Depuis 1990, la nombre d’apprentis a doublé, une formule qui propose une bonne intégration en entreprise.


"À l’aube de la réforme de la formation professionnelle, retour sur 20 ans d’insertion des apprentis", Bref CEREQ N°370, janvier 2019

Méthodologie : Les enquêtes Génération conduite par le CEREQ permettent d’étudier le processus d’insertion professionnelle des sortants du système éducatif et de produire différents indicateurs d’insertion (taux d’emploi, taux de chômage, taux d’emploi à durée indéterminée, etc.), selon les niveaux de formation, les filières, les spécialités. Le travail de comparaison est mené pour 4 populations :

– les jeunes sortant des formations scolaires, ayant connu des expériences professionnelles pendant la période de formation (un emploi régulier, un job de vacances ou un petit boulot) ;

– les scolaires sans aucune expérience professionnelle durant leur formation ;

– les jeunes sortant des filières par apprentissage, embauchés par l’entreprise de formation à l’issue du contrat ;

– les apprentis non embauchés par l’entreprise de formation.

Le cadre législatif a été profondément modifié (lois de décentralisation confiant aux régions la politique d’apprentissage, réforme Séguin de 1987 ouvrant l’apprentissage à tous les niveaux d’enseignement).

 

Depuis le début des années 1990, le nombre d’apprentis a doublé et la population s’est diversifiée, notamment sous l’effet de la percée du supérieur.

 

Depuis le début des années 1990, le nombre d’apprentis a doublé, passant de 220 000 en 1991-1992 à 412 000 en 2016-2017, avec un maximum atteint en 2012-2013 (avec 438 000 apprentis).

Les effectifs d’apprentis sont passés dans le supérieur entre 1992 et 2010 de 1% à plus de 30% du total. Pour autant, à l’exception du CAP, la part d’apprentis à chaque niveau de formation reste largement minoritaire, avec un rapport de un à cinq, à l’avantage des lycées professionnels pour la préparation du bac pro. Si les diplômes de l’industrie et de la construction, les métiers artisanaux, les petites entreprises ont diminué, ils constituent toujours le noyau central de l’apprentissage, alors que la représentation de l’apprentissage comme forme de remédiation à l’échec scolaire précoce semble dépassée.

L’expansion de l’apprentissage s’est accompagnée d’une diversification des profils socioculturels des apprentis.

 

La rapidité d’accès à l’emploi des apprentis résulte d’un « effet contact » avec l’entreprise.

L’avantage procuré par l’apprentissage au moment de la primo insertion sur le marché du travail perdure pendant les premières années de carrière professionnelle : après cinq ans de vie active, les apprentis sont plus nombreux à occuper un emploi que leurs homologues issus de la voie scolaire ayant suivi une formation de niveau et spécialité identiques. Il a fallu 12,9 Mois à un scolaire sans expérience professionnelle pour accéder à l’emploi vs 8,1 pour les apprentis ayant quitté l’entreprise de formation, 7,9 pour les scolaires avec formation professionnelle, et pour 3,1 les apprentis restés dans l’entreprise de formation.

Cependant, les bénéfices de l’apprentissage se révèlent sensibles à la conjoncture, comme le montre l’analyse des conditions d’insertion dans le temps. Au cours des trois premières années d’insertion de la Génération 2010, l’écart d’accès à l’emploi a eu tendance à légèrement se réduire; mais les apprentis semblent mieux profiter des périodes de reprise que les scolaires (sortants des Générations 2004 et plus encore 1998).

 

L’avantage que procure l’apprentissage sur l’insertion professionnelle change d’intensité et de nature selon le niveau de formation. Au regard de la vitesse d’accès au premier emploi significatif, c’est surtout aux premiers niveaux de diplôme que l’apprentissage est le plus efficace; pour la Génération 2010, l’écart entre apprentis et scolaires est de 4 mois environ pour les sortants de CAP, BEP ou bac et n’est plus que d’un mois à partir de la licence.  Par ailleurs, pour les apprentis les plus diplômés, l’importance de l’embauche par l’entreprise de formation ne paraît pas aussi cruciale pour réussir son entrée dans la vie active. Quitter l’entreprise de formation peut être un choix rationnel au regard des projets de carrière, d’accroissement des compétences, ou tout simplement des perspectives salariales.

 

Concernant la rémunération perçue à l’embauche lors du premier emploi significatif, les tendances évoluent. Au terme des cinq premières années de vie active, les ex-apprentis de niveau CAP-BEP ne sont pas mieux rémunérés que les ex-scolaires qui occupent un emploi; les salaires restent proches du SMIC. En revanche, la progression salariale, calculée entre le salaire du premier emploi significatif et celui perçu pour l’emploi occupé cinq ans après la sortie de formation, profite plus aux ex-apprentis de niveau supérieur; l’écart avec les ex-scolaires s’accentue à mesure que le niveau de formation augmente (diplômés du bac ou de l’enseignement supérieur).

Enfin, l’examen de la qualité des emplois occupés, à la sortie du système éducatif ou après cinq ans de vie active, permet de constater que la proportion d’emplois stables est croissante avec l’ancienneté sur le marché du travail et corrélée au niveau de formation. Elle se traduit par un écart notable de la proportion d’emplois en CDI en faveur des ex-apprentis par rapport aux ex-scolaires.

 

Pour conclure, les bénéfices de l’apprentissage apparaissent pluriels et dépendants du niveau de qualification. Ils se traduisent par une vitesse accrue d’accès à l’emploi pour les plus bas niveaux, par une stabilité d’emploi confortée pour les niveaux intermédiaires et par un supplément de rémunération pour les plus hauts niveaux.