82% des patrons de TPE considèrent positif l’emploi de travailleurs d’origine étrangère


"Barométre des TPE, vague N°64" Fiducial, Ifop, décembre 2016

Méthodologie :  Échantillon de 1 003 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés (hors autoentrepreneurs), interrogé par téléphone du 19 octobre au 7 novembre 2016  

 

La moitié des chefs d’entreprise se déclare optimiste pour leur activité, plutôt en hausse au regard des  autres interrogations 2014-2016; ils le sont à 59% dans le BTP, 62% dans les services aux entreprises et 59% en région parisienne, mais seulement 43% dans les entreprises de 1 à 2 salariés et 28% dans le commerce.   L’indicateur de situation financière retrouve le même niveau qu’il y a un an; 30% espèrent une progression des ventes (+2 points), 42% une stagnation (-3 points) et 25% une baisse (+1 point).

 

La situation de trésorerie des TPE connaît une légère détérioration : 26% déclarent qu’elle est négative (en hausse de 5 points par rapport à juillet), alors que 28% (-2 points) font état d’une trésorerie excédentaire et 46% d’une trésorerie à l’équilibre.

Les problèmes de trésorerie plus nombreux contribuent à l’augmentation des demandes de financement des trois derniers mois (16%, +3 points), et corrélativement, à des mesures de durcissement plus fréquentes (49%, +3 points), notamment sur les garanties exigées (17%, +6 points) et l’octroi de sommes inférieures à celles demandées (15%, +5 points); les refus de prêts sont en revanche en net recul (15%, -9 points).  

 

Après l’embellie estivale, la création nette d’emplois se stabilise à +0,5%, avec un taux de recrutement de15% (dont 8,5% pour créations de poste), mais aussi de suppressions de postes (8%); la création nette d’emplois est plus élevée dans les structures de 10 à 19 salariés (+7 points), l’industrie (+6), l’hôtellerie (+3),  tandis qu’elle est négative dans les secteurs du commerce (-2), des services aux entreprises (-2) et du BTP (-7).

Le CDD reste le mode d’embauche le plus fréquent (50%), le plus souvent pour une durée de plus d’un mois (34%), principalement du fait d’un surcroît temporaire d’activité (64%). 42% des dirigeants l’utilisent pour être certains que le poste est viable, 35% pour le remplacement d’un salarié absent et 30% pour tester les compétences des salariés.

36% ont recruté leurs nouveaux salariés en CDI, 11% en contrat d’apprentissage et 3% en contrat aidé. Parmi les chefs d’entreprise ayant supprimé des postes au cours de l’année, 40% ont eu recours à des ruptures conventionnelles, 33% à des licenciements, et 24% à des démissions.  

 

L’immigration constitue un sujet d’intérêt pour 63%; 46% déclarent employer ou avoir déjà employé des salariés n’ayant pas la nationalité française (66% en région parisienne, 69% dans l’hôtellerie); ces scores varient selon les pays considérés : l’UE (28%), et les autres pays européens (12%), l’Afrique du Nord (22%) et les autres pays d’Afrique (15%), le Moyen-Orient( 8%), l’Asie (7%).

Dans 82% des cas, les patrons concernés considèrent que l’emploi de ces travailleurs d’origine étrangère a été une expérience positive : ces salariés permettent d’enrichir les relations et les méthodes de travail (69%), leur apport en termes de créativité et d’innovation (51%); seuls 14% ont relevé que ces embauches avaient pu perturber le fonctionnement de l’entreprise; dans le même temps, 58% soulignent la nécessité d’un suivi et d’une formation plus développés lors de l’intégration de ces salariés.

Invités à évaluer les qualités comparatives des travailleurs français et des travailleurs immigrés, plus des 2/3 des dirigeants interrogés considèrent qu’elles sont identiques (de 67% à 73% selon les items testés), à l’exception notable des langues étrangères, pour lesquelles 47% estiment que les travailleurs n’ayant pas la nationalité française disposent d’un atout distinctif spécifique. Qu’il s’agisse de l’esprit d’entreprise, de l’esprit d’équipe, de l’organisation, du sens de l’initiative ou des compétences techniques, un chef d’entreprise sur cinq évalue moins favorablement les travailleurs étrangers.

Confirmant la perception de qualités et compétences similaires, 80% des employeurs traitent les CV des candidats ayant un nom de famille à consonance étrangère de la même manière que les autres, 15% les conservant mais déclarent privilégier les candidats ayant la nationalité française et une part marginale (4%) les écartant.

48% (59% dans le secteur des services aux entreprises) se déclarent prêts à embaucher des salariés venant du Proche-Orient ou du Moyen-Orient si des mesures d’accompagnement spécifiques sont mises en place pour permettre leur adaptation: 1/3 s’y refusent totalement  

 

83% des dirigeants de TPE se sent en sécurité dans sa vie quotidienne et 79% au sein de leur entreprise (63%  les commerçants); toutefois, 58% estiment que la délinquance a augmenté en France au cours des derniers mois (62% les sans salarié, 68% les commerçants et les artisans, 71% ceux ayant un chiffre d’affaire inférieur à 100 000€.

De fait 74% des dirigeants ont été victimes d’au moins un type d’agression (menace verbale, cambriolage, vol, piratage informatique, agression physique) au cours des 10 dernières années dans le cadre de leur vie privée et 59% au sein de leur entreprise; les menaces verbales apparaissent comme les plus courantes (46% dans le cadre privé dont 27% à plusieurs reprises, et 35% au sein de leur entreprise); A l’inverse, les agressions physiques ne concernent que 18% des personnes interrogées (12% au sein de leur entreprise).  

 

74% possèdent au moins un équipement spécifique pour protéger leurs salariés et leurs moyens de production; les 2 équipements les plus courants sont les alarmes (42%) et les grilles de protection (36%), puis les portes ou de vitrines blindées (25%) et/ou d’une vidéo-surveillance (24%), peu les chiens de garde ou la possession d’une arme d’autodéfense (12 et 11%), et moins encore l’emploi de vigiles (3%); noter que 63% sont contre la possibilité d’élargir le port d’armes aux vigiles.

33% ont réalisé des investissements en matière de sécurité au cours des 2 dernières années (47% dans des entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à 1 million€, 42% chez les commerçants et 41% dans les services aux entreprises ); 47% ont effectué des investissements de sécurité récents. Une situation paradoxale que celle des plus petites entreprises (sans salarié ou avec un CA inférieur à 100 000€) qui sont les plus inquiètes mais aussi les moins nombreuses à effectuer des investissements.  

 

Concernant la sécurité informatique de leur entreprise, 69% sont inquiets qu’un virus informatique détruise leurs données, 67% pour le risque de vol des codes bancaires et 59% pour le vol de mots de passe; 42% le sont aussi de l’espionnage informatique et le blocage des données contre une rançon (42% et 37%). 81% ont mis en place des anti-virus; 55% ont contracté des assurances spécifiques pour indemniser les risques; 40% font opérer un contrôle régulier du système informatique par un spécialiste ; 33% ont rédigé des consignes écrites pour leurs salariés.  

 

Le rapport aborde les futures élections présidentielles avant la primaire de la droite; il indique un très net avantage en faveur de la droite (Alain Juppé, avec 53% d’intentions de vote). Face à l’éloignement perçu de la sphère politique, les dirigeants de TPE appellent massivement de leurs vœux la candidature à la présidence de la République d’un chef d’entreprise (80%).