Continuer de travailler alors que l’âge légal de la retraite est arrivé, qu’en disent les salariés et les dirigeants ?


"Les salariés seniors en entreprise : regards croisés salariés et dirigeants", Opinion way, indeed, septembre 2022

Méthodologie : 2 échantillons constitués selon la méthode des quotas, au regard des critères de secteur d’activité, de taille d’entreprise et de région d’implantation,

-échantillon de 406 dirigeants d’entreprise privée, représentatif des entreprises de 20 salariés et plus (66% entre 20 et 99 salariés, 34% au-delà), interrogés entre le 18 juillet et le 18 août 2022 par téléphone ; noter que 42% sont dans les services.

-Échantillon de 1003 salariés représentatif de la population salariée française d’entreprises privées de 20 salariés et plus, âgée de 18 ans et plus, interrogés entre le 21 juillet et le 1er août 2022 en ligne. Pour les remercier de leur participation, les panélistes ont touché des incentives ou ont fait un don à l’association proposée de leur choix.

14% appartiennent à des entreprises de 20 à 49 salariés, 17% de 50 à 99 salariés et 53% 1 000 salariés ou plus ; 69% sont dans le tertiaire (en décalage donc avec les chefs d’entreprises).

51% sont des cadres ou des professions intermédiaires et 49% des employés et ouvriers.

« Sondage Opinion Way pour Indeed ».

 

Si les dirigeants d’entreprise sont nombreux à envisager de conserver leurs salariés ayant atteint l’âge légal de la retraite, salariés comme dirigeants ne sont pas dupes des freins que les seniors rencontreront pour rester au travail.

⇒ A propos de l’âge des salariés

♦ Une même approche pour parler du concept senior

On constate peu de différences chez les répondants entre les âges moyens des salariés (37-39 ans), et celui du plus âgé au sein de l’entreprise (59-61 ans).

Il en est de même pour définir ce qu’est un senior (54 ans) et le fait qu’un salarié soit trop âgé pour être embauché (59-60 ans).

Noter que 86% apprécient de travailler avec des personnes plus âgées qu’eux.

 

♦ Quelles appréhensions ont les salariés selon les tranches d’âge ?

-Les moins de 30 ans : 55% estiment que cette classe d’âge mobilise beaucoup de leur temps et 50% qu’ils sont une menace pour leur emploi,

-Les 30-44 ans et les 45-59 ans : pour 54% des salariés répondants, ce sont les plus performants, pour 54% encore ceux avec qui ils préfèrent travailler (mais 48% aussi les 45-50 ans), pour 48% ceux qui ont le plus d’idées intéressantes (mais aussi 39% les 45-50 ans),

-Les plus âgés : 49% disent apprendre le plus auprès des 45-50 ans et 44% auprès des 50-60 ans

 

♦ A propos des 45-50 ans, ont-ils l’expérience de cette tranche d’âge ?

-93% des dirigeants ont dans leur effectif des personnes de cet âge, 82% en ont recruté, et 60% ont l’intention d’en recruter,

-75% des salariés ont, dans leur équipe, des collègues de cette tranche d’âge ; 40% en ont recruté et 54% ont l’intention de le faire.

 

Et puis, pour les répondants la tranche d’âge 45-50 ans,

-Est un âge encore jeune pour être qualifié de « senior » au travail (d’accord 80% les dirigeants, 81% les salariés), dont tout à fait (46 vs 40),
-Ils ne sont pas assez valorisés dans le monde professionnel Français (80% les salariés vs 68 les dirigeants, dont tout à fait 36% vs 26),
-Par contre, s’ils sont à leur apogée d’un point de vue professionnel (68-72%), ils sont motivés par leur travail, et leur vie professionnelle (83 les dirigeants vs 65%)

⇒ Les atouts et les freins pour recruter des seniors

♦ Les atouts : les décalages entre les opinions des dirigeants et des salariés sont fréquents.

 

-Un décalage plus favorable aux salariés : la transmission, le partage de connaissances à d’autres salariés, la connaissance du métier et de l’environnement métier (60-62% pour les salariés vs 52 pour les dirigeants), la débrouillardise, la capacité à rebondir face à des situations complexes (49% vs 45), l’autonomie (52% vs 45), le réseau professionnel et personnel développé au fil des années (30% vs 24),

 

-Un décalage plus favorable aux dirigeants : le savoir-être, les soft skills acquises avec le temps (47% vs 36 pour les salariés), la fiabilité, la motivation et l’engagement (46% vs 37), la productivité accrue (21% vs 18).

 

♦ Les freins pour recruter un senior : les opinions des dirigeants et des salariés sont assez proches :

-La santé, la fatigue (46% les dirigeants vs 48 les salariés),

-Les attentes pour la rémunération (un décalage plus important, 34% vs 39),

-L’adaptation dans l’entreprise ; l’appropriation des outils numériques (32 vs 34), une vision dépassée du métier, une résistance au changement (30 vs 32), la difficulté d’adaptation face aux mutations du métier ou des modes d’organisation (29 vs 25), a difficulté à leur imposer des managers notamment plus jeunes (28 vs 32), le décalage générationnel, la difficulté d’adaptation avec d’autres membres de l’équipe (20 vs 24), le manque de perspectives pour le salarié et pour l’entreprise (18 vs 20), les attentes en matière d’indépendance (12 vs 8).

⇒ Se perçoivent-ils comme senior ?

-Oui pour 31% des dirigeants et 27% des salariés ; dommage que dans l’échantillon il n’est pas précisé les tranches d’âge des répondants.

29% des dirigeants estiment aussi être considérés senior par leurs salariés, alors que 38% des salariés pensent que leurs collègues les considèrent comme seniors, nettement moins leurs supérieurs hiérarchiques (24%).

83% des “seniors” (dont 30 tout à fait) sont prêts a accepter de modifier leurs tâches et missions pour accorder plus de temps à la formation des jeunes salariés, mais seulement 17% seraient d’accord pour que leur entreprise baisse leur salaire, pour pouvoir embaucher des jeunes.

 

♦ A partir de 45-50 ans, l’approche protection sociale dominerait les préoccupations, devant le fait d’oser se lancer de nouveaux défis.

-63% des salariés (dont tout à fait 25) craignent de ne jamais retrouver de travail, s’ils étaient au chômage ; la perspective d’être licencié inquiète 44% (tout à fait 14) ; 49% (tout à fait 15) n’oseraient pas changer d’entreprise, même si l’opportunité se présentait.

-60% (tout à fait 17) estiment indispensable d’avoir établi un plan de carrière qui conviendra jusqu’au départ à la retraite ; 37% craignent d’être placardisés dans leur entreprise,

-49% (tout à fait 15) commenceraient à préparer leur retraite.

-Par contre, 59% viseraient de nouveaux défis.

 

⇒ Au moment de l’atteinte de l’âge légal à la retraite de leurs salariés

78% des dirigeants disent avoir envie de garder leurs salariés après l’âge légal de leur départ à la retraite ; plus précisément 61% l’envisagent pour leurs salariés seniors.

C’est que 63% (dont tout à fait 35) craignent le manque de main d’œuvre dans les années à venir, du fait du vieillissement de la population et 47% (dont tout à fait 16) une baisse de la qualité de leur offre, en raison d’une main d’œuvre plus jeune et moins bien formée.

 

Que disent les salariés ? La moitié accepterait de continuer à travailler (11% sans hésiter et 39% sous conditions), alors que pour 26% c’est “hors de question”.

Toutefois, dans l’état actuel des choses, seuls 31% des salariés ont envie de continuer de travailler.

 

Pour en savoir davantage : OpinionWay pour Indeed – Les salariés seniors en entreprise – Septembre 2022 (opinion-way.com)