Les jeunes et leur insertion dans le secteur du BTP


"Construire les compétences de demain dans le BTP", Cereq Bref N°389, mai 2020

Le BTP connait une insertion des jeunes, issus de formation initiale professionnelle, plus favorable que les autres secteurs d’activité.

⇒ L’offre de formation dans le BTP

L’offre de formation « BTP » concerne, pour l’année 2017-2018, 197 000 élèves inscrits dans les formations professionnelles de l’enseignement secondaire ; 35% sont inscrits en CAP, 60% en bac professionnel et bac technologique et 5% en brevet professionnel. Dans l’enseignement supérieur, on dénombre 68 000 inscrits pour l’année 2017-2018, dont 41% en BTS, 12% en DUT, 15% en licence professionnelle et 32% en formation d’ingénieur.

 

Au sein des formations professionnelles initiales, les apprentis sont surreprésentés (58% des jeunes sortant d’une formation du BTP en 2013 étaient en apprentissage, vs 18% pour les formations hors BTP); au niveau CAP ils sont 79% des formations initiales (vs hors BTP 39) et au niveau bac pro 45% des sorties (vs 14% hors BTP).

 

Rappelons que plus de 90% des entreprises du BTP ont moins de 10 salariés.

Le bac professionnel semble moins mobilisé par les PME et les artisans, au profit d’un CAP reconnu comme un premier niveau de qualification avéré, mais il est apprécié et demandé par les grandes entreprises, où il peut constituer l’antichambre d’une poursuite d’études en BTS.

 

Le rythme de l’alternance contribue aussi à marquer des différences entre certifications selon les entreprises : le nombre de semaines en CFA, plus important en bac pro (20) qu’en BP (12) est parfois jugé pénalisant par les PME. Dans le supérieur, on trouve plus fréquemment des poursuites d’études du bac pro vers le supérieur court (bac +2, voire +3), ou du supérieur court (bac + 3) vers le supérieur long (master ou cursus d’ingénieur), sachant que 7 étudiants ingénieurs sur 10 proviennent de cycles préparatoires classiques (CPGE et prépas intégrées).

 

Parmi les apprentis formés dans le BTP, 54% y ont un emploi (dont 44% exercent une profession BTP), 7% exerçant une profession BTP, hors ce secteur. Du coté des scolaires formés aux métiers du BTP, 29% sont employés dans le BTP (21% y exercent un métier BTP) et 8% exercent un métier BTP dans un autre secteur d’activité.

 

Au printemps 2016, 3 ans après la fin de leurs études, 68% des jeunes primo-sortants occupent un emploi, plus fréquemment que dans les activités hors BTP. Le taux de chômage des jeunes diplômés du secondaire est également nettement plus faible que celui des jeunes sortis d’autres filières au même niveau. Cet avantage se retrouve tout au long des trois premières années passées sur le marché du travail : près des 2/3 des jeunes formés au BTP ont une trajectoire d’emploi durable, contre seulement une courte majorité pour les jeunes de même niveau de diplôme hors BTP.

3 ans après leur sortie d’apprentissage, 45% des jeunes travaillent dans le BTP (dont 38 dans un métier du BTP) et 7% exercent un métier du BTP dans un autre secteur d’activité.

⇒ Mais des abandons en cours d’études et un départ des sortants vers d’autres secteurs

En premier lieu, un nombre important de parcours dans le BTP restent inachevés : le taux de sortants non diplômés de ces formations est de 27%, contre 13% pour les hors BTP; le taux de rupture des contrats d’apprentissage est supérieur à la moyenne intersectorielle (33% contre 26% en 2017) dû aux moins de 18 ans dont les taux de sortie sont élevés, mais aussi à un déficit d’attractivité de ces métiers (44% des jeunes formés dans le BTP exercent leur premier emploi dans le secteur vs 54% pour l’ensemble des apprentis, mais 29% pour les jeunes sortis d’une formation scolaire). 3 ans plus tard, ils ne sont plus que 39% à travailler dans le secteur (45 % pour les apprentis et 29 % pour les scolaires).

Secteur économique très sensible à la conjoncture, le BTP a connu dès la fin des années 2000 une période de contraction économique prononcée qui a pesé sur l’offre de formation; les postes d’apprentis ont plus diminué de 27% entre 2009 et 2014. cette récession a également entraîné un départ des jeunes formés aux métiers du BTP vers d’autres secteurs.

Face à ces difficultés,

les acteurs du BTP misent sur le développement de l’attractivité des professions et des formations. Concernant les premières, il s’agit de mettre l’accent sur les aspects positifs des métiers du BTP (travail en équipe), sur leur diversité, sur l’importance des innovations dans le travail (tablettes), et surtout sur la transformation des métiers et/ou l’évolution sensible des compétences requises dans l’exercice de l’activité professionnelle. En effet, on assiste à une diversification accrue des matériaux, des produits, des services mais aussi l’inscription dans la transition et la performance énergétiques, avec des exigences renforcées en matière de labellisation de produits, de process, d’environnements  ou encore sur la digitalisation des pratiques de travail.

 

L’accent est mis également sur la transformation des formations; les formations du supérieur, multibranches et centrées sur des fonctions support et connexes, sont jusqu’à présent peu visibles; rendre plus lisible ce paysage des filières du supérieur, s’appuyer sur la nature transversale des contenus de formation pour en faire un point de force sont 2 démarches entreprises.

 

L’action des acteurs de la branche BTP porte aussi sur la sécurisation des parcours grâce à une politique renouvelée de lutte contre les ruptures de contrat d’apprentissage. Cela passe passe par l’accompagnement dans l’écriture et la signature des contrats en présence des 3 parties si possible (jeune, entreprise et CFA), pour expliciter les droits et devoirs de chacun, et présenter les solutions d’appui en cas de difficulté. Il s’agit aussi d’accompagner les jeunes au quotidien, avec la prise en compte de freins périphériques (logement, problèmes familiaux, santé…).

 

Pour en, savoir davantage : https://www.cereq.fr/construire-les-competences-de-demain-dans-le-btp