Les PME face au covid entre mars et septembre 2020.


"L’impact de la crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des sociétés", Insee Première N°1830, décembre 2020

Méthodologie : l’enquête Impact de la crise sur l’organisation et l’activité des entreprises, réalisée au 4e trimestre 2020 auprès de 50 000 sociétés (unités légales). L’enquête vise toutes les unités légales de 10 salariés ou plus, sauf pour le commerce de détail, où les unités sont interrogées à partir de 5 salariés.

 

Une comparaison utile entre les sociétés de moins de 50 salariés et celles de 50 à 249 salariés, quant à l’impact de la covid et à des réorganisations au sein de l’entreprise.

⇒ Le % d’entreprise en arrêt, la durée de fermeture

Pendant le premier confinement, au printemps 2020, 34% des sociétés ont suspendu leur activité, suite d’une décision ou d’une recommandation administrative (65%), plus rarement pour des questions d’approvisionnement (8%) ou de débouchés (7%). 19% ont alterné périodes d’ouverture et de fermeture.

 

Les arrêts ont affecté les sociétés de moins de 50 salariés plus fréquemment que les autres (36%, contre 20 % pour celles de 50 salariés ou plus), les sociétés de 250 salariés ou plus ayant été plus rarement concernées (13%).

Les secteurs les plus touchés sont frappés par une mesure d’ordre administratif (interdictions ou restrictions d’accueil du public) : la restauration (87% des sociétés à l’arrêt, au moins temporairement), l’hébergement (68%), les services à la personne (56%), les activités culturelles et récréatives (56%) et la construction (52%). Le commerce de détail a été moins affecté (35%), même si de nombreux magasins ont dû aussi fermer temporairement, de même l’industrie (26%) et les transports (19%).

 

En moyenne, la fermeture a duré 57 jours, mais 78 jours dans la restauration, 98 jours dans les arts, spectacles et activités récréatives) ou indirectement affectées par les mesures de confinement (95 jours dans l’hébergement).

En septembre 2020, presque toutes les sociétés ont repris leur activité : 1% sont toujours fermées, principalement dans la restauration (20%), le commerce de détail (14%), l’hébergement (13%). Près de neuf sur dix ont moins de 50 salariés.

⇒ La perte de chiffre d’affaires

Lors du confinement 38% estiment avoir subi une baisse de leur activité, comprise entre 10 et 50% par rapport à la même période en 2019, 35% une baisse supérieure à 50%, 10% une baisse d’au plus 10%, 11% la stabilité et 6% une hausse.

 

Les sociétés de 10 à 49 salariés sont les plus touchées : 36% ont connu une baisse supérieure à 50%, contre 28% pour celles de 250 salariés ou plus et 36% une baisse supérieure à 50% (vs 29). Certaines activités ont été plus touchées que d’autres : l’hébergement et les activités culturelles (avec une perte d’activité de plus de 50% pour plus de 7 sociétés sur 10), de même que la restauration (6 sociétés sur 10 dans ce cas).

À l’autre bout du spectre, 6% des sociétés ont vu leur activité augmenter : le commerce de détail (11% ont enregistré une croissance de plus de 10%) ou l’industrie pharmaceutique (7%).

 

Sur le premier semestre 2020, l’activité baisse de 17% en moyenne, mais un quart des sociétés affichent une diminution supérieure ou égale à 30%. Le niveau d’activité sur la première quinzaine de septembre est en baisse de 13% comparé à la même quinzaine en 2019, la moitié des sociétés estimant une réduction inférieure ou égale à 5% entre le second semestre 2019 et le second semestre 2020.

 

Les secteurs les plus touchés en septembre sont les mêmes qu’au premier semestre, avec un recul de l’activité de plus de 30% dans l’hébergement ou les activités culturelles et de plus de 25% dans la restauration.

⇒ Les autres raisons de perte de chiffre d’affaires

D’autres facteurs que les interdictions d’accueil du public ont également pesé sur l’évolution de l’activité : la baisse de la demande en France, soulignée par 66% des sociétés, les problèmes d’approvisionnement (58%), les difficultés logistiques de transport et de livraison (50%), les questions financières, dont des problèmes de trésorerie (34%), la fermeture des frontières (27%) et la disponibilité de la main-d’œuvre (22%).

 

La taille des entreprises est peu discriminante, sauf en ce qui concerne l’international et les questions financières. 33% des sociétés de 250 salariés ou plus ont été touchées par l’évolution de la demande étrangère contre 17% des sociétés de 10 à 49 salariés et 6% pour celles de 5 à 9 salariés du commerce de détail.

Les plus petites entreprises ont toutefois été plus concernées par des problèmes financiers (43% des entreprises de 10 à 49 salariés, contre 28% de celles de 250 salariés ou plus).

⇒ Le recours aux aides

Un recours massif au chômage partiel et au rééchelonnement des cotisations sociales : 84% déclarent avoir fait appel à une ou plusieurs des mesures d’urgence.

La mesure la plus sollicitée au cours du premier confinement a été le recours au chômage partiel (70% des sociétés), le report des échéances sociales (53%), notamment Urssaf, et le PGE (41%), le rééchelonnement des crédits bancaires (30%), des délais de paiement pour les échéances fiscales (24%), le report de factures ou de loyers (18%).

Les sociétés de 10 à 249 salariés ont eu plus fréquemment recours aux mesures d’urgence que leurs homologues de 250 salariés ou plus (86%, contre 79) ; les sociétés de 5 à 9 salariés du commerce de détail ont fait plus souvent appel à l’aide de 1 500€ en faveur des TPE (22%).

⇒ L’opportunité : adaptation et innovation

Le confinement a conduit de nombreuses sociétés à adapter leur offre de produits : 20% en moyenne mais 43% dans l’enseignement (généralisation du télé-enseignement), 36% dans l’hébergement (room-service et repas à emporter) ou 26% dans le commerce de détail.

Parmi les sociétés ayant modifié leur offre (le fait du secteur d’activité plus que de la taille de l’entreprise), 69% ont retiré des produits ou services de la vente, notamment dans l’hébergement (84%) et la restauration (86%), mais 41% d’entre elles ont proposé de nouveaux produits ou services (83% dans l’industrie textile avec la fabrication de masques, 55% dans l’industrie pharmaceutique avec le gel hydroalcoolique.

 

62% de celles qui ont modifié leur offre pendant et après le confinement pensent poursuivre dans cette voie (de 62% pour les sociétés de 50 à 249 salariés à 65 % pour celles de 10 à 49 salariés).

Ainsi, alors que les sociétés de l’informatique-communication, ou des activités immobilières sont très majoritairement enclines à maintenir ces innovations (respectivement 82% et 80%), elles ne sont que 38% à l’envisager dans les transports terrestres.

 

L’innovation a également porté sur la logistique commerciale pour une société sur deux (52%), en développant la vente en ligne (14%), la mise en place de nouveaux systèmes de livraison, comme la livraison à domicile ou le drive (10%) ou bien encore la vente directe ou par le biais d’une plateforme collaborative (1%), les trois formules pouvant d’ailleurs se cumuler.

La vente en ligne a surtout été développée par les sociétés de 50 salariés ou plus, la livraison à domicile ou en drive par les très petites sociétés, comme celles du commerce de détail.

 

Le confinement en France, comme à l’étranger, a conduit nombre de sociétés à repenser leurs partenariats, ainsi que leur localisation; 46% ont suspendu leurs relations avec au moins une partie de leurs fournisseurs ou de leurs clients ; ces changements de partenaires sont plus fréquents parmi les petites sociétés (48% des sociétés de 10 à 49 salariés, contre 30% des sociétés de 250 salariés ou plus) et dans les secteurs restauration (79%), hébergement (76%), activités culturelles et récréatives (75%) ou le commerce et la réparation automobiles (64%).

Malgré ces difficultés d’approvisionnement ou de débouchés, 93% n’ont pas réorganisé leur production. 

 

Les réorganisations ont pu avoir diverses motivations : faciliter l’accès au matériel, accueillir des particuliers, recentrer l’activité sur le local. 84% des sociétés qui les avaient mis en place pendant le confinement les ont conservés après le confinement.

⇒ La protection contre la covid et son coût

Pour poursuivre leur activité, 44% des sociétés ont mis en place, pendant ou après le confinement, les gestes barrières et la « distanciation physique », en direction de leurs salariés et de leur clientèle, davantage dans les sociétés de 250 salariés ou plus (50%, contre 42 dans les sociétés de 10 à 49 salariés).

 

En moyenne, les sociétés évaluent à 3% du chiffre d’affaires le coût direct des achats de masques, gel hydroalcoolique, 5% dans l’hébergement, la restauration ou les activités relatives à la santé.

 

Mais 70% signalent  des coûts indirects, liés à la distanciation physique (accueil limité de clients, espacement des rendez-vous, réorganisation des salariés dans la chaîne de production) et à l’exploitation limitée de l’espace (pour les salariés ou les clients). Ils représentent 6% du chiffre d’affaires 2019, mais 16% dans la restauration, et 14% dans les activités culturelles.

Le coût total représente 20% du chiffre d’affaires dans la restauration, 18% dans les activités culturelles, mais moins de 5% dans le commerce de gros, l’industrie textile et l’industrie pharmaceutique.

⇒Les situations d’emploi des salariés ont été modifiées en profondeur durant le confinement.

Durant la seconde quinzaine de mars, 29% des effectifs des sociétés ont continué à travailler sur site, mais 55% dans les industries agroalimentaires et 56% dans l’industrie pharmaceutique.

 

44% des effectifs ont bénéficié du chômage partiel au cours de cette période, mais dans la restauration (88%), l’hébergement (79%), les activités culturelles et récréatives (68%).

Les sociétés de 250 salariés ou plus y ont fait moins appel (25%, contre 47% pour celles de 10 à 49 salariés).

 

Le télétravail, facilité par le développement des équipements numériques (visioconférence, etc.) a concerné 40% des sociétés, s’imposant surtout dans les grandes sociétés et dans les services tels l’informatique-communication (64%), les activités de conseil (53%), demeurant marginal dans la plupart des activités industrielles ou de services à la personne.

26% envisagent d’avoir plus souvent recours au télétravail de façon pérenne ou transitoire, 33% non et 41% se disent non concernées.
Dans l’informatique-communication, trois sociétés sur quatre envisagent plus de télétravail, dont 30% de façon définitive, pour un volume moyen d’emploi de 46%.

 

Pour en savoir davantage : Enquête sur l’impact de la crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des entreprises | Insee