Les jeunes diplômés de licence professionnelle s’en sortent aussi bien que les ingénieurs et les diplômés d’écoles de commerce en ce qui concerne leur insertion professionnelle


"Insertion des sortants du supérieur : les effets contrastés de la professionnalisation", Bref du Cereq N°294-2, Nov-dec 2011

Au printemps 2010, le Céreq a interrogé un échantillon représentatif des 739 000 jeunes qui ont quitté pour la première fois le système éducatif en 2007. Environ 25 000 jeunes de tous les niveaux de formation ont répondu à cette enquête téléphonique. Cette enquête s’inscrit dans un dispositif d’observation régulier, une génération nouvelle de sortants étant interrogée tous les trois ans.

 

Moins de jeunes sortent de l’enseignement supérieur en 2007 qu’en 2004, mais davantage sont issus de licences professionnelles (6% contre 3).

  Non diplômés Bac +2 Licence prof Licence univ M1 Ecoles commerce, ingénieurs Master professionnel et recherche Doctorat dont santé Total
2007 15 32 6 11 5 11 15 5 100
2004 20 35 3 10 7 9 11 4 100

Les filles sortent toujours plus nombreuses que les garçons, mais l’écart s’est sensiblement réduit (de 59% à 54% des sortants entre 2004 et 2007).

La répartition par origine sociale ne connaît pas d’évolution notable, l’accès au supérieur demeurant très inégalitaire ; seuls 18% (19% en 2004) des sortants du supérieur ont un père ouvrier, alors qu’ils sont 35% pour les jeunes sortants de l’enseignement secondaire.

 

Les universités ont par ailleurs connu des évolutions importantes : professionnalisation accrue, généralisation du système LMD et politiques renouvelées de lutte contre le décrochage et en faveur de l’insertion.

 

Après trois ans de vie active, le taux de chômage des jeunes diplômés du supérieur s’établit à 11% des actifs jeunes diplômés de l’enseignement supérieur, contre 8% pour ceux arrivés sur le marché de l’emploi trois ans plus tôt ; le taux d’emploi au regard de l’ensemble des jeunes issus du supérieur s’établit à 82% en 2010.

 

La dégradation entre 2007 et 2010 reste modérée en comparaison de celle dont ont pâti les sortants du secondaire (27% contre 21% pour la génération 2004) ; les diplômes de licences générales, les DUT et les masters professionnels ont vu leur taux de chômage à trois ans augmenter de plus de 5 points, alors que la situation a été très favorable aux licences professionnelles (8% contre 6), aux ingénieurs, aux doctorants et aux étudiants des écoles de commerce.

  Taux chômage Taux d’emploi CDI en 2007 % cadre et profession intermédiaire Salaire médian net
2007 2010 2007 2010 2010 2007 2010 2007 2010
Bac+2 santé social 1 1 97 98 72 99 98 1 680 1 630
Ecoles d’ingénieurs 4 5 94 94 93 97 98 2 270 2 270
Doctorat (y c santé) 7 7 91 91 60 98 99 2 250 2 210
Licence pro (L3 professionnel) 6 8 90 88 78 78 78 1 580 1 620
Ecoles de commerce Bac+ 4 et +5 7 9 90 89 79 90 89 2 180 2 050
BTS 8 11 87 85 67 54 56 1 410 1 400
M1, MTS, MSG, maitrise IUP 9 11 84 81 69 82 86 1 610 1 620
Master pro, DESS et autres bac+5 7 12 91 85 70 92 91 1 930 1 950
Master recherche et DEA 9 12 84 81 65 90 98 1 850 1 840
DEUG, DEUST L1 et L2 12 13 72 69 60 62 52 1 410 1 410
Licence L3 universitaire 7 13 82 75 68 81 76 1 570 1 500
DUT 8 14 85 80 67 67 76 1 500 1 500
Niveau IV professionnel court (échec BTS/DUT) 13 17 79 74 60 37 35 1 330 1 360
Niveau IV université court (échec DEUG, L1 ou L2) 17 21 79 74 44 42 47 1 310 1 360
Ensemble sortants du supérieur 8 11 84 82 69 73 76 1 580 1 620
Ensemble sortants hors supérieur 21 27 70 63 50 19 21 1 260 1 260

La qualité des emplois occupés a en moyenne très bien résisté à la crise. Le taux d’emploi à durée indéterminée (CDI) reste inchangé entre 2007 et 2010 (69%). En termes d’accès aux positions de cadres, la génération 2007 progresse de 4 points par rapport à celle de 2004 (de 26 à 30%) et celle de profession intermédiaire ne bouge pas (46 et 47%).

Enfin, les salaires en euros constants restent pratiquement inchangés (1 620 contre 1 580).

 

Le développement de l’offre de licences professionnelles permet à une partie des titulaires de BTS et DUT de poursuivre plus facilement leurs études dans le supérieur. Le nombre de diplômés de licence professionnelle progresse ainsi très fortement : 9 000 sortants en plus par rapport à la génération 2004, soit près de +70%. Cette hausse est pratiquement à hauteur de la réduction du nombre de sortants titulaires des seuls BTS ou DUT.

En 2010, parmi les diplômés de L3, les sortants de filière professionnelle sont plus souvent en emploi et ces emplois sont plus souvent à durée indéterminée que pour les sortants de la voie générale.

Ils sont aussi nettement mieux payés bien qu’ils n’occupent pas plus souvent des emplois de cadres ou de profession intermédiaire.

En termes de taux de chômage et d’accès à des CDI, les licences professionnelles restent mieux placées que les formations de niveaux bac+4 et bac+5, à l’exception des grandes écoles.

Le recul du nombre de postes offerts dans la fonction publique a notablement affecté l’insertion des diplômés de licences générales, dans un contexte de repli de l’emploi. En 2010, après trois ans de vie active, moins de la moitié d’entre eux travaillent dans le secteur public, alors qu’ils étaient plus de 60% en 2007.

Conséquence de la diminution du nombre de postes ouverts aux concours, les jeunes de la génération 2007 titulaires d’une licence générale ne sont plus que 15% à réussir le concours de l’IUFM contre 22% en 2004.