Pour la 1ére fois depuis 2 008, le nombre de salariés dans les associations a diminué.


"LA FRANCE ASSOCIATIVE EN MOUVEMENT, 17ème édition ", Recherches et Solidarités, octobre 2019

Méthodologie :

Un suivi des créations d’associations publiées au Journal officiel, permet de faire un bilan annuel, correspondant à l’année associative (du 1er septembre au 31 août de l’année suivante). Pour les associations relevant du droit local, cette recherche donne lieu à des échanges avec les 16 tribunaux d’instance des départements de Moselle, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin assurant depuis 2015, le greffe de ces créations.

L’unité de compte est l’établissement

L’observation des associations employeurs porte sur le groupe, pris dans son ensemble, comportant les associations déclarées (9220), les associations d’utilité publique (9230), les associations de droit local (9260), les associations déclarées « entreprises d’insertion par l’économique » (9221) et les associations intermédiaires (9222).

Les effectifs salariés ne sont pas distingués selon qu’ils sont à temps partiel ou à temps complet, selon qu’ils sont à durée déterminée ou indéterminée.

 

Le mouvement associatif demeure dynamique avec 72 000 créations en 2018-2019. Par ailleurs les associations employeurs (10% des associations sur les 1,5 million existantes) emploient 1,837 million de salariés, toutefois en baisse, quelle que soit la taille de l’établissement.

 

Avant d’explorer le document de Recherches et solidarités, qui ne fait le point que partiellement sur le stock des associations, je propose de se référer à l’article du monde du 15 octobre 2019 écrit par Viviane Tchernonog et Hugues Sibille.

 

En 2017, 1,5 million d’associations  (880 000 en 2005) dont 159 000 employeuses (172 000 en 2005) et 1,8 million de salariés (1,568 ETP) .

Ces associations regroupent 22 millions de membres et 3,1 millions de bénévoles participant en 2017, soit 1,4 million d’emplois ETP. Noter que la santé, l’action sociale et l’éducation regroupent 86% des salariés. 

L’emploi associatif est faible en milieu rural et croit avec la taille de population, devenant important dans les grandes villes et agglomérations. Santé, action sociale, éducation sont beaucoup plus le fait des milieux urbains, alors que les petites villes connaissent un taux élevè de bénévolat en ce qui concerne les sports et le culturel, pour compenser l’absence de structures publiques ou privées.

 

Le budget est de 113Md€ ou 3,3% du PIB. Les ressources proviennent pour :

*42% des usagers (31% en 1999), et 9% des cotisations,

*24% de commandes publiques,

*20% de subventions publiques (25% en 1999)

*et pour 5% de mécénat.

Globalement, l’état compte pour 10% (15 en 1999), les collectivités territoriales pour 27% (les département sont devenus les plus gros contributeurs).

L’article interroge notamment sur l’élaboration d’écosystèmes (capacité d’innovation sociétale au-delà de la dictature de l’impact),  mettant en lien pouvoirs publics, entreprises, et citoyens.

 

Le document Recherches et Solidarités

⇒ Les créations

 

♦ Les créations sont 72 077 en 2018-2019 (“année scolaire”). Si l’on fait la moyenne des 5 dernières années, à compter du pic de l’année 2014-2015, on parvient à un bilan de l’ordre de 72 600 créations.

 

♦ Les activités créées : la moitié des créations concernent l’animation, qu’elle soit de type artistique ou culturel (24,1%), sportive dont chasse et pêche (16,1%), ou encore de loisirs sous les thèmes « clubs de loisirs » (8,3% + 3,4%), et « action socioculturelle » (3,4%). Le social (l’humanitaire, les services aux personnes âgées les interventions sociales) regroupe 7,8% des associations et 7,3% pour les amicales, groupements affinitaires, groupements d’entraide (hors défense de droits fondamentaux). L’éducation/ la formation chiffre 5,7% des associations, l’économie (5,4%), la  santé 4,8%, l’environnement 4,2%. 

 

♦ La localisation : le nord et l’est de la France regroupent une densité plus faible de création (le plus souvent moins de 8,8 associations pour 10 000 habitants), le centre une situation plutôt intermédiaire (de 8,9 à 10,4), alors que le sud connait la plus forte densité (au moins 10,5), tout comme la densité des créations d’entreprise et du nombre d’independants.

 

♦ Mais toutes ne sont pas actives. Au regard du nombre de créations annuelles (de l’ordre de 70 000) l’augmentation du nombre d’associations actives peut être estimé entre 30 000 et 40 000 en 2015 et 2016, mais seulement entre 10 000 et 20 000 en 2017 et 2018, soit une augmentation située entre 80 000 et 120 000, pour les 4 dernières années. 

⇒ Les bénévoles

90% des associations ne fonctionnent qu’avec des bénévoles.

En 3 années (2016-2019) selon l’INSEE, la proportion des Français donnant du temps gratuitement a globalement un peu fléchi (39 à 37% ou 19 millions de personnes), et s’est également tassée (de 25% à 24%) au sein des associations (soit 12,5 millions de personnes); le groupe des bénévoles s’est féminisé, jusqu’à une stricte parité en 2019; Il a rajeuni, grâce à une progression de l’engagement des moins de 35 ans, et surtout par un recul constant et préoccupant de la proportion des plus de 65 ans.

 

En 2019, 14% des Français sont ainsi d’anciens bénévoles associatifs (entre 7,2 et 7,3 millions de personnes). 85% indiquent qu’ils pourraient reprendre un jour leur engagement, s’ils avaient un peu plus de temps libre (40%), compte tenu aussi de leur souhait profond d’être utile pour les autres (27%), et utiles dans une association dans laquelle ils sont adhérents (24%).

 

Par ailleurs, 39% des Français n’ont jamais donné du temps pour les autres, quelle que soit la forme ou l’organisation (32% parmi les plus diplômés, 47% parmi les personnes dont la formation est la plus modeste). Les raisons invoquées concernent le manque de temps (46%), mais aussi l’absence d’une occasion pour s’engager (30%) ou encore la crainte de ne pas avoir les qualités requises (12%).

 

D’autre part, le nombre de bénévoles agissant dans une seule association est en baisse tandis que celui des bénévoles intervenant dans plusieurs associations évolue peu, ce qui diminue singulièrement le nombre des « interventions bénévoles » (- 4% entre 2016 et 2019). Le nombre moyen de bénévoles par association, se situerait entre 12 et 13, alors que l’on en comptait plutôt 14 il y a quelques années.

 

Le moral des responsables associatifs en 2019 se traduit par une opinion favorable à 68%, concernant la situation générale de l’association, à 58% pour les finances et à 44% pour l’implication de bénévole.

Notons que la plupart des sources de satisfaction sont en augmentation, l’épanouissement personnel en tête, cité par 40% des bénévoles en 2019 (vs 34 en 2016).

 

Toutefois des sources d’inquiétude existent : la situation financière qui occupait le premier rang des inquiétudes, à égalité avec les ressources humaines bénévoles, en 2018, se trouve au troisième rang, en 2019, dépassée également par le renouvellement des dirigeants: les préoccupations se sont considérablement renforcées sous plusieurs aspects, la ressource humaine (60% des répondants vs 47 en 2018), le renouvellement des dirigeants (48% vs 38), et la motivation et l’investissement de l’équipe dirigeante (26% vs 18), la diminution du nombre d’adhérents (25% vs 20).

L’évolution des politiques publiques reste une inquiétude pour 36% (34 en 2018), notamment celles des collectivités locales (25), moins les relations avec l’état (17); noter que les moyens matériels, y compris les locaux préoccupent 30% des bénévoles, peu par contre les relations avec vos partenaires privés, dont les entreprises (8).

⇒ Les adhérents :

♦ 45% des Français adhèrent à une association, mais la proportion varie du simple au double selon que l’on ne possède aucun diplôme (30%) ou que l’on est titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur (60%). Cette « fracture associative » se prolonge dans le bénévolat, et s’aggrave : 18% des moins diplômés étaient bénévoles dans une association en 2016 vs 15% en 2019; dans le même temps, la proportion des plus diplômés est restée stable à 31%.

 

♦ L’engagement de Service Civique, d’une durée de 6 à 12 mois, pour l’accomplissement d’une mission d’intérêt général dans un des neuf domaines d’intervention (culture et loisirs, développement international et action humanitaire, éducation pour tous, environnement, intervention d’urgence, mémoire et citoyenneté, santé, solidarité, sport) exige au moins 24 heures hebdomadaires ; il donne lieu au versement d’une indemnité prise en charge par l’État, et d’un soutien complémentaire, en nature ou en numéraire, pris en charge par l’organisme d’accueil et un régime complet de protection sociale financé par l’État.

 

83 904 contrats nouveaux ont été signés en 2018 pour 56 361 missions; 140 000 volontaires ont réalisé une mission au cours de l’année. L’accélération a été nette en 2015, avec une augmentation significative, qui s’est confirmée au cours des années suivantes. L’évolution a ensuite été constante, d’année en année. 

 

Le secteur associatif constitue le principal acteur pour l’accueil de ces jeunes volontaires : en 2015, 84% des agréments nécessaires et préalables à cet accueil étaient accordés à une association. Les associations restent, en 2019, les principaux lieux d’accueil (81%).

La proportion des jeunes accueillis dans une association était de 87% en 2014, en baisse en raison de la montée en puissance de l’accueil dans les collectivités et les services publics.

⇒ L’évolution des effectifs salariés

♦ 159 370 associations employeurs ont pour effectif 1 837 300 salariés (10% des effectifs du secteur privé); le nombre d’employeurs est en baisse de 2,6% au regard de 2017-2018; le nombre de salariés chute de 0,9%.

 

♦ Entre 2015 et 2018, le secteur a diminué de 8 000 employeurs associatifs (167 931 en 2015, 159 369 en 2018)  : pour la seule année 2018, la régression est de l’ordre de 4 300, dont 80% d’associations comportant moins de 3 salariés et 15% d’associations comportant entre 3 et 6 salariés. Si les effectifs salariés ont progressé de façon constante entre 2008 et 2017 (de 1,732 millions à 1,854), ils ont diminué pour la 1ére fois en 2018 (1,837 million).
 

♦ Les associations sont quasiment les seuls acteurs privés dans certains secteurs comme l’aide par le travail (94% des effectifs du secteur privé) ou encore l’accueil et l’accompagnement sans hébergement d’enfants et d’adolescents (95%).

Le secteur sanitaire et social (santé, hébergement médico-social et action sociale sans hébergement) représente à lui seul 57% des effectifs salariés (plus d’un million d’emplois), répartis au sein de plus de 34 000 établissements, soit 21% des établissements employeurs.

Le secteur privé de l’enseignement se compose d’un peu moins de 60% des effectifs salariés associatifs, celui du sport d’un peu moins de 70%, celui de l’hébergement médico-social d’un peu moins de 71%, et le domaine social sans hébergement comporte près de 75% de effectifs salariés associatifs (près de 63% dans l’aide à domicile).

Les associations sont proportionnellement moins présentes dans la santé (23% des effectifs salariés) et dans les activités culturelles (28% des effectifs et 16% de la masse salariale).

 

♦ En termes de taille, les employeurs de moins 5 salariés sont 67% des établissements mais seulement de 10% des salariés, alors que ceux de 20 salarié et plus emploient 72% des salariés, alors qu’ils ne sont que 15% des établissements.

♦ L’ensemble du secteur associatif a bénéficié d’un effet retard, par rapport à la crise financière de 2008. Seuls 5 domaines d’activité ont fait exception et connu une baisse de leurs effectifs salariés, dès l’année 2008, dans la mesure où ils sont directement exposés aux aléas économiques : les activités liées à l’emploi, les domaines de l’hébergement, de la restauration, des voyages et de la recherche.

Au cours de la période 2011-2014, l’effet retard de la crise de 2008 s’est nettement fait sentir ; entre 2017 et 2018, autour d’une évolution moyenne de – 0,9% pour l’ensemble associatif, seuls l’enseignement et la santé tirent leur épingle du jeu. Il n’en est pas de même pour l’hébergement médico-social, le secteur social sans hébergement, le secteur sportif, ainsi que les activités récréatives et de loisirs, pour la première fois en recul. Si le secteur de l’aide à domicile voit sa régression diminuer un peu, il n’en est pas de même pour les activités culturelles associatives, dont la situation s’aggrave très nettement.

 

♦ Le taux de disparition des établissements employeurs augmente depuis 2016; entre 2017 et 2018, la disparition s’élève à plus de 12 700 associations, un taux qui varie très fortement selon la taille des associations (-8,9% en 2018, mais -13% pour les employeurs de moins de trois salariés et – 3%, au sein des associations comportant entre trois et cinq salariés). Les loisirs et la culture ont connu les taux les plus élevés (autour de 10%), le sport (8%).

Si entre 2012 et 2016, le franchissement à la strate supérieure a toujours été le cas face à la strate inférieure (entre 6,3 et 6,8 vs 5,4 à 6,1%), la situation s’est inversée en 2017-2018 (6,7 pour la strate inférieure vs 6,3 pour le strate supérieure).

Les petits employeurs de moins de 3 salariés, présents en 2017, ont atteint ou franchi le seuil de trois salariés, dans une proportion de 3,7%, en 2018 (nettement moins qu’en 2017, 5,1%).

Pour les autres strates, la proportion des employeurs ayant moins de salariés en 2018, par rapport à l’année 2017, est toujours supérieure à celle des associations ayant gagné des salariés.

♦ La proportion des contrats de moins d’un mois, destinés essentiellement à des remplacements ou à des événements ponctuels, est passée d’une proportion de 65% en 2001, à près de 85% en 2018; elle est également majoritaire dans l’ensemble du secteur privé, passant de 48% en 2001, à 69% en 2018.

Le nombre de contrats de plus d’un mois est passé de 180 200, environ au cours du premier trimestre 2016, à un peu moins de 182 600 au cours du dernier trimestre 2018.

Par contre, les CDI ont augmenté, passant de 23,5% en moyenne en 2017, à 28,3 en 2018; en nombre de contrats, ils sont passés de 156 000 en 2015 à 210 000 en 2018.

 

Concernant les plus jeunes, la proportion des recrutements est plus importante dans le secteur privé, que ce soit au titre des CDD longs (37% contre 22%), ou au niveau des CDI (24% contre 16%). Concernant les plus de 55 ans, les associations proposent des CDD longs à des quinquagénaires proportionnellement plus nombreux (12% contre 7%) et il en est de même pour les CDI (9% contre 6%).

 

♦ Le salaire moyen annuel par personne, pour l’ensemble du secteur associatif est en progression, puisqu’il est passé de 21 200€ annuels à 21 700€, en 2018 (+2,4%).

 

Pour en savoir davantage : https://recherches-solidarites.org/wp-content/uploads/2019/10/La-France-associative-18-10-2019.pdf