32% de Français ont l’intention de créer une entreprise ; il faut toutefois différencier ceux qui l’ont fait, de ceux qui travaillent leur projet, et de ceux qui en ont l’intention.


"INDICE ENTREPRENEURIAL FRANÇAIS 2023, volet national", Bpifrance, novembre 2023

Méthodologie : enquête conduite par l’Ifop auprès de 5 011 répondants représentatifs de la population Française de 18 ans et plus (selon la méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée après stratification par région et catégorie d’agglomération intégrant des sous-populations de femme, et de jeunes) ; pour les habitants en QPV (504 personnes s’ajoutant à l’échantillon précèdent), la représentativité a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, situation professionnelle de la personne interrogée, nationalité et niveau de diplôme.

Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 15 au 30 juin 2023 et ceux des QPV par téléphone du 21 juin au 4 juillet 2023.

L’enquête cherche à identifier spécifiquement les chefs d’entreprise en activité, les ex-chefs d’entreprise, les porteurs de projet (ayant engagé des démarches pour créer/reprendre) et les intentionnistes (envisageant de créer/reprendre sans avoir engagé encore des démarches).

 

Noter qu’on ne connait pas la population mère utilisée pour ce sondage (recensement  de la population de l’Insee ? Ou plus vraisemblablement personnes et entreprises en fichier au sein de Bpifrance), ni la part effective sans double compte des chefs d’entreprise, des ex chefs d’entreprise, des porteurs de projet ou des intentionnistes.

On ne sait si les microentrepreneurs (notamment les ex autoentrepreneurs sont pris en compte). La part des repreneurs est particulièrement élevé au regard des chiffres habituels.

Enfin, il s’agit d’opinion, ce qui demande une grande prudence pour interpréter (de l’intention à l’acte il y a souvent loin !). Et puis la comparaison d’une année sur l’autre parait peu pertinente dans la mesure où l’on observe des réalités structurelles qui changent peu sur des temps courts, exception faite de réactions émotionnelles qui sont le fait du moment.

 

Ceux qui ont l’intention de créer leur entreprise seraient bien loin de le faire, manifestant dans leurs motivations et freins, une approche bien plus de type statut social qu’entrepreneurial.

 

32% des Français envisagent de créer/reprendre (intégrant y compris les chefs d’entreprise en activité) ; ils sont 26% en QPV. Ce chiffre de 32% bouge peu au fil des années (32% en 2016 et 30% en 2018 et 2021). 

Il est de 34-38% dont 37 en 2023 pour les hommes, de 23 à 28%, dont 28 en 2023 pour les femmes, et de 58% pour les jeunes en 2023 (54 en 2021 et 30-36% en 2016 ou 2018 !).

 

Parmi ces 32%, 18 disent être d’ex chefs d’entreprise, 17 des chefs d’entreprise en activité, 13 des porteurs de projet et 8 des intentionnistes, ce qui semble dire qu’un même répondant se situe dans plusieurs catégories.

 

39% ont déclaré avoir un ou plusieurs entrepreneurs dans leur cercle familial ou amical,
24% ont aidé quelqu’un à créer ou à faire fonctionner une entreprise,
16% ont participé à des actions d’échanges entre entrepreneurs et 13% ont financé des projets d’entreprise portés par d’autres.


⇒ Les chefs d’entreprise en activité

 

♦ Des motivations diversifiées

Les chefs d’entreprise créent surtout pour être leur propre patron (21%), réaliser un rêve (20%) ou être conforme à leurs valeurs (20%). Mais aussi pour affronter de nouveaux défis (17%), pour créer son propre emploi ou celui d’un de ses proches (15%), pour augmenter ses revenus (15%), pour saisir une opportunité de création ou de reprise d’entreprise (12%), pour changer de métier (12%), pour faire autre chose (12%), “c’était la seule possibilité pour exercer leur profession” (11%), pour construire/reprendre un projet collectif ou familial (9%), pour mettre en œuvre une idée nouvelle de produit, de service (9%),parce que sans emploi, faute d’autre solution (8%) ;

 

♦ Les difficultés auxquels ils sont confrontés

Un revenu insuffisant ou trop instable (20%), trop de responsabilités ou de stress (15%), des démarches administratives trop complexes (13%), un manque de crédibilité (âge, expérience…11%), un manque d’expertise dans le métier (11%), la solitude du dirigeant (11%), une concurrence trop vive (11%), un risque d’échec trop important (9%), un investissement financier trop important (9%), une remise en cause de l’équilibre vie pro-perso (8%), un manque de soutien de la part de l’entourage (7%), un manque de compétences pour créer/reprendre (6%) ; 14% disent n’avoir rencontré aucune difficulté.

 

32% n’ont pas envisagé une ou plusieurs autres créations, 46% disent avoir une autre idée de création (ce qui ne veut pas dire qu’ils le feront), et 23% dirigent ou ont dirigé plusieurs entreprises, sachant que parmi les créations nouvelles, de l’ordre de plus de 20% sont le fait de chefs d’entreprise en activité ou celui d’ex chefs d’entreprise.

⇒ Les ex-chefs d’entreprise

56% sont des hommes et 42 des femmes ; 38% ont de 30 à 49 ans, 32% moins de 30 ans et 30% 50 ans et plus. (dont 18% 65 ans et plus).

Sur les 88% ayant explicité leur cessation, 55% auraient cessé totalement l’activité dont 19 pour raisons économiques (seulement !) 13 en raison de l’évolution de leur situation personnelle (?), 10 pour raison de santé, 13 pour départ en retraite ; 15% ont eu l’opportunité de céder leur entreprise et 18 ont souhaité exercer un autre métier.

Les 3/4, soit préparent un projet de création/reprise, soit ont l’intention de le faire ultérieurement.

Là encore, ces propos semblent fort optimistes au regard de ce que nous croyons connaitre de la réalité.

⇒ Chefs d’entreprise, porteurs de projet et intentionnistes : une comparaison.

On constate une réelle proximité entre  chefs d’entreprise et porteurs de projet en ce qui concerne leurs motivations, quelque soit les sous-groupes de motivations. Par contre la différence est notoire entre ces 2 sous-populations et celles des intentionnistes, notamment sur le fait d’être son propre patron bien plus présent chez ses derniers comme le fait d’exercer une activité conforme à leurs valeurs ; même décalage pour réaliser un rêve ou changer de métier et bien sur plus encore augmenter ses revenus. Ces écarts expriment une vision de statut social sans mise en avant du fait entrepreneurial.

Ces mêmes écarts sont à nouveau observés en ce qui concerne les freins, les plus manifestes étant le revenu insuffisant, le risque d’échec, les démarches administratives complexes, l’investissement financier trop important, voire le stress du fait de trop de responsabilité. et paradoxalement moins la solitude du dirigeant, peu le manque d’expertise dans le métier, le manque de crédibilité ou la concurrence trop vive.

⇒ A propos de l’accompagnement

Dernier constat entre les chefs d’entreprise et les porteurs de projet : ces derniers se perçoivent démunis en ce qui concerne leur accompagnement, une question clé pour leur réussite.

 

De fait les porteurs de projet ont connu plus souvent des refus venant de qui accompagne (31% vs 26) et surtout moins d’accompagnement obtenu (22 vs 40 pour les chefs d’entreprise).

Ils disent aussi que les démarches administratives, pour être accompagnés, ont posé problème (35% vs 9 pour les chefs d’entreprise).

Enfin 42% des chefs d’entreprise disent ne pas en avoir eu besoin vs 20 les porteurs de projet.

 

Pour en savoir davantage : https://bpifrance-creation.fr/observatoire/actualites/indice-entrepreneurial-francais-2023-volet-national