Près du quart de ces emplois ont été créés dans le secteur public (1,3 million dans les trois fonctions publiques) et les autres dans des entreprises privées (4,2 millions).
L’industrie a perdu 2,5 millions d’emplois, alors que le commerce et les services en ont généré près de 7 millions ; les effectifs du secteur de la construction sont demeurés quasiment inchangés.
Le secteur associatif, à fin des années 2000, employaient 1,8 million de personnes ; on peut estimer que le nombre d’emplois créés dans ce secteur depuis le début des années 1980 est de l’ordre de 1,1 million.
Les changements organisationnels à l’œuvre dans les entreprises et la recherche d’une flexibilité accrue ont eu des conséquences sur la répartition sectorielle : développement de la sous-traitance, développement de l’intérim, développement des services avec des entreprises de plus petite taille. L’emploi s’est ainsi trouvé davantage concentré dans les plus petites unités légales, mais pas forcément dans les entreprises indépendantes, dans la mesure où une grande partie des relations interentreprises s’opèrent à l’intérieur d‘un groupe.
1985-2009 |
Répartition de l’emploi |
|||
Contributions à la croissance de l’emploi |
Taux de croissance de l’emploi |
1985 |
2009 |
|
1-9 salariés |
31,7 |
76,5 |
16,7 |
21,0 |
10-49 salariés |
26,4 |
58,6 |
18,8 |
21,0 |
50- 249 salariés |
20,7 |
50,7 |
16,5 |
17,8 |
250-499 salariés |
8,8 |
48,7 |
7,4 |
7,7 |
500 salariés et plus |
12,4 |
12,3 |
40,6 |
32,5 |
Ensemble |
100 |
40,4 |
100 |
100 |
Au milieu des années 1980, 2 000 entreprises de 500 salariés ou plus concentraient 40% de l’emploi privé ; en 2009, elles sont près de 2 500 mais ne représentent plus qu’un tiers de l’emploi salarié. Le mouvement est inverse pour les petites entreprises : en 1985, les 900 000 entreprises employeurs de moins de 10 salariés ne représentaient que 17% de l’emploi salarié ; en 2009, elles sont 1,2 million pour 21% de l’emploi. Les entreprises de 1 à 9 salariés ont créé près du tiers des emplois, alors que celles de 500 salariés ou plus n’en ont généré que 12%.
Evolution des effectifs et des groupes |
Effectifs en millions |
Nombre de groupes |
||
1986 |
2009 |
1986 |
2009 |
|
Groupes de moins de 500 salariés |
0,13 |
2,26 |
611 |
43 735 |
Groupes de 500 à 1 00 salariés |
0,69 |
1,34 |
673 |
1 422 |
Groupes de 2 000 à 4 999 salariés |
0,55 |
1,15 |
175 |
376 |
Groupes cde 5 000 salariés et plus |
2,89 |
3,34 |
151 |
192 |
Ensemble |
4,26 |
8,09 |
1 610 |
45 725 |
En 2009, 51% des salariés du secteur privé travaillent dans un groupe (environ 60% si on ajoute la SNCF, EDF, La Poste, France Télécom et la Compagnie générale des Eaux, Vivendi et Véolia), alors qu’aux débuts des années 1980 ce taux n’atteignait pas 40%.
Ce chiffre traduit une réalité contrastée avec, d’un côté, environ 200 groupes de 5000 salariés et plus, représentant 40% de ces salariés et, de l’autre, plusieurs dizaines de milliers de groupes de moins de 500 salariés employant 25% des salariés des groupes.
L’évolution de l’emploi dans les groupes de 5 000 salariés et plus suit la conjoncture : augmentations dans les phases de croissance (1986-1990 et surtout 1997-2001), destructions au cours des périodes de ralentissement de l’économie (notamment entre 2007 et 2009) ; 550 000 nouveaux emplois dénombrés en 2006 s’expliquent par des mouvements d’absorption d’entreprises concernant quelques grands groupes, financiers notamment, qui existaient déjà auparavant, mais aussi par l’entrée de mutuelles ; la contribution nette à l’emploi des groupes de 5000 salariés se révèle plutôt faible : + 450 000 salariés entre 1980 et 2012 à comparer aux 4,2 millions d’emplois créés dans le secteur privé.
Le nombre de groupes de moins de 500 salariés a été multiplié par huit ; plus d’un emploi sur trois dans les PME dépend d’un groupe. Noter que les règles fiscales (régime de l’intégration fiscale) et le droit des sociétés ont favorisé cette émergence. Les chefs d’entreprise ont ainsi été fortement incités à créer des microgroupes, souvent à caractère familial, composés d’une holding possédant une ou des sociétés d’activités et d’une SCI (société civile immobilière) propriétaire des bâtiments.
Les écarts de droits de mutation, dont le règlement intervient au moment de la transmission, constituent un autre élément fiscal propice à la création de SCI couplées à des sociétés d’exploitation dans le cadre de microgroupes.
En 2010, alors qu’ils atteignent 19% pour la mutation d’un immeuble professionnel, les droits d’enregistrement perçus sur les cessions de parts d’une SCI détentrice d’un même bien se limitent à 5% ; entre 1978 et 1988, le nombre de SCI commerciales, la plupart du temps bailleurs d’immeubles loués à des sociétés sœurs, a considérablement augmenté. L’INPI en dénombrait 530 099 immatriculées en France : 11 357 ont été créées entre 1978 et 1980, 117 347 entre 1996 et 1998, le changement de tendance s’opérant entre 1985 et 1987 alors qu’on passe de 18 500 à près de 54 000 créations annuelles.
En termes d’organisation du système productif, c’est bien la croissance de l’emploi dans les petites entreprises, plus forte que dans les grandes, qui reste le fait marquant sur lequel s’appuie la croissance de l’emploi dans les microgroupes.
L’emploi salarié est par ailleurs inégalement réparti sur le territoire national, les plus fortes concentrations se situant dans les départements côtiers, les métropoles et les centres industriels. Cette polarisation renforce l’existence d’une «diagonale aride» comprise entre deux lignes imaginaires : Charleville-Mézières/Bordeaux et Thionville/Perpignan, avec pour territoires le Midi aquitain, le Massif central, la Champagne et une partie des Vosges ; cette zone est peu densément peuplée, sa population vieillit, son solde migratoire est très négatif, et l’emploi et les entreprises y sont nettement moins denses que sur le reste du territoire. Cette situation est alimentée par le renforcement de la part des groupes de plus de 500 salariés autour des métropoles.
Au cours de la période 1990-2010, un département sur deux a vu les effectifs salariés augmenter de plus de 13,6% (surtout entre 1990 et 2000, avec un taux de croissance médian de 11%) ; puis la situation se détériore entre 2000 et 2010 avec le taux de variation qui dépasse à peine 0,6%. La polarisation des dynamiques de l’emploi sur les côtes et autour des grandes métropoles régionales est ainsi le fait saillant de ces vingt dernières années.
Les destructions d’emplois observées depuis 2008 résultent de deux mouvements : les cessations et défaillances d’entreprises, d’une part, et les réductions d’effectifs dans les grands groupes, de l’autre. Les créations d’entreprises et d’emplois parviennent tout juste à compenser ces pertes si bien qu’au total l’emploi salarié se maintient autour de 23 millions depuis 2009.
Produit d’un processus de créations-cessations d’entreprises et d’une restructuration des entreprises pérennes, la stagnation de l’emploi salarié s’est accompagnée de mouvements de main-d’œuvre entre secteurs (industrie vers services), entre classes de taille (grandes vers moyennes) et entre types d’entreprises (indépendantes vers membres d’un groupe).