Source : le recensement de la population de 2017.
Ce qui les différencie des non-immigrés dans l’emploi, c’est avant tout leur localisation (Ile-de-France et agglomérations de + de 200 000 habitants), des familles de plus de 3 enfants, plus de CDD ou de temps partiels, mais pourtant une moitié en emplois qualifiés, contrairement à ce qui est souvent dit.
En 2017, le taux d’emploi des immigrés âgés de 15 à 64 ans est de 56% contre 66% pour le reste de la population.
⇒ Quelques éléments de profil des immigrés en emploi de 15 ans et plus :
♦ En termes de CSP, ils comptent nettement plus d’ouvriers (29 contre 19%) et nettement moins de professions intermédiaires (17 contre 27%) ; les parts des employés et des cadres sont en revanche proches (29 et de 16% contre 28 et 18% pour les non-immigrés). Un peu plus de 8% sont des indépendants (dont proche de 0 dans l’agriculture) vs 8 pour les non-immigrés (mais 6 pour les indépendants non agriculteurs).
♦ En termes d’activités exercées : 35 métiers sur 87 sur-représentent les immigrés dans leurs effectifs et totalisent 58% de l’ensemble des emplois occupés par les immigrés.
On y trouve des métiers peu qualifiés (agents d’entretien, employés de maison, ouvriers du bâtiment, cuisiniers, employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration, agents de gardiennage…) mais aussi quelques métiers qualifiés (ingénieurs de l’informatique, cadres du bâtiment, médecins).
Le métier d’employé de maison est celui qui recourt le plus à la main-d’œuvre immigrée (39% des emplois de ce métier occupés par des immigrés), suivi par les agents de gardiennage et de sécurité (28%) et les ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment (27%).
La part des immigrés dans l’emploi a fortement progressé dans les métiers de services aux particuliers (employés de maison, aides à domicile et aides ménagères) et aux collectivités, mais aussi dans d’autres métiers des services tels que dans l’informatique, les télécommunications et les HCR, dans les études et recherche, dans les transports, logistique et tourisme, chez les conducteurs de véhicules, dans le BTP, chez les professionnels des arts et des spectacles.
Au-delà de la fonction publique, l’accès est réduit dans certains métiers, soit parce qu’ils sont fermés totalement aux étrangers hors Union Européenne, soit parce que leur exercice est soumis à une autorisation préalable ; c’est le cas des experts-comptables et commissaires aux comptes, des professions paramédicales (techniciens médicaux, préparateurs), mais aussi des agriculteurs, éleveurs, l’installation d’une exploitation agricole se faisant souvent par transmission au sein d’une même famille.
♦ Peu de différences en ce qui concerne le sexe (hommes : 55% chez les immigrés vs 51 les autres), l’âge (89% ont 30 ans et plus vs 82), en contrat de CDI (64% vs 60), mais bien sur peu de fonction publique (6% vs 16) et un peu plus de CDD ou d’alternance et stage (18% vs 13). Ils sont aussi un peu plus en temps partiel (21% vs 16).
Peu de différences encore en ce qui concerne la statut familial : 29% sont seuls, voire avec enfant (29% vs 33), mais 16% ont au moins 3 enfants (vs 7).
♦ Par contre, les écarts sont plus importants en ce qui concerne leur localisation : 66% sont dans des agglomérations d’au moins 200 000 habitants (vs 39), alors que les non-immigrés sont 43% dans les communes d’au plus 20 000 habitants (vs 17).
45% des immigrés vivent en Ile-de-France vs 19 les non-immigrés ; Ils sont assez peu présents dans 6 régions (17% vs 37 pour les non-immigrés) : Pays de Loire, Bretagne, Nouvelle Aquitaine, Normandie, Haut de France, Bourgogne-Franche-Comté.
♦ Autre écart le niveau de diplôme : 30% ont au plus le BEPC (vs 12), alors que 17% ont un niveau supérieur à bac +5 (vs 14) ; mais les non-immigrés ont un niveau CAP de 25% vs 17, et 37% le bac ou bac +2 vs 24 pour les immigrés.
Les immigrés ayant au moins un bac +5 sont pour 60% cadres (68 les autres), 19% profession intermédiaire (vs 20), 15% ouvriers ou employés (vs 8%) et 5% indépendants (vs 4).
Si cette situation a globalement peu évolué depuis 10 ans, malgré une nette hausse de la part de l’emploi immigré en dix ans,; le niveau d’études des immigrés a augmenté.
♦ Selon la structure des ménages : sur les 2,697 millions en emploi, 2,655 millions vivent en ménage, 37 000 en communauté et 6 000 sont sans abri ou en habitation mobile. Plus globalement, les immigrés qui vivent en ménage ont un taux d”emploi de 57%, ceux en communauté de 29% et ceux en habitat mobile ou sans abri de 23%.
♦ La tension du marché du travail et la pénibilité du métier, deux facteurs favorables à l’emploi des immigrés : si un métier est en tension, on peut s’attendre à une plus forte présence d’immigrés. De la même manière, certains métiers peu attractifs pour les non-immigrés en termes de conditions de travail peuvent conduire au recours à une main-d’œuvre immigrée.
⇒ Un zoom sur les immigrés en emploi selon le sexe
♦ À partir du milieu des années 1980, les femmes immigrent de plus en plus pour d’autres raisons que le regroupement familial (études, travail) et sont les plus nombreuses parmi les immigrés originaires d’Asie du Sud-Est, de Chine mais aussi d’Algérie, du Maroc et des pays européen hors de l’Union Européenne.
Entre 2007 et 2017, la participation des immigrées au marché du travail a augmenté plus vite que celle des hommes immigrés mais moins rapidement que celle des femmes non-immigrées : les 5 métiers les plus fréquemment exercés concentrent près 1/3 de l’emploi immigré féminin, contre 1/4 pour les femmes non-immigrées ; elles sont très présentes dans les métiers sous qualifiés des services aux particuliers et aux collectivités : si en moyenne elles représentent 5% de l’emploi total (femmes et hommes confondus, immigrés et non immigrés), elles sont 37% parmi les employés de maison (soit 7 fois plus), les aides à domicile (3 fois plus), les assistantes maternelles, les agentes d’entretien et les agentes de maîtrise de l’hôtellerie restauration (2 fois plus).
♦ Les hommes : les ouvriers du bâtiment, les agents de gardiennage et les cuisiniers comptent le plus d’hommes immigrés (en dehors de la politique et du clergé) ; si les hommes immigrés occupent 6% de l’ensemble des emplois (femmes et hommes confondus), ils sont plus de 4 fois plus nombreux parmi les ouvriers (qualifiés ou non) du gros œuvre, plus de 3 fois parmi les agents de gardiennage et plus de 2 fois plus parmi les cuisiniers et les ouvriers qualifiés du second œuvre.
⇒ Un zoom selon leur âge
En 2017 comme en 2007, les métiers des jeunes immigrés sont plus proches de ceux des jeunes nonimmigrés que pour les autres tranches d’âge : en effet, ils sont désormais moins nombreux dans les métiers peu qualifiés de services à la personne et exercent davantage des professions intellectuelles comme ingénieurs informatiques ou personnels d’études et de recherche ; de fait, 41% sont aujourd’hui diplômés du supérieur contre seulement 31% en 2007.
Parmi les plus âgés des actifs, la structure des métiers entre immigrés et non-immigrés diffère davantage.
⇒ Un zoom selon leur lieu de naissance
Les immigrés nés en Europe représentent 1/3 des immigrés en emploi (29% au sein de l’UE 28), une part qui a reculé de moitié depuis le milieu des années 1970 ; ceux nés au Maghreb comptent pour 27%, ceux d’autres pays d’Afrique pour 18%, ceux d’Asie (12%), ceux des Amériques (6%) et ceux nés en Turquie (4%).
Les métiers exercés par les immigrés varient selon leur lieu de naissance : seulement 5 métiers concentrent 1/4 des immigrés originaires d’Afrique ou d’Asie, contre un peu moins de 20% pour l’ensemble des immigrés.
⇒ Une typologie en cinq classes à partir des 35 métiers “immigrés
2 groupes concernent des personnes peu qualifiées (47%)
♦ La classe des métiers peu qualifiés (32% des immigrés)
On y trouve des agents d’entretien (43% des effectifs de la classe), des métiers peu qualifiés de services aux particuliers et aux collectivités (33%), tels des employés de maison (7%), des aides à domicile (15 %), des assistantes maternelles (11%), des agents de gardiennage et de sécurité (12%), des caissiers ou employés de libre-service (7%).
Peu valorisées, ces professions sont pratiquées très majoritairement par des femmes (74%), des personne à temps partiel (40% contre 23 en moyenne), et beaucoup de personnes âgées de 30 à 49 ans.
Les personnes exerçant ces métiers se déclarent moins souvent exposées à de fortes contraintes physiques dans l’exécution de leur travail (14%), mais plus souvent à des risques psycho-sociaux élevés (46%) ou à de fortes contraintes de temps pour réaliser leur travail (42%).
♦ La classe des Ouvriers non qualifiés (15%)
On y trouve des ouvriers non qualifiés du bâtiment, de la manutention, des industries de process ou de la mécanique.
Les hommes y sont 85% des effectifs de ce groupe. Les contrats courts (CDD, intérim) y sont plus fréquents que sur l’ensemble de l’emploi (31% contre 18). Ces métiers sont plus souvent pratiqués par des personnes âgées de 30 à 49 ans, mais on trouve une part de plus jeunes assez élevée (16 %).
Si la moitié des personnes déclarent avoir une forte reconnaissance de leur travail, elles déclarent aussi que leur travail les expose à de fortes contraintes physiques (68%). En revanche, les tensions sur ces métiers sont peu élevées (43% contre 54 en moyenne pour les immigrés).
3 groupes concernent des métiers qualifiés
♦ La classe des ouvriers qualifiés (28%)
Cette classe regroupe 7 principaux métiers, notamment les conducteurs de véhicules (22%), les cuisiniers (19%), les ouvriers qualifiés du gros œuvre (18%).
Ces métiers sont occupés par des hommes (87%) ; ils exigent souvent un diplôme ou une certification ; les jeunes (29 ans ou moins) y sont plus rares (11%), et les seniors (50 ans et plus) assez nombreux (32%).
Les contraintes de temps élevés sont fréquemment déclarées (45%) de même que les risques psychosociaux (55%).
♦ La classe des métiers diversifiés (21%)
On y trouve des artisans, des patrons d’hôtels, cafés et restaurants mais aussi le personnel d’études ou de recherche ou des formateurs. 31% sont des non-salariés (vs 13 en moyenne).
Cette classe est principalement formé de cadres (62%) mais aussi de professions intermédiaires (25%).
Les personnes de ce groupe sont 60% à déclarer avoir une forte reconnaissance de leur travail, mais elles sont aussi 59 % à déclarer être exposées à des risques psychosociaux élevés.
♦ La classe des cadres en tension (5%)
Les cadres du bâtiment (1/4 des effectifs de la classe) et les ingénieurs en informatique (les 3/4) sont les deux métiers qui forment cette classe. Les plus jeunes y sont 2 fois plus représentés que parmi l’ensemble des 35 métiers « immigrés ». Les femmes y sont 29% des effectifs.
Les tensions sur le marché du travail y sont très fortes (l’indicateur de tension est de 2,2 contre 0,5 pour l’ensemble des métiers « immigrés »). Si les personnes déclarent avoir une forte reconnaissance professionnelle, elles déclarent aussi de fortes contraintes de temps.
Pour en savoir davantage : Quels sont les métiers des immigrés ? | DARES (travail-emploi.gouv.fr)