Méthodologie : l’enquête menée en 2020 auprès de la génération 2017 permet de décrire les différents emplois occupés pendant leurs 3 premières années de vie active par un échantillon représentatif des jeunes sortis de formation initiale en 201. 3 composantes : le rapport entre le flux d’offres d’emploi et le flux de demandeurs d’emploi, le taux de sortie des listes des demandeurs d’emploi, la part des projets de recrutement anticipés comme difficiles par les employeurs. Les données sur les tensions disponibles à la date de réalisation de cette étude sont celles calculées par la Dares pour l’année 2019 sur la période de référence 2014‑2018.
5 profils regroupent ces jeunes impliqués dans des emplois en tension ; 56% s’y intègrent ; ce sont des métiers pour lesquels ils ont été formés, aux conditions d’emploi plutôt favorables.
⇒ Une vision globale tout d’abord.
Selon l’enquête Emploi, au 4e trimestre 2021, 56% des personnes en emploi sorties du système éducatif depuis un à 4 ans occupent un métier en tension, contre 48% de celles sorties depuis 11 ans ou plus.
♦ Ces métiers sont plus souvent occupés par des jeunes très diplômés : parmi les 675 000 jeunes qui ont terminé leurs études en 2017 et occupé au moins un emploi au cours de leurs 3 premières années de vie active, 432 000 ont exercé au moins une fois un métier en tension (les 2/3 d’entre eux), dont 280 000 n’ont exercé que des métiers en tension.
Les diplômés d’un bac+5 ou plus sont beaucoup plus souvent recrutés dans les métiers en tension (24 contre 12%), ainsi que les jeunes issus d’une formation en alternance (30 contre 19%).
Les femmes y sont moins présentes que dans les métiers sans tension (49 contre 59%).
♦ Les jeunes dans les métiers en tension tendent à s’y ancrer : ils sont en emploi en moyenne 31 mois, contre 27 mois pour les jeunes passés par un métier sans tension.
L’entrée dans ces métiers est plus rapide : 9 mois après la sortie, contre 12 mois pour le premier emploi dans un métier sans tension. En outre, les liens avec le métier se sont alors plus souvent noués : 35% des jeunes démarrant par un métier en tension avaient travaillé dans l’entreprise à l’occasion d’une alternance, d’un stage ou d’un emploi occupé pendant leurs études, contre 28% pour ceux débutant par un métier sans tension.
63% de ceux qui ont débuté dans un métier en tension y exercent toujours, qu’ils aient connu une mobilité ou non (vs 48% les autres).
♦ Le métier correspond aussi plus souvent à la formation suivie. D’une part, la spécialité du diplôme préparé s’accorde davantage au métier, d’autre part le déclassement à l’embauche est moindre, ce qui favorise l’ancrage dans le métier.
♦ Ces métiers sont aussi associés à de meilleures conditions d’emploi : 41% des jeunes sont embauchés en CDI ( vs 22) ; la part de salariés à temps plein est aussi supérieure (82% vs 70). Ces métiers offrent également de meilleures rémunérations, supérieures à la médiane de la génération pour 60 % des jeunes (32% pour ceux exerçant un métier sans tension).
⇒ 5 profils types de métiers en tension (classés par ordre d’importance décroissante) :
♦ Les 20 métiers de ce profil dits « métiers avec un fort lien emploi‑formation », sont marqués par davantage de mobilité au cours des 3 années après la sortie des études, que ce soit vers un autre emploi du métier, vers un autre métier ou hors de l’emploi (16% des emplois de la génération ou 31% de ceux en emploi en tension). Cette mobilité accrue résulte de séquences d’emploi en moyenne plus courtes, qui s’expliquent par le fait de CDD. Ils ont un fort lien entre formation et emploi (68%), avec souvent un contenu technique marqué. On y trouve les aides‑soignants, les métiers de bouche, les professionnels du droit, de la comptabilité. La part des jeunes diplômés du secondaire y est particulièrement élevée (52% vs 42). Si ces métiers n’offrent en général pas des conditions d’emploi particulièrement favorables en matière de contrat de travail, ils protègent davantage des faibles niveaux de rémunération.
♦ Ce profil type agrège 6 métiers en tension dits ” «métiers de première expérience peu qualifiés», occupés de façon plutôt transitoire et en début de parcours (12% de l’ensemble ou 24% de ceux en emploi en tension) ; on y trouve l’hôtellerie et la restauration, les cuisiniers, et les ouvriers des industries agroalimentaires, avec davantage d’emploi de courte durée. Les jeunes y sont peu diplômés (17% ont au plus le brevet et 78% ont au plus un niveau bac) ; seuls 21% ont une formation les préparant spécifiquement à occuper ces métiers. Ils se disent contraints à les exercer et sont faiblement rémunérés.
♦ Cet autre profil type se distingue par un ancrage plus durable dans ses 11 métiers puisque les 3/4 des jeunes ayant travaillé dans l’un d’entre eux y sont encore 3 ans après leur sortie de formation (11% des emplois de la génération ou 22% de ceux en emploi en tension). Il s’agit de métiers très qualifiés, de niveau cadre ou technicien, tels que techniciens et ingénieurs en informatique, ingénieurs et cadres techniques de l’industrie, cadres commerciaux et technico‑commerciaux. Ces métiers concernent les jeunes les plus diplômés (93% un diplôme de l’enseignement supérieur et même 76% au moins un bac+5) ; ils offrent les meilleures rémunérations. 62% des embauches se font avec en CDI (vs 41).
♦ Ce profil type agrège 17 métiers en tension dits « de transition », occupés de façon plutôt transitoire mais qui arrivent moins rapidement après la sortie de formation initiale (9% des emplois de la génération pu 18% de ceux en emploi en tension). Ces métiers dits « de transition » sont notamment des métiers d’ouvriers agricoles, d’ouvriers des travaux publics, d’aides à domicile, de représentants et d’autres professions intermédiaires du commerce. En moyenne, un métier de transition ne représente que 57% du temps passé en emploi et débute 13 mois après la fin de ses études. Ils sont moins présents en début du parcours, dès le premier emploi dans seulement 54% des cas (vs 68), mais aussi en fin de parcours, 3 ans après la fin des études (46% vs 54). Pour 84% le passage dans ces métiers s’est limité à une seule expérience (vs 75%). Ils sont principalement occupés par des jeunes ayant au plus le baccalauréat (62% vs 49). La proportion d’hommes y est plus élevée (60% vs 51). Ces métiers se distinguent également par une double inadéquation des jeunes y travaillant : 37% ont une formation qui correspond au métier qu’ils exercent (vs 56), mais 23% se retrouvent déclassés par rapport à leur niveau de diplôme.
♦ Le dernier profil type concerne les métiers d’infirmiers‑sages femmes et les professions paramédicales, dans lesquels l’entrée est très précoce et la présence continue (3% des emplois de la génération ou 6% de ceux en emploi en tension). La correspondance entre spécialité de formation et métier s’observe ainsi dans 91%. Inscrits durablement dans ces métiers, les jeunes y multiplient cependant les expériences (45% connaissent au moins deux emplois dans le métier). Les conditions d’emploi n’y sont par ailleurs pas particulièrement favorables, seuls 32% des emplois sont en CDI. En revanche, les rémunérations y sont meilleures que dans la moyenne des métiers en tension.
Ils sont plus nombreux à être encore dans leur premier emploi 3 ans après la sortie de formation initiale (35% vs 23) ; ils se maintiennent plus souvent dans le métier 3 ans après la sortie des études (63% vs 48).
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8305562?sommaire=8306008