L’opinion des patrons de PME et des enseignants sur l’apprentissage


« Centre national de prospective AGEFA-PME sur l’enseignement professionnel et l’apprentissage » AgefaPME/IFOP, juin 2013

Echantillon de 401 dirigeants d’entreprises de 10 à 499 salariés et de 600 enseignants exerçant dans l’enseignement secondaire et supérieur

 

Quand l’interrogation porte sur le fait que le système scolaire prépare à la vie professionnelle, une divergence compréhensible s’exprime entre patrons de PME (mauvaise préparation 78% dont très mal 32%), et les enseignants (54 et 7% très mal) ; ces derniers sont proches du grand public (interrogation en 2006, 55 et 12%).

Autre divergence, mais plus modérée, le fait de parler des entreprises dans l’enseignement secondaire ; les patrons de PME sont à 66% très favorables, moins les enseignants (48%) et les français en 2005 (38%) ; 7% seulement des enseignants sont opposés.

 

Donner aux élèves des collèges et lycées des connaissances sur l’entreprise est tout à fait un plus, en ce qui concerne leur avenir professionnel selon 48% des enseignants et 67% des patrons de PME ; cet enseignement peut avoir un réel impact sur leur compréhension des problématiques des entreprises pour 36% des enseignants et 58% des patrons. Par contre seul le 1/3  des enseignants contre 59% des patrons  estiment que cela permet de développer la culture d’entreprise chez les jeunes, mais ¼ des enseignants ne le pensent pas.

 

Pour faire comprendre le monde de l’entreprise, 53% des enseignants préconisent le stage en entreprise (action jugée très bonne), moins le développement de mini-entreprises accompagnées par un chef d’entreprise (31%) et encore moins  le développement de cours sur l’entreprise et son utilité (23%) ; pour ces deux derniers items, 1/4 jugent que ce serait une mauvaise initiative. Les patrons sont bien plus favorables à ces 3 types d’action (respectivement 53, 43 et 44%)

 

Interrogés sur l’enseignement professionnel suivi dans le second degré ou le supérieur, les patrons de PME estiment qu’ils devraient être plus consultés dans la définition des programmes et des formations suivies au sein de l’enseignement professionnel (92%), alors que cet enseignement est un moyen efficace pour lutter contre le chômage des jeunes (84%) ; l’enseignement professionnel est jugé comme un outil au service de la compétitivité des entreprises ­(64%).

 

Selon les patrons de PME, l’enseignement professionnel, plus que l’enseignement général offre davantage de chances de trouver un premier emploi (90%), le fait d’être opérationnel plus rapidement (90%), parce que les compétences sont mieux adaptées aux besoins de l’entreprise dans son secteur (78 %) et qu’ils s’adaptent mieux aux règles de l’entreprise  (73%) ; il offre de meilleures perspectives d’évolution de carrière (61%) ; les jeunes sont plus motivés (60%) ;  mais cet enseignement ne garantit pas un meilleur salaire à l’embauche à poste équivalent (53%).

 

Selon les enseignants, l’enseignement secondaire doit apporter aujourd’hui en priorité aux élèves des connaissances de base et une bonne culture générale (45% des réponses en premier lieu et 75% pour le total des citations ), et développer leur esprit critique et leur autonomie (31 et 66%) ;  est bien moins important le fait de les préparer à la vie professionnelle (14 et 32%) ou de Leur apprendre à vivre en société (10 et 27%). On peut se demander à quoi servent les connaissances et le développement à l’esprit critique et à l’autonomie (bien relatif !), si ce n’est leur permettre de s’intégrer avec pertinence dans la société et dans son milieu de travail.

Il est vrai aussi, pour ne citer que l’exemple de l’apprentissage, que 52% des enseignants estiment être peu ou pas informés, notamment ceux des collèges, lycées généraux, technologiques et universités, à la différence des lycées professionnels et des IUT ; les moins de 35 ans sont fort peu informés au regard des autres âges (notamment 50-64 ans).

 

Toujours selon les enseignants, les freins à l’apprentissage se focalisent sur  le refus des parents de la formation en apprentissage de leur enfant (94% important, dont 54% très important), sur les réticences des jeunes, à la recherche d’études brillantes (83 dont 43%), persuadés que des études plus longues leur permettraient de trouver des emplois mieux rémunérés (82 dont 42%) ; selon les enseignants, les élèves manquent de connaissances et d’informations sur l’apprentissage (91 dont 38%) ; mais  Il leur est difficile de trouver un poste d’apprentis dans une entreprise (87 dont 34%) et n’y a pas assez de possibilités de formations en apprentissage (76 dont 29%) ; 64 dont 20% des enseignants estiment qu’ils ne sont pas assez mûrs pour l’apprentissage.

 

Au cours des 3 dernières années, 56% des patrons interrogés ont eu recours plusieurs fois à l’apprentissage, 13% une seule fois et 31% jamais.

Pour 31% ce recours a été jugé très positif, positif pour 67% ;  il est  négatif pour 14% avec quelques différences : 4 à 8% dans les entreprises de  plus de 49 salariés contre 15% dans celles de moins de 50 salariés, 6% dans les communes de moins de 2 000 habitants contre 11 à 20 pour les autres tailles.

89 % (dont 61% très certainement) seraient prêts à recommander le recours à l’apprentissage à d’autres patrons.

En 2013, on compte 2,3 apprentis par entreprise (en poste ou en intention de recrutement) ; 54% l’ont fait ou vont le faire (20% pour un jeune, 19% pour 2 jeunes, 15% pour plus de 2) ; 46% n’ont pas recruté contre 67% en 2005.

 

Les patrons de PME ont nettement amélioré leur jugement sur l’intérêt de l’apprentissage pour leur entreprise (de 18% très favorable en 2005 à 30% en 2013) ; 40% jugeaient cette possibilité peu ou pas du tout intéressante en 2005, contre 29% en 2013.

Les patrons de PME estiment que l’incitation à recourir à l’apprentissage repose sur plusieurs conditions : une meilleure adaptation de la formation des apprentis aux besoins des entreprises (82%), une pérennisation des incitations financières et fiscales (80%), une simplification des démarches administratives (62%), une meilleure information sur les dispositifs (60%), un meilleur accompagnement de l’apprenti pour qu’il s’intègre dans l’entreprise, par le biais d’un tuteur par exemple ( 54%), une extension du public éligible comme les diplômés de l’enseignement supérieur (51%).

L’appréhension et le recours à l’apprentissage varie selon le fait qu’on y a recours ou non, la taille de l’entreprise, le secteur d’activité et la taille de l’agglomération :

L’apprentissage

Taille de l’entreprise

Secteur d’activité

Taille de l’agglomération

10-19 sal

20-49 sal

Autres tailles

BTP

Autres

>de

2 000 hab

2 000 à

20 000

< 20 000 hab

Agglo Paris

Solution très intéressante

28

33

32-34

41

25 à 29

22

22

31 à 32

36

% de dirigeants utilisateurs au cours des 3 années passées

58

49

60 à 91

82

61 à 70

64

43

67 à 80

60

% de jugement négatif suite au recours

16

15

4 à 8

14

11 à 18

6

18

11 à 17

20

% dirigeants disposés à le recommander certainement

51

71

70 à 74

75

53 à 61

70

58

56 à 71

53

% de recours en 2013

54

49

61 à 76

62

44 à 58

61

43

54

60

% recours plus fréquent si élargissement du public

40

66

57 à 75

45

50 à 61

47

50

47 à 50

62

                   

 Le recours habituel à l’apprentissage conforte cet intérêt pour l’apprentissage : 42% se disent très intéressés, contre 15% pour ceux n’y ont jamais eu recours et 16% pour ceux qui n’y ont eu recours qu’une fois. 79% de ceux qui ont eu recours plusieurs fois ont embauché un  ou des apprentis ou envisagent de la faire au cours de l’année, contre 38% pour ceux qui ont déjà embauché une fois et 16% pour ceux qui le l’ont jamais fait.

 

Le secteur d’activité influe : 41% du BTP y trouve beaucoup d’intérêt contre 28% pour le commerce et les services et 25% pour l’industrie ; les dirigeants  du BTP sont les plus enclins à recommander l’apprentissage à d’autres chefs d’entreprise, ceci étant, les dirigeants des autres activités y seraient plus favorables s’il y avait un élargissement du public.

 

La taille de commune influe aussi : le milieu rural, très utilisateur de l’apprentissage, est celui qui porte les jugements les plus positifs et le recommanderait le plus, alors que les plus de 200 000 habitants, très utilisateurs, formule davantage de jugement négatif et souhaite un élargissement du public (notamment l’agglomération parisienne).

 

Par contre, il y a peu de différence selon les tailles d’entreprise, hors les 10 à 19 salariés qui trouve moins cette possibilité intéressante, le recommanderait moins, toute en l’utilisant au même niveau que les autres.