Plus de huit salariés sur dix mobilisent les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans leur travail.


"La formation des salariés 2.0 : l’effet levier des TIC", Cereq, Bref N° 376, lu mai 2019

Méthodologie : Initié par le Conseil national d’évaluations de la formation professionnelle (CNEFP) et financé par France compétences, le Dispositif d’enquêtes sur les formations et itinéraires des salariés (Defis) est réalisé par le Céreq via le suivi d’un panel de 16 000 salariés pendant 5 ans. 6 741 salariés ont répondu à l’enquête en 2017 (3ème interrogation dans le cadre de ce dispositif, pour lequel ils ont répondu pour la première fois en 2015). Toutes ces personnes sont représentatives des salariés employés en décembre 2013 dans les entreprises de 3 salariés et plus du secteur marchand.

 

Cinq profils d’utilisateurs des TIC ont été repérés. Les plus utilisateurs sont aussi ceux qui ont le plus recours à la formation.

 

Les salariés les plus éloignés des TIC dans le cadre de leur travail le sont également de la formation, mais aussi des apprentissages informels dont bénéficient de façon cumulative les utilisateurs de TIC.

⇒ Cinq profils d’utilisateurs des TIC :

Les « nomades » (16% des salariés) sont les plus connectés et se différencient par un recours très important aux outils de communication instantanée, utilisant intensément les réseaux sociaux, notamment pour maintenir le contact, notamment lorsqu’ils travaillent en dehors des locaux de leur entreprise. Ces technologies contribuent à la mise en place d’un travail collaboratif.  Plus souvent diplômés du supérieur (63% ont un diplôme supérieur au bac), ils occupent plus souvent des postes qualifiés (58% sont cadres) dans de grandes entreprises des secteurs des services aux entreprises et de la finance/assurance. Les professions les plus fréquemment représentées dans ce premier profil sont celles d’ingénieurs en informatique, d’employés administratifs et de cadres commerciaux.

 

Les « relation clients » (16% des salariés) : forts utilisateurs du mail et des moteurs de recherche, Ils se distinguent par un usage essentiellement orienté vers la communication sur leur entreprise et la gestion de la relation avec leurs clients ou prestataires. Ce sont plus souvent des diplômés du supérieur (59% ont un diplôme supérieur au bac) et des femmes (46% contre 38% dans l’ensemble), occupant plutôt des postes qualifiés (agents de maîtrise) dans des entreprises du commerce. Les professions paramédicales, d’attachés commerciaux et de secrétaires sont ici surreprésentées.

 

♦ Les « tâches en ligne » (25% des salariés) : si leur utilisation est très orientée vers la recherche d’information. En automatisant un processus allant de la demande à la décision, ces outils permettent également l’information des personnes concernées (utilisation de l’intranet, de la gestion documentaire partagée et de services dématérialisés qui permettent de réaliser des tâches administratives en ligne). Diplômés du supérieur, ces salariés occupent des postes d’agents de maîtrise ou de techniciens avec une ancienneté moyenne plus importante que les autres (27% ont plus de 20 ans d’ancienneté, contre 19% pour l’ensemble). Les professions d’employés administratifs, de la banque et des assurances, de secrétaires et de techniciens de la maintenance y sont surreprésentées.

 

♦ Les « recherche d’emploi » (13% des salariés) : dans le cadre de leur activité, ils ont un recours aux outils connectés assez faible et lorsqu’ils les utilisent, c’est avant tout pour se documenter ou rechercher un emploi, des tâches assez périphériques à leur travail. Ainsi les moteurs de recherche et les réseaux sociaux sont privilégiés. Très jeunes (42% sont âgés de moins de 35 ans), ils sont moins diplômés que la moyenne (la moitié n’ont pas le bac) et occupent des postes d’employés ou d’ouvriers. Ils travaillent plus souvent dans de très petites entreprises (près de la moitié d’entre eux sont dans une entreprise de moins de 20 salariés) des secteurs du transport et de l’hôtellerie-restauration. Les professions d’employés de l’hôtellerie et de la restauration, d’infirmiers et de conducteurs de véhicules y sont surreprésentées.

 

♦ Les « distants » (14% des salariés) : leur recours aux outils connectés, très faible, se limite au mail et à l’intranet. Peu diplômés, ces salariés occupent plus souvent des postes d’employés ou d’ouvriers qualifiés dans des fonctions de production et d’exploitation. Ils exercent plus souvent dans les secteurs des transports et de la fabrication de produit industriel, au sein de structures de taille moyenne (250 à 449 salariés). Les professions d’agents d’entretien, de vendeurs, de conducteurs et d’ouvriers qualifiés de l’industrie y sont surreprésentées.

 

♦ 16% de salariés « non connectés » n’utilisent aucun de ces outils. Ce qui n’exclut pas l’utilisation occasionnelle d’un équipement numérique : 24% d’entre eux ont ainsi recours à un ordinateur dans leur travail, mais leur usage ne nécessite pas une connexion à un réseau interne ou externe. Ces salariés sont plus âgés que la moyenne (55% ont plus de 45 ans), plus souvent des hommes, peu diplômés (1/4 n’ont aucun diplôme) et occupent des postes peu qualifiés. Ils exercent des fonctions de production, de chantier, de gardiennage ou de nettoyage, dans les secteurs de la construction ou de l’industrie agroalimentaire. Les professions d’ouvriers du bâtiment, d’ouvriers des industries de process, de conducteurs de véhicules et d’agents d’entretien, sont surreprésentées.

 

⇒ Les salariés les plus formés sont également ceux qui utilisent le plus les outils connectés

 

53% des « nomades » ont suivi une formation au cours des 12 dernier mois (respectivement 48% et 55% pour les « relation client » et « tâches en ligne ») contre 22% des « non connectés ». Le plus souvent, les formations qu’ils suivent visent à se perfectionner dans ce qui fait le cœur de leur métier (le management, la comptabilité ou le droit). Pour autant, une part importante des formations suivies relève du domaine du numérique (près d’une formation sur cinq). Les TIC sont de surcroît pour eux des supports de formation organisée telles que les formations en ligne (e-learning, MOOC…), suivies plus souvent par ces salariés.

 

♦ D’autres formes d’apprentissages plus informels existent, mais plus difficilement quantifiables. Le recours aux TIC est souvent associé à des modes d’organisation du travail déjà fortement propices au développement des apprentissages (nombreuses interactions, prise de recul, pratiques de management favorisant les groupes de travail ou le travail autonome, l’innovation ou encore la motivation). Ces situations stimulent les apprentissages informels à l’occasion, par exemple, d’échanges entre collègues (pour 69% des profils « tâches en ligne »), de réunions (61% des profils « nomades ») ou en traitant un incident (51% des profils « relations client »).

Internet devient même, en soi, une véritable source de connaissance informelle; les salariés « nomades » qui ont 5,6 fois plus de chances de déclarer apprendre par eux-mêmes, via Internet. A contrario, les autres salariés éloignés de la formation organisée ne déclarent pas faire autant usage des canaux informels d’apprentissage.

 

♦ Les salariés qui utilisent le moins les outils connectés, les « distants » et les « non-connectés », sont également ceux qui suivent le moins de formations organisées et lorsque c’est le cas, il s’agit le plus souvent de formations obligatoires (pus du quart ont pour objectif d’acquérir une habilitation à la sécurité). Leur travail ne favorise pas les échanges, de même qu’il ne les encourage pas à être plus autonomes.  37% d’entre eux déclarent apprendre par eux-mêmes des choses utiles pour leur travail, contre 59% pour l’ensemble.

Pour en savoir davantage : http://www.cereq.fr/index.php/publications/Cereq-Bref/La-formation-des-salaries-2.0-l-effet-levier-des-TIC