1/3 des salariés ont connu une mobilité professionnelle, conduisant à des emplois similaires ou à une ascension professionnelle..


"Un tiers des salariés franciliens a changé de métier entre 2012 et 2015", Insee Analyses Ile-de-France, N°89, novembre 2018

Méthodologie : le panel est issu des Déclarations Annuelles de Données Sociales (DADS) couvrant l’ensemble du champ de l’emploi salarié, quel que soit l’employeur (entreprises du secteur privé, y compris l’agriculture, la fonction publique d’État, les collectivités territoriales, les hôpitaux publics, les particuliers employeurs),à l’exception des activités extraterritoriales. L’étude concerne les salariés qui travaillent en Île-de-France en 2012 et qui sont encore salariés en 2015.

 

En 2015, 9% occupaient un autre métier du même domaine professionnel que trois ans auparavant et 23% avaient changé de domaine professionnel; les 68% restant sont toujours dans le même métier.

 

Les jeunes actifs, plus souvent en contrats précaires, sont davantage mobiles : 56% des moins de 30 ans ont connu une mobilité, contre 31% des 30-44 ans et 23% des 45 ans ou plus.

Au-delà des caractéristiques des individus, ce sont celles des métiers eux-mêmes et du contexte économique qui s’avèrent déterminantes : compétences transférables entre métiers, importance des connaissances spécifiques, taille des entreprises, métiers en essor ou en déclin… Les dispositifs d’accompagnement de la mobilité diffèrent donc selon les différentes catégories de métiers et l’importance des passerelles qui les relient.

 

les salariés exerçant des métiers réglementés, où l’accès se fait par un concours  ou avec un diplôme spécifique, changent peu de métier, notamment les professionnels du droit
et les professions de la santé, de la fonction publique (plus de huit sur dix n’ont pas changé de métier.

Certains exigeant des connaissances techniques particulières, comme les ingénieurs de l’informatique, sont aussi relativement stables.

Enfin, plusieurs métiers, soit peu spécialisés, soit de type “domestique”, relevant des services aux particuliers et aux collectivités, tels les coiffeurs, les assistantes maternelles,les agents d’entretien, les employés de maison ou encore les agents de gardiennage et de sécurité connaissent peu de changement.

 

À l’inverse, pour certains métiers, les changements sont plus fréquents, mais ont lieu au sein du même domaine professionnel: les mobilités sont alors facilitées par des compétences communes entre l’ancien et le nouveau métier. Citons notamment ceux inscrits dans la gestion et l’administration des entreprises, tels les secrétaires, les secrétaires de direction, les employés administratifs, de la comptabilité ou les techniciens des services administratifs, comptables et financiers;  Il s’agit souvent de mobilités ascendantes leur permettant d’accéder à des postes de plus grande responsabilité ; 10% des techniciens des services administratifs, comptables et financiers, 8% des employés de la comptabilité et des secrétaires de direction, 5% des employés administratifs et 4% des secrétaires sont devenus cadres dans leur domaine.

Dans la banque et les assurances, il existe de nombreuses passerelles entre les postes d’employés et de techniciens : 16% des employés sont devenus techniciens et 11% des techniciens se sont tournés vers des postes d’employés: 14% des techniciens et 5% des employés ont été promus cadres.

 

Toutefois, dans les trois quarts des cas, les changements de métier ont lieu en dehors du domaine professionnel d’origine, notamment dans l’industrie, mais aussi le commerce et le BTP : 44% des ingénieurs et cadres techniques ont changé de domaine professionnel, accédant surtout à des postes de même niveau, le plus souvent comme cadres dans la gestion et l’administration des entreprises, le commerce,  l’informatique ou vers le domaine des études et de la recherche.

 

De même, dans l’électricité et l’électronique, les mobilités des ouvriers qualifiés et non qualifiés se font surtout vers d’autres domaines professionnels, grâce à leurs compétences transférables (contrôle de fabrication, assemblage,câblage…).

Pour les ouvriers non qualifiés des domaines comme la mécanique, le travail des métaux, le BTP ou la maintenance, les mobilités sont souvent ascendantes vers des postes d’ouvriers qualifiés, de techniciens et d’agents de maîtrise.

Pour les ouvriers qualifiés du BTP, de l’industrie de process, de la maintenance ou des transports, les mobilités sont plutôt transversales vers des postes d’ouvriers qualifiés, de techniciens et d’agents de maîtrise.

Enfin, dans la mécanique et le travail des métaux, les mobilités des ouvriers, des techniciens et des agents de maîtrise se font essentiellement en dehors du domaine vers des postes de niveau équivalent ou supérieur.

 

Les métiers de maîtrise des magasins et d’intermédiaires du commerce se distinguent aussi par des mobilités fréquentes au sein et en dehors du domaine d’origine. Lorsqu’ils restent dans le commerce, les salariés effectuent des mobilités le plus souvent ascendantes et deviennent alors cadres commerciaux et technico-commerciaux ou vers la gestion et l’administration des entreprises sur des postes de niveau équivalent ou supérieur.

Enfin, les agents d’exploitation des transports évoluent souvent de manière ascendante dans leur domaine vers les métiers d’agents administratifs ou commerciaux et de cadres.

 

Le cas des secrétaires, un secteur en diminution (-17% en 5 ans). Les secrétaires ayant effectué une mobilité fonctionnelle restent, dans plus de la moitié des cas, dans le même domaine professionnel « gestion, administration des entreprises » ; 20% sont alors devenues employés administratifs d’entreprise et 12% secrétaires de direction. Elles exercent plutôt
des activités d’assistanat et assurent le suivi de tout ou partie de dossiers ou projets, nécessitant la maîtrise des évolutions attendues par les employeurs (outils bureautiques et désormais digitaux, capacité d’analyse, gestion des priorités, travail en mode projet,etc.). Le passage du back office vers le front office est également possible car ils ont souvent une bonne maîtrise de la relation client et ont des compétences en matière de communication, alors que les exigences ne cessent de s’accroître (capacités d’organisation, prise d’initiative, gestion des informations, maîtrise parfaite de la langue française, et parfois de langues étrangères).