Une analyse des bénéficiaires des aides publiques (Accre, Arce et Nacre) du ministère de l’emploi entre 2006 et 2014.


"Les créateurs d’entreprise : quels profils, quel accompagnement et quelles difficultés à la création ? " Dares Analyses N°026, juin 2019

Sources : le répertoire Sirene de l’Insee et l’enquête Sine,  portant sur les années 2006, 2010 et 2014 (enquête au moment de la création, avec la prise en compte en 2010 et 2014 d’une nouvelle forme, celle d’autoentrepreneur). Noter que le périmètre de ces aides publiques (Accre, Arce et Nacre) a changé au fil du temps.

3 groupes de créateurs d’entreprise sont observés : 

* Les créateurs « aidés sans emploi » : au chômage ou sans activité professionnelle juste avant la création; ils ont perçu au moins une des aides à la création d’entreprises,

* Les créateurs « sans emploi non aidés »,

* Les « autres » créateurs : ces créateurs d’entreprise ont déclaré que « juste avant » la création ils étaient en emploi ou retraité ou étudiant ; ils peuvent avoir perçu des aides publiques à la création d’entreprises, y compris des aides à la création d’entreprises.

 

Le fait de bénéficier d’aides publiques améliore la relation avec les établissements de crédit (ouverture de compte, découvert…) et les financeurs; plus que les autres créateurs, ces créateurs rencontrent des difficultés du type manque de conseils, solitude dans les démarches.

 

En 2014, 39% des créateurs d’entreprise ont bénéficié d’au moins une de ces aides, vs 35% en 2006 et 2010; les créateurs classiques bénéficiaires de ces aides (100% en 2006) ont progressé entre 2010 et 2014 (59% vs 47), du fait de la régression du nombre d’autoentrepreneurs. Il en est de même des personnes en emploi (17% en 2006, 27% en 2010 et 42% en 2014), du fait du changement de périmètre des aides.

 

Les bénéficiaires d’aides à la création d’entreprises en emploi avant de créer leur entreprise représentaient 17% des créateurs aidés en 2006, et 42% en 2014; cette hausse résulte de l’augmentation, parmi l’ensemble des créateurs d’entreprise, de la part des créateurs en emploi « juste avant » de créer (de 53 à 65% entre 2006 et 2014) et d’un accès aux aides qui leur est de plus en plus favorable, le taux d’accès passant de 11% en 2006 à 26% en 2014, tandis qu’il restait stable (autour de 60%) pour les créateurs sans emploi.

 

En 2014, 36% des créateurs ont bénéficié de l’Accre, 8% de l’Arce et 4% de Nacre; mais les bénéficiaires les plus habituels sont les créateurs sans emploi.

Certains ont perçus plusieurs aides : en 2014, c’est le cas de 20% des créateurs classiques et de 14% des autoentrepreneurs.

Un tableau récapitulatif permet de situer le nombre de bénéficiaires, au regard de l’ensemble des créateurs et des types d’aides publiques de l’emploi :

Par ailleurs, les créateurs sans emploi ont reculé (de 47% en 2006 à 40 en 2010 puis 35 en 2014).

 

En termes de profil,

 

♦ les créateurs aidés sans emploi se distinguent des autres créateurs d’entreprise par le fait qu’ils perçoivent plus souvent des prestations sociales (85% d’entre eux contre 55% des créateurs sans emploi non aidés et 19% des créateurs en emploi).

La part des créateurs d’entreprise qui perçoivent des prestations sociales diminue de 17 points entre le moment de la création et le moment de l’enquête, passant de 38 à 21% : 41% des créateurs aidés sans emploi perçoivent des prestations 3 à 9 mois après la création de leur entreprise contre 85% « juste avant la création »; les créateurs d’entreprise préalablement en emploi restent, eux, très majoritairement sans prestations sociales (12% en bénéficient 3 à 9 mois après le projet de création) contre 19% juste avant la création alors que les créateurs non aidés mais sans emploi au moment de la création passent de 55 à 32%.

 

♦ Le capital (aides publiques comprises) des créateurs d’entreprise sans emploi est plus élevée : en 2014, les créateurs sans emploi qui n’en ont pas perçu d’aides sont 61% à n’avoir réuni au plus que 2 000€, vs 47 et 50% pour les créateurs aidés. Par contre les créateurs aidés ont mobilisé au moins 8 000€, 31% pour ceux en emploi et 29% pour ceux sans emploi, vs 21 pour ceux qui n’ont pas été aidés.

 

♦  En 2006, 80% des créateurs d’entreprise sans emploi juste avant la création, et qui ont bénéficié d’au moins une aide à la création d’entreprise, ont été accompagnés (conseil ou formation), contre 54% pour les créateurs d’entreprise préalablement en emploi et 47% pour les créateurs sans emploi non aidés. 

54% des bénéficiaires de l’Accre ont été accompagnés, contre 83% des bénéficiaires de Nacre (modalité imposée) et 63 % des bénéficiaires de l’Arce.

 

⇒ En 2014, comme en 2006 et 2010, autour de 70% des créateurs d’entreprise ont connu au moins une difficulté au moment de la création.

Les créateurs d’entreprise sans emploi et aidés sont plus nombreux à avoir eu au moins une difficulté au moment de la création (78% contre 70 des créateurs sans emploi non aidés et 67 des créateurs d’entreprise préalablement en emploi).

Les créateurs aidés sans emploi connaissent plus de difficultés liées à une méconnaissance du monde de l’entreprise : fixer leur prix de vente, obtenir une clientèle, choisir une forme juridique, alors que les 2 principales difficultés des créateurs classiques sont des difficultés administratives et des difficultés de financement.

 

Noter que les créateurs d’entreprise aidés et sans emploi ont 10% de chances en plus d’obtenir un financement et 40% de chances en plus d’ouvrir un compte en banque sans difficulté.

 

Cette conclusion de l’étude est un peu courte et évidente puisque leur capital initial, incluant les aides publiques, leur permet un meilleur accès au crédit; il va de soi aussi que l’accompagnement plus fréquent, l’est du fait de la sollicitation de l’aide. Enfin aucune indication de pérennité ou de développement de l’entreprise n’est proposée (de fait les résultats de Sine 2014 à 3 ans ne sont pas encore disponibles).

 

Pour en savoir davantage : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dares_analyses_createurs_entreprise_accompagnement_difficultes.pdf