Méthodologie : l’analyse porte très essentiellement sur la population active salariée.
58% des salariés affirmaient fin novembre 2020 que la crise sanitaire avait changé leur rapport au travail.
Interrogés par l’Ifop pour Freelance début 2022, ces derniers ont été invités à indiquer le domaine (professionnel ou non) au sein duquel ils estiment avoir vécu le plus de changements en 2 ans : 28% citent l’organisation du travail, 21% l’usage des outils numériques (21%), moins les relations affectives, familiales, amicales (12%). Les décideurs partagent globalement l’opinion des salariés.
⇒ En 30 ans, la valeur travail n’est plus autant très importante
En 1990 précisément, 92% des Français en activité estimaient que le travail était « important » dans leur vie, dont 60% très important. Aujourd’hui 86% affirment toujours que le travail occupe une place importante dans leur vie, au même titre que la famille, les relations amicales ou les loisirs, mais ils ne sont plus que 24% à affirmer qu’elle est très importante.
Par contre, l’attachement très important aux loisirs augmente de 31 à 41%.
Cette perception est homogène selon les différentes catégories de salariés (le travail est jugé très important par 18% des ouvriers et 23% des cadres) ; même tendance pour les âges.
⇒ Ce qui a changé
Il ne s’agit plus tant de se réaliser par le travail que, plus modestement s’y sentir bien ; fin 2021, 61% des salariés affirmaient que le bien-être au travail constitue un enjeu prioritaire au sein de leur entreprise. Et donc, la prise en compte du bien-être des collaborateurs devant le « sens » donné à son travail, devant l’image des employeurs et de l’entreprise (bonne réputation, identité et valeurs fortes, capacité à innover.
D’ailleurs fin 2021, 66% sont intéressés par un accompagnement de leur entreprise permettant d’améliorer leur santé physique ou psychologique, manifestant une plus grande confiance envers l’employeur.
“Comprendre le rapport au travail nécessite également d’intégrer d’autres paramètres qui ne se limitent pas à l’environnement de travail quotidien de chacun ; les deux critères les plus importants sont le fait d’« avoir un bon équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle » (38%), et celui d’« avoir le sentiment de faire un travail utile » (22%), loin devant « exercer un travail dans lequel l’acquisition de connaissance est régulière » (14%), « pouvoir évoluer dans la hiérarchie » (9%), « être le plus indépendant possible » (8%) et « pouvoir changer de métier et d’activité durant sa carrière » (7%).
Toutefois ces mutations concernent davantage les outils et les conditions de travail que les mentalités ; la satisfaction envers sa situation professionnelle a peu bougé (entre 71 et 76% entre 2033 et 2020 vs 75 en 2022).
⇒ Les employeurs partagent en partie les aspirations de leurs salariés
Interrogés par l’Ifop pour Back Office Santé en février 2022, les décisionnaires RH considèrent que les dimensions les plus importantes pour pérenniser la qualité de vie au travail sont aussi très qualitatives : « un bon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle » (47%), « la qualité des relations humaines » (43%) et « la valorisation des compétences de chacun » (40%). Ils en devancent d’autres, plus classiques, longtemps constitutifs de bonnes conditions de travail : « la charge de travail » (30%), « les pratiques managériales » (27%), « les perspectives d’évolution » (22%) et « l’équité en matière de rémunération » (20%).
Interrogés par l’Ifop pour le Syntec fin 2020 sur les enjeux les plus importants pour maintenir l’activité ou assurer la reprise, 2 critères sont mis en avant : l’adaptation des modes de travail (45% des interviewés), plus marquée dans les grandes organisations (55%), le développement des compétences des salariés (30%) vs la capacité à mieux répondre aux nouveaux besoins des clients (40%) et « renforcer la solidité financière de l’entreprise » (30%).
⇒ Invités à se projeter sur leur situation professionnelle dans un horizon de cinq ans, les salariés s’inscrivent nombreux dans une mobilité :
35% estiment qu’ils travailleront dans une autre entreprise, 40% dans un poste différent, 28% se voient exercer dans un autre secteur d’activité ;12% envisagent de quitter le salariat pour adopter un statut d’indépendant. 59% pourraient envisager au moins une de ces mobilités, dont 25% au moins trois.
16% estiment qu’ils travailleront « plutôt » dans une autre région (mais 26% les moins de 30 ans et 21% les cadres).
Dans une enquête Ifop pour Michael, réalisée au premier trimestre 2020, auprès d’un échantillon de 1 824 actifs en poste, respectivement 80% et 65% déclaraient, au sujet de changements pouvant survenir dans leur vie professionnelle (sans préciser leur nature), qu’ils étaient « plutôt une bonne chose » et qu’ils allaient « plutôt faciliter leur travail ». La nécessité d’intégrer de nouveaux outils de travail était considérée comme source d’épanouissement par 67%, un élargissement des missions par 65% et de nouveaux environnements de travail (open-space, espaces de coworking) par 63%.
Fin 2021, 39% des salariés affirmaient que leur entreprise s’est engagée dans une plus grande distanciation physique entre les collaborateurs, 33% dans une accélération du principe « flex office », c’est-à-dire le fait de ne pas avoir de poste de travail attitré, 29% dans la généralisation des bureaux individuels ou limités à quelques collaborateurs au détriment des open-space et 23% une réduction de la surface des locaux.
Pour en savoir davantage : https://www.jean-jaures.org/publication/plus-rien-ne-sera-jamais-comme-avant-dans-sa-vie-au-travail/?post_id=35914&export_pdf=1