Source : Interventions d’André Letowski pour les CCI d’Auvergne dans 4 conférences-débat autour de la création d’entreprise par les femmes
Les premières enquêtes Sine en 1994 chiffraient le nombre de femmes autour de 30% des créations reprises, un taux proche dans la dernière enquête 2010 (34% auto-entrepreneurs et 29% autres créateurs) ; mais on ne connait pas le nombre de femmes chefs d’entreprise ! Le fichier Siren nous renseigne sur les femmes chefs d’entreprise individuelle, mais pas sur les dirigeantes de société puisque celles-ci, personnes morales sont enregistrées comme personne morale. Il est vrai qu’une exploitation du registre du commerce permettrait de le savoir, mais cela n’a jamais été fait au niveau national.
Toutefois le nombre de femmes a suivi l’évolution du flux des créations d’entreprise passant de l’ordre de 66 000 en 1992 pour atteindre autour de 174 000 en 2012 soit 2,6 fois plus (un doublement si l’on exclut les auto-entrepreneurs sans recettes).
Certaines activités sont plus le fait des femmes que des hommes : elles sont plus présentes dans le commerce, les services aux particuliers (dont éducation et santé) et les HCR (au total 67% des créations/reprises par les femmes contre 47 pour les hommes) et nettement moins dans le secondaire (10,5 contre 34,5% pour les hommes) ; mais les activités changent au fil du temps (moins de femmes dans le commerce et davantage dans les professions libérales).
Leur expérience professionnelle et leur formation conditionnent les entrées en création/reprise : les femmes sont plus souvent ex employées et ouvrières que les hommes et moins souvent cadre/agent de maitrise/ profession intermédiaire, bien que plus souvent issues de l’enseignement supérieur.
Mais aussi un intérêt plus modéré dans l’intention de créer ou reprendre une entreprise, mettant en avant le fait que créer est davantage le fait de valeurs masculines, que leurs compétences ne sont pas « à la hauteur », moins d’ambition dans l’entreprise créée (moins de création en société, des chiffres d’affaires plus petits, moins d’emploi créés, des revenus dégagés plus modestes…) et plus de demandes d’appui pour faire aboutir leur projet, en phase avec une plus grande prudence pour « risquer » ce qui est aussi l’argent du foyer.
Il faut ajouter à cela une façon de gérer différemment : plus d’attention à l’humain (un rapport différent avec les salariés, les clients…), un rapport à l’ambition de développement et au profit plus modérés.
Mais tout autant que les hommes, un taux de pérennité proche et le fait que les ¾ disent le bonheur d’avoir crée (épanouissement personnel, autonomie, fierté d’avoir conduit leur projet…)
Et demain, il faut s’attendre à plus de femmes dans la création/reprise du fait de la hausse permanente des activités de services, de la formation/professionnalisation des femmes plus en phase avec les activités de création/reprise, de « l’émancipation » des femmes dans la société (plus de confiance en elles et une prise de conscience de représentations qui les bloquaient), d’une place nouvelle des valeurs de responsabilité sociale et du développement durable face à une croissance en berne.