Un tour d’horizon sur l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les Grandes Ecoles comble une vraie lacune en ce domaine


« Panorama National de l’enseignement de l’entrepreneuriat innovation et de l’entrepreneuriat étudiant 2011 »,Conférence des Grandes Ecoles, décembre 2011

 88 écoles sur 182 dans les domaines de l’ingénierie et du management, que compte la CGE ont répondu ; la répartition 70 % /30 % entre écoles d’ingénieurs et écoles de management est très proche de la répartition nationale 79 %/21 %. Le taux de réponse des écoles d’ingénieur est de 43% et celui des écoles de management de 68%. Il y a un quasi équilibre en ce qui concerne les effectifs étudiants entre écoles d’ingénieurs et écoles de management : 59 303 en écoles d’ingénieur (avec 81% en L3, M1 et M2) et 58 761 en écoles de management (80% en L3, M1 et M2).

 

La quasi-totalité des écoles se disent entrepreneuriales, mais leur histoire est fort différente quant à cet investissement ; 63 % d’entre elles déclarent n’avoir ni objectif, ni plan d’action dans ce domaine ; en fait seulement la moitié des écoles de management et 26% des écoles d’ingénieur conduisent des actions conséquentes.

Une brève typologie permet d’identifier ces écoles :

 

– Les ainées qui ont démarré l’enseignement de l’entrepreneuriat entre 1977 et 1994, « évoluant pour la plupart au plan international et vers la thématique innovation & entrepreneuriat, parfois du fait d’un individu charismatique, animé par une vision ou tout simplement en raison d’une notoriété et d’une aisance facilitant les expérimentations locales » ; ce sont des écoles de management

 

– Les majeures : « profitant de l’avènement des TIC et des technologies Web ouvrant la voie à des modèles rapides de valorisation, de l’émergence de nouvelles sensibilités en matière d’emploi des cadres et enfin de la mise en œuvre de la loi sur l’innovation du ministre Claude Allègre » ; elles ont entamé les enseignements en entrepreneuriat entre 1993 à 2001 ; ce sont notamment des écoles d’ingénieurs (secteurs des télécoms notamment)

 

– Les adolescentes : (démarrage dans l’entrepreneuriat entre 2002 et 2008) elles concernent l’ensemble des écoles de management qui ne s’y étaient pas encore aventurées. Ces nouvelles entrées ont été réalisées dans un esprit nouveau de collaboration entre acteurs de l’enseignement supérieur et professionnels de l’accompagnement de l’innovation et de l’entrepreneuriat,

 

– Les nouvelles nées» : la quasi-totalité des écoles d’ingénieurs qui ne s’étaient pas encore affichées dans ce domaine.

 

 

Le processus d’enseignement proposé dans les orientations du référentiel de compétences du MESR sur l’entrepreneuriat et l’esprit d’entreprendre propose 4 phases  : ,information, sensibilisation, spécialisation et accompagnement, qui serviront de guide pour analyser les actions de formation conduites dans l’ensemble des cursus : le plus grand nombre bénéficie d’une action d’information, un nombre plus restreint d’une action de sensibilisation, un nombre encore plus réduit de la spécialisation et un nombre encore plus faible d’un accompagnement, c’est en M2 puis en école doctorale que les actions de spécialisation prennent le pas sur la sensibilisation.

« Alors que les écoles d’ingénieurs semblent se focaliser sur les outils par une forte mobilisation des élèves de tous cursus en M2 sur la spécialisation, les écoles de management semblent insister beaucoup plus sur les comportements et l’appétence entrepreneuriale par la sensibilisation dans les grilles de M1 et de M2 ».

 

Et selon la typologie des écoles :

Les ainées mettent l’accent sur les phases information, sensibilisation dans les grilles de programmes en L1, L2 et L3, pour dédier les M1, M2 à des phases plus opérationnelles avec spécialisation et accompagnement ; 80 % des effectifs ayant bénéficié d’information et de sensibilisation les ont obtenues en L3 ; 52 % ayant bénéficié de spécialisation l’ont obtenue en M1; 72 % ayant bénéficié d’accompagnement l’ont obtenu en M2.

Les nouvelles nées focalisent sur information et sensibilisation dans les grilles de programme à tous les niveaux (L1 à M2) ; quelle que soit l’action conduite (de l’information à l’accompagnement), les effectifs en ayant bénéficié l’ont obtenue, pour approximativement 60 % d’entre eux, aussi bien en L3 qu’en M1 ou M2.

– les adolescentes et les majeures adoptent des positions intermédiaires tout en ne mobilisant que peu d’effectif dans les actions d’accompagnement.

Une particularité toutefois pour les écoles d’ingénieurs qui centrent l’action d’information dès l’arrivée en L1.

 

L’appel à des ressources extérieures pour ces formations :

les écoles d’ingénieurs semblent se caractériser par une distribution ¾ interne et ¼ externe pour l’information, puis par un certain équilibre entre les 2 formes pour les autres phases.

Dans les écoles de management (population plus importante d’enseignants dans les disciplines de gestion et de management d’entreprise), 70% font appel à l’interne.

Les ainées et nouvelles nées ont en commun de fortement externaliser, mais pour des raisons différentes, les ainées mobilisant plus facilement des talents de renommée internationale, alors que nouvelles nées ne disposent pas encore de ressources internes à mobiliser.

Les adolescentes et les majeures cherchent à optimiser leurs recrutements en mobilisant au mieux leurs propres ressources.

 

Question de pédagogie :

Dans les écoles de management, le partage entre face à face pédagogique et travaux personnels de l’étudiant se repartit différemment selon les phases de formation :

– Information avec un face à face pédagogique pour 90%

– En sensibilisation, pour faciliter le développement de l’attitude et du comportement, 40 % repose sur le travail personnel de l’étudiant

– En spécialisation, où l’acquisition d’outils et de méthodes, ce sont 70 % de face à face pédagogique

– En accompagnement, l’investissement personnel des élèves devra être au moins 3 à 4 fois plus important.

 

Les différences d’approche par action sont aussi marquées avec la maturité des écoles, du fait d’un ciblage plus précis des actions en fonction des années du parcours.

 

Parmi les attitudes entrepreneuriales développées par les enseignements en entrepreneuriat, les objectifs sont centrés sur le dynamisme, l’esprit d’initiative, de développement de soi-même et l’autonomie, les capacités de créativité, d’innovation et de management de projet ; l’entrepreneuriat est un moyen de développer des savoir-être particulièrement appréciés dans l’insertion des jeunes diplômés.

 

Ecoles d’ingénieurs et écoles de management, divergent sur les profils de formation :

– dans les écoles d’ingénieur, on veille à ce que l’entrepreneur ingénieur soit structuré dans sa démarche de planification et de projet, où il a pris soin de s’assurer du bien-fondé des éléments qui le composent

– Dans les écoles de management, on s’emploie à ce que l’entrepreneur économiste soit vigilant à la préservation des équilibres entres nécessités et ressources, toujours en quête de développement et de croissance.

 

Toutefois, la capacité créative et d’innovation et la notion de projet sont partagées par l’ensemble des écoles.

 

Le rapprochement de ces profils dans le cadre même des enseignements en entrepreneuriat constitue un gisement de qualité que les ainées disent exploiter déjà de longue date.

 

En aval des enseignements théoriques, c’est l’accompagnement de projets portés par les étudiants eux-mêmes que se situent les apports les plus significatifs en termes d’entrepreneuriat ; mais les écoles n’ont pas vocation à perdurer dans ce rôle au-delà de la délivrance des diplômes d’où une coréalisation nécessaire avec des réseaux professionnels de l’accompagnement et du soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat ; les écoles de management y sont particulièrement actives.

 

L’absence d’indicateurs pour mesurer les actions en direction de l’entrepreneuriat est le fait des 2/3 des écoles; pour celles qui ont été en mesure de répondre, le taux estimé de 1,43% des effectifs diplômés ayant réellement entrepris (création ou reprise) est totalement conforme aux résultats de l’enquête 2011 sur l’insertion des jeunes diplômés réalisée par la commission Aval.

Il faut aussi admettre que ce type de projet intervient le plus souvent dans l’esprit des jeunes diplômés après un minimum de 3 à 5 ans d’expérience professionnelle

 

Mais la notion d’entrepreneuriat ne se limite pas aux seules créations et reprises d’entreprises ; d’autres formes comme l’entrepreneuriat social et associatif, l’entrepreneuriat en association avec un entrepreneur (équipe entrepreneuriale), l’intrapreneuriat (lancement et développement d’activités nouvelles au sein d’une organisation existante) ou la prise de responsabilité (avec participation au capital) dans des PME/PMI et TPE sont tout aussi importantes. Seules quelques aînées détiennent les indicateurs correspondants (73 % des réalisations entrepreneuriales y revêtent des formes autres que « création » ou « reprise » d’entreprise).

 

Selon l’analyse des déclarations des élèves sortants à propos de leurs orientations immédiates, 41% des élèves ayant bénéficié d’un accompagnement de projet entrepreneurial durant leur parcours (30% en école d’ingénieurs et 46% en école de management) souhaitent poursuivre leur projet entrepreneurial (au final, ils ne sont que 3% des élèves ayant bénéficié d’actions de spécialisation) ; 54% des intentions se sont transformées en incubation de projet et 47% en créations ou reprises d’entreprises.