Méthodologie : le cabinet Quintet conseil et de l’association Walt, l’Institut BVA ont réalisé une enquête miroir du 17 novembre au 1er décembre 2022 portant sur :
• 598 professionnels décisionnaires ou co-décisionnaires des sujets liés au recrutement,
• 523 alternants ou ex-alternants français en apprentissage ou contrat de professionnalisation.
Du côté des entreprises, la représentativité a été assurée par la méthode des quotas sur les variables suivantes : taille d’entreprise, secteur d’activité, et région.
Du côté des alternants, elle a été assurée selon le même procédé sur les variables suivantes : niveau d’étude, taille d’entreprise, secteur d’activité de l’entreprise d’alternance, type de contrat d’alternance.
Elle donne toutefois peu lieu à intégration lors du recrutement et à un suivi.
En 2021, 57% des entreprises y avaient recours depuis 5 ans ou plus. Ce chiffre n’a pas bougé en 2022. En revanche, ce qui a bougé, ce sont les entreprises pour qui cette pratique est récente : 22% ont recours à l’alternance depuis moins de 2 ans en 2022.
⇒ Une réelle satisfaction de l’alternance
♦ Du côté des entreprises, 88% se disent satisfaites dont 63% assez satisfaites, 23% très satisfaites, et 10% plutôt satisfaites de leur recours à l’alternance, quel que soit le secteur d’activité, avec des niveaux allant de 75 à 95%.
Plus l’effectif de l’entreprise est important, plus les personnes interrogées expriment un haut degré d’adhésion.
♦ Comme du côté des alternants où 87% sont satisfaits : 43% très satisfaits (en hausse de 5 points par rapport à 2021), 42% assez satisfaits, et 4% plutôt satisfaits ; elle est notamment portée par les Bac+5 (93%) et 88% les CAP (en hausse de 16 points).
⇒ Ce qui est apprécié, ce qui pose question
♦ Les entreprises apprécient le soutien à leur activité, principalement avec une main d’œuvre additionnelle pour renforcer les effectifs (49% des répondants et 53% de ceux qui travaillent dans des TPE) ; mais aussi pour le rajeunissement des équipes (38% des répondants, et 49% de ceux qui travaillent dans des entreprises de 10 à 49 personnes) et la constitution d’un vivier de recrutement (37% des répondants, 61% de ceux qui travaillent dans des entreprises de plus de 250 personnes).
Les alternants louent la qualité de leur formation (27%), l’alternance entre cours et travail, les missions qui leur sont confiées et la rémunération qu’ils en retirent (19%), la découverte du monde professionnel et d’un métier (17%).
93% ont choisi l’alternance en connaissance de cause, d’autant que dans deux cas sur trois, leur formation existait également sous forme de cursus classique.
Toutefois, concilier un emploi avec des études exige des sacrifices ; les conditions de travail sont la première des difficultés (24% des moins satisfaits par l’alternance) ; de même, intégrer un collectif de travail peut être source de stress voire de désillusions (23% des insatisfaits).
♦ Ce qui est plus difficile : de fait, 63% des alternants trouvent « intense » le rythme de leur formation et 62% reconnaissent avoir, parfois voire souvent, du mal à concilier les tâches en entreprise et leur travail scolaire ou universitaire (même si, avec plusieurs années de recul, ils ne sont plus que 49%). ces difficultés sont plus intenses chez les alternants qui travaillent dans l’agriculture ou le BTP et plus faible chez ceux ayant opté pour le commerce ou l’hôtellerie-restauration.
44% reconnaissent que leur emploi a perturbé leurs études.
⇒ Insertion et processus de professionnalisation
♦ L’atout majeur de l’alternance est de faciliter l’insertion sur le marché du travail (94%) ; en 2020, 80% des jeunes de la génération 2017 formés par l’alternance occupaient un emploi contre 69% de ceux passés par la voie scolaire (et cet emploi était plus souvent en CDI) .
65% de ceux qui décident de ne pas poursuivre leurs études sont en emploi 6 mois après leur sortie de formation.
Ainsi 89% (dont 47 tout à fait d’accord) estiment que c’est un processus professionnalisant. 76%, en poste lorsqu’ils ont été interrogés, affirment avoir décroché un emploi en lien avec leur formation.
Noter que 46% travaillent dans des TPE qui n’ont pas les mêmes capacités de recrutement que les plus grandes entreprises.
♦ Les jeunes sont de plus en plus nombreux à continuer leurs études au-delà de leur cursus en alternance et ce, quel que soit leur niveau également. C’est flagrant pour les BTS qui étaient 40% à prolonger dans le supérieur en 2021 (contre 26% en 2019). Enfin, preuve de l’attrait du dispositif, leur poursuite d’études passe souvent par l’apprentissage : 37% des apprentis en dernière année reprennent une filière en apprentissage l’année d’après.
♦ Elle accroît aussi la confiance en eux des jeunes (avoir surmonté une période intense, enrichissement professionnel et humain).
⇒ l’impact de cette modalité.
♦ L’avantage financier est une des motivations des employeurs : ils sont 37% à embaucher avec l’idée de minorer leur masse salariale et 30% afin de bénéficier des aides exceptionnelles de l’État dans le cadre du plan de relance.
Les aides sont appréciées quel que soit le secteur ou la taille des entreprises ; toutefois, le BTP et les grandes entreprises manifestent un intérêt moindre (1,5 fois moindre que la moyenne des autres secteurs pour le BTP et 1,3 fois moindre pour les entreprises de 250 personnes et plus).
♦ Malgré tout, pour les entreprises l’avantage en matière de ressources humaines semble encore primer sur le bénéfice financier. Les employeurs de 2022 ont cependant une approche à plus court terme de l’alternance que les employeurs de 2021. Ils sont ainsi moins nombreux à utiliser ce dispositif dans une optique de formation de leurs futurs collaborateurs (43% contre 49 en 2021) ou avec la volonté d’intégrer de nouvelles compétences au sein de leurs équipes (17% contre 24).
En revanche, ils sont un plus nombreux à utiliser l’alternance comme une réponse à un besoin urgent de compétences ou de main d’œuvre (25% contre 23) ; ainsi, les entreprises qui affirment avoir recours aux alternants pour renforcer leurs effectifs passent de 43 à 49%.
Mais les employeurs ont moins recours à ce dispositif en remplacement d’autres contrats : ils étaient 69% à admettre que leur recours à l’alternance pouvait être un substitut aux stages, à l’intérim voire aux CDD et CDI en 2021 ; ils ne sont plus que 57% en 2022. Cette baisse est plus significative encore dans les secteurs qui recrutent massivement en alternance (comme celui du commerce) ou dans les TPE.
⇒ Les pratiques de recrutement d’intégration et de suivi.
♦ Trouver les candidats adéquats reste la première difficulté des entreprises (43%), notamment dans les régions où la densité est plus forte (49% en Île-de-France).
Au moment de l’embauche, « quatre grands repères de sélection prédominent largement : l’expérience, la motivation, la compétence et la disponibilité ». Plus le poste est qualifié, plus le critère « compétence » est recherché. À l’inverse, les attentes des recruteurs se focalisent plutôt sur la motivation et la disponibilité pour les postes les moins qualifiés.
Les entreprises sont plus des 3/4 à mettre en avant un recrutement avec CV ; or, plus l’alternant est jeune et moins son CV comporte d’expériences ou présente des compétences avérées. Trop peu d’entreprises en effet prennent la peine de réaliser des tests (15%), de mener un entretien (13%) ou de mettre le candidat en situation (13%).
♦ 60% des entreprises affirment disposer d’actions pour favoriser l’intégration (formation, accompagnement par un tuteur), alors que 94% des alternants estiment qu’ils n’ont bénéficié d’aucun parcours spécifique.
Si les grandes entreprises sont plus nombreuses à affirmer proposer un parcours d’intégration et/ou de formation (76%), les alternants ne les voient pas beaucoup plus vertueuses (seuls 8% des alternants de ces entreprises disent avoir bénéficié d’un tel parcours).
♦ Le suivi est le rôle des tuteurs ; alors que chaque alternant devrait en avoir un, 22% disent ne pas en avoir à ne pas avoir eu ; les bac+5 sont seulement 11% à le dire. Beaucoup d’entreprises sont hésitantes à professionnaliser le tutorat puisque seules 28% proposent des formations sur ce thème à leurs collaborateurs (58% pour les plus de 250 personnes).
Les alternants qui ont bénéficié d’un tuteur sont globalement satisfaits (dans 83% des cas).
⇒ Les démissions des alternants
En 2017, le taux de rupture d’un CDI était de 24% chez les employés avec des disparités entre les secteurs (davantage dans la construction et le tertiaire). Les alternants en rupture sont 24% pour les contrats d’apprentissage, et 11% pour les contrats de professionnalisation.
Plus le diplôme visé par l’alternant est élevé, et plus le taux de rupture est faible (9% pour les bac+5).
La décision de rupture vient de l’entreprise (35%) selon les décideurs RH et 45% selon les alternants; mais les alternants sont 43% à estimer que la décision vient d’eux. Il n’est pas rare néanmoins que l’initiative soit prise d’un commun accord ; c’est le cas de 32% des séparations selon les entreprises et 12% selon les alternants.
Censé faciliter le dialogue entre l’entreprise et l’alternant en cas de litige, le médiateur de l’apprentissage n’a été saisi que dans 28% des situations selon les entreprises mais 49% selon les alternants.
Quels sont les motifs de rupture ? Pour les entreprises, c’est plus fréquemment l’alternant qui n’a pas donné satisfaction dans la réalisation de ses tâches (58%) ou dans son comportement (54%). Pour les alternants, c’est plutôt qu’ils ne souhaitaient plus rester dans l’entreprise (28%), que l’intégration s’était mal passée (22%) ou qu’ils avaient trouvé un emploi ailleurs (16%).
Pour en savoir davantage : https://www.groupe-adecco.fr/wp-content/uploads/2023/02/Synthese-2eme-edition-Observatoire-de-lalternance_compressed.pdf