Résultats d’un programme de préapprentissage pour des jeunes en situation difficile.


"L’AAP Prépa-apprentissage : quel bilan ?", Dares, Pôle évaluation du Plan d’investissement dans les compétences, lu août 2023

Méthodologie : 2 cabinets d’études ont été retenus pour réaliser l’évaluation qualitative du dispositif. 20 projets sur les 114 répondant à un appel d’offres, situés dans 8 régions, ont fait l’objet d’une enquête approfondie par entretiens semi-directifs auprès des porteurs de projets, leurs formateurs, mais aussi des partenaires (prescripteurs, entreprises) et des stagiaires.  L’échantillon comprend des Prépa-apprentissage généralistes et des projets ancrés dans un secteur ou une filière professionnelle particulière. Beaucoup sont portés par des Centres de Formation des Apprentis (CFA), mais un certain nombre le sont par des organismes de formation et d’insertion. 
En complément des données de terrain recueillies, des données agrégées portant sur les projets de 2019 à 2021 ont été intégrées. Les données présentées dans cette synthèse sont issues des données individuelles portant sur les bénéficiaires de 2019 à 2022 . 

Les données renseignent sur la situation du bénéficiaire 30 jours après le parcours.

 

L’évaluation des modalités de mise en œuvre sont bien plus développés que les résultats portant sur les jeunes bénéficiaires.

⇒ Qu’est ce programme ?

L’appel à projets Prépa-apprentissage est un programme du Plan d’Investissement dans les Compétences, lancé par le Haut-commissariat aux compétences fin 2018 afin de développer l’accompagnement des jeunes vers l’apprentissage. Il s’agissait de financer des projets innovants visant à faciliter l’accès à l’apprentissage des jeunes les plus vulnérables en leur proposant un accompagnement personnalisé dans une logique de sas et de sécuriser les parcours en apprentissage par une politique de prévention des ruptures de contrat.
Le programme affichait une ambition forte : accompagner 75 000 jeunes  par une grande diversité de projets allant jusqu’à 2 ans, et pour lesquels les organismes de formation étaient incités à nouer des partenariats dans le cadre de groupements ou de réseaux de centres de formation d’apprentis (CFA), avec les entreprises et des acteurs du champ de l’accompagnement et de l’insertion.

 

Géré administrativement et financièrement par la Caisse des Dépôts et Consignations, 144 projets ont été sélectionnés par 4 comités de sélection successifs entre 2019 et 2021. 

⇒ Précisions sur les jeunes bénéficiaires.

Au terme de 4 années de déploiement, les projets Prépa-apprentissage comptabilisent 61 000 bénéficiaires (6 500 en 2019, 16 000 en 2020, 19 900 en 2021 et 18 600 en 2022). Un petit nombre de projets d’envergure, le plus souvent portés par des têtes de réseau régionales ou nationales qui fédèrent des organismes ayant une implantation locale, concentrent la moitié des bénéficiaires.

 

La majorité des bénéficiaires sont de jeunes mineurs (51% des entrées réalisées entre 2019 et 2022),  et peu diplômés (83% du public dont 76% ont un niveau infra-bac). Toutefois, entre 2019 et 2022, la part des jeunes de 18 ans ou plus augmente de 13 points et la part des diplômés de niveau baccalauréat ou plus de 7 points.

 

La majorité sont des hommes peu diplômés, les femmes progressent en nombre et sont 35% des bénéficiaires en 2022 ; elles sont plus âgées et plus diplômées que les hommes (55% des femmes ont 18 ans ou plus contre 46% des hommes, et la part des diplômés de niveau bac ou plus est de 17% chez les femmes contre 11% chez les hommes).

En 2022, 21% des bénéficiaires résident en QPV et 10% en ZRR ; 6% sont en situation d’handicap vs en apprentissage 7 et 1%. 

⇒ Les conditions de mise en œuvre du programme.

Les études qualitatives révèlent plusieurs difficultés auxquelles les porteurs de projets ont été confrontés. Les diagnostics élaborés lors de la phase de conception des projets auraient conduit d’une part à surestimer le vivier de jeunes susceptibles de bénéficier du programme, et d’autre part à négliger l’existence d’autres dispositifs visant ce même type de public.

L’absence de cadre de coordination territoriale a fortement limité la capacité à répondre aux difficultés rencontrées, conduisant à rester très dépendants de la qualité du partenariat noué par chaque opérateur, et souvent de l’attitude individuelle des interlocuteurs concernés. 

 

♦ Compte tenu du public cible, les missions locales sont apparues comme une source de repérage centrale, avec une implication variable, notamment en raison de la concurrence avec leurs propres dispositifs. Par ailleurs, les réseaux de lutte contre le décrochage scolaire de l’Education nationale n’ont pas figuré parmi les partenaires réguliers des porteurs de projets, alors que les acteurs du secteur social et médico-social de petite taille (associations locales d’aide aux personnes vulnérables, ceux de la Protection judiciaire de la jeunesse, les Foyers des jeunes travailleurs…) ont facilité l’ouverture à des publics jusqu’alors éloignés de l’apprentissage. 

 

Les évaluations qualitatives distinguent deux modèles types d’actions préparatoires : le modèle du « sas d’orientation » vers un univers professionnel généraliste et le modèle du « sas d’entrée » vers une formation en apprentissage.

-Les projets de « sas d’orientation » sont des projets à visée généraliste. Il s’agit de faciliter l’orientation vers la voie de l’apprentissage et l’accès à l’apprentissage en général.

Ce modèle se distingue des projets « sas d’entrée » qui répondent à la volonté de développer l’accès à l’apprentissage dans un CFA particulier ou dans une filière particulière ; ils visent davantage à valider l’orientation et préparer l’entrée dans certains parcours de formation en apprentissage, identifiés en amont et proposés par les porteurs de projet ou leurs partenaires.  

 

-La mise en œuvre de cette diversité de projets se traduit dans la durée des parcours, pouvant aller de quelques semaines à l’année complète. Les projets sectoriels, qui développent un accompagnement dans une logique de « sas d’entrée » proposent des parcours de plus courte durée (plus le fait de CFA) ; à l’inverse, les parcours plus longs, jusqu’à 12 mois, se calent sur un calendrier scolaire. et se retrouvent dans les projets portés par des acteurs de l’enseignement (Education nationale, enseignement agricole, enseignement spécialisé).

 

♦ Les projets ont conçu une organisation de parcours types assez comparables, pensés peu ou prou comme une succession de trois phases, permettant l’intégration de jeunes avec des profils différents, puis un accompagnement tourné vers la vérification du projet dont le contenu va varier, avant d’établir des modalités de transition vers l’entreprise si un contrat d’apprentissage est obtenu, ou bien d’autres modalités de sortie. Les tentatives de composition des parcours à la carte ont été assez peu nombreuses et ont buté sur des difficultés opérationnelles. 

 

La mise en œuvre de cet accompagnement repose sur l’identification d’un référent, formateur ou plus rarement conseiller en insertion professionnelle, et peut prendre la forme d’un coaching. Une attention particulière est apportée au projet individuel de chaque jeune et au diagnostic de ses besoins. La personnalisation des contenus nécessite la mise en place de petits groupes de stagiaires (une quinzaine d’apprenants), mais dont la composition est suffisamment stable pour permettre à l’intervenant de disposer d’une bonne connaissance des participants et à la dynamique de groupe de s’installer.

Globalement peu de dispositions sont prises pour traiter des éventuels freins à l’insertion rencontrés par les participants. Les problématiques du transport et de l’hébergement ont peu été citées. 

⇒ Les apports des parcours Prépa-apprentissage.

♦ 54 000 jeunes sont sortis du parcours Prépa-apprentissage entre 2019 et 2022 ; 33 000 (61%) ont achevé le programme. 44% sont entrés en alternance (43% en contrat d’apprentissage et 1% en contrat de professionnalisation), 15% en formation hors alternance et 5% sont en emploi.

♦ La situation à la sortie, et notamment l’obtention d’un contrat d’apprentissage, est très variable d’un projet à l’autre. du fait de l’hétérogénéité des publics à l’entrée (précision du projet professionnel, motivations, maîtrise de compétences scolaires prédictives des chances de réussite des tests d’entrée en CFA, ressources sociales et économiques personnelles dont les familles), du fait de la mobilisation des entreprises (dont les aides financières à l’apprentissage et l’appui administratif reçu pour y accéder) 

♦ Les effets positifs de la mise en relation sur les parcours à la sortie dépendent du degré de maturité du projet professionnel du jeune. Ils sont d’autant plus importants pour les jeunes qui ont un projet professionnel construit, une détermination et connaissance de ce qu’est l’alternance, et vont alors tester des métiers et élargir leurs options possibles. Lorsque les projets sont plus flous, le dispositif repose sur une combinaison de mises « en condition » et de mises « en situation », visant d’une part à travailler, confirmer ou réorienter le projet, et d’autre part à tester le projet.

 

Pour en savoir davantage :  https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/3c0a4b6491df2f5411ad499741bf3006/Appel%20%C3%A0%20projets%20pr%C3%A9pa-apprentissage%20-%20quel%20bilan%20-%20synth%C3%A8se.pdf