45% des jeunes des quartiers Politique de la ville échouent à l’université contre 29% pour les autres jeunes.


"Que deviennent les jeunes des quartiers prioritaires de la ville après leur bac ?", Cereq, Bref N°391, juin 2020

Source : l’enquête 2016 sur la Génération 2013, interrogeant 19 500 jeunes représentatifs des 693 000 jeunes qui ont quitté pour la première fois le système éducatif au cours ou à l’issue de l’année scolaire 2012-2013.
Les individus retenus dans cette étude sont ceux, titulaires a minima d’un bac, d’un titre de niveau IV équivalent, qui ont déclaré résider durant l’année scolaire de leur baccalauréat dans une unité urbaine comprenant au moins un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).

 

Les jeunes issus des quartiers politique de la ville sont moins nombreux à avoir le bac, investissent davantage des cycle courts à l’université et échouent plus souvent.

 

Les jeunes des QPV sont moins nombreux que les ex-lycéens des autres quartiers des unités urbaines englobant les QPV, à avoir eu au moins le bac (54% contre 77), moins nombreux à avoir poursuivi dans l’enseignement supérieur (38 contre 59%); ils ont aussi moins souvent décroché un diplôme du supérieur (25% contre 47).

⇒ En formation initiale de niveau secondaire

Les jeunes des QPV ont massivement intégré au lycée la filière professionnelle, bien plus que les jeunes des autres quartiers voisins ; parmi les sortants de formation initiale en 2013 a minima bacheliers, ceux en QPV sont aussi souvent titulaires d’un bac pro que d’un bac général (38% dans les deux cas), contrairement à aux autres (respectivement 23% et 54%). La surreprésentation de bacheliers professionnels explique qu’ils se soient moins souvent engagés dans des études post-bac (70%, contre 77); toutefois en raisonnant par filière, le taux de poursuite d’études des bacheliers professionnels des QPV apparaît nettement supérieur à celui de leurs homologues (40%, contre 33), tandis qu’il est le même pour les bacheliers généraux (91% vs 93) et technologiques (85% vs 83).

Ce ne sont pas uniquement les origines sociales et migratoires qui expliquent ces différences mais un effet propre à la résidence dans un QPV, l’identification au quartier semblant constituer un marqueur social en tant que tel.

⇒ En formation de niveau enseignement supérieur

Qu’ils soient bacheliers professionnels, technologiques ou généraux, les jeunes des QPV postulent moins souvent aux filières les plus élitistes (IUT, écoles d’ingénieurs, de commerce, d’art…) et davantage aux formations de proximité (les STS, 45% de bacheliers contre 32).

 

Parmi l’ensemble des jeunes engagés dans les études supérieures, 34% des jeunes bacheliers de QPV vs 20% pour les autres n’obtiennent aucun diplôme.
Le taux d’échec est plus élevé pour les enfants ayant au moins un parent immigré; il est plus élevè pour ceux ayant  deux parents ouvriers, employés ou n’ayant jamais travaillé que ceux qui ont au moins un parent cadre ou exerçant une profession intermédiaire.

En outre, le taux d’échec varie selon le type de bac, atteignant son maximum pour les bacheliers professionnels (73% vs 55).

 

À sexe, origines sociales ou migratoires égales comme à filières de bac identiques, les jeunes issus de QPV échouent systématiquement davantage dans le supérieur que les autres bacheliers des unités urbaines, en particulier les femmes et les bacheliers professionnels.

 

Le taux d’échec dans le supérieur entre les jeunes des QPV est particulièrement fort à l’université (45% vs 29) où le recrutement est moins sélectif et le taux d’encadrement des étudiants nettement plus faible. Les jeunes de QPV « paient » alors une orientation contrariée ou inadaptée dans l’enseignement supérieur, qui ne correspond pas au premier choix formulé, et a conduit respectivement 40% et 31% des titulaires d’un bac pro et d’un bac technologique à intégrer ce cursus, pour lequel ils ont été peu préparés (vs 20 et 17 pour les autres jeunes).

 

Par contre en ce qui concerne les autres formations suivies au sein de l’enseignement supérieur, les taux de sortie sans diplôme sont plus proches des autres jeunes : les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (8 vs 4), Sections de Techniciens Supérieurs (27 vs 20), IUT (11 vs 10), et même plus favorable pour les Grandes Écoles (6 vs 8).

 

Au total, les jeunes diplômés du supérieur originaires des QPV atteignent en moyenne un niveau d’étude moins élevé que les autres et sortent plus souvent en bac +2 (37% vs 23). Ils sont plus nombreux à déclarer avoir arrêté par contrainte, notamment financière (35%, contre 23), du fait de l’absence de la formation visée à proximité (12% contre 7), du fait d’un refus dans la formation demandée (12% contre 10).

⇒ Adéquation formation et emploi

37% sont sans emploi trois ans après leur sortie de formation initiale (vs 22%).

Leurs trajectoires professionnelles sont plus erratiques : ils ont accédé moins rapidement à leur premier emploi et ont passé au cours de ces trois années moins de temps en emploi que les autres.

 

En revanche, parmi ceux ayant accédé à l’emploi, les contrats de travail obtenus sont assez comparables : en 2016, 59% des jeunes en QPV au moment du bac occupent un CDI ou sont fonctionnaires (emploi « durable »), contre 60% pour les autres.
Mais des différences réapparaissent concernant la nature des emplois obtenus : 3 ans après leur sortie de formation initiale, 53% sont cadres ou professions intermédiaires vs 63%; à l’inverse, ils sont plus souvent employés ou ouvriers (45%, contre 35).

 

35% des bacheliers des QPV occupant un emploi salarié s’estiment utilisés en-dessous de leur niveau de compétence, vs 29% les autres.

 

Pour en savoir davantage : https://www.cereq.fr/que-deviennent-les-jeunes-des-quartiers-prioritaires-de-la-ville-apres-leur-bac