Le nombre d’entreprises françaises a progressé de 54% au cours de la dernière décennie pour atteindre au 1er janvier 2014, selon Sirene de l‘Insee, 3,7 millions. contre 2,4 millions en 2003; cette hausse est due à la croissance forte et ininterrompue des entreprises sans salarié, même avant l’avènement des autoentrepreneurs ; le nombre de TPE sans salarié a progressé de 1,3 million (de 1,3 à 2,6 million); par contre entre 2003 et 2014, le nombre de TPE de 1 à 9 salariés ne s’est accru que de 2% et celui des PME et ETI de 3,7% et ce presque exclusivement avant 2009, pour reculer ensuite de 0,4% pour les 1-9 salariés et de 1,6% pour les PME et ETI.
Au cours de cette même période, les emplois ont stagné :
–d’une part dans les TPE employeurs (+0,5%), progressant chez les 1-5 salariés (+3%) et diminuant chez les 6-9 salariés (-3,3%); noter que les emplois des TPE concernent les non-salariés et les salariés réunis, sans tenir compte du temps de travail.
-d’autre part dans les PME et ETI (+1,1%), diminuant chez les 20-49 salariés (-5,7%) et augmentant de 4,5% dans les ETI; noter que ces données sont celles des unités légales des entreprises et non des groupes d’entreprises dont la publication par l’INSEE est plus que tardive; l’appartenance d’une PME à un groupe est majoritaire au-delà de 100 salariés, sachant que 80% des PME et ETI concernées appartiennent à des groupes dont l’unité principale est elle-même une PME ou une ETI.
Si la densité globale du tissu productif français se situe dans la moyenne de l’Union européenne, la densité en PME et ETI lui est inférieure d’un quart; la France se rapproche plus d’un modèle « méditerranéen» privilégiant les très petites entreprises (à l’instar de l’Espagne, de l’Italie ou de la Grèce) que d’un modèle nord-européen » privilégiant les entreprises moyennes et les ETI (Allemagne, Autriche, Danemark, voire Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas et Suède).
Ces disparités ne tiennent pas seulement à des facteurs institutionnels ou réglementaires, elles relèvent aussi de critères historiques ou culturels; le parc d’entreprises françaises est plus dense et plus fragmenté en petites unités dans le sud-est et le sud-ouest de la France et plus concentré au nord et à l’est du pays, notamment via la présence de grandes entreprises. Au 1er janvier 2014, on dénombre 177 766 PME et 4 982 ETI qui emploient respectivement 5,2 millions et 3,3 millions d’emplois (35% des emplois); les PME et les ETI auraient produit respectivement 16% et 14,7% de la valeur ajoutée domestique; dans l’industrie, leur part dans la valeur ajoutée est encore majoritaire (58%), même si elle décline rapidement.
Les tendances de long terme recouvrent 2 périodes bien distinctes (avant et pendant la crise):
–Avant la crise, entre 2003 et début 2008, le nombre d’entreprises a progressé dans toutes les tranches de taille, mais plus fortement parmi les plus petites (+ 11,4% pour les 10 à 19 salariés) et les ETI.
–Pendant la crise, entre début 2008 et 2014, les petites et moyennes PME (10-99 salariés), de même que les grandes ETI (500-4 999 salariés), ont connu une baisse (de – 3,1% à – 4,3%), contrairement aux grandes PME (100-249 salariés) et aux petites ETI (250-499 salariés).
Au cours de la dernière décennie, la démographie sectorielle des PME et ETI met en évidence trois tendances : généralisation à presque tous les secteurs de la montée des entreprises de 10 à 19 salariés au détriment des entreprises de taille supérieure et en défaveur des 20 à 49 salariés, recul des entreprises industrielles et profonde transformation sectorielle (l’’industrie, le commerce de gros et le commerce de détail ont vu leur nombre de PME et ETI diminuer respectivement de 22,5, 10 et 2%); à l’inverse, les autres secteurs sont en forte hausse : dans la construction, +24% pour les 10-19 salariés et +32% pour les ETI, dans les HCR, les services aux entreprises et les autres services les progressions sont depuis 2004, de 28, 17 et 37%.
Les PME et ETI 2014 ont 3 origines possibles : création directe sous forme de PME, changement de taille, et être déjà présentes; 5,4% des PME recensées n’existaient pas en 2011 et 14% existaient déjà en 2011 sous forme de TPE (ces changements sont nettement moins fréquents depuis la crise puisque 27 285 entreprises ont franchi le seuil entre 2011 et 2014 contre 35 000 entre 2004 et 2007), soit 20% d’entités supplémentaires en trois ans; 63% des transformations de TPE en PME sont pérennes; plus globalement, 36% des PME sont apparues entre 2008 et 2014 mais différemment selon les secteurs : 23% dans l’industrie, 39% dans les services, 48% dans les HCR (avec 28% de création et 20% de changement de taille) :
Les disparitions ont concerné 10,6% du parc entre 2011 et 2014, dont 5,7% à la suite d’une liquidation judiciaire et 2,3% de morts naturelles (pour les 3/4 le niveau d’endettement ou de risque est élevé) et 2,6% par cession-absorption par une entité qui rachète.
Par ailleurs, 10,7% sont devenues des TPE (dont 1/3 par retour à la taille initiale). Le parc s’est donc contracté de 21,3% en 3 ans et le stock s’est accru de 20,3%; en moyenne, l’intégralité du parc français de PME et ETI se transforme donc tous les quinze ans (un âge médian de 15 à 25 ans selon les tailles d’entreprises). Noter que le taux de survie à 3 ans s’est amélioré, passant de 87,9% pour les PME de la cohorte de 2004 à 89,4% pour la cohorte 2011.
Les flux entrants ont logiquement pâti du recul de la création d’entreprises susceptibles de devenir rapidement des PME; le nombre de TPE atteignant le statut de PME en moins de trois ans a baissé de plus 20% (27 285 entreprises ont franchi le seuil des 10 salariés entre 2011 et 2014, contre 35 000 entre 2004 et 2007), sans pour autant s’accompagner d’une accélération des flux sortants. le développement des unes semble aller de pair avec le recul des autres, comme si la création de valeur supplémentaire, par l’innovation ou l’accès à de nouveaux marchés, était l’exception plutôt que la règle.
Si l’on considère les seuls changements de taille, en tenant compte des transferts avec les TPE, 28,5% des PME et ETI recensées en 2014 ont progressé d’au moins une catégorie de taille par rapport à 2011:
Le positionnement atypique des tranches de 20 à 49 salariés et de 100 à 249 salariés en ce qui concerne les changements de taille reflète à la fois la plus grande fragilité de ces 2 catégories et la difficulté à franchir les seuils des 50 salariés et des 250 salariés : parmi les entreprises de 20 à 49 salariés, les flux descendants (vers les TPE ou la tranche de 10 à 19 salariés) 6,6% ont franchi le seuil des 50 salariés en trois ans, tandis que 9,1% des 50 à 99 salariés de 2011 ont dépassé celui des 100 salariés en 2014 et que 7,3% des petites ETI ont dépassé 500 salariés; Il en va de même pour la transformation des PME en ETI, réussie par seulement 6% des PME de 100 à 249 salariés.