L’impact de l’accompagnement des réseaux d’appui est grandement positif, tant pour la pérennité des entreprises nouvelles, l’emploi créé, la réinsertion des chômeurs et des bénéficiaires de minima sociaux, même pour ceux qui ont cessé la création entreprise.


« Le microcrédit professionnel et l’accompagnement à la création d’entreprise en France : quel devenir des créateurs sur le marché du travail trois ans après ? », la note d’analyse N°13, France Stratégie/BIT/CDC, juin 2014

 Enquête en 2013 auprès de 4 204 entrepreneurs  issus d’un fichier de 25 462 contacts ayant créé ou repris une entreprise en 2010, financés et/ou accompagnés en 2010 par les cinq grands réseaux associatifs d’aide à la création d’entreprise auxquels la CDC participe au financement (Adie,  BGE, France active, Initiative France, Réseau Entreprendre)

Cette étude permet d’évaluer l’impact global des 5 réseaux et non un impact réseau par réseau comme c’était le cas jusqu’ici, qui plus est en ayant recours à des indicateurs communs, rendant ainsi la compilation et la comparaison possible.

 

Le profil des créateurs bénéficiaires de micro-crédit ressemble au profil de « l‘entrepreneur type », s’agissant du niveau de diplôme (56% ont un niveau de diplôme inférieur ou égal au baccalauréat contre 57% en moyenne pour l’ensemble des créateurs au niveau national) et des motivations à la création (indépendance pour 58% contre 61%, goût d’entreprendre pour la moitié contre 44 %).

En revanche, les créateurs accompagnés par les réseaux sont plus souvent des femmes (37% contre 30%), et sont plus souvent sans emploi au moment de la création (les 2/3 contre 1/3).

 Les entreprises créées ou reprises le sont très majoritairement dans le secteur des services (46%), suivi des secteurs du commerce (36%) et de la construction (9%).

 

À la date de l’enquête, 77 % des entreprises sont encore en activité, ce qui est nettement supérieur à la moyenne nationale de pérennité à trois ans (66% en 2009 pour les entreprises créées en 2006) ; ceux déclarant avoir bénéficié à la fois d’un accompagnement, d’un financement et d’un suivi postcréation sont plus pérennes encore (82%).

« Ces résultats soulignent le rôle positif des réseaux et de leur travail de sélection, d’expertise et de conseil sur la pérennité des entreprises, y compris auprès d’un public relativement éloigné du marché du travail. »

Noter aussi que le taux de pérennité est plus élevé chez les détenteurs d’un diplôme du troisième cycle (83%) et parmi ceux qui étaient en emploi au moment de la création (82%).

 

En dépit d’un contexte économique difficile (2010-2013), la santé économique des entreprises pérennes et leurs perspectives sont estimées plutôt bonnes avec un chiffre d’affaires stable ou en augmentation sur les deux dernières années (dans 80% des cas) ; 59% se disent satisfaits de leur chiffre d’affaire. De ce fait, 82% pensent maintenir voire développer leur activité dans les six mois à venir ; 12% estiment devoir faire face à une situation difficile et seuls 5% pensent devoir fermer leur entreprise. Ce constat n’exclut toutefois pas des difficultés de trésorerie (42%) durant les vingt-quatre derniers mois.

 

Trois ans après, plus de neuf créateurs sur dix sont insérés durablement sur le marché du travail ; 77% des créateurs sont toujours en activité, 14% ont fermé mais ont retrouvé un emploi (82% comme salarié, dont 58% en CDI), alors que 9% sont sans emploi. Ceux qui ont cessé leur activité l’ont fait principalement pour des raisons économiques (clientèle ou chiffre d’affaires insuffisants)

Ceux qui étaient, au moment de la création, bénéficiaires de minima sociaux (16% des bénéficiaires du RSA et 23% des bénéficiaires de l’ASS au moment de la création) sont plus souvent sans emploi à la date de l’enquête ; ceci étant, dans le cas de l’Adie, qui est le principal opérateur à viser explicitement l’insertion professionnelle des publics les plus précaires sur le marché du travail, le taux d’insertion atteint 84% d’après les enquêtes internes, pour un public constitué à 42 % de bénéficiaires de minima sociaux au moment de la création. Cela montre que ce public peut tirer profit de l’expérience de la création, à condition d’être orienté en priorité vers les réseaux mettant en place des parcours de financement et/ou d’accompagnement adaptés.

 

Des créateurs/repreneurs qui assurent d’abord leur propre emploi, et créent en moyenne 1,6 emploi salarié en plus : certes, 63% n’emploie pas de salarié au moment de l’enquête (77% au démarrage) ; par contre, ceux qui ont crée des emplois ont en moyenne un effectif de 2,6 personnes (dirigeants compris 3 ans après) soit 2,3 en création et 3,9 en reprise ; le gain net est de 0,9 emploi en moyenne par entreprise. Ces résultats sont très proches du national, mais dans un contexte différent (au sein de la cohorte 2006 de l’enquête SINE, 2,7 emplois en moyenne ont été créés par les entreprises pérennes trois ans après, ce qui représente un gain net de 0,9 emploi par entreprise). Les salariés sont majoritairement en CDI (71%, contre 14% de CDD et 15% d’apprentis et d’intérimaires).

 

Les nouveaux dirigeants estiment travailler plus qu’avant (76%), parce que l’activité l’exige (71%), davantage que par choix (14%).

 

Les trois quarts des créateurs déclarent que les revenus de l’activité sont stables ou en augmentation sur les douze derniers mois, mais cela ne suffit pas pour épargner (dans 74% des cas), ni pour retrouver le niveau de revenus antérieur à la création (dans la moitié des cas). Au total,  60% des nouveaux dirigeants se déclarent insatisfaits de leurs revenus. Dans 38% des cas les revenus de l’activité sont complétés par d’autres revenus pour constituer les ressources totales du foyer.

 

84% jugent l’accompagnement reçu déterminant ou utile ; 78% estiment avoir été assez accompagné au moment de la création ou de la reprise, mais seulement 52% après la création/reprise ; 20%  déclarent que « l’accompagnement n’a jamais été suffisant ».

 

« Enfin, conformément à leurs positionnements distincts, il est notable que les réseaux agissent en complémentarité pour la mise en œuvre de l’accompagnement »; 36 % des créateurs déclarent avoir été accompagnés par deux réseaux, ou même davantage ; les « combinaisons » les plus fréquentes associent soit France Active et Initiative France, qui partagent en région des plateformes communes, soit les BGE à un autre réseau.

 

Que leur entreprise soit pérenne ou non, 90% des créateurs sont satisfaits de leur expérience de création/reprise ; et parmi ceux ayant cessé leur activité, 37% envisagent de créer une nouvelle entreprise, dont 15% « certainement ».

89% des créateurs estiment que l’expérience de la création leur a permis d’acquérir ou d’approfondir des compétences professionnelles, en particulier en comptabilité et en gestion (77%), en démarches commerciales (76%), en administratif et juridique (69%) en communication/marketing (68%). Quant aux créateurs ayant cessé, la moitié ont estimé utile l’expérience de la création pour retrouver un emploi.

Cela n’empêche pas que 60% estime encore manquer de compétences pour être chef d’entreprise (65% en comptabilité et gestion, 61%  pour le traitement des formalités administratives et juridiques).

 

En conclusion, « les réseaux font preuve d’une maturité croissante vis-à-vis des enjeux de l’évaluation. Ils semblent davantage enclins aujourd’hui qu’hier à développer un langage et des outils d’évaluation communs. Les pouvoirs publics peuvent s’appuyer sur ces efforts non seulement pour mieux saisir les points forts et les points faibles des prestations qu’ils financent, ainsi que pour réfléchir aux voies et moyens pour améliorer leur action, mais aussi pour mieux adapter les interventions en fonction d’objectifs déterminés en commun avec les réseaux…ils ont également un rôle à jouer pour capitaliser sur cette maturité, en harmonisant davantage les modalités de suivi et de pilotage de ces opérateurs parmi les différents financeurs….À terme, la construction d’indicateurs de performance partagés et d’outils communs de collecte de l’information sont porteurs de gains d’efficience pour l’action publique comme pour celle des réseaux. »

« Les gains pour la puissance publique de l’insertion professionnelle des créateurs accompagnés peuvent être mesurés à l’aune du coût par emploi créé en comparaison d’autres dispositifs des politiques d’emploi, ou encore en termes de « coûts évités », à l’aune notamment du taux de sortie des minima sociaux et du taux de sortie du chômage… Les estimations existantes, réalisées par l’IGF en 2009, indiquent par ailleurs un retour sur investissement positif des dépenses publiques consacrées au soutien à la création d’entreprise pour un public sans emploi. »