La polarisation du marché du travail en France est marquée par un déplacement de l’emploi vers les qualifications les plus élevées, qui s’accompagne d’une érosion accentuée par la crise de 2008 des métiers situés au milieu de la distribution des qualifications.
⇒ L’utilisation de la nomenclature française des PCS (Professions et catégories professionnelles) pour estimer le niveau de qualification
Depuis les années 1980 on observe une croissance sensible de la part des plus qualifiés (cadres et professions intermédiaires) et un déclin plus tardif des professions de qualification médiane (ouvriers et employés qualifiés), alors que la part des moins qualifiés stagne. La spécialisation de la France dans les services qualifiés aux entreprises est liée à la part croissante des diplômés du supérieur et au progrès technologique.
Le déclin des ouvriers qualifiés tient d’abord à la désindustrialisation ; celui des employés qualifiés à l’automatisation et à la réorganisation des administrations publiques. Pour autant, on n’observe pas de « déversement » de l’emploi vers des métiers d’employés aux faibles qualifications (13%), notamment dans les services, contrairement à ce qui se passe dans les pays très polarisés, où les métiers peu qualifiés de l’hôtellerie-restauration, du nettoyage, de l’entretien, de la sécurité ou des services à la personne ont le plus fortement progressé. C’est ce qui prévaut aux USA.
Le diagnostic sur la polarisation en France est différent de celui qui prévaut pour les États-Unis, où la part des moins qualifiés apparaît en nette hausse; ce diagnostic est partagé par l’Insee et la Dares.
⇒ La polarisation des emplois estimée par la distribution des salaires
Une répartition de la population en emploi en fonction du salaire en quatre groupes égaux permet de distinguer les qualifications faibles des qualifications médianes, mais aussi d’isoler au sein de la population qualifiée les professions dites intermédiaires (techniciens, professionnels de l’action sociale et de l’éducation, contremaîtres ou les technico-commerciaux), aux compétences requises moins élevées que celles des cadres.
On constate que la part dans l’emploi des plus faibles rémunérations comme des rémunérations médianes a diminué depuis le milieu des années 1990, alors que celle des rémunérations élevées ou très élevées augmentait, ce qui traduit une montée en
qualification. Toutefois, cette mesure brute des qualifications par les salaires est imparfaite, ne tenant pas compte de l’hétérogénéité salariale des entreprises ni de l’expérience des actifs ; de plus, ne prendre en compte que les salariés laisse de côté les professionnels qui exercent leur activité comme indépendants, dont la part dans l’emploi s’accroît depuis 2005.
Pour y pallier on détermine un revenu moyen par profession en ETP. Sans surprise, les professions qui déclinent le plus fortement sont les ouvriers qualifiés de type industriel et les employés administratifs d’entreprises situés au milieu de la distribution des salaires (-6 points en 20 ans) alors que les cadres et professions intermédiaires gagnait 4 points. La part de l’emploi moyennement qualifié recule continûment, particulièrement après 2008 (-3,7 points de pourcentage).
Pour en savoir davantage : Polarisation du marché du travail : y a-t-il davantage d’emplois peu qualifiés ? | France Stratégie (strategie.gouv.fr)