Méthodologie :
-Une enquête quantitative Interrogeant 1 538 jeunes de 18 à 24 ans, en ligne par questionnaire auto-administré, représentatifs de leur population,, et de 213 habitant en QPV (issus du fichier de la Fondation Mozaïk) interrogés par vision en entretien individuel entre le 26 janvier et le 16 février
-Une enquête qualitative auprès de 10 jeunes résidant en QPV entre le 1er et le 12 février.
Les jeunes en QPV sont plus diplômés de l’enseignement supérieur (60% au moins bac+2, vs 42 les autres jeunes), moins de l’enseignement général (bac général 11 vs 21), au même niveau pour les bac pro ou tech (16 vs 17) et moins de niveau inférieur (13 vs 20). Ils appartiennent moins souvent à CSP+ (6% vs 17) mais sont 47% comme les autres jeunes sans activité professionnelle. 79% des jeunes d’EQPV appartiennent à la région parisienne (vs 19 pour les autres jeunes).
Noter la forte présence de jeunes issus de l’enseignement supérieur, qui peut fausser une vision de l’ensemble des jeunes Français, alors que leur poids mis en avant par l’Insee est de l’ordre de 45%.
Globalement les jeunes, s’ils ont le réflexe de mettre en avant leurs soft skills, ont tendance à les reléguer au fond du CV.
73% des jeunes s’autocensurent quant à leur envoi de candidature (un peu moins en QPV 67%) dont 27% souvent (21 en QPV).
♦ La vision des jeunes Français pour accéder à l’emploi est marqué majoritairement (entre 51 et 86% d’accord) par certaines considérations ; dans l’observation de ces “jugements discriminatoires”, je ne citerais que le chiffre des “tout à fait d’accord ” (entre 14 et 48%) parce que plus signifiants :
-Avoir des relations peut maximiser les chances de décrocher un poste intéressant (48%),
-L’apparence physique peut influencer positivement ou négativement la décision de recrutement (41%),
-L’appartenance réelle ou supposée à certains groupes ethniques peut influencer positivement ou négativement la décision de recrutement (29%),
-À compétences égales, une personne issue des minorités a moins de chance d’être recrutée par une entreprise (23%),
-À compétences égales, une femme a moins de chance d’être recrutée par une entreprise (20%),
-L’ascenseur social ne fonctionne pas en France (14%).
♦ Ce qui leur semble bloquer le recrutement :
-Le manque d’expérience (56% vs 48 ceux en QPV, mais avec un bac+3, 56 vs 60),
-Le fait de ne pas avoir les bonnes compétences (37 vs 43),
-Celui de ne pas avoir les bons diplômes (36 vs 29),
-Le peur de ne pas être à la hauteur (32 vs 12),
-Le fait de se percevoir trop différent des gens qui travaillent dans cette entreprise (18 vs 4),
-Le fait de devoir face à des préjugés du fait de sa situation personnelle, de son origine (17 vs 15).
♦ Ce qu’ils mettent en avant comme atouts :
D’abord leur formation, avant leurs compétences techniques acquises par la pratique professionnelle, mais à un niveau proche les compétences transversales telles leurs qualités humaines, leur savoir-être acquis dans la vie professionnelle.
Toutefois, interrogés sur l’ensemble de leurs compétences, 79% des jeunes (et jusqu’à 84% chez les jeunes en QPV) déclarent mettre en avant leurs hard skills dans leurs candidatures et seulement 20% leurs compétences transversales soft skills, comme principaux atouts pour obtenir un emploi ou un nouveau poste.
♦ 34% des jeunes Français reconnaissent avoir déjà menti ou caché certaines de ses singularités ou caractéristiques d’identité pour conserver toutes leurs chances : davantage les niveau CAP (65%), les CSP+ (52%), moins les ouvriers et ceux résidant en communes rurales. Cette pratique est moins répandue chez les jeunes en QPV (14%). Il s’agit notamment le fait de ne pas indiquer son adresse, ou la pratique de certaines langues étrangères (l’arabe par exemple).
Dans leurs candidatures (CV, lettres de motivations, entretiens…), ceux en QPV mettent davantage systématiquement en avant leurs compétences transversales, qualités humaines, savoir être (49% vs 31, mais 37 les bac+3).
Les jeunes en QPV apparaissent plus confiants en leurs atouts que les autres jeunes ; serait-ce le double effet d’une présence dans l’enquête de jeunes nettement plus issus de bac +3 ou encore celui d’une exigence plus forte de construction stratégique pour se faire une place dans l’emploi ; soyons aussi prudent face à un échantillon restreint et sélectif (l’appartenance à la mouvance Mozaik Fondation dont l’objet est l’insertion des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur dans l’emploi).
Pour en savoir davantage : https://csa.eu/news/les-jeunes-et-lautocensure-en-matiere-demploi/