Changer d’emploi ou de profession permet-il d’améliorer ses conditions de travail ?


"Faut-il changer d’emploi pour améliorer ses conditions de travail ?" Dares analyses N°000, novembre 2019

Méthodologie : Depuis 2013, l’enquête Conditions de travail procède par interrogation périodique (tous les 3 ans) d’un panel d’individus; ainsi, les actifs occupés enquêtés en 2013 ont été réinterrogés en 2016.

 

Entre 2013 et 2016, 23% des salariés qui ont changé d’emploi ou de profession ont fortement amélioré leurs conditions de travail; leur bien-être psychologique s’est lui aussi amélioré. Mais 17% ont aussi vu leurs conditions de travail se dégrader.

 

⇒ Combien ont connu des changements importants dans leur emploi ?

 

♦ Parmi les salariés en emploi en 2013 et 2016, 45% ont peu connu d’évolutions professionnelles (pas de changement d’emploi, de profession ou de bouleversement important dans leur environnement de travail) au cours des 12 mois précédant l’enquête de 2016.

♦ 32% conservent le même emploi et la même profession mais indiquent que leur environnement de travail a été marqué par un important changement technique ou organisationnel.

♦ 23% des salariés ont changé d’emploi ou de profession,

8% ayant connu une « transition directe » (changement d’employeur et/ou de profession sans passer par une période de chômage ni d’emploi court; ce sont les salariés les plus qualifiés, cadres et professions intermédiaires du privé ou du public ainsi que les contremaîtres,

Les 15% restant sont passés par des épisodes de chômage et/ ou d’emplois courts; 6% ont conservé leur profession, 9% en ont changé. 

L’évolution entre 2013 et 2016 montre moins d’emploi instable, moins d’emploi dits de transition directe, une stabilité plus grande de l’emploi mais davantage de mutations internes :

⇒ Quels sont les profils concernés ?

 

♦ Qu’il s’agisse de fins de CDD, d’intérim, d’apprentissage ou de démissions de CDI, les jeunes connaissent beaucoup plus de parcours instables avec changement de profession, au contraire des seniors; mais les transitions directes sont ainsi également un peu plus fréquentes chez les jeunes.

♦ Les changements organisationnels pour les salariés qui ne changent pas d’emploi, connaissent une fréquence maximale pour les salariés d’âge médian (35-44 ans) et plus faible pour les jeunes et les seniors.

selon les activités :

Les salariés des services aux particuliers, quand ils n’ont pas connu de mobilité, sont ceux qui signalent le moins de changements organisationnels, au contraire des professions intermédiaires et des employés administratifs (du privé comme du public).

Selon les CSP

♦ Les salariés qui changent d’emploi et/ou de profession signalaient plus souvent des conditions de travail difficiles au départ;  Ils ont amélioré leur position relative entre 2013 et 2016, se rapprochant de la situation moyenne.

Par contre ceux qui indiquent un changement important dans leur travail sans avoir changé d’emploi et signalant des conditions de travail relativement défavorables ont vu leur situation empirer fortement.

♦ En revanche, les salariés dont ni l’emploi ni le travail n’ont changé entre 2013 et 2016 avaient plutôt de meilleures conditions de travail que les autres en début de période, et les conservent en 2016.

 

⇒ 23% des salariés qui ont changé d’emploi ou de profession ont fortement amélioré leurs conditions de travail.

 

♦ C’est le cas pour ceux qui ont eu un parcours discontinu (chômage ou des emplois courts) : 29% de ceux qui ont alors changé de profession (vs 21% de ceux qui n’en ont pas changé).

♦ C’est aussi vrai pour les salariés aux parcours en transition directe pour 19%.

♦ C’est seulement le cas pour 10% de ceux qui ont vécu un changement important dans leur travail et dont les conditions de travail étaient déjà dégradées.

 

Le sentiment de reconnaissance tend à s’améliorer fortement lors des changements d’emploi, notamment dans l’une de ses dimensions, celle de la satisfaction quant au salaire. Globalement, en 2013 comme en 2016, 19% des salariés s’estiment « plutôt bien payés » tandis que 36% se jugent « plutôt mal payés », les autres (45%) se considérant « normalement payés ». Cette satisfaction s’améliore plus souvent pour ceux qui ont changé d’emploi et de profession : 30% d’entre eux sont plus satisfaits de leur salaire en 2016 qu’en 2013, contre 20% de l’ensemble des salariés.

 

17% ont aussi vu leurs conditions de travail se détériorer (vs 15% des salariés stables). Le risque de détérioration est notamment fort pour les contraintes horaires, l’intensité du travail et l’intensité émotionnelle.

 

17% des salariés ont changé de « grand secteur d’activité » : 26% des salariés qui travaillaient dans l’industrie en 2013 n’y travaillent plus en 2016, vs  9% pour l’administration.

 

Pour les salariés ayant conservé le même emploi et la même profession, les chances d’améliorer ses conditions de travail sont plus faibles, surtout en présence d’un changement technologique ou organisationnel important dans les 12 mois précédant l’enquête : seuls 10%
signalent une forte amélioration. Au contraire, ils décrivent des conditions de travail plus souvent dégradées en 2016 (19%), du fait de l’intensité du travail, le manque de soutien social, le manque de reconnaissance et les conflits éthiques.

39% disent n’avoir pas du tout été associés au changement intervenu au cours des 12 derniers mois.

 

16% ont connu une forte hausse de leur bien-être psychologique et 17% une forte baisse ;
7% ont contracté un symptôme dépressif. Les changements d’emploi et/ou de profession sont plutôt associés à une hausse du bien-être psychologique qu’à une baisse, notamment quand le parcours a été marqué par une discontinuité dans l’emploi entre 2013 et 2016. En revanche, pour les salariés qui n’ont pas changé d’emploi, les changements dans le travail accroissent le risque de perte de bien-être psychologique et surtout de survenue d’un symptôme dépressif.

 

pour en savoir davantage : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2019-055.pdf