Méthodologie : enquête annuelle sur la formation professionnelle continue « Enquête Formation Employeur – annuelle (EFE-a) », co-produite par le Céreq, la Dares et France Compétences, conduite auprès des employeurs du secteur privé (entreprises et associations) employant au moins un salarié (hors apprentis) au 31 décembre de l’année de référence. Cette étude porte sur les 2 premières vagues du panel (2021 et 2020). Parmi les 18 815 entreprises ayant répondu à l’édition 2021 de l’enquête, 6 252 ont déclaré moins de 10 salariés au 31 décembre 2021, représentatives de près 1,4 million de TPE. 2 061 d’entre elles ont également répondu à l’édition 2020.
Les finalités de la formation, sont en 1er lieu l’adaptation au poste de travail, puis les obligations réglementaires (33%).
⇒ Les TPE et l’emploi.
♦ En 2021, sur le champ de l’enquête EFE, les TPE représentent 84% des employeurs du secteur privé en France, bien qu’elles n’emploient que 23% des salariés, la moitié comptant moins de 3 salariés ; les 6 à 9 salariés concentrent plus du 1/3 des effectifs des TPE malgré leur faible part (15%) parmi ces entreprises.
♦ Les TPE jouent un rôle crucial dans la dynamique de l’emploi, particulièrement dans les secteurs du commerce (19% des effectifs des TPE), de la construction (14%), des sciences et techniques (13%).
♦ Les caractéristiques sociodémographiques des salariés diffèrent fortement selon la taille et le secteur d’activité des TPE. Par exemple, les employés représentent 71% des salariés des HCR, et 67% dans l’enseignement et la santé, contre seulement 35% des salariés de l’informatique et de la communication et 39% dans l’immobilier. De la même manière, les salariés seniors âgés de 55 ans et plus représentent 1/3 des salariés des TPE ayant un seul salarié, contre seulement 16% de celles de 6 à 9 salariés.
⇒ Les TPE et la formation de leurs salariés.
♦ Si les TPE comptent pour 23% de l’emploi salarié, elles ne regroupent que 10% des salariés formés.
♦ De fait, le recours à la formation continue augmente avec le nombre salariés. En 2021, 25% des TPE ont formé au moins un de leurs salariés via des cours ou stages vs 62% des 10 à 49 salariés et 97% des 250 salariés et plus. Au sein des TPE, ce sont 16% pour celles n’employant qu’un salarié, vs 28% les 3 à 5 salariés, et 46% pour les 6 à 9 salariés.
Les TPE ont un taux moyen de salariés formés de 19%, contre 69 pour les entreprises de 250 salariés et plus. Pour autant, au sein des TPE, ce taux d’accès est plutôt stable selon la taille : autour de 17%, hormis pour celles de 6 à 9 salariés, dont le taux de formés (24%) est très proche de celui des entreprises de 10 à 49 salariés (28%).
♦ Des écarts importants apparaissent également selon les secteurs : dans l’activité finance et l’assurance le taux de formation est de 43%, dans les activités immobilières 35% ; le taux d’accès à la formation de leurs salariés est de 36 et 32%. A contrario, les TPE de l’agriculture et des HCR sont en retrait, avec un recours à la formation de 18 et 14% des entreprises et un taux très faible d’accès à la formation de leurs salariés (11 et 9%).
♦ Concernant les finalités de la formation, comme pour les entreprises de plus grande taille, la formation vise avant tout l’adaptation au poste de travail (56% des TPE), puis les obligations réglementaires (33%), notamment dans le secteur des transports (61%), très réglementé (permis poids lourd, CACES, etc.), les secteurs de l’immobilier, de la finance et assurance (45 et 48%), celui des HCR (41%) soumis à d’importantes règles en matière d’hygiène et sécurité, celui de la construction pour garantir leur sécurité et leur santé (un taux moyen d’heures de cours et stages consacrées aux formations obligatoires de 35% contre 23 en moyenne).
♦ Les contenus des cours et stages sont dominés par l’acquisition de compétences techniques (44%), mais aussi des compétences transversales comme le travail en équipe recherchées dans le secteurs de la construction, de l’enseignement et de la santé (25% contre 15 en moyenne). Ajoutons, les compétences commerciales, privilégiées par 1/4 des TPE formatrices des secteurs du commerce, de la finance et l’assurance (contre 13% en moyenne).
Autre signe distinctif, la structuration des pratiques des TPE en matière de gestion des compétences, notamment dans le secteur de la finance et assurance (34% contre 18 en moyenne) ; elles disposent d’une personne spécifique responsable de la formation (32% contre 15 %), et formalisent davantage leurs démarches via un plan ou programme écrit de formation (20% contre 8). La sollicitation des services de l’OPCO est plus fréquent dans les TPE de ce secteur (20% contre 11).
♦ Au-delà des différences sectorielles, d’autres facteurs sont également à l’origine des écarts observés tels :
– L’appartenance à un groupe : elle peut permettre aux entreprises filiales d’accéder par la mutualisation des moyens à des ressources dans les domaines organisation du travail, communication, recrutement ou la formation. un accompagnement externe pour développer le recours à la formation,
– La position dans la chaîne de valeur, la stratégie économique ou encore la conviction du dirigeant quant à l’intérêt de la formation. En effet, le profil du dirigeant et sa stratégie de développement jouent un rôle essentiel dans l’organisation de la formation (identification des besoins, définition des priorités, organisation de la mise en œuvre, suivi des acquis).
– L’importance donnée au recrutement de personnels déjà compétents et/ou qualifiés, notamment les TPE de l’enseignement et de la santé, ainsi que de l’informatique et de la communication (31 et 29% contre 24 en moyenne).
⇒ Les modalités de formation.
♦ Quand elles organisent la formation, le recours à la formation des TPE est plus intensif.
Une TPE formatrice forme une part importante de ses salariés (59% en moyenne vs 41 chez les 10-49 salariés). Parmi ces TPE formatrices, la part de salariés formés varie peu selon les secteurs : de 53% dans les TPE formatrices des HCR à 65% dans la finance et l’assurance.
♦ Ces écarts varient nettement plus quand la taille de l’entreprise augmente : au sein des entreprises formatrices de 50 salariés et plus, 93% des salariés sont formés dans le secteur de la finance et l’assurance, alors qu’ils ne sont que 39% dans celui des HCR.
Parmi les entreprises formatrices, les TPE affichent une moyenne de 40 heures de formation
par stagiaire, contre seulement 27 dans les entreprises de 50 salariés et plus ; certains secteurs se distinguent particulièrement, comme la construction (90 heures) ou encore les HCR (88 heures).
♦ Le nombre élevé d’heures de formation peut s’expliquer par plusieurs facteurs : la nécessité de maîtriser de nombreuses normes et réglementations, l’évolution des outils numériques, ou encore la prise de responsabilités professionnelles. La formation peut aussi être un levier pour les TPE souhaitant fidéliser leurs salariés et leur offrir des opportunités d’évolution (25% dans les TPE opérant dans les services aux ménages, la finance et l’assurance ou encore l’informatique et la communication, vs 17% en moyenne).
⇒ Anticiper les besoins en formation dans les TPE : une question d’accompagnement ?
L’impact de la crise sanitaire sur les pratiques de formation en 2021 a été moins marqué dans les TPE que dans les entreprises de 10 à 49 salariés. En effet, parmi les TPE n’ayant pas formé leurs salariés cette année-là, seules 14% citent le contexte sanitaire comme raison, contre plus d’1/4 des entreprises comptant entre 10 et 49 salariés. La raison la plus fréquemment mentionnée par les TPE reste structurelle : elles estiment que les compétences et qualifications du personnel étaient suffisantes au regard des besoins de l’entreprise.
Mais quand elles cherchent à s’adapter à leurs futurs besoins en qualifications et en compétences, c’est du côté de la formation qu’elles déclarent vouloir se tourner, mais ont difficulté à le faire par manque de structuration interne. Un accompagnement externe pourrait apporter un appui aux dirigeants, en les aidant à identifier leurs besoins et à mettre en œuvre des actions adaptées. Le rôle joué par les OPCO est à ce titre essentiel.
Pour en savoir davantage : https://pmb.cereq.fr/index.php?lvl=notice_display&id=80589