L’étude GEM 2013 constate à nouveau un décalage important entre l’intention des français à créer/reprendre une entreprise dans les 3 ans et le fait de passer à l’acte ; n’est-ce pas le décalage entre un statut social jugé valorisant et la capacité à en endosser les habits ?


« Le problématique passage des intentions d’entreprendre à l’action : global entrepreneurship monitor, résultats 2013 » EM lyon non daté

 Le rapport s’appuie sur deux enquêtes distinctes effectuées en juin 2013 ; la première réalisée sur une population d’adultes de 18 à 64 ans, avec un échantillon de 2000 personnes résidantes en France et représentatives de la population française (selon l’âge et le sexe). La seconde a été effectuée à partir d’un panel d’experts dans le domaine de l’entrepreneuriat résidant et opérant en France.

Le rapport s’intéresse principalement aux attitudes, aspirations et intentions de la population vis-à-vis de l’entrepreneuriat ainsi qu’aux comportements en matière de création d’entreprise ; il met en avant un indicateur clé qui mesure l’activité entrepreneuriale des pays, le TEA (Taux d’Ensemble de l’Activité Entrepreneuriale), lequel est complété par ses variantes renvoyant à divers aspects du phénomène étudié comme ceux distinguant les créations de nécessité et d’opportunité.

 

Le taux de l’activité entrepreneuriale (TEA) est de 4,5%, contre 5,2 en 2012 ; cet indicateur est « proche » entre 2004 et 2012 (entre 3 et 6%). Le rapport GEM international de 2012 positionnait la France (5,2%) dans les dernières places devant des pays comme le Japon (4%) et l’Italie (4,3%) et au même niveau que l’Allemagne (5,3%), le Danemark (5,4%), la Belgique (5,2%).

Cette persistance à se maintenir à un faible niveau de dynamisme entrepreneurial est assez étonnante si l’on considère les intentions des Français en matière d’entrepreneuriat.

 

En effet, l’enquête GEM demande aux personnes interrogées « si elles envisagent, seules ou avec d’autres personnes, de démarrer une affaire ou tout autre type d’auto-emploi dans les trois années à venir » ; en 2013, 13,7% formule leur intention de créer/reprendre une entreprise dans les trois prochaines années ; ce taux était de 17,7% en 2011 et de 17,3% en 2012. En rapprochant le résultat obtenu en 2013 de celui des autres pays comparables, on constate qu’il reste en dessous de celui de pays comme les Etats-Unis (16,6%), le Canada (17%) ou Singapour (20,3%) mais qu’il est supérieur à ceux de l’Allemagne (8,9%), ou des Pays-Bas (10,3%).

La France se distingue de plus par le fait que l’écart entre les intentions de création et les créations effectives (TEA) est l’un des plus élevés  (-9,2%).

 

En 2013, 70% des français considèrent que le statut social des entrepreneurs est élevé, ce qui constitue un progrès considérable par rapport au début des années 2000 où ils n’étaient que 47% à penser cela.

Pour 55% des français, entreprendre, créer son entreprise est un choix de carrière désirable.

Toutefois, des facteurs culturels, conjoncturels et institutionnels (système de protection sociale très généreux, code du travail, taxes et impôts, etc.) constituent des freins puissants sur la route de l’entrepreneuriat.

Autre frein : la peur de l’échec (45%), plus qu’en 2012 (43%), le taux le plus élevé de la décade. À cela s’ajoute un sentiment d’incapacité relative à entreprendre (33% contre 38).

Et plus important encore, les opportunités de création/reprise sont difficilement perçues, plus encore en 2013 qu’en 2012 (23% contre 38).

 

Alors que faire ?

« Il nous semble que les mesures les plus significatives sont liées à un changement de mentalité des français et des décideurs économiques et politiques en particulier. Vouloir enseigner l’entrepreneuriat dans les classes primaires et secondaires est un objectif pertinent et courageux ; d’autres pays, notamment la Finlande, l’ont fait avant nous. Cet objectif est une condition nécessaire du changement de mentalité souhaité. Néanmoins, l’enseignement n’est pas le seul levier sur lequel il convient d’agir. Mettre les discours en phase avec les réalités du monde tel qu’il est en en est un autre. Revoir les politiques publiques pour en faire des leviers de changement des facteurs institutionnels au bénéfice des comportements entrepreneuriaux constitue certainement un autre moyen. Tout cela ne sera possible qu’avec une très forte volonté politique, alimentée par une conscience aigüe des problèmes et situations qui freinent, voire bloquent, la nécessaire adaptation des structures et des règles qui gouvernent le fonctionnement de notre pays aux réalités et aux exigences d’un monde en profonde mutation. »