Les conditions de vie des étudiants, notamment les ressources et le logement dont ils disposent, sont un facteur déterminant de la réussite dans l’enseignement supérieur


« La réussite des étudiants selon les difficultés financières et la perception d’une allocation d’études », Note d’information du MESR N°14-05, juillet 2014

Les données utilisées sont celles d’un panel de 12 000 bacheliers 2008, interrogés sur les quatre premières années d’études après le baccalauréat ; les étudiants en alternance ou qui suivent des formations à l’étranger sont exclus du champ de l’étude. En 2008-2009, 86% des bacheliers 2008 poursuivent des études supérieures, dont 6% en alternance et seulement 1% à l’étranger.

Un document dont l’analyse pose de vraies questions sur l’opportunité d’engager des jeunes, issus de milieux peu favorisés (tant financièrement qu’en termes de niveau culturel), mais plus encore d’un niveau d’étude trop modeste pour aborder l’enseignement supérieur, et contraints de travailler pour subvenir à leurs besoins.

 

24% des étudiants ont des difficultés financières dés la première année, une situation en hausse au fil des années pour atteindre 37% en 3éme année.

La fragilité au plan financier est corrélée au fait d’appartenir à un milieu social défavorisé, d’avoir des parents pas ou peu diplômés, d’occuper un emploi régulier, de ne pas percevoir d’aide de sa famille, de déclarer des problèmes matériels (transports, logement), de n’avoir pu suivre sa formation en alternance ou parce qu’elle était trop éloignée du domicile familial.

 

La grande majorité d’entre eux sont aidés par leur famille (82% en première année, mais encore 77% en 4éme année), mais 41% tirent des revenus d’un travail régulier rémunéré (53 et 44% en 3 et 4éme années), 11 à 16% travaillant régulièrement au fil de l’année universitaire ; prés de 40% ont des bourses, mais sont ceux qui déclarent le plus de difficultés financières en première année (36% pour ceux qui ne sont pas aidés par leur famille et 31% pour ceux y qui sont aidés, contre 17 à 25% pour les autres) ; l’obtention d’une bourse est de fait peu compatible avec l’exercice d’une activité rémunérée.

59% sont hébergés par leur famille, en baisse au fil des années, alors que la location ou la collocation progresse (de 23 en 1ere année à 47%).

 

1erannée

2éme année

3éme année

4éme année

Déclarent des difficultés financières

24

27

37

33

Types d’appui financiers

       

– Aide de la famille

82

77

75

77

– Travail de l’étudiant dont

41

43

53

55

* Occasionnel pendant l’année scolaire

19

20

23

22

* Uniquement pendant les vacances

11

13

16

17

* régulier mais moins de 15hres par semaine

6

?

7

8

* régulier mais plus de 15 hres par semaine

5

?

7

8

– Bourse ou allocation d’études

37

39

38

38

Modes de logement dont

       

– dans la famille

59

?

46

39

– en location ou collocation

23

?

30

47

– en foyer, résidence universitaire ou internat

18

?

15

14

 Les étudiants qui ne sont pas aidés financièrement sont beaucoup plus nombreux à interrompre leurs études dès la première année pour des raisons financières (10% quand ils sont boursiers, sinon 15%, contre 6% pour les non boursiers aidés par leur famille) ; 72% des non aidés financièrement travaillent dès le début de la première année (dont 33% de façon régulière), contre 40% environ ceux qui ont une aide financière de leur famille (8 à 10% d’entre eux travaillent de façon régulière).

 

Les étudiants les plus fragiles d’un point de vue financier (35%) sont plus souvent titulaires d’un baccalauréat technologique ou professionnel, et s’orientent davantage vers une filière courte telle le BTS ; ils sont peu présents dans les filières longues et fortement sélectives (grandes écoles, études de santé), qui exigent aussi souvent de quitter le domicile familial.

 

A niveau scolaire identique, les étudiants les plus en difficulté financière ont significativement moins d’ambition que les autres ; ils sont aussi moins motivés par leurs études, et ont plus de mal à suivre.

 

Les moins en difficultés financières (65%)

Les plus en difficultés financières (35%)

Non boursiers (50%)

Boursiers (15%)

Boursiers (22%)

Non Boursiers (13%)

Type de baccalauréat dont

       

bac général

79

76

55

43

– dont bac S

46

41

24

17

Mention au bac

       

– Rattrapage ou passable

45

47

65

68

– Assez bien

31

31

25

24

– Bien ou très bien

25

21

10

8

A l’âge normal ou en avance au bac

72

72

53

50

Non inscrit dans la formation choisie

7

9

14

13

Difficultés à suivre les études

26

27

35

30

Manque d’intérêt pour les matières

27

30

37

33

Absentéisme

23

23

29

30

Tout à fait satisfait de la formation suivie

52

47

39

40

 En fin de 1ere année, les étudiants non aidés financièrement sont aussi ceux qui ont le moins souvent réussi leur année, et sont le plus souvent sortis de l’enseignement supérieur :

 

Les moins en difficultés financières (65%)

Les plus en difficultés financières (35%)

Non boursiers (50%)

Boursiers (15%)

Boursiers (22%)

Non Boursiers (13%)

Réussite de la première année

       

BTS

87

86

82

74

Licence

63

56

43

33

DUT ou grande école

83

79

81

73

Sortie de l’enseignement supérieur

       

BTS

3

4

6

13

Licence

5

6

10

19

DUT ou grande école

1

1

2

5

 La situation est du même ordre 3 ans ou 4 ans après :

Situation en

4éme année

Les moins en difficultés financières (65%)

Les plus en difficultés financières (35%)

Non boursiers (50%)

Boursiers (15%)

Boursiers (22%)

Non Boursiers (13%)

Obtention en 2 ou 3 ans du BTS

78

80

71

66

Obtention en 3 ans de la licence

42

39

26

22

Poursuite études en 4éme année

88

77

68

Dont écoles de niveau bac+5

69

57

43