Cette étude est volontairement centrée sur les filières industrielles qui font appel à une forte mécanisation, l’optique, l’électronique, l’automobile, l’énergie ou encore l’aéronautique.
Une étude fort rare sur cette thématique des très petites entreprises industrielles.
⇒ Combien d’entreprises, combien d’emplois ?
♦ En Ile-de-France, plus encore qu’ailleurs en France, les entreprises artisanales de l’industrie (EAI) sont proportionnellement peu nombreuses, tant au sein de l’artisanat que de l’industrie. Avec 2 370 entreprises et 7 400 emplois, elles ne représentent que 1% des entreprises artisanales et 1,4 % des emplois de l’artisanat.
♦ Ces entreprises sont plus souvent « employeuses » (837 soit 36%, vs 51 dans l’alimentaire, 34 le BTP et 22-24 pour les autres activités). 68% sont des salariés et 32% des chefs d’entreprise (contre 45% dans les autres activités). 10% seulement ont 1 ou 2 salariés vs 43-52% pour les autres hors l’alimentaire avec 29%, et 54% plus de 5 salariés (vs 21-35% les autres activités).
– La taille moyenne de leurs effectifs salariés, pour les entreprises employeurs, est de 6 (vs 4,5 pour l’artisanat Francilien).
– La taille moyenne des effectifs salariés est toutefois plus modeste en Ile de France si l’on prend en compte l’ensemble des entreprises industrielles artisanales avec 2,1 salariés en Ile-de-France vs 3,3 en France.
♦ Leur localisation
– Alors que l’industrie francilienne représente 14% de l’industrie Française, les artisans franciliens de l’industrie ne représentent qu’un peu plus de 8% des artisans de l’industrie Française. Cette moindre présence pourrait résulter de facteurs liés aux coûts d’implantation plus importants (coût de l’immobilier : d’ailleurs 67% des entreprises et 70% des emplois sont situés en grande couronne), mais aussi dans les possibilités de recrutement, les techniciens demandés étant le plus souvent contraints d’habiter de plus en plus loin du centre et la disparition d’entreprises arrivées à la fin d’un cycle d’activité, peu remplacés par de nouveaux venus.
– Ces entreprises sont ainsi localisées nettement plus en grande couronne, avec une forte spécificité (une présence jusqu’à 4 fois supérieurs à la moyenne régionale), notamment dans le Grand Paris Sud, la Seine Essonne Sénart et le Grand Paris Seine et Oise.
⇒ Quels types d’activité sont exercées ?
♦ 4 grands secteurs d’activité :
-Un cluster luxe et mode nettement visible : l’implantation des entreprises d’ennoblissement textile se densifie autour du Nord-Est Parisien, du Sud-Est de la Seine-Saint-Denis et du Sud-Est de Paris, ce qui correspond plus généralement aux implantations historiques et récentes des grands noms de Luxe et de la mode, mais aussi de la plupart des centres de formation dans ce domaine.
-Un cluster de plasturgie en voie de renforcement ? Les entreprises artisanales de plasturgie sont nettement plus denses le long d’un axe ouest-nord-ouest- est-sud-est et particulièrement dans le Nord des Hauts-de-Seine et de Paris.
-Un cluster des artisans électroniciens peu différencié : malgré une très légère tendance à se rapprocher des grands comptes de l’industrie à l’ouest et au sud-ouest par rapport aux autres catégories, les électroniciens suivent en général une dispersion comparable à l’ensemble des autres artisans de l’industrie en Ile-de-France.
–Des clusters de métallurgie très éclatés : ils sont autant liés aux anciens territoires de l’industrie au Nord et Nord-Est de l’agglomération qu’à la présence de grands comptes, désormais majoritairement présents en grande couronne et dans les Hauts-de-Seine (industries automobiles et aéronautiques notamment).
Ces entreprises artisanales sont avant tout localisées dans le travail des métaux, fonderie, métallurgie, mécanique (89% des entreprises), dans l’ennoblissement textile (6%), dans la fabrications de pièces et d’articles en plastique et caoutchouc (3%) et enfin dans la fabrication de cartes électroniques assemblées (2%).
♦ La sous-traitance concerne 55% des entreprises et 18% des emplois salariés, une part plus faible qu’en France (83% et 26%).
-Une sous-traitance de spécialité (productions de petites ou de moyennes séries et l’élaboration de prototypes) pour 36% d’entre-eux. Dans la plupart des cas, l’artisan se plie à un cahier des charges ou un plan fourni par le donneur d’ordres. Il peut aussi intervenir en co-développement lorsqu’il identifie un problème sur le cahier des charges ou le plan fourni.
–15% indiquent travailler en sous-traitance de capacité, c’est-à-dire sur des séries plus longues et plus standardisées.
⇒ Les problèmes rencontrés
– Les délais d’exécution des commandes sont jugés trop courts,
– Le manque de clarté sur la date et le volume de la commande est aussi évoqué, malgré des démarches pour sonder en amont leur interlocuteur. Face à ces demandes mal anticipées de la part des donneurs d’ordre, les artisans se doivent d’être réactifs ce qui constitue une de leurs valeurs ajoutées aux yeux des industriels.
– Les délais de paiement sont jugés trop longs.
⇒ Les relations avec les industriels donneurs d’ordre
♦ 53% entretiennent des relations régulières (fidélité), tandis que 24% entretiennent des relations plus intermittentes tout en conservant un lien avec le même client.
Cependant, même dans le cadre de relations régulières, il est rare qu’elles soient formalisées par un contrat. Nombreux sont les interviewés indiquer ne pas avoir de visibilité au-delà de quelques mois.
Toutefois, certains artisans en contact avec des grands groupes, indiquent bénéficier de contrats de commande à prix négociés sur des périodes de 3 à 6 mois renouvelables, pour autant qu’ils répondent à un besoin spécifique ; la certification est alors nécessaire pour entrer dans les chaines de valeur à haute valeur ajoutée qui mènent ce type de pratique.
♦ 56,5% déclarent 3 clients ou plus, 43,5% dépendent exclusivement d’un ou deux clients ; celles qui n’ont qu’un seul client sont pour 92% d’entre elles sous la forme unipersonnelle.
Certaines des entreprises ininterviewées comptent jusqu’à 800 clients industriels, dont 200 stables (petites séries, prototype).
♦ 89% indiquent « le bouche à oreilles » comme vecteur de communication ; pour 27% c’est l’unique moyen, alors que 25% le citent associé avec leur site internet ou les réseaux sociaux, et 13% associés à un contact physique ; 1/4 ont recours aux 3 moyens de communication. Peu ont recours aux seuls salons professionnels ou au seul démarchage (source jugée excessive de coût). Ils mettent en avant leur renommée (qualité de leur produit et pour certains le caractère exceptionnel de leur compétence).
La communication numérique semble bien intégrée, avec parfois des pratiques innovantes : 91% indiquent utiliser un média numérique, principalement internet (24%), les réseaux sociaux (9%) ou les deux combinés.
♦ Les réseaux sociaux permettent de cibler des techniciens ou responsables de services techniques de grandes sociétés afin de faire reconnaître la qualité de leur produit et court-circuiter ainsi le service achat qui de l’avis des interviewés permet rarement de mettre en valeur la qualité artisanale et de la rémunérer à sa juste valeur, leurs critères étant les coûts et les délais ; en résulte le sentiment d’une perte de la relation de confiance.
45% indiquent rencontrer un frein soit d’ordre psychologique, méthodologique ou encore organisationnel.
♦ Certains artisans ont développé des techniques spécifiques dans l’assemblage ou le traitement des matériaux qui fonde leur avantage concurrentiel mais qui n’est pas protégé.
Par ailleurs, ils se sentent mal rémunérés dans l’apport à la conception qu’ils délivrent, le temps passé étant souvent bien supérieur à ce qui est effectivement rémunéré; néanmoins pour nombre d’entre eux, cette capacité à accompagner le client dans la mise au point de son produit constitue un point fort et une valeur ajoutée par rapport à leurs concurrents et permet une relative fidélisation des industriels.
⇒ Alors rester petit ?
♦ Cela relèverait plutôt d’un choix, avec la volonté de garder la maîtrise, et le souhait de ne pas entrer dans un mode de production trop concurrentiel, privilégiant des productions de qualité. La dimension “familiale” est une autre raison qui s’illustre par l’ancienneté élevée des salariés.
Les répondants ont souvent mentionné la disparition d’acteurs positionnés sur les gros volumes ; certains ont indiqué avoir eux-mêmes abandonné ce type de production pour se positionner sur du plus haut de gamme et en petit volumes.
♦ Et puis il y a le coût de l’investissement ; chaque nouvelle machine coûte souvent de l’ordre de 500 000€.
♦ Et enfin la question du recrutement.
Suivent le descriptif de profil d’entreprises et 6 propositions.
Pour en savoir davantage : EtudeArtisanat_08fevrier2022_VFinale.pdf (institutparisregion.fr)