Les professions intermédiaires sont en nette hausse.


"Professions intermédiaires des entreprises : les raisons d’une envolée des diplômes", Cereq Bref N°397, lu novembre 2020

Méthodologie : Le programme Enquête Professions Intermédiaires, piloté par le Céreq entre 2010 et 2012, avait pour objectif d’appréhender les transformations du travail et du management en entreprise au prisme des professions intermédiaires ;  le programme a permis d’étudier une soixantaine de métiers dans une trentaine d’entreprises (chef d’atelier de la construction automobile, manager de la restauration rapide, technicien logistique dans l’industrie aéronautique, technicien-développeur au sein d’une société de services informatiques, conseiller commercial dans une concession automobile…).

 

Les professions intermédiaires, du fait de compétences complexes exigées, sont recrutées de plus en plus avec un niveau licence, voire master; elles apparaissant toutefois surqualifiées, mais aussi un réservoir pour des fonctions de cadres.

 

Les professions intermédiaires regroupent 7 millions de personnes en 2018 (26% de l’emploi total)  en 7 catégories : d’une part le public avec 44% (23% dans la santé et le travail social, 14% les professeurs des écoles, instituteurs, 7% les professions intermédiaires administratives de la fonction publique), d’autre part le privé avec 56% (29% les professions intermédiaires administratives et commerciales PIACE, 18% les contremaîtres et agents de maitrise et 9% les techniciens. Cette étude rend compte des professions du privé (4,5 millions d’emploi).

 

62% y ont un diplôme du supérieur (de niveau bac + 2 ou plus), en raison notamment du poids des professions réglementées parmi les professions intermédiaires de l’enseignement, de la santé et du travail social, alors que la part des diplômés du supérieur de ces professions dans les entreprises est plus modeste (48,5% en 2017) mais augmente sensiblement au fil du temps, particulièrement pour les jeunes (hausse généralisée du niveau d’éducation, certifications, tertiarisation, féminisation, poly-compétence des salariés).

La hausse des niveaux d’éducation de niveau bac +2 (notamment de filières professionnelles) relève d’une logique propre au système éducatif, faiblement articulée à l’évolution de l’économie, toutefois sollicité par les transformations de l’emploi et des métiers.

 

En 25 ans (1994-2017), les PIACE connaissent une forte augmentation (+61%), pour l’essentiel dans les services ; tout comme les techniciens (+59%), présents dans l’industrie et la construction, et en fort développement dans le tertiaire, alors que les agents de maitrise ne progressent que de 9%. 

 

La féminisation de ces professions s’opère à un rythme plus rapide que pour les autres catégories socioprofessionnelles, portée par l’augmentation de la part des femmes parmi les PIACE (de 48% en 1994 à 57% en 2017) ; la part des femmes progresse aussi  parmi les techniciens et agents de maîtrise (respectivement de 14,4% et 14,3% en 2017) en raison de la progression du secteur tertiaire.

 

Par contre, la part des moins de 30 ans reste stable (20,4% en 1994 pour 19,3% en 2017) alors que la part des jeunes parmi l’ensemble des salariés diminuait sensiblement (de 25% à 19,7%). De même, alors que les seniors (50 ans et plus) sont de plus en plus nombreux parmi les salariés du secteur privé (de 15% en 1994 à 29% en 2017), l’augmentation de leur part parmi les professions intermédiaires des entreprises est moindre (+9 points).

 

La tertiarisation, la féminisation et la démographie ne sont pas sans incidences sur les niveaux de diplôme. En effet, les jeunes étant plus diplômés que les seniors et les filles à la fois plus diplômées que les garçons et plus nombreuses dans les services, l’évolution socio-démographique des professions intermédiaires des entreprises contribue à expliquer l’élévation des niveaux de diplômes, accentuant ainsi le risque de déclassement auquel sont confrontées de longue date les jeunes femmes en particulier.

 

L’enquête a mis en évidence une complexité des métiers qui renvoie à deux caractéristiques communes à ces professions :
– L’interpénétration des dimensions managériale, technique, commerciale, administrative et gestionnaire qui accroît la tendance à la polyvalence fonctionnelle des emplois et requiert une forme de poly-compétence de la part des salariés,
– La position d’interface des professions intermédiaires au sein des organisations, entre conception et exécution, entre management et opérateurs, entre entreprises, fournisseurs et clients, qui nécessite des compétences et qualités professionnelles spécifiques.

 

La complexité de la professionnalité de ces salarié repose sur un triptyque : un socle de «compétences-métier» qui fonde leur expertise technique, un ensemble de «compétences transversales», notamment relationnelles, qui déterminent leur capacité à exercer des fonctions d’encadrement de proximité ou de conduite de projet, à gérer la relation de service avec les clients et un ensemble de «qualités professionnelles» qui déterminent leur capacité à faire preuve d’autonomie, d’initiative et de responsabilité.

 

Alors que la norme théorique d’accès aux professions intermédiaires se situe historiquement au niveau 5 (BTS, DUT), les recrutements de jeunes débutants se font désormais majoritairement au niveau 6 (licence professionnelle) et 7 (master), une forme d’assurance pour l’entreprise qu’ils détiennent les compétences transversales et qualités professionnelles requises par la spécificité de leurs emplois.
Le recrutement de jeunes surdiplômés vise aussi à constituer un vivier de «potentiels»
dans une perspective d’évolution de carrière (passage au statut de cadre).

 

Toutefois, le recours au recrutement interne, via des mobilités promotionnelles d’ouvriers et d’employés ou des changements d’emploi au sein de la catégorie, reste de loin le principal mode d’alimentation des professions intermédiaires des entreprises ; l’accès des sortants du système éducatif à ces professions demeure limité (entre 20% et 50% selon les métiers).

 

Pour en savoir davantage :  Professions intermédiaires des entreprises : les raisons d’une envolée des diplômes | Cereq

.