Quelle insertion dans l’emploi pour les diplômés des Grandes Ecoles ?


"L'insertion des diplômés des Grandes Ecoles, résultats 2018", Conférence des Grandes Ecoles, juin 2018

Méthodologie :  78 878 réponses ont été traitées, issues de diplômés des 3 dernières promotions, provenant de 176 établissements sur les 184 concernés. Le taux de réponse élevé des diplômés, 64% dans la promotion 2017, permet de garantir la fiabilité et la représentativité des résultats obtenus.  Enquête 2018 réalisée entre janvier et mars.

132 écoles d’ingénieurs (sur 137) ont participé avec 21 967 répondants (taux de retour de 71,5%; 35 écoles de management (sur 35) ont participé avec 10 758 répondants (taux de retour 53%); et 9 autres écoles (sur 12) ont contribué avec 986 répondants (taux de retour de 60,7%).

 

Les diplômés des grandes écoles ont des taux très favorables et rapides d’insertion dans l’emploi, un premier emploi dont ils se disent satisfaits. 40% trouvent leur employeur lors des stages qu’ils ont effectué.

 

⇒ Profil des répondants : 

 

64,2% des femmes et 64% des hommes ont répondu; les femmes sont 67% des écoles “autres”, 51% des étudiants d’écoles de management et 31% des écoles d’ingénieur sont les taux de retour des principales écoles.

Les étrangers sont 16,7% des répondants dont 27,3% chez les managers, et 10% chez les ingénieurs.

 

⇒ Une comparaison avec les années passées

 

Les résultats en matière d’insertion dans l’emploi sont en croissance pour la 4éme année consécutive, pour les ingénieurs comme pour les managers, et permettent d’afficher le meilleur taux net d’emploi à six mois enregistré depuis la crise financière de 2008, soit 89% et le plein emploi à 12 mois.

Pour la dernière promotion, la part des diplômés en activité professionnelle 6 mois après la sortie de l’école a ainsi progressé de 3%, tandis que la proportion de jeunes diplômés à la recherche d’emploi a diminué d’autant, passant de 11,6% en 2017 à 9,2% en 2018. Le taux de poursuite d’études reste stable et semble peu sensible à la conjoncture immédiate.

Les conditions nationales, plus favorables à l’emploi des cadres, ont certainement eu pour effet d’accroître la part des jeunes diplômés travaillant en France – 87,1% dans la promotion 2017, contre 85,8% dans la promotion 2016 et 83,9% dans la promotion 2015 – entraînant mécaniquement une stabilisation de la part des créateurs ou repreneurs d’entreprise à 3,3% dans la promotion 2017.

Dans la suite de cette analyse, je ne retiendrais que les résultats relatifs à la promotion 2017.

 

⇒ Que font ces jeunes diplômés en 2018 ?

 

L’entrée dans la vie active est rapide puisque plus de 62% ont trouvé un emploi avant même leur sortie de l’école (contre 60% en 2017); ce taux s’élève à 89,4% six mois après l’obtention du diplôme.

Si la proportion de managers en activité dépasse celle des ingénieurs (77,9% vs 71,9), cela ne signifie pas que leur accès à l’emploi est plus aisé. La proportion d’ingénieurs en recherche d’emploi est d’ailleurs inférieure à celle des managers (8,3% vs 10,6). Une plus grande proportion d’ingénieurs poursuit des études et retarde de ce fait leur entrée sur le marché du travail : 6,5% des ingénieurs s’inscrivent en thèse (24% en Cifre vs 0,2% pour les managers), 8% poursuivent d’autres études (vs 4,7% pour les managers).

 

Noter que 14,5% ont été en apprentissage (18,6 les managers et 12,5 les ingénieurs). Un sur trois est embauché dans son entreprise d’accueil. La part de cadres parmi les apprentis atteint 86% à la sortie de l’école (86,6 % pour l’ensemble des diplômés). Comparé à l’ensemble des diplômés, l’apprenti cadre ne retire pas de son type de formation, une meilleure rémunération. 

Près de la moitié des apprentis en activité travaillent en Île-de-France. C’est un peu moins que pour l’ensemble des diplômés (54%). 65% sont embauchés dans des entreprises de 250 salariés et plus. Les grandes entreprises prennent nettement la tête chez les managers avec 40% des diplômés apprentis (33% pour l’ensemble des diplômés). Les micros-entreprises (moins de 10 salariés) réussissent à capter seulement 5,3% des nouveaux diplômés issus de l’apprentissage (7,5% pour l’ensemble des diplômés). 

 

Qu’en est-il des femmes ?

 

La part des femmes en activité professionnelle est moins élevée que celle des hommes, (71,9% vs 74,8), en décalage plus important chez les ingénieurs (68,4% vs 73,4); de fait les femmes sont davantage en recherche d’emploi (12,3% vs 8,9 chez le managers et 10,5% vs 7,3 chez les ingénieurs)

Après 12-15 mois sur le marché du travail (promotion 2016), les managers-hommes et les managers femmes atteignent le même taux d’activité professionnelle. Chez les ingénieurs, l’écart subsiste plus longtemps.

Après 24-27 mois (promotion 2015), la part des diplômés en recherche d’emploi descend à un taux bas, entre 2 et 4% pour toutes les catégories.

 

⇒ Comment ont-ils recherché leur 1er emploi ?

 

-Les stages, liés à la scolarité, concourent à 39,3% des recrutements (41,6% pour les ingénieurs et 34,9 pour les managers) : le stage de fin d’études (33,2% pour les ingénieurs, 19,4% pour les managers) est la principale porte d’entrée vers l’emploi; les autres stages en entreprises (2 et 7,7%) et l’apprentissage (6,4 et 7,8%) y contribuent moins.

-Second groupe, celui des lieux spécialisés de recherche d’emploi (31,7% dont ingénieurs 32,3 et managers 31) : site internet (19,2% dont ceux des entreprises), les candidatures spontanées (7,1%), les chasseurs de tête (5,4%).

-3éme groupe Les réseaux (19,6% dont ingénieurs 17,7 et managers 23,1): ce sont les relations personnelles (9%), les réseaux sociaux professionnels (7%) et le réseau des anciens élèves (3,6%).

-4éme groupe, les appuis de l’école (forum et service emploi) avec 4,3% (3,5 les ingénieurs et 6 les managers).

Sans oublier la création/reprise d’entreprise pour 1,7% (2,7 les managers et 1,1 les ingénieurs); les études montrent que la création d’entreprise intervient surtout après plusieurs années d’expérience professionnelle. Plus loin dans l’enquête, il sont 2,6%  quand il sont qualifiés de non-salarié (4% chez les managers -et même 5,7% chez les hommes managers- et 1,4% chez les ingénieurs). Enfin la synthèse de l’étude fait état d’un taux de 3,3%. Quel chiffre retenir ?

 

 Dans quelles entreprises travaillent-ils ? 

 

92% sont dans une entreprise du secteur privé et 5,4% dans le secteur public.

 

En termes d’activité, les ingénieurs sont 16% à travailler dans le conseil et les managers 18%; les ingénieurs sont 13% dans les TIC vs 8% les managers ; les activités sont ensuite soit le fait des ingénieurs (transports, BTP, énergie), soit celui des managers (banques/assurances, commerce, juridique/comptabilité/gestion).

La R&D non informatique et les études-conseil sont les principaux services recrutant des nouveaux ingénieurs (près de 40%); les femmes y sont légèrement surreprésentées.

Les études-conseil et expertise, les services commerciaux, le marketing et l’administration-gestion-finance recrutent plus des deux tiers des nouveaux managers.
Le taux de féminisation de chaque service est de 50,6%; elles sont surreprésentées (plus de 70%) dans la communication et dans les ressources humaines, là où le salaire moyen est le plus bas.

 

30,8% travaillent dans des entreprises de plus de 5 000 salariés, 30% dans des entreprises de 250 à 4 999 salariés, 17,7% dans celles de 50 à 249 salariés et 21,6% dans des entreprises plus petites.

 

Quelles modalités de contrat ?

 

81% de la dernière promo sont en CDI, dont 82,9 pour les managers et 81,5 pour les ingénieurs (79,8% pour les femmes managers vs 86,5 pour les hommes et chez les ingénieurs 71,8 vs 85,8).

86,6% sont cadres (77,3 les femmes managers vs 83,7 les hommes et 84,1 vs 93,5 chez les ingénieurs).

Le pourcentage de femmes cadres reste largement en retrait par rapport à celui des hommes, pour les ingénieurs comme pour les managers; cela est peu favorable à une réduction des écarts de salaires qui s’amplifient avec l’ancienneté. Ils dépassent 3 000€ avec ou sans primes pour les salaires ingénieurs perçus en France. Chez les managers, ils atteignent 6 300€ pour les salaires avec primes.

 

46% des emplois sont en province et 54 en Île-de-France; les ingénieurs sont plus souvent en province (57% vs 23 les managers).

13% des diplômés tentent leur chance à l’étranger (53% en Europe, 10% en Chine, 9% aux USA et Canada); cette part diminue légèrement tant pour les nouveaux ingénieurs (10% des emplois) que pour les managers (18,6%); les diplômés de nationalité française sont 10% à s’expatrier. 91% ont toutefois des contrats locaux et seulement 4,5% des contrat d’expatriation.

 

Le salaire moyen d’embauche, hors primes en France, est en progression de 1,5%, tant pour les ingénieurs que pour les managers; pour l’ensemble, il s’établit à 34 122€ et à 38 225€ avec les primes. Les managers perçoivent des salaires plus élevés de 1 000€ en moyenne hors primes par rapport aux ingénieurs ; avec les primes l’écart est plus important (+ 3 000€ en faveur des managers).

Les inégalités salariales subsistent entre les hommes et les femmes : en France, hors primes, un manager homme diplômé en 2017 reçoit en moyenne 2 500€ de plus qu’une femme-manager; l’écart est de 1 800€ chez les ingénieurs. Avec les primes, l’écart s’amplifie : 4 300€ chez les managers et 2 500€ chez les ingénieurs.
 

Le contenu du poste (34%) et l’adéquation avec un projet professionnel (27,5%), voire les perspectives d’évolution (11%) sont les principaux critères de choix. Les caractéristiques relatives à l’entreprise comptent mais de façon fragmentée : type d’activité (9,2%), localisation (5,2), notoriété (4,4), politique RH (2,7), salaire (2,2).

Les femmes privilégient plus le contenu du poste (37,8% vs 31,8) et moins l’adéquation avec un projet professionnel (26,2 vs 28,2), tout comme les ingénieurs (contenu du poste 36,1% vs 29,7 pour les managers et adéquation au projet professionnel 27 vs 28,4%).

 

La satisfaction du 1er emploi

 

83% sont satisfaits de leur premier poste de travail (dont 32 très satisfaits), notamment les relations avec les collègues (91,7% dont très 62,3), les conditions de travail (84,8 dont très 45,6%), le responsabilisation et le niveau d’autonomie (80,3 dont très 40,4%), la localisation géographique (72 dont très 44,3%), moins le niveau de rémunération (57 dont très 20,5%). Peu de différences sont constatées entre femmes et hommes ou entre managers et ingénieurs.

16% sont toutefois à la recherche d’un autre emploi, notamment les femmes (19 vs 15); cette recherche est plus marquée pour la promotion 2015 avec 25,6%.

 

La principale difficulté rencontrée par les diplômés en quête d’un emploi est l’absence d’expérience professionnelle (62%) et la difficulté à trouver des offres d’emploi (44%).