Méthodologie : l’enquête a été conduite auprès de jeunes ayant terminé leurs études en 2017, et observés dans leur parcours professionnel en 2020.
L’étude s’intéresse à 3 familles de métiers : celles du BTP, des HCR et alimentation (HRA) et de l’informatique. Elles sont considérées comme en forte, voire très forte tension, du fait soit de manque de candidats, d’une problématique de formation, ou de conditions de travail jugées difficiles.
Au-delà du diplôme, c’est la qualité de la 1ére embauche qui conditionne leur maintien dans l’entreprise.
⇒ Les métiers du BTP :
6,5% ont exercé un métier du BTP (43 000 jeunes). Ces métiers représentent 4,9% des premiers emplois occupés par les jeunes et 5,4% des emplois occupés au bout de trois ans.
Pour les 3/4 des jeunes ayant exercé un métier du BTP au cours de leurs 3 premières années de vie active, il s’agissait de leur premier emploi ; près de 8 sur 10 ont passé plus de la moitié de leur temps travaillé dans ce domaine de métiers.
Qui sont-ils ? 44% sont formés à ces métiers et 56% proviennent d’autres formations. 43% des jeunes formés dans ces métiers s’en détournent.
Quels sont les facteurs qui facilitent l’ancrage ?
-Le fait d’être formé joue modérément : 84% des jeunes ayant eu au moins un emploi dans le BTP y restent lorsqu’ils sont formés à ces métiers ; mais 74% des jeunes formés à d’autres métiers restent dans ces emplois au cours des trois années observées.
-Les conditions du 1er emploi occupé : 80% de ceux démarrant en emploi CDD et/ou avec un temps partiel subi quittent plus souvent que les autres (48%).
⇒ Les HCR et les métiers de bouche
Les métiers de bouche (boucher, boulanger, etc.), ceux du travail en cuisine et les métiers des HCR (employés et agents de maîtrise, patrons et cadres d’hôtels, cafés, restaurants) regroupent 13,7% des jeunes ayant terminé leurs études en 2017 (90 000 jeunes). Mais alors que les métiers du BTP exercent un rôle d’ancrage pour une majorité des jeunes qui y entrent, ces métiers fonctionnent comme des points d’entrée sur le marché du travail pour beaucoup de jeunes débutants qui ne se destinent pas à s’y inscrire durablement. Ainsi, leur poids dans l’ensemble des emplois occupés par les jeunes pendant leurs 3 premières années de vie active baisse sensiblement entre le premier et le dernier emploi observé, passant de 10,4 à 8,8%.
Pour les 3/4 c’est un premier emploi trouvé rapidement. Mais 33% y ont passé moins de la moitié de leur temps en emploi.
Ces métiers ne font pas de la formation un prérequis ; ils recrutent 1,7 fois plus de jeunes que le nombre total de jeunes formés qui n’y sont que 34% des jeunes en emploi dans ces métiers. Toutefois, 82% des jeunes formés à ces métiers s’y inscrivent et s’y maintiennent, alors que les non formés à ces métiers sont 45% à les quitter. De plus, ils sont davantage exposés à de moins bonnes conditions d’emploi lors de leur embauche (pratique du temps partiel imposé pour la moitié contre un sur cinq parmi les formés). Ces résultats trouvent en partie leur explication dans l’hétérogénéité de ces métiers. Exemple des métiers de bouche où la relation métier/formation est très forte (83% ayant exercé un métier de bouche sortent d’une formation à ces métiers et 74% y restent).
⇒ Les métiers de l’informatique.
Les métiers de techniciens et d’ingénieurs de l’informatique concernent plus de 27 000 sortants de formation initiale de 2017 (4% de ceux ayant travaillé lors de leurs 3 premières années de vie active). Ces métiers attirent une main-d’œuvre qualifiée avec un large spectre de recrutements, puisqu’ils se répartissent à parts égales entre sortants d’une formation à l’informatique et sortants d’autres spécialités.
93% de ceux qui sortent avec une formation en informatique et 79% des non formés y restent.
ils démarrent leur carrière avec des conditions de première embauche proches.
Métiers attractifs, ils sont paradoxalement confrontés à une proportion importante de jeunes (43%) qui, bien que formés à l’informatique, n’y travaillent pas :
-La sélectivité des embauches conduit à exclure la majeure partie des jeunes formés mais n’ayant pas validé leur formation informatique : 80% d’entre eux n’intègrent pas ces métiers (vs 31% de ceux qui ont obtenu leur diplôme en informatique).
-La représentation genrée semble peser également puisque 53% des femmes formées n’y travaillent contre seulement 41% des hommes.
-Enfin, ce qui pourrait apparaître comme un phénomène de « fuites » est à relativiser par le fait que certains jeunes formés en informatique vont exercer des métiers connexes mobilisant des compétences en informatique (techniciens et ingénieurs de recherche et développement, techniciens d’installation et de maintenance, etc.).
⇒ Quelles relations peuvent être dégagées entre le parcours des jeunes débutants et les tensions sur le marché du travail ?
La formation ne semble pas être la seule dimension en jeu. Mais le diplôme importe dans l’informatique qu’ils soient formés ou non à ces métiers.
C’est plutôt la qualité des conditions d’emploi à l’embauche qui se révèle cruciale, notamment dans les métiers du BTP comme ceux des HCR pour à la fois garder les jeunes non formés et capter ceux qui y ont été formés.
Pour en savoir davantage : https://www.cereq.fr/les%20jeunes-dans-metiers-en-tension