Méthodologie : l’étude mobilise les données issues des enquêtes Génération du Céreq, menées en 2013 et 2020, respectivement auprès des jeunes sortis de formation initiale en 2010 et en 2017. Elles sont représentatives des 700 000 à 800 000 jeunes ayant quitté un établissement de formation en France ces années-là.
La conjugaison d’un CAP et d’un bac pro est plus favorable en terme d’insertion que le seul bac pro.
♦ Le contexte.
Les jeunes de la Génération 2010 ont effectué leur transition vers l’emploi dans un contexte particulièrement dégradé, hérité de la crise financière de 2008, se traduisant par un taux de chômage élevé (22% en 2013), alors que la Génération 2017 a connu un contexte économique plus favorable (reprise de la croissance, création d’emplois soutenue et recul du chômage). Cette embellie conjoncturelle a été brutalement interrompue par la crise sanitaire.
Par ailleurs, si le CAP reste un cursus principalement alimenté par des jeunes provenant de la troisième générale, la part de cette population s’est sensiblement amoindrie d’une cohorte à l’autre, passant ainsi de 69% pour la Génération 2010 à 50% pour la Génération 2017
♦ Le Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) est un diplôme de niveau 3, destiné à préparer les jeunes à l’exercice d’un métier spécifique, à travers un enseignement à dominante professionnelle. Le CAP conduit à des conditions d’insertion nettement plus favorables que celles des non-diplômés, mais demeurent en retrait par rapport aux bacheliers professionnels. Pour illustrer ce constat, le taux d’emploi à 3 ans des titulaires du CAP dépasse de 22 points ou 58% vs 36 (Génération 2017) et de 23 points ou 62% vs 39 (Génération 2010) celui des non-diplômés, mais reste inférieur de 13 points soit 75 vs 62 pour la cohorte 2013 et 71 vs 58 pour la cohorte 2020 à celui des bacheliers professionnels pour les 2 Générations.
♦ La préparation du CAP par la voie de l’apprentissage (environ la moitié des sortants diplômés de CAP dans les 2 cohortes examinées), est plus favorable à l’insertion que pour leurs camarades sortis de la voie scolaire : 3 ans après la fin de leur formation initiale, ils sont plus souvent en emploi (+13 points pour la Génération 2013, +18 points pour la Génération 2017), et bénéficient d’une rémunération mensuelle supérieure. De fait l’apprentissage est davantage centré sur la pratique en situation de travail, et la possibilité de se maintenir dans l’entreprise à l’issue du contrat d’apprentissage (31% vs 21),
♦ Quelle que soit la cohorte considérée, les jeunes formés dans les spécialités industrielles (très majoritairement des hommes), bénéficient de conditions d’insertion plus favorables que celles et ceux formés dans les spécialités du tertiaire (très majoritairement de femmes), aussi bien en termes d’accès à l’emploi que de qualité de l’emploi obtenu. Leur taux d’emploi après 3 ans de vie active (66%), comme ceux de la filière santé/action sociale (67%) dépassent de 14 points ceux formés aux métiers du commerce (47%), de 11 points les diplômés du bâtiment (55%), et de 5 points les jeunes issus des spécialités de l’agroalimentaire ou de la cuisine (61%).
♦ Les jeunes titulaires d’un CAP déclarent que l’emploi qu’ils occupent correspond « tout à fait » ou « plutôt » à leur formation initiale (60%), proportion légèrement inférieure à celle observée parmi les bacheliers professionnels (64%).
79-82% déclarent se réaliser professionnellement vs 73 -75 les non-diplômés du secondaire et 82-84 pour les bac pro. 21-25% recherchent un autre emploi vs 25-26 chez les non-diplômés et 19-22 chez les bac pro.
Globalement 64-70% sont satisfaits de leur emploi, vs 60-61% les non- diplômés et 69-74 les bac pro ; 12-15% sont satisfaits de leur emploi mais envisagent une mobilité, vs 13-14 et 11-13 ; 9-11% se disent résignés vs 14-14 et 7-9, alors que 9-10 vs 11-13 et 8-9 sont insatisfaits et en mobilité.
♦ Les jeunes sortants diplômés de CAP connaissent une amélioration de leurs conditions d’insertion au fil du temps passé sur le marché du travail : les jeunes ayant quitté la formation initiale en 2017, 6 ans après leur formation, sont 69% en emploi (11 points de plus que 3 ans après leur sortie de formation), vs pour les non-diplômés (de 36 à 46%) mais reste inférieur à celui des bacheliers professionnels, (71 vs 80). Leur part en CDI chez les non-diplômés passe de 48 à 63%, chez les CAP de 60 à 73%, et chez les titulaires du bac pro de 66 à 78%)
♦ Par ailleurs, l’adéquation entre la formation suivie et l’emploi occupé au moment de l’enquête est de 68% pour l’apprentissage en entreprise vs 52 en milieu scolaire. Les taux d’adéquation les plus élevés se retrouvent chez les jeunes formés dans le secteur de la santé-social, avec 80% de correspondance, suivis par ceux formés dans les domaines de l’agroalimentaire et de la cuisine (67%), puis par les diplômés des spécialités de mécanique (59%).
♦ Les jeunes femmes diplômées de CAP rencontrent davantage de difficultés que leurs homologues masculins : 3 ans après leur sortie du système éducatif, 51% des femmes de la Génération 2017 occupent un emploi vs 63 des hommes.
Des disparités s’observent également selon l’origine sociale : les jeunes issus de milieux favorisés (une famille dont au moins un des 2 parents occupe un emploi de cadre ou de profession intermédiaire), bénéficient de conditions d’insertion globalement plus avantageuses que les autres.
♦ 4 groupes de jeunes identifiés au sein de la génération 2017 :
– Le groupe le plus important est celui composé de jeunes ayant suivi un cursus de CAP et dont le diplôme le plus élevé obtenu est le CAP lui-même ou un diplôme de niveau équivalent (45% de la cohorte),
– Le groupe suivant rassemble les jeunes ayant suivi un cursus de CAP, sans nécessairement avoir obtenu le diplôme, mais ayant quitté le système éducatif avec un baccalauréat ou un autre diplôme de niveau 4 (1/4 de la cohorte),
– Le 3éme groupe rassemble les jeunes ayant quitté la formation initiale sans diplôme (1/4 de la cohorte), et compte 2 types de décrocheurs, d’une part les jeunes ayant interrompu leur formation avant d’atteindre l’année terminale du cursus de CAP (14% de la cohorte) et d’autre part, ceux ayant atteint l’année terminale de CAP sans valider le diplôme (12%),
– Un 4éme groupe est constitué de jeunes passés par un CAP et ayant quitté la formation initiale avec un diplôme de l’enseignement supérieur (3% de la cohorte).
La poursuite d’études conjuguant un CAP et un baccalauréat (professionnel, général ou technologique), semble constituer une réelle plus-value en termes d’insertion professionnelle avec des taux d’emploi de 79-80% vs 68 pour ceux de bac pro sans CAP et une meilleure rémunération. Leur taux d’emploi est proche de celui des diplômés de niveau 5 ou plus n’ayant pas validé le CAP (81%). En revanche, l’avantage salarial reste en faveur de ces derniers, diplômés du supérieur (1 618€ contre 1 500€).
Pour en savoir davantage : https://www.cereq.fr/sites/default/files/2025-10/C_ETUDES_58_avec_sommaire_Vfinale_v2.pdf