Un vaste tour d’horizon pour situer comment les actifs se préparent à l’évolution de leur métier.


"Le baromètre de la formation et de l'emploi 2024", Centre-Inffo, vu avril 2024

Méthodologie : un questionnaire en ligne, entre le 1er et le 9 février, auprès de 1 618 actifs de 18 ans et plus, représentatif de la population des actifs français selon les critères de sexe, d’âge, de statut en emploi, de la catégorie socio-professionnelle, de la région d’habitation et de la taille d’agglomération.  

 

L’observation habituelle des âges et des niveaux de diplôme permet de mieux appréhender les différentes populations concernées.

⇒ L’évolution attendue du métier exercé actuellement.

67% des répondants sont confiants (dont 19 très confiants) en leur avenir professionnel, une situation constante depuis 2021 (67-69%), alors que 11% ne le sont pas du tout.

 

Mais 86% estiment que leur métier évolue, dont 42 très vite ; ces derniers sont pour 62% en reconversion  professionnelle, et 53% envisagent de changer d’emploi (parmi ces derniers, 37% dans les 2 ans) ; ce sont aussi pour 58% des 18-24 ans, pour 58% des indépendants, pour 57% des cadres, pour 50% des actifs dans le secteur des services, pour 50% des habitants d’Ile-de-France et 46% des habitants de ville centre.

 

45% pensent qu’ils feront le même métier dans 5 ans, mais pas forcément de la même manière, et 19% un autre métier ; 24% toutefois disent qu’ils exercerons le même métier et 12% qu’ils ne travailleront plus. Ces retours sont stables depuis 2021, qu’il s’agisse de l’évolution de leur métier ou de sa mutation à 5 ans.

Qui envisage de changer de métier dans les 5 ans ? en moyenne 53%, un chiffre stable depuis 2021; ce sont plus précisément : 72% les 18-24 ans, 64% ceux travaillant dans le BTP, 59% des employés ; d’ailleurs 57% l’ont déjà fait.

⇒ Pourquoi continuer à se former au cours de sa vie professionnelle ?

– Une chance pour évoluer professionnellement, avoir des promotions, des opportunités professionnelles (88% dont tout à fait 44) ; pas de différence selon les âges, 

– C’est une opportunité pour faire son métier au mieux ou différemment, pour ne pas se lasser professionnellement (89% dont 43) ; c’est davantage le fait des 25-64 ans (87-90% vs 82 pour les 18-24 ans),

– Une nécessité pour répondre aux défis d’un monde du travail en pleine mutation (90 dont 39), c’est davantage le fait des 25-64 ans (88-91% vs 84 pour les 18-24 ans),

– Une nécessité pour conserver son employabilité (86 dont 36), c’est davantage le fait des 25-64 ans (84-88% vs 80 pour les 18-24 ans),

– Une manière de prendre du recul sur son quotidien et ses pratiques professionnelles (83 dont 32) ; pas de différence selon les âges,

En ce qui concerne le niveau de diplôme, ceux issus de l’enseignement supérieur sont plus en phase avec ces affirmations. 

 

4 autres items manifestent un moindre intérêt pour répondre tout à fait : “cela est souvent difficile dans un emploi du temps déjà très chargé” (17%), “on peut rarement trouver des formations adaptées à son métier” (10), “on peut rarement mettre en pratique ce que l’on a appris” (10), une perte de temps, cela ne change souvent rien à sa vie professionnelle (9). Là encore les réponses changent peu depuis 2020.

Sur ces 4 items, les 18-34 ans sont les plus nombreux à répondre favorablement, notamment les 25-34 ans. En ce qui concerne le niveau de diplôme, ceux dont le niveau est inférieur au bac sont plus nombreux à y souscrire (45-47% vs 18-33 pour les diplômés du bac et au-delà).

⇒ Être acteur de son évolution professionnelle, avec qui ?

♦ 77% des actifs pensent que c’est à chacun d’être responsable de son parcours de formation professionnelle continue (sans changement depuis 2021).

69% (dont tout à fait 23) ont le sentiment d’être suffisamment acteur de leur formation professionnelle : 87% les 18-24 ans, 83% ceux en reconversion professionnelle, 81% les cadres, 80% les indépendants, 80% ceux du BTP, 74% les 25-34 ans ; c’était moins le cas en 2020 (56%), mais un même niveau pour les années suivantes (67-69).

Ceux qui ne le sont pas (moyenne 31%) sont les chômeurs (52), les 50 ans et plus (37), les 35-49 ans (36),  les CSP- (33). 

 

♦ De nombreux intervenants sont jugés légitimes pour accompagner : 

– 4 structures sont les plus légitimes pour accompagner : l’employeur et le manager, l’organisme de formation, la branche professionnelle (entre 64 et 74% d’accord dont tout à fait 22 à 30%) ; les moins de 35 ans s’en remettent davantage à l’employeur, au manager et à la branche professionnelle que leurs ainés ; en termes de niveaux de diplôme, ce sont les bac +2 et au-delà qui affirment plus la légitimité, au contraire de ceux de niveau inférieur au bac.

– Les autres acteurs, plus éloignés des actifs, sont nettement plus reconnues par les 18-35 ans que leurs ainés (le fait de l’expérience ?) et par les bac+2, mais nettement moins par les bac+3 et au-delà.

 

♦ Comment sont ou seraient-ils acteurs de leur formation ? 

En lien avec leur entreprise (formulation de souhaits de formation, recherche d’organisme, co-construction avec le manager) : les 18-24 ans sont les plus actifs et les 50-64 ans les moins ; les diplômés de l’enseignement supérieur le sont bien plus que ceux de biveau inférieur au bac (ce sont aussi ceux qui ont le plus accès aux formations).

– Par eux-mêmes en suivant des formations en-dehors des heures de travail, en les finançant ou en reprenant des études : les moins de 35 ans sont les plus concernés, tout comme ceux issu de l’enseignement supérieur.

 

 

⇒ Se sentent-ils bien informés ?

 

Oui pour 52% dont très bien 15 ; les plus informés sont les 18-24 ans (71%), les 25-34 ans (63), les cadres (61), les indépendants (61) ; ils n’étaient que 43% à l’être en 2020.

Sont très bien informés (15%) : les femmes (17 vs 12 les hommes) ; les plus jeunes (les 18-24 ans, 29 et les 25-34 ans, 24 vs 10 et 8 pour les autres tranches d’âge) ; à quasi égalité les cadres, les employés (15-17) vs les ouvriers (12) et les chômeurs (5). 

 

♦ Et sur quels thèmes ?

– Le compte personnel de formation et ses modalités d’utilisation (53% dont très bien 16),

– Les droits en matière de formation (52 dont 15), 

– Les secteurs/métiers porteurs en termes d’emploi (49 dont 15),

– Les possibilités d’être accompagné pour faire le point sur son orientation professionnelle (49 dont 15),

– Les organismes qui proposent des formations près de chez vous (46 dont 14), 

– Les modalités de financement des formations (46 dont 14), 

– Les lieux d’information et d’orientation où se rendre (45 dont 14).

Pour toutes ces questions, il y a eu une réelle progression de l’information.

Les chômeurs disent être les moins bien informés.

 

Par ailleurs en ce qui concerne les âges, les 18-34 ans sont les mieux informés (58-67% vs 37-47 les autres tranches d’âge).

Et en ce qui concerne les niveaux de diplôme, les bac+3 et au-delà sont les moins informés (40-52% selon les items), puis les bac (44-48%), et ensuite ceux dont le niveau de diplôme est inférieur au bac (44-53%) ; les bac+2 (50-58%) se disent les mieux informés.

 

♦ Par quels canaux s’informent-ils ? Le numérique d’abord (via les moteurs de recherche 38% et les sites spécialisés 29), puis les réseaux habituels : l’employeur (29), le réseau professionnel (26), l’organisation professionnelle (17), les salons (12) et la presse spécialisée (8) ; et ce sans grand changement depuis 2020.

⇒ Quels produits connaissent-ils, en voyant bien  de quoi il s’agit ? 

♦ Une approche des différents produits :

– Ils connaissent bien 5 produits (entre 73 et 93%) : le CPF, l’apprentissage, le bilan de compétences, la VAE et le contrat de professionnalisation ; s’il y a peu de différences selon les âges, en revanche les bac+3 et au-delà les connaissent mieux que les autres niveaux de diplôme.

– Pour les autres produits moins connus (entre 31 et 57%) ; c’est un fait avéré pour les 35 ans et plus comme pour les bac+3 et au-delà à l’inverse des diplômés inférieurs au bac.

 

Un zoom sur 2 produits :

 

Le CPF est connu de 93% dont 73 savent bien ce dont il s’agit, notamment les indépendants (83%), ceux en reconversion (80), les cadres (80), les 50-64 ans (78), et ceux qui ont changé de métier (78).

45% connaissent le montant de leurs droits à la formation : 77% ceux en reconversion, 60 les indépendants, 58 les moins de 35 ans, 50 ceux au chômage et 49 eux qui ont changé de métier.

 

La VAE :  61% des actifs sont intéressés dont ceux en reconversion (83%), ceux qui envisagent de changer d’emploi (75), les 18-24 ans (71), les employés (67), ceux qui ont confiance en leur avenir professionnel (66), les bac+2 (65), ceux qui ont changé de métier (64) et ceux qui ont connu le chômage (64).

⇒ Formation, reconversion.

♦ La formation

50% souhaitent suivre une formation dans les 12 prochains mois, notamment ceux en reconversion (87), les  18-24 ans (70%), ceux qui envisagent de changer d’emploi (68), les 25-34 ans (65), ceux du secteur BTP (64), et les indépendants (60) ; noter que les ouvriers sont peu intéressés. 63% d’entre eux ont une idée précise de formation (notamment ceux en reconversion 74, le 25-34 ans 74, les CSP+ 67).

 

Ceux qui ne l’envisagent pas (50%) mettent en avant le fait de ne pas avoir envie (27%), parce qu’ils n’ont pas le temps (24) ou le budget (22), parce qu’aucune formation ne correspond à leurs besoins (17), parce que leur entreprise ne leur propose pas (17), et encore des raisons personnelles de type santé, proximité de la retraite (13) ou qu’ils ont suivi récemment une formation (12). seuls 14% disent n’être pas assez informés.

 

♦ La reconversion professionnelle : 21% sont en préparation.

Ce sont plus souvent des femmes (25 vs 18 les hommes) ; des jeunes (39% les 18-24 ans et 36 les 25-34 ans vs 13 et 15 les autres âges), les chômeurs, 35,  les employés 25, mais 18 les ouvriers.

79% ne sont pas en train de préparer leur reconversion professionnelle mais 36% d’entre eux y songent pour l’avenir (9% dans moins d’un an, 10% d’ici 2 ans, 17% au-delà).

Dans le cadre d’une reconversion, l’accompagnement s’avère indispensable pour 60%. D’ailleurs 60% de ceux en reconversion y ont recours.

⇒ Un focus sur les personnes en situation d’handicap.

♦ L’étude propose un focus pour les personnes en situation d’handicap (18%, mais 30% chômeurs et 22 les 50-64 ans). 43% des répondants seraient très à l’aise pour travailler avec une personne handicapée, mais seuls 24% estiment y être bien préparés (les jeunes un peu plus). 48% estiment que l’embauche de ces personnes au sein de leur leur entreprise devrait être facilitée.

 

♦ Les principaux freins pour les embaucher sont les préjugés sur les compétences et la productivité de ces personnes, les coûts liés aux adaptations nécessaires à leur accueil, les difficultés de communication et de compréhension de leurs besoins spécifiques, la crainte que la personne ne s’intègre pas, le manque de sensibilisation des employeurs et recruteurs pour promouvoir un environnement de travail plus ouvert et inclusif, le manque de formation pour aider les entreprises et les collaborateurs à être en mesure d’accueillir ces personnes. 

 

♦ Ce qui serait à faire : adapter les locaux notamment pour faciliter leur accessibilité, adapter les postes de travail, le matériel ou les outils (ajustements ergonomiques, des logiciels spécifiques ou d’autres dispositifs d’assistance), sensibiliser les employeurs et les employés à la question de l’inclusion et aux enjeux de leur insertion, respecter les obligations légales, mettre en place des formations pratiques pour aider et accompagner les employeurs et les employés sur la manière d’interagir et de travailler, nommer un référent handicap. 

⇒ Une brève relecture des grandes différences par tranches d’âges et par niveaux de diplôme.

♦ Les écarts sont assez habituels entre les moins de 35 ans et les + de 35 ans : ils pensent davantage légitimes pour les accompagner les différents acteurs “habituels” comme leur entreprise, l’organisme de formation.. mais aussi les autres acteurs du type collectivité locale et structure d’orientation, que les + de 35 ans prennent moins en compte ; leur implication pour se former est plus manifeste, notamment dans le suivi de formation et son financement par leurs propres moyens.

 

♦ Les écarts entre les diplômés du supérieur et ceux dont les diplômes sont inférieurs au bac sont habituels : les bac+3 et au-delà maitrisent mieux vers qui aller, savent mieux se centrer vers ce qui est le plus essentiel.

 

 

Pour en savoir davantage : https://www.centre-inffo.fr/site-centre-inffo/actualites-centre-inffo/4e-barometre-formation-emploi-2023