L’enquête a été conduite entre mars et mai 2010 dans 2 universités auprès de 2 300 étudiants susceptibles de tutorat sur les 3 600 de la première année de licence ; 400 ont répondu à l’enquête ; parmi ces derniers la moitié ont suivi un tutorat, 1/3 l’ont refusé et 15% ont abandonné en cours de route.
Les raisons du refus : ils n’en ressentaient pas le besoin ; ce sont des étudiants au meilleur profil « scolaire » (moins de redoublement en secondaire, plus au fait des nécessaires efforts pour s’adapter aux exigences pédagogiques de l’université, importance de leur motivation pour réussir). Le motif de refus est aussi lié à une offre trop précoce (proposition faite en septembre/octobre), trop impersonnelle (proposition faite lors d’un cours ou par affichage, peu en entretien individuel) ou une information insuffisante ; enfin la proposition est perçue comme dévalorisante (40% la juge stigmatisante). Enfin, plus de 20% n’ont pas eu l’explication des finalités et des modalités pratiques de mise en œuvre (nombre de séance…).
15% ont abandonné en cours de tutorat : ils pensaient majoritairement pouvoir progresser sans le tutorat ; le contenu ou le tuteur ont déplu ; il n’était pas assez individualisé. La précarité de l’étudiant a aussi influencé (boursier, problèmes de santé, solitude plus fréquents).
La moitié ont suivi le tutorat : ¼ s’y est engagé, bien qu’estimant ne pas en avoir besoin ; de fait, le tutorat a impliqué des étudiants qui auraient pu s’en passer (ils n’ont pas eu le choix, ou encore ils sont studieux et réceptifs à l’autorité).
Le tutorat a globalement répondu aux attentes : sur les méthodes de travail, la compréhension des cours, la fréquence et la quantité du travail, la mise en confiance de soi.
Ceci étant son impact sur la réussite est moins évident dans les représentations des jeunes ; certes pour 60% il a permis d’améliorer les notes scolaires, mais seulement 20% estiment qu’il a contribué à leur réussite.
Les tuteurs interrogés confirment ces analyses : le tutorat touche des étudiants moyens, et repêche seulement quelques étudiants perdus et motivés ; il passe à coté des étudiants en difficulté (parce qu’il est facultatif selon certains). Question se pose alors du ciblage, de son caractère obligatoire ou non, et de la stigmatisation.