Méthodologie : le recueil des données s’appuie sur un questionnaire très court, portant sur les conditions de travail et la santé, rempli lors de la consultation. La base nationale, mobilisée ici, rassemble les salariés (10 858) nés en octobre et reçus en visite médicale obligatoire en 2021 et 2022. Les données sont ensuite redressées et pondérées à partir des résultats provenant des déclarations annuelles de données sociales des entreprises (DADS) afin de mieux assurer la représentativité de cet échantillon. Les données qualitatives proviennent d’études du Céreq sur le tutorat des cadres intermédiaires dans le travail social et sur celui des jeunes en bac pro dans l’aéronautique, la sécurité et les services à la personne.

Le tutorat s’il requiert de l’expérience, n’est pas réservé aux plus anciens, mais beaucoup plus aux salariés les mieux intégrés dans leur entreprise et les plus engagés dans son évolution.

Le tuteur est défini comme « activité de personne à personne » permettant à un tutoré d’acquérir ou de développer des compétences grâce à la contribution d’un salarié expérimenté appelé tuteur ».

⇒ Qui sont les tuteurs ?

Avec un peu moins de femmes tutrices que d’hommes, avec des résultats proches, et des différences s’observent surtout selon l’âge et la CSP. Ce sont plutôt des personnes en milieu de carrière qui occupent ce rôle : mis à part chez les employés, on observe une baisse du tutorat après 55 ans. Contrairement aux idées reçues, dans le milieu ouvrier, ce ne sont pas les plus âgés qui transmettent leur savoir-faire, puisque 14% seulement des 55 ans et plus ont joué ce rôle. C’est donc plutôt une expérience acquise en première moitié de carrière qui semble la plus propice au tutorat.
Excepté chez les plus jeunes, où les cadres et les professions intermédiaires sont plus nombreux du fait de leur fonction, avec pour rôle : organiser leur accueil, leur formation et leur suivi. 
Dans les TPE, ce sont souvent les employeurs qui assurent ce rôle ; or, ils ne sont pas interrogés dans ce recueil de données. 

⇒ Les exigences de leur fonction.

♦ Les caractéristiques des tuteurs témoignent d’une intégration plus forte que leurs collègues au sein de leur entreprise ; ils apparaissent davantage comme des « piliers » de la structure, se signalant par une coopération plus développée dans l’entreprise et une autonomie plus grande ; en outre, ils ont une évolution plus dynamique de leurs compétences, bénéficiant de plus de formation dans l’année écoulée. L’exercice de cette mission suppose par ailleurs de répondre à la question de savoir quoi et comment transmettre. Ce qui suggère aussi que le rôle de tuteur peut parfois déboucher sur des responsabilités nouvelles, d’encadrement ou autre. 

♦ Bien qu’il existe des prescriptions (référentiels, outils pédagogiques, formations…), les tuteurs doivent s’adapter à la spécificité des métiers et des objectifs poursuivis, et à la singularité des tutorés et donc à construire progressivement une expérience de tuteur, en recourant à leur expérience et à l’aide d’autres personnes (encadrants, enseignants…).  

♦ Ils sont alors davantage confrontés à des pressions temporelles que leurs collègues : devoir davantage traiter« très souvent » ou « souvent » trop vite une opération qui demanderait plus de soin, dépasser leurs horaires normaux, sauter un repas, travailler chez soi sur les temps de repos, de congés, abandonner une tâche pour une autre. Le tutorat demande une grande disponibilité, et une forte implication relationnelle et affective. Le tuteur révèle à la personne tutorée ses savoirs et sa pratique effective, avec leurs écarts par rapport aux normes qui les encadrent (prescriptions, réglementations, règles de métier…), ce qui peut occasionner une certaine gêne. De plus, il doit composer avec la subjectivité et les difficultés propres;à la personne tutorée, qui peut adopter des attitudes inattendues : manque d’implication, déstabilisation face à des situations.

♦ Ce rôle de tutorat effectué en plus de leur travail ne fait pas l’objet d’une reconnaissance spécifique par leur hiérarchie, mais cette tâche leur permet de sortir de leur routine.

Pour en savoir davantage : https://www.cereq.fr/avoir-un-role-de-tuteur-en-entreprise-un-travail-qui-ne-va-pas-de-soi