Fin 2019, 3,6 millions indépendants dont 1,7 million d’autoentrepreneurs.


"LES INDÉPENDANTS : UNE CROISSANCE PORTÉE DEPUIS 10 ANS PAR L’AUTO-ENTREPRENARIAT", Acosstat N°317, décembre 2020

Source : la base Travailleurs Indépendants (TI) de l’Acoss et des Urssaf centralise depuis 2001 les informations administratives et déclaratives des TI classiques et depuis janvier 2009 les informations relatives aux cotisants relevant du régime auto-entrepreneur ainsi que les déclarations envoyées aux Urssaf. Les données utilisées ici sont issues d’une extraction au 31 mai 2020.

Pour l’exercice professionnel de son activité économique, le travailleur indépendant (TI) peut opter pour le statut dit « classique » ou celui d’autoentrepreneur (AE). Ce choix conditionne le mode de déclaration et de calcul de cotisations. A l’intérieur des deux statuts, plusieurs catégories sont identifiées, au sens de la sécurité sociale : les artisans, les commerçants, les professions libérales (y compris professions médicales conventionnées).

En 2018, les plafonds de chiffre d’affaires sont doublés, mais la franchise de TVA est effective jusqu’à un certain seuil (35 200€ pour la prestation de services et 91 000€ pour la revente en l’état).

Rappelons aussi que la protection sociale pour les indépendants est ouverte notamment aux entreprises individuelles (ou EIRL), aux gérants majoritaires de SARL qui font donc partie de ces données. Par contre, les dirigeants salariés de société (SAS, SA,…) ne sont pas inclus ici.

Le grand intérêt de cette étude est bien sur de disposer de données sur ces 2 populations, alors que l’Insee n’est plus en mesure de les fournir, du fait d’erreur de modalités d’enregistrement.

 

Incontestablement l’apparition du régime de l’autoentrepreneur a grandement modifié le flux des créations et le repositionnement d’entreprises classiques vers l’autoentrepreneuriat. Entre 2014 et 2019 , le flux de travailleurs indépendants économiquement actifs a progressé de 11,3% (-7% pour les entreprises classiques et +63% pour les autoentrepreneurs).

 

⇒ Un chiffrement du nombre d’indépendants

Fin 2019, le réseau des Urssaf comptabilise 3,595 millions de comptes travailleurs indépendants, pour un taux de croissance annuel moyen de 3,3% depuis 2009.

 

Fin 2019, 1,711 million sont concernés par le statut d’autoentrepreneur, mais seuls 1,171 million ont réalisé des recettes (68,4% d’entre eux) ; 66% des actifs économiques sont des artisans-commerçants et 34% des professions libérales. Les économiquement actifs sont relativement plus nombreux dans les autres services de santé (85,4%), la coiffure et soins du corps (84,1%) et les activités sportives (80%). La part la plus faible concerne les activités de livraison à domicile (34%), du fait des entrées et sorties fréquentes.

 

Les indépendants classiques sont 1,884 million (52,4% des indépendants), dont 59% des artisans-commerçants et 41% des professions libérales. 

 

Après une hausse moyenne de 3% entre 2009 et 2014 et un ralentissement jusqu’en 2017 (+ 0,8%), le nombre de travailleurs indépendants augmente très nettement depuis 2018 (+ 5,1% en 2018; 11,4% en 2019), ces évolutions résultant principalement de la mise en place du statut d’auto-entrepreneur en 2009.

 

Les indépendants classiques baissent de 7,1% en nombre entre 2014 et 2019, notamment les artisans-commerçants (-13,3%) alors que les libéraux progressent de 3,5%.

Les autoentrepreneurs économiquement actifs augmentent en nombre entre 2014 et 2019 de 63,3%, notamment les libéraux (+83,9%) vs les artisans-commerçants (+54,6%), manifestant ainsi un jeu de vases communicants entre les deux régimes. Toutefois, la montée en puissance des sociétés unipersonnelles doit être observée pour compléter cette observation, d’autant que ce type de société s’éloigne fortement du sens initial d’un société (“l’affectio societatis”) pour laisser place à un seul associé !

Un  autre tableau cité en annexe de la note donne des chiffres un peu différents pour les immatriculés chez les classiques (1,563 dans le tableau en annexe vs 1,884 dans le tableau en débute de note) ?

⇒ Les âges et sexe des indépendants

♦ Le sexe des chefs d’entreprise indépendants

Alors que les hommes sont largement majoritaires (61,7%), la part des femmes a progressé depuis dix ans (32,1% en 2009 vs 37,4% en 2019) ; en 2019, elle est légèrement plus importante dans le statut d’AE (39,2%) contre 37,6% dans le régime classique. Attention, les femmes dirigeantes de société ne sont pas prise en compte ici, alors qu’elles y sont moins nombreuses (cf l’enquête Sine pour observer les créations d’entreprises).

 

Les femmes sont largement majoritaires dans le secteur de la coiffure et soins du corps (88,4%), dans plusieurs secteurs de la santé comme les professions paramédicales et sages-femmes (67,7%), et l’action sociale y compris l’aide à domicile (73%), mais très minoritaires dans le BTP (4%), le transport (7,5%), l’informatique (18,9%) et les réparations hors automobile (20,8%).

Par ailleurs, la parité hommes/femmes est quasiment observée dans les secteurs de l’hébergement (49,7% de femmes), les activités de design, graphisme et d’infographie (52%), l’enseignement (51,9%), la médecine générale (47,8%) et la pratique dentaire (50,4%).

 

En 2019, 42,3% des AE économiquement actifs sont des femmes, une part plus importante comparée à la population des inscrits (39,2%), du fait d’une surreprésentation féminine dans les secteurs comme la coiffure et les soins du corps.

 

♦ En 2019, l’âge moyen d’un indépendant est de 45 ans (45,7 ans pour les hommes contre 44,7 ans pour les femmes). Sur l’ensemble des TI, la part des moins de 30 ans (13,2%) est un peu plus faible que celle des plus de 60 ans (14,9%).

 

L’âge moyen des hommes indépendants classiques est de 49,4 ans contre 47 ans pour les
femmes, se situant majoritairement dans la tranche d’âge 45 à 60 ans, voire les plus de 60 ans (dans l’hébergement 30,6% vs 15 en moyenne), la santé comme la médecine spécialisée (33,8 %), la médecine générale (32,2 %), et les pharmacies (27,4%).

 

La majorité des AE ont entre 25 et 40 ans ; les moins de 30 ans sont nettement plus présents (16%) contre 4,7% pour les TI classiques, notamment dans la livraison à domicile (69,4%), les activités spécialisées de design, graphisme et d’infographie (27,2%) et l’informatique (21,7%).

⇒ Une observation du nombre d’indépendants par activités fines

Le commerce, à égalité avec les services aux entreprises regroupe 42% des indépendants ; si l’on ajoute la santé/éducation ce sont 60%.

Noter que le commerce ne compte que 42,5% d’autoentrepreneurs alors que les services aux entreprises en comptent 61,7% et la santé/éducation 27,2%.

L’intérêt du tableau est d’observer chaque activité fine, regroupée par grand secteur d’activité en passant du plus grand nombre de travailleurs indépendants au plus petit.

⇒ Une observation des revenus des indépendants par activité fine

En 2018, le revenu moyen des TI classiques (41 969€) est 7,5 fois plus élevé que celui des AE (5 593€).

 

Sur les 10 dernières années (2008-2018) les revenus des travailleurs indépendants classiques se sont accrus de 3,6% en moyenne annuelle en euros courants et 2,5% en euros constants. Cette évolution est proche de celle des revenus des AE économiquement actifs sur la période 2011-2019, qui s’élève à 3,7% en moyenne annuelle et 2,7% en euros constants.

Le tableau montre aussi le décalage entre les revenus dégagés par les hommes et les femmes (-24% pour les classiques et -16% pour les AE) ; il montre aussi les écarts par sexes et âges.

Le tableau suivant montre les revenus par activités fines : les écarts sont importants selon que l’on se situe dans un métier “intellectuel” ou un métier “manuel”, y compris chez les autoentrepreneurs.

⇒Une observation du flux d’indépendants par région

En 10 ans, le nombre de travailleurs indépendants a progressé dans toutes les régions de la métropole, dans des proportions toutefois différentes. Certaines régions témoignent d’une forte croissance sur la période 2009-2019, supérieure à la moyenne nationale (+ 3,3% en moyenne annuelle,) : l’Île-de-France (+ 5,3%), l’Aquitaine (+ 4,1%), la Corse (+ 3,8%), Rhône-Alpes (+ 3,7%) ainsi que l’Alsace (+ 3,6%) ; à contrario, en métropole, le Limousin (+ 1,7%), la Basse Normandie (+ 2,1%), l’Auvergne (+ 2,2%), la Bourgogne (+ 2,2%), Champagne-Ardenne (+ 2,4%) et la Franche-Comté (+ 2,5%) ont connu les croissances les plus modérées.

Hors la Corse les régions les plus urbaines ont davantage progressé que les régions plus rurales.

 

Pour en savoir davantage : Acoss_Stat_317.pdf