Méthodologie : l’enquête Oripa rencontre plusieurs limites dans la détection et la comptabilisation des ruptures de contrats d’apprentissage (tendance à sous-déclarer la rupture, ou à ne pas déclarer). Pour y pallier, le Système d’information sur l’apprentissage (SIA) de la Dares, permet de corrige ces insuffisances.
La première partie de l’étude porte sur l’ensemble des ruptures intervenues entre la rentrée 2018 et le 1er mars 2020, ce qui permet de définir un taux de rupture « dans la première année et demie de l’apprentissage ».
La deuxième partie porte sur les ruptures intervenues « au milieu de l’apprentissage ». Seuls les jeunes précédemment considérés étant encore en contrat d’apprentissage mi-2019 (qu’ils aient ou non changé d’employeur entre la rentrée 2018 et mi-2019) sont pris en compte. L’objectif est alors d’analyser les ruptures survenues à la lumière des conditions de travail et de vie déclarées mi-2019.
Le rôle des parents et du milieu familial (CSP, fratrie..), la connaissance préalable du métier sont des facteurs favorables à la poursuite du contrat d’apprentissage même si un 1er contrat a été rompu pour déboucher sur un nouveau contrat.
⇒ L’approche du profil des apprentis en rupture de leur contrat d’apprentissage.
♦ 36% des primo-entrants en apprentissage en 2018, engagés dans un cycle de formation de niveau CAP à bac+2 pour 2 ou 3 ans, rompent au moins un contrat d’apprentissage (un contrat pour 32% d’entre eux, 2 contrats ou plus pour 4%) entre le début de leur apprentissage et le 1er mars 2020.
Une rupture n’implique pas systématiquement un abandon de l’apprentissage : ainsi au 1er mars 2020, 11% sont ainsi de nouveau en contrat d’apprentissage, alors que 25% ne le sont plus. Parmi ces jeunes encore en apprentissage, environ un sur cinq fait l’expérience d’une (autre) rupture entre mi-2019 et le 1er mars 2020.
♦ Le taux de rupture pendant la 1ére année et demie de l’apprentissage décroît quand le niveau de formation préparée s’élève : 42% au niveau CAP, 32% au niveau bac et 27% à bac+2.
Au niveau CAP, les apprentis plus âgés rompent plus fréquemment : 47% ceux ayant 17 ans ou plus fin 2018, contre 34% les 15 ans ou moins. Les apprentis en réorientation ou accusant un retard scolaire, connaissent un risque de rupture plus élevé et retrouvent moins fréquemment un contrat après une rupture.
♦ La fréquence des ruptures varie en fonction des activités de l’employeur. Les taux de rupture sont élevés dans les HCR (55%), le commerce de bouche (44%), la coiffure et les soins de beauté (44%), mais le plus faible dans les activités informatique (21%), transport (23%), industrie (24%) et activité financière et assurance (25%).
♦ Les taux de rupture décroissent avec la taille de l’entreprise : de 41-43% dans les entreprises de moins de 10 salariés à 34% chez les 40-49 salariés puis 25% dans les entreprises de 50 à 249 salariés.
♦ Les taux de rupture sont plus élevés en milieu urbain qu’en milieu rural (38-39 Vs 32%). Noter qu’ils différent peu selon leur lieu de naissance (entre 36 et 39%).
♦ Le milieu familial (notamment l’importance de la fratrie) peut influencer : ceux issus de familles nombreuses (au moins 3 frères ou sœurs) ont les taux de rupture les plus élevés (41%), proche de ceux qui n’ont ni frère ni sœur (38%) vs 31-35 les autres.
⇒ Les ruptures en lien avec les appuis reçus de leurs parents et leur connaissance des métiers.
♦ Tout d’abord la priorisation donnée à l’apprentissage quant à leur orientation : c’est le cas de 76% des apprentis (un choix), auquel cas les ruptures sont moins fréquentes (35%, vs 39 pour ceux dont l’apprentissage n’était pas le 1er choix).
De plus 63% connaissent le métier ou l’ont pratiqué avant leur orientation en apprentissage ; cet atout ne conduit pas à un meilleur taux de rupture (35% pour ceux qui ne connaissait pas le métier et 37 pour ceux qui en avaient une connaissance vague).
♦ Puis le contexte familial : 31% des apprentis ayant deux parents cadres, indépendants ou exerçant des professions intermédiaires (et 34 dans le cas d’un seul parent dans cette situation) rompent un contrat vs 48 pour ceux ayant un seul parent ouvrier ou employé (vs 35 si leurs 2 parents sont employé ou ouvrier). Le taux de rupture (43%) est aussi fort élevé pour ceux dont les parents sont “inactifs” (ou dont on ne connait pas la CSP) ; ils sont 25% des apprentis.
De fait 45% des parents ne les ont pas aidés ni dans la recherche du 1er employeur, ni pour les orienter vers l’apprentissage ; le taux de rupture est alors de 38% ; ce taux est proche (37%) pour les apprentis dont les parents les ont aidé à chercher leur 1er employeur (ce sont 33% des apprentis). Par contre le taux est plus favorable quand les parents ont une approche favorable de l’apprentissage : taux de rupture de 33% (7% des apprentis concernés) et mieux encore (30%) quand les parents les ont orienté vers l’apprentissage et ont cherché avec l’apprenti son 1er employeur.
⇒ Pourquoi la rupture de contrat ?
Pour ceux qui ont rompu sans aller vers un nouveau contrat, la raison 1ére est l’employeur (entente, encadrement, missions, conditions de travail, etc.) pour 56% et pour 30% le désintérêt pour le métier, alors que pour ceux qui ont rompu et retrouvé un nouveau contrat, la raison principale de rupture et de loin est le rapport à l’employeur (81%). Dans les 2 situations , les problèmes personnels (problème de logement, de transport, de santé, etc) ne pèsent que 16 à 19%.
En ce qui concerne plus finement l’employeur cause de rupture, les apprentis citent les conditions insatisfaisantes de travail : mauvaise ambiance, mésentente avec le maître d’apprentissage, manque de suivi, le fait de ne rien apprendre de nouveau au travail ou de se voir confier des missions inadaptées au diplôme préparé, le grand nombre d’heures de travail.
Par contre réaliser des heures supplémentaires non compensées favoriserait les ruptures suivies d’un changement d’employeur, mais pas l’abandon de l’apprentissage. De même, les contraintes physiques (pénibilité, bruit, températures…) ne semblent pas induire de risque de rompre le contrat.
Les apprentis qui changent d’employeur au milieu de leur apprentissage, et en ont un nouveau (6% des jeunes entrés en apprentissage), améliorent sensiblement leurs conditions de travail et de vie.
Au 1er mars 2020, 25% des primo-entrants, ayant commencé un apprentissage à la rentrée 2018, ne sont plus en contrat d’apprentissage consécutivement à une ou plusieurs ruptures.
– Ils sont pour 33% en emploi, dont 13% en contrat de professionnalisation et par ailleurs 7% chez le même employeur,
– 28% en recherche d’emploi : 13% souhaitent exercer le métier auquel il se préparait en apprentissage, 17% cherchent un emploi exclusivement en alternance.
– et 27% à nouveau en études, en formation professionnelle ou en stage.
Les enfants ayant deux parents cadres, professions inter médiaires ou indépendants, sont presque aussi souvent en emploi que ceux dont les parents sont tous les deux employés ou ouvriers (34 vs 33%) ; par contre, ils sont moins fréquemment en recherche d’emploi (21 vs 27) %), et davantage en études, en formation professionnelle ou en stage (36 vs 28%).
Pour en savoir davantage : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quelles-causes-aux-ruptures-des-contrats-dapprentissage