18,7 pour 1 000 entreprises sans salarié, contre 31,2 pour les 1 et 2 salariés, 39,5 pour les 3-5 salariés et 41,8 pour les 6-9 salariés); le taux moyen cession des TPE est de 26,4 pour 1 000 entreprises contre 72,6  pour les PME/ETI.

 

Les disparitions des TPE sont deux fois plus fréquentes que celles des PME, tandis que les cessions sont moitié moindres.

En ce qui concerne les emplois concernés, les cessations de TPE en 2014 ont vu la suppression de 185 874 personnes occupées (mais sans que l’étude puisse nous dire ce que sont devenues ces personnes, certaines ayant à nouveau créé ou repris une entreprise dans la foulée notamment pour les dirigeants vendant et rachetant un fonds de commerce, au sens boutique sur rue) et de 115 471 en ce qui concerne les cessions. Les emplois disparus du fait de cessations ne représentent que 5,2% des emplois totaux au sein des TPE et 3,2% pour les cessions (ne manifestant pas un enjeu essentiel de l’emploi au sein des TPE, contrairement à ce qui est souvent affirmé).

 

Les emplois perdus le sont dans les plus petites entreprises (52% dans les 2 salariés au plus), alors que les emplois sauvegardés le sont dans les 3 salariés et plus (68% de ce groupe d’emplois).

Davantage encore que pour les PME et les ETI, l’hypothèse selon laquelle les cessions s’opèrent en majorité à l’approche de l’âge de la retraite est invalidée par les faits:  71% des cessions de TPE interviennent avant 55 ans (la distinction fonds de commerce, principale source des cessions aurait eu avantage à être repéré, même si celui-ci ne peut qu’être approximatif) ; passé 65 ans, les dirigeants ont même moins tendance à transmettre leur entreprise que leurs plus jeunes homologues. Toutefois, avant 55 ans, les TPE présentent un taux de cession stable (2,7%), alors qu’à partir de 55 ans, les taux de cession augmentent pour atteindre 3,7% entre 60 et 65 ans, mais chutent ensuite (3,1% à partir de 66 ans, puis 2,9% au-delà de 70 ans).

 

Le taux de disparition suit le même schéma.   2 profils de cédants différents :

-Les sexagénaires :  leurs motivations est la retraite et l’usure du métier, mais ce sont aux 2/3 des créateurs attachés à leur entreprise, recherchant d’abord des repreneurs qui maintiendront le savoir-faire et la pérennité de l’entreprise (ce qui légitime si besoin une baisse du prix de transaction)

-Les quadragénaires : ils sont davantage attachés à l’esprit d’entreprise dans le choix du repreneur, mais sont aussi exigeant sur le prix et la fiscalité de la transaction, qui leur permettrait notamment le lancement d’une nouvelle activité; ils comptent aussi sur le prix pour constituer un capital pour leur future retraite; 62% sont prêts à céder par opportunité.

 

Les disparités sectorielles montrent que les différentes activités n’ont pas la même sensibilité à l’âge, qu’il s’agisse du taux de cession lui-même ou bien du partage, choisi ou subi, entre cession et mort naturelle. 

Le croisement des taux de cession et de disparition par secteur d’activité fait apparaître 4 groupes :

 

-Le groupe des vertueux pour lequel le nombre d’opérations de cession est élevé et les disparitions peu fréquentes; on y trouve les commerces de bouche, les autres services, dont essentiellement la coiffure et les activités immobilières avec un taux de cession très stable selon l’âge, un arbitrage entre mort naturelle et cession assez équilibré, qui devient favorable à la cession dès 1 ou 2 salariés. Ce sont le plus souvent des fonds de commerce, dont la vocation s’inscrit dans un jeu de revente/rachat.

 

 -Celui d’un fort renouvellement regroupant les secteurs dont les taux de cession et de disparition sont élevés du fait de morts judiciaires plus importantes avec le commerce de détail et surtout les HCR, qui a vu 7% de ses sociétés être cédées et autant disparaître en 2014; l’âge a peu d’effet sur le taux de cession, et la mort naturelle n’est pas plus fréquente que la cession (à partir de 1-2 salariés); ce sont là encore des fonds de commerce, mais avec un turn over plus important  

 

Celui d’un faible renouvellement, tant par la cession que par la disparition; on y trouve l’industrie, le commerce de gros, l’enseignement, la santé-action et les services aux entreprises. Ces secteurs ont tous une plus forte probabilité de connaître une mort naturelle qu’une cession (celle-ci ne devenant majoritaire que pour les TPE de plus de 3 salariés). Pour l’industrie et le commerce de gros, la cession est plus fréquente en fin d’activité professionnelle qu’en début de vie, tandis que pour les autres activités, la mort naturelle est deux fois plus fréquente à tous les âges, que la cession.  

 

-Celui de taux de disparition élevé et peu de cessions; on y trouve la construction, le transport et l’information/communication. La mort naturelle y est deux à trois fois plus fréquente que la cession; celle-ci ne devient majoritaire le plus souvent qu’au-delà de 5 salariés. Dans ces secteurs, la création se substitue souvent à la reprise, le capital financier et humain à investir pour démarrer son activité étant souvent moins important que dans l’industrie ou le commerce.  

 

Si  l’aspiration à céder est puissante et majoritaire au-delà de 60 ans pour les dirigeants de TPE, l’écart entre la volonté de passer la main et le nombre réel de reprises est en moyenne de 1 à 3,4,  Interrogés sur leur choix final si une proposition de reprise de leur entreprise leur était faite, 59% des patrons de TPE répondent qu’ils envisageraient de vendre et 27% disent vouloir céder à moins de deux ans. En faisant une projection a minima du noyau dur des dirigeants souhaitant céder leur entreprise (9% des TPE), il se chiffreraient à 155 000 entreprises, à comparer aux quelque 46 000 cessions en 2014. Il existe donc un décalage considérable, un rapport de 1 à 3,4 entre les aspirations les plus déterminées à céder et le nombre d’opérations effectivement identifiées sur une année; ce décalage est de 4,2 entre 60 et 64 ans et 5,9 au-delà de 65 ans.  

 

Si 58% des moins de 40 ans souhaitent céder au-delà de dix ans, voire le plus tard possible, 57% des 60 ans et plus privilégient un délai inférieur à deux ans. à partir de 55 ans, la préparation de la transmission est citée par les dirigeants comme leur principal objectif personnel et le départ à la retraite apparaît, dès la tranche d’âge de 50 à 59 ans. Contrairement aux catégories les plus jeunes (69 % des moins de 40 ans et 45% des 40-49 ans), moins d’un quart des 60-64 ans et surtout moins de 17% des 65 ans et plus appartenant au noyau dur des cédants parviendraient à négocier la vente de leur activité. Ainsi au-delà d’un certain âge, la cession devient très aléatoire.

Les 60-64 ans sont sceptiques à propos de la cession : 58% seraient prêts à vendre, 53% l’anticipent « difficile », 50% disent ne pas compter sur leur patrimoine professionnel pour assurer leur retraite et 42% pensent que la valeur trop faible de leur entreprise est un frein à sa vente; 22% disent vouloir continuer « le plus tard possible » ou ne pas savoir quand ils s’arrêteront), soit par simple refus de passer la main, soit par anticipation de l’impossibilité de trouver un repreneur.  

 

La préparation est insuffisante : chez les 50-59 ans, 23% ont déjà pris des dispositions pour transmettre (dont 5% ont déjà tout organisé); ce sont respectivement 54%, dont 17% chez les 60-64 ans et 50% dont 17% chez les 65 ans et plus.  

 

3 catégories d’obstacles sont fréquemment citées : le manque de temps (45%), le prix des conseils (42%), la difficulté à faire face à la complexité de l’opération et à sa réglementation (37%), la valeur trop faible de l’entreprise (40% au sens rentabilité de l’activité, perspectives globales, intensité de la concurrence, contraintes liées au maintien de l’emploi, substitution de la création à la reprise), la difficulté à identifier les bons interlocuteurs (36%), le souhait de poursuivre l’activité pour des questions de revenus (28%), moins les craintes en matière de confidentialité (20%) ou le perspective de cesser l’activité (18%).  

 

Malgré les incertitudes économiques, réglementaires et personnelles qui accompagnent la cession, les dirigeants de TPE de plus de 60 ans, comme ceux de PME, ont pour critère prioritaire, lors de la cession, la qualité du repreneur d’abord (54%), la pérennité de l’activité (41%), le prix le plus élevé possible ne venant qu’en troisième position (30%) devant la préservation de l’emploi (23%) et l’optimisation fiscale (6%). De fait, la perpétuation du savoir-faire et de la réputation de l’entreprise est jugée « essentielle » par plus de 40%. Cette attente forte d’un repreneur idéal vient s’ajouter aux freins économiques, pratiques et personnels, d’où une difficulté accrue pour aboutir. Les moins de 55 ans envisagent plus souvent de vendre à des concurrents (66 vs 45% pour les plus de 55 ans), à des personnes physiques hors du métier (57 vs 40%), à des personnes morales (53 vs 37%), à un fonds d’investissement (27 vs 18%).  

 

2 groupes sont identifiés :

 

Celui où l’existence d’un marché est vérifié conduisant les dirigeants à l’optimisme (commerces de bouche, HCR, commerces, coiffure et pressing): ils comptent davantage sur celui-ci dans la préparation de leur retraite, associent plus fréquemment la valeur de leur entreprise à des actifs réels (foncier, équipement…) et citent plus souvent « le prix le plus élevé possible » parmi les critères prioritaires lors de la cession.

-Celui où les dirigeants sont plus sceptiques pour la cession : services aux entreprises, professions libérales, mais aussi le bâtiment et l’industrie où l’on trouve des créateurs arrivés en fin de vie professionnelle. Comme pour les PME et ETI, la taille reste le principal déterminant du niveau de la cession des TPE : plus une TPE emploie de salariés et plus la probabilité qu’elle soit reprise est élevée, quel que soit l’âge du dirigeant.  

 

Qu’en est-il de la transmission familiale? 7 615 ont fait l’objet d’une transmission familiale à titre gratuit (16,6% des cessions).

Contrairement aux cessions onéreuses, les reprises au sein de la famille sont très corrélées à l’âge du dirigeant : 14,7% des cessions avant 60 ans, 30% au-delà de 60 ans; contrairement à ce qui était observé pour les PME, la sensibilité à la transmission familiale augmente avec l’âge. La présence des enfants ou des petits-enfants à des fonctions opérationnelles conduit souvent à souhaiter leur transmettre l’entreprise (55% contre 16% en moyenne); il s’agit plus d’un effet d’opportunité que d’un modèle préétabli (logique dynastique). Contrairement aux PME, exprimant un modèle intergénérationnel, pour les TPE c’est plutôt une modalité supplémentaire à laquelle les cédants recourent lorsque les conditions d’âge et d’appétence de l’héritier d’une part, et de rentabilité de l’entreprise d’autre part, sont réunies.

 

Les intentions de transmission familiale sont plus développées dans le bâtiment, l’industrie, voire l’artisanat alimentaire, mais moins présentes dans les services ou les HCR: 35% des TPE du secteur du bâtiment cédées ont pour repreneur un membre de la famille, entre 22% et 28% des TPE de l’industrie, du commerce de gros et des transports, mais seulement 15% seulement des TPE du commerce de détail, 10% de celles du commerce de bouche et 7,5% des HCR.  

 

La carte des taux de cession-transmission des TPE en 2014 fait apparaître de fortes disparités entre les différents territoires. Il est relativement courant de céder ou transmettre les TPE dans les régions ouest et sud (Basse-Normandie, Bretagne, Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes), moins en revanche, dans le quart Nord et Est de la France (régions Grand-Est, Hauts-de-France, Île-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Haute-Normandie et le nord de la région Centre). Contrairement à ce que l’on observe pour les PME et les ETI, les départements dotés d’une grande métropole présentent des taux de cession de TPE inférieurs à la moyenne, alors que les taux de création de TPE avec salarié(s) sont parmi les plus élevés.

Là où les TPE font rarement l’objet d’une cession onéreuse, le passage de relais au sein de la famille est fréquent (Grand-Est, Nord-Pas-de-Calais, Bourgogne, Île-de-France et Corse).  

Enfin, les dirigeants de TPE sont en moyenne plus jeunes que ceux des PME et ETI, avec une part des dirigeants de plus de 60 ans d’environ 14% pour les TPE contre 21 % pour les PME et ETI, Ce vieillissement des dirigeants lié au manque de cessions risque de conduire demain à une situation des TPE proche de celle actuelle des PME.    

SOMMAIRE

Une diminution de la cote Banque de France entre 2009 et 2013 et une légère reprise en 2014-2015

Conçu sur la base de la longue expérience de son fondateur Patrick Sénicourt, NOTA-PME est un nouveau service en ligne de notation bancaire de l’entreprise, analyse financière, diagnostic et évaluation de la TPE-PME. Labellisé par le Pôle de compétitivité Finance Innovation, il vient d’être choisi comme référence par le site INFOGREFFE. L’analyse qui suit s’appuie sur diverses sources de la Banque de France. Regrettons l’allègement de certaines obligations de déclaration des données financières (bilan, compte de l’exploitation) aux tribunaux ce commerce, limitant la possibilité d’analyse et donc d’intervention .  

 

Depuis la crise de 2008, l’accès au crédit des PME est rendu plus difficile, plus encore pour les plus petites d’entre-elles. La sphère financière (banque, assureurs-crédit, plateformes de crowdfunding) s’est dotée d’un ensemble d’outils de credit-scoring. La cotation FIBEN de la Banque de France constitue la référence.

Elle est en général intégrée aux processus de notation des organismes de financement et de renseignements financiers habilités.  

Rappel des principales caractéristiques de la cotation de la Banque de France.  

– La Banque de France cote les entreprises dont le CA est supérieur à 750 K€; elle en revendique environ 250 000 (seulement 16% des quelque 1 600 000 sociétés immatriculées en France) ;

ainsi, 84% des TPE-PME échappent à son radar.

Mais les statistiques Banque de France montrent de manière récurrente les difficultés des TPE à voir satisfaites leurs besoins de crédits de trésorerie (fragilité des entreprises, faible connaissance du monde des TPE par les banques, modalités différentes d’appréciation des données chiffrées, autant d’explications pour expliciter cette situation).

– L’échelle de cotation va du meilleur 3++ au plus défavorable 9;  les entreprises cotées en-dessous de 4 (5+ et suivants) sont considérées à risque conduisant à ce que les crédits qui leurs sont consentis par les banques ne peuvent pas être refinancés par la Banque Centrale Européenne, ce qui accroît la probabilité de refus du concours bancaire.

-Ces règles ont d’ailleurs évolué favorablement pour les entreprises. Jusqu’en 2008, seules les créances cotées 3++, 3+ et 3 étaient éligibles. Avec la crise, l’éligibilité a été étendue à la cote 4+, puis à la cote 4. La contrainte subsiste au-delà.

-Rappelons aussi que les banques et les assureurs-crédit notent ces entreprises de leur côté, mais l’on ne peut accéder à leurs statistiques (secret bancaire oblige); il y a fort à parier qu’un phénomène analogue de dégradation s’applique aux notations bancaires.  

 

Comment a évolué cette cotation de la Banque de France sur les dernières années, et quelles conséquences pour les PME ?  

 

La cotation des entreprises s’est fortement dégradée au fil des ans; mais les dernières données disponibles remontent à 2015; 2016 semble une meilleure année; il faudra attendre l’automne 2018 pour disposer des données 2016 (plus marquées par le CICE).

On observe une contraction de tous les paliers “favorables” jusqu’à 4, éligibles au refinancement (avec néanmoins une relative stabilisation sur 2014-2015). Les paliers intermédiaires 4 et 5+ accueillent un nombre croissant d’entreprises (36,57% en 2009, 41,19 en 2013, et 47,57 en 2015). On notera également un glissement significatif de 5 vers 6 (6 affiche 4,32 en 2009, 6,76 en 2013, mais 5,18 en 2015).

“Toutes les entreprises, tant les TPE que les PME, doivent surveiller leur note comme le lait sur le feu. Il y va de leur financement bancaire, mais aussi des crédits consentis par leurs fournisseurs que les assureurs-crédit peuvent cesser de garantir pratiquement du jour au lendemain (leur délai de prévenance est de 3 semaines…). Avec pour conséquence de devoir payer les appros “au cul du camion”.      

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15 364 transmissions de PME et 5 638 cessations en 2014

 Mise à jour des données sur la cession-transmission des PME s’appuyant sur une antériorité de cinq ans et sur une méthodologie qui a peu varié; ce bilan est complété par deux analyses approfondies sur la transmission familiale et le vieillissement des dirigeants. 2 catégories d’opérations sont retenues et différenciées : celles pour lesquelles l’information disponible montre avec certitude qu’une cession a eu lieu et celles pour lesquelles la probabilité d’occurrence est élevée sans être certaine. Une 2éme partie de l’étude est consacrée à la cession-transmission des TPE et fera l’objet d’un autre article dans cette note.  

 

Au total 15 364 cessions ont été identifiées en 2014 (en recul de 6% au regard de 2013); 10 619 sont “certaines” (en recul de 4,6%); 4 745 sont “probables” (en recul de 9%).

Elles sont à comparer aux 5 638 cessations dont 63% sont le fait de cessations judiciaires (le % de cessation judiciaire est proche quelque soit la taille de l’entreprise) et au parc d’entreprise en début d’année de 211 647 PME.

Notons que les cessations sont proportionnellement plus nombreuses dans la tranche des 10-19 salariés (67% des cessations), que les cessions (52%) ou que les PME en stock (59%), alors qu’en proportion les cessations sont nettement moins nombreuses à partir de 50 salariés.

Les cessions-transmissions “certaines” au nombre de 10 619 sont pour les 3/4 le fait d’entreprises de moins de 50 salariés (dont 45% pour les 10-19 salariés). La répartition du type de cession est assez proche quelque soit la taille des entreprises, avec une tendance à ce qu’il y ait plus proportionnellement de holding et de transmission familiale chez les 50 salariés et plus.

Les cessations-transmissions “probables”  au nombre de 4 744 sont un peu plus le fait de changement de dirigeant actionnaire (51,7%) qu’intrafamilial (48,3%); l’intrafamilial est plus présent dans les 50 salariés et plus.

Le taux de cession a diminué entre 2013 et 2014, moins chez les 10 à 19 salariés (-3,6%) et les 20-49 salariés (-5,4%) que dans les tailles supérieures (-7,5 à -7,6%); par ailleurs le taux de cession des plus petites entreprises a tendance à croître, même s’il reste inférieur à celui des entreprises de plus de 20 salariés, et surtout de plus de 50 salariés.    

 

Ce bilan quinquennal confirme des conclusions antérieures qui mettaient à mal certaines idées reçues :

– la probabilité de cession dépend davantage de l’effectif que de l’âge de leur dirigeant; cet écart s’explique largement par une probabilité de cession plus forte parmi les entreprises organisées en groupe, caractéristique elle-même étroitement corrélée à la taille. Si l’on observe les entreprises indépendantes, le critère d’âge est certes plus marqué mais la taille reste déterminante.  : à chaque âge, la hiérarchie des taux de cession reproduit celle des effectifs.

-Une autre idée reçue consiste à assimiler cession des PME et absorption par une grande entreprise; or celles-ci captent 1 à 2% des entités de moins de 100 salariés et environ 5% au-delà. Il reste que pour les structures de plus de 100 salariés, plus de 40% des repreneurs sont des holdings ou des repreneurs multiples, souvent représentatifs de groupes. Il faut néanmoins garder à l’esprit que les groupes détenant une filiale de type PME ou ETI ont in fine pour principale entité productive une PME dans 80% des cas et une ETI dans 10% des cas.

 

La transmission familiale Même en présence d’enfants au sein des entreprises où ce modèle est privilégié, la moitié de leurs dirigeants craignent de ne pas trouver de repreneur familial.

Ce type de reprise reste soumis à une triple condition : l’équité (la répartition du patrimoine ne doit pas léser les autres héritiers), l’appétence (la direction d’une PME ne confère pas une forte reconnaissance sociale dans une société française dominée par les « grands corps ») mais aussi la compétence (acquise en interne ou par une formation). Les disparités sectorielles en la matière sont d’ailleurs révélatrices : la transmission familiale est beaucoup plus fréquente quand la maîtrise de l’activité peut être acquise par l’expérience ou une formation courte (construction, agroalimentaire, industrie, commerce et transports) et plus rare quand elle suppose une forte spécialisation (restauration, information et communication, services aux entreprises…).  

 

Sur les 1 217 transmissions familiales observées trois années révolues après la cession,  le taux de survie est toujours supérieur : 93% pour les 10-49 salariés vs 71%; 95% pour les 50-249 salariés vs 85% et 97% pour les ETI vs 91%, soit en moyenne 93% vs 77.

Les cessions ordinaires affichent une croissance forte dans 10% vs 9% pour les reprises intrafamiliales, mais leur progression est moins régulière (47% en croissance modérée ou en stabilité contre 63% pour une cession au sein de la famille.

“Le diagnostic est donc sans ambiguïté : la transmission familiale est aujourd’hui à la fois utile et efficace pour l’économie nationale.”  

 

Par contre le vieillissement des dirigeants semble s’accélérer : de 14,6% en 2005, la proportion des 60 ans et plus est passée à 17,2% en 2010 et à 21,1% en 2014; la part des 66 ans et plus, après avoir progressé de 0,6 point entre 2005 et 2010, a gagné 2,5 points les 4 années suivantes pour atteindre 8,6%.  

 

Ce risque ne se manifeste pas avec la même intensité selon les secteurs qui se répartissent en 3 groupes, les deux premiers avec un taux de cession élevé parmi les dirigeants âgés (commerce de détail, IAA, information et communication), mais qui se révèle très insuffisant pour les activités immobilières, le commerce de gros et l’industrie manufacturière, dont 11,6% des dirigeants ont 66 ans et plus, et une 3éme catégorie avec des taux de cession faibles (santé et l’action sociale, services aux personnes) avec des risques à court terme et à moyen terme pour les HCR et les services aux entreprises , alors qu’en construction le fort taux de disparition semble réguler.  

 

Au plan territorial, les disparités sont également très marquées: la situation est difficile pour une vingtaine de départements qui cumulent une part de dirigeants de 66 ans et plus supérieure à 10% et un taux de cession au-delà de 55 ans inférieur à la moyenne (notamment en Corse, Guadeloupe, Martinique et Guyane), mais aussi en Alsace et Moselle, Oise, Marne, l’Indre, Creuse, Ariège, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône ou Paris.

À l’opposé, de nombreux départements, notamment sur la façade ouest, disposent de taux de cession après 55 ans assez élevés pour éviter un vieillissement accentué des chefs d’entreprise : l’Ille-et-Vilaine, le Finistère, la Mayenne, la Sarthe, la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire, la Gironde… On retrouve aussi dans cette catégorie certains territoires phares de la transmission familiale comme le Jura, le Loir-et-Cher ou l’Aveyron.

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