Les femmes cadres et la perception de leur emploi.


"Femmes managers en début de carrière : une légitimité à conquérir " Cereq, Bref N°385, janvier 2020

Méthodologie : l’étude a mobilisé la troisième interrogation de l’enquête Génération 2010 réalisée en 2017. L’échantillon est constitué de 802 individus qui, lors de l’interrogation de 2017, occupent un poste de cadre et ont des fonctions hiérarchiques, mais en fait sur 755 à plein temps.

 

Parmi les jeunes diplômé·es en 2010, la part des femmes devenues cadres au cours de leurs trois premières années de vie active s’est avérée quasi équivalente à celle des hommes. Pour autant, elles continuaient alors d’accuser un retard sensible dès lors qu’il s’agissait d’accéder à un poste de cadre associé à des responsabilités hiérarchiques.

Les hommes sont privilégiés pour accéder aux fonctions de cadres

Sept ans après avoir quitté le système éducatif, la proportion de femmes diminue à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie des professions : elles sont 55% des sortants de l’enseignement supérieur en 2010, mais seulement 40% des managers en 2017. Les hommes ont 1,75 fois plus de chance d’accéder à un emploi de cadre hiérarchique que les femmes.

Le délai moyen avant d’occuper pour la première fois ce type de fonction est de 15,3 mois pour les hommes et 17,9 mois pour les femmes.

Elles sont 65% des diplômés de Lettres, Sciences humaines, Gestion et Droit, et seulement 48% managers au bout de 7 ans. De même, alors qu’elles représentent 29% des diplômés des écoles d’ingénieurs, elles ne sont plus que 15% parmi celles ou ceux devenu·es managers en 2017.

 

Par ailleurs, 51% des femmes (vs 67 des hommes) estiment n’avoir bénéficié d’aucun appui pour trouver leur emploi.

 

Si toutes les managers ont bien une fonction hiérarchique, seules 48% ont pour mission principale l’encadrement d’une équipe, vs 55 pour les hommes ; par ailleurs, les hommes dirigent plus souvent des équipes de plus de 10 personnes (30% vs 24).

⇒ Quelles activités exercent-elles ?

D’un point de vue sectoriel, même si la majorité de ces cadres exercent au sein du secteur privé, les femmes managers travaillent beaucoup plus dans le secteur public (36% vs 15), en particulier dans l’administration publique et la fonction publique hospitalière (11% vs 5 pour les hommes) et donc moins dans le secteur privé (64% vs 85).

 

Elles occupent aussi  plus fréquemment des professions scientifiques (17% vs 6), celles de cadres de la fonction publique (15% vs 5) ou de cadres administratifs et commerciaux (41% vs 34) ; par contre, elles sont nettement moins souvent ingénieurs ou cadres techniques (21% vs 50) et à proximité chefs d’entreprise (4% vs 3 mais en professions libérales pour 4% vs 1 pour les hommes) ou dans les professions des arts et spectacles (2% et 2).

⇒ Comment perçoivent-elles leur emploi ?

♦ 42% des femmes disent se réaliser tout à fait professionnellement vs 51 les hommes ; l’écart est de 14 points pour les cadres scientifiques et de la fonction publique (48% vs 62) et pour les ingénieurs/ cadres techniques (38% vs 52); il n’est que de 3 points pour les fonctions cadres administratifs et commerciaux (44% vs 47).

 

♦ Toutefois 30% estiment que le travail prend trop de place (vs 25 pour les hommes) ; 52% pensent modifier cette situation prochainement (vs 30), alors que 24% (vs 48 les hommes) estiment ne pas pouvoir faire autrement. Ce fait de prendre trop de place varie entre 20 et 33% pour la majorité des fonctions (entre 20 et 26% pour les hommes) mais chiffre 54% pour les femmes en profession libérale (54% vs 29).

Ceci est à mettre en rapport avec leur vie familiale, car elles sont plus nombreuses à avoir des enfants que les managers hommes.

 

♦ 22% recherchent un autre emploi (vs 18 les hommes), d’une part pour celles qui s’estiment mal payées (39% vs 30), ou parce que le travail prend trop de place (36% vs 21) ou d’autre part parce qu’elles ne se réalisent pas professionnellement (34% vs 24).

 

♦ 32% des hommes ambitionnent d’accéder à des fonctions ultérieures plus prestigieuses contre 24%  des femmes. 

♦ Elles sont plus nombreuses à s’estimer « mal ou très mal payées » (29% vs 22), en particulier lorsque leur fonction principale est l’encadrement (34% vs 23). 

“Les femmes managers ne peuvent donc toujours pas, à caractéristiques similaires, prétendre aux mêmes niveaux de rémunération que leurs collègues masculins. Il semble qu’en effet, davantage de composantes et conditions inobservées ou informelles contribuent à définir les salaires masculins.”

 

Pour en savoir davantage : Femmes managers en début de carrière : une légitimité à conquérir | Cereq