Pendant la crise sanitaire les autoentrepreneurs sont devenus plus nombreux.


"L’auto-entreprenariat dynamise les immatriculations de travailleurs indépendants durant la crise sanitaire (avril 2020 à mars 2021)", Urssaf, Stat'Ur N°341, mars 2022

Source : L’étude porte sur les créateurs d’entreprise indépendants, observés pendant la 1ére année de crise sanitaire (du 1er avril 2020 au 31 mars 2021), comparée à la situation « avant la crise sanitaire » (du 1er avril 2019 au 31 mars 2020). L’étude différencie les créateurs d’entreprises relevant du statut de travailleur indépendant dit « classique », de ceux relevant de l’autoentreprise.

Comment s’y retrouver en ce qui concerne les microentreprises et les autoentrepreneurs ? Ce que je crois comprendre : l’Urssaf immatricule les microentrepreneurs (recensement de leur nombre, actif ou non économiquement) qu’elle nomme autoentrepreneurs ; par contre pour chiffrer le nombre d’actifs et leurs recettes, elle ne prendrait en compte que ceux inscrits dans le régime micro-social (ceux dont elle reçoit les cotisations sociales d’autoentrepreneur), excluant ceux sous le régime social des indépendants artisans, commerçants et libéraux. Le document à disposition est peu explicite sur ces questions.

 

S’ils sont devenus plus nombreux pendant la crise sanitaire, ce n’est pas le cas dans toutes les activités ; nombre d’entre eux ont par ailleurs connu une baisse de leur chiffre d’affaires.

⇒ Le nombre  d’immatriculations

♦ L’Urssaf comptabilise 788 600 travailleurs indépendants pendant la crise sanitaire vs 714 100 entre avril 2019 et mars 2020 (une hausse de 10,4% sur un an). 661 400 sont des autoentrepreneurs (en hausse de 15,2%), alors que les autres indépendants, dits classiques, sont 127 200 (en baisse de 9,2%).

Les autoentrepreneurs constituent 83,9% des immatriculations pendant la crise sanitaire. Mais en termes de recettes, seuls 44,1% ont été actifs.

 

♦ 4 secteurs contribuent particulièrement à l’augmentation des immatriculations :
– les activités de poste et de courrier (livraisons à domicile), avec + 91%, et une contribution à la croissance globale des immatriculations de 8,8 points ou 60% de la croissance (+50 400 immatriculations sur une progression de 87 400),
– le commerce de détail non spécialisé dont majoritairement les ventes à distance (+60% et +2,2 points ou 14% de la croissance),

Paradoxalement, la restauration et les débits de boisson, sans doute des food truck, fast food, cuisines “fantômes” (+53% et 2,2 points de croissance ou 17% de la croissance),
– le secteur du commerce de gros et des intermédiaires du commerce (+33% et 0,8 points de croissance ou 7% de la croissance).

 

Les 2 premiers secteurs concernent des activités dans lesquelles les auto-entrepreneurs sont omniprésents dans les créations (99% dans les livraisons à domicile, 92% dans le commerce de détail non spécialisé), et même 84% pour le commerce de gros (proche de la moyenne toutes activités).

 

Noter que les travailleurs indépendants classiques ont connu les mêmes tendances d’évolution (hors les restaurants et débits de boisson).

 

♦ Par ailleurs 11 activités connaissent une évolution supérieure à la moyenne (+15,2%) quant à la hausse du nombre d’immatriculation (pendant la crise/avant la crise). Hors les 4 déjà citées, ce sont toutes des activités de services, dont l’évolution au sein des indépendants classiques est plus aléatoires, peu allant dans le même sens que les autoentrepreneurs (activités immobilières), alors que les autres sont en baisse.

 

Celles les plus en régression sont des activités plus traditionnelles : BTP, commerce, ou très touchées par la crise telles hébergement, vente sur les marchés, arts et spectacles, services aux entreprises (hors activités juridiques, informatiques). On retrouve ces mêmes tendances, habituellement accentuées, chez les indépendants classiques.

 

♦ Parmi les auto-entrepreneurs, le nombre de créateurs dits « économiquement actifs », augmente de 6,5%, passant de 274 000 (avril 2019-mars 2020) à près de 292 000 (avril 2020 – mars 2021). Ils représentent ainsi 44% des autoentrepreneurs immatriculés sur la période avril 2020-mars 2021, en baisse au regard de la période précédente (48).

 

Pour une observation plus complète, le tableau suivant reprend par grand secteur d’activité et par activité fine au sein de chaque secteur les mêmes données :

 

♦ La répartition par groupe professionnel a peu évolué avec la crise. Ainsi, 2/3 des nouveaux immatriculés sur la période avril 2020-mars 2021 sont des artisans ou des commerçants (68% parmi les auto-entrepreneurs et 58% parmi les indépendants classiques) ; 1/3 sont en profession libérale (32% des auto-entrepreneurs et 42% des indépendants classiques).

Les artisans, commerçants ont progressé entre les 2 périodes de 18,8% pour les autoentrepreneurs et chuté de 12% chez les classiques, une situation moins contrastée chez les libéraux (+8,3 et -4%).

⇒ Caractéristiques de ces indépendants

♦ Les travailleurs indépendants immatriculés entre avril 2020 et mars 2021 sont en majorité des hommes (62% : 58 pour les classiques et 63 pour les autoentrepreneurs).

Les femmes ont moins progressé entre les 2 périodes que les hommes chez les autoentrepreneurs (9% vs 19) et ont connu une baisse proche chez les classiques (-8,5 vs -10).

 

♦ Les autoentrepreneurs sont plus jeunes que les classiques (46% vs 64 pendant la crise) ; entre les 2 périodes, les moins de 30 ans y ont progressé de 28%, alors que les classiques baissaient de 3,5%. En structure, les moins de 30 ans sont 46% pendant la crise sanitaire et 41% dans l’avant-crise.

 

L’âge moyen des créateurs a baissé dans tous les secteurs sauf dans les activités de conseil et d’ingénierie, les taxis-VTC et dans les livraisons à domicile (de 26,6 ans à 27,3 ans).

 

♦  Quel contrat salarié au moment de la création pour l’ensemble des créateurs indépendants ?

 

65% étaient salariés au moment de la création de leur entreprise (vs 60 dans l’avant- crise). 35% parmi les salariés ont connu une fin de contrat avec leur immatriculation.

58% ayant une activité salariée étaient en CDI avant la création (vs 59 avant la crise), 23% en CDD (vs 24), 10% en intérim et 9% sous d’autres contrats (17 en cumul avant la crise).

 

52% des nouveaux créateurs durant l’avant-crise ont aussi été salariés sur la période précédente d’avril 2020-mars 2021.

 

Le rajeunissement de ces nouveaux créateurs est plus marqué chez les créateurs sans contrat que chez les créateurs en contrat salarié. La part des créateurs en contrat, au moment de la création de leur entreprise, a légèrement progressé.

38% des créateurs en même temps salarié, étaient en chômage partiel, bénéficiaires des mesures gouvernementales. Noter que la comparaison entre l’évolution du nombre de nouveaux créateurs par secteur et le taux de recours au chômage partiel par secteur ne permet pas d’établir un lien significatif entre le chômage partiel et la création d’entreprise.

⇒ Quels ont été les chiffres d’affaires des autoentrepreneurs ? Quelle évolution entre les 2 périodes ?

Le revenu moyen des autoentrepreneurs économiquement actifs a été de 5 637€ annuels pendant la crise sanitaire (en baisse de 12,8% au regard de l’année avant-crise).

Le tableau suivant propose les montants annuels moyens de chiffre d’affaires par groupe d’activité et à l’intérieur de chaque groupe par activité fine et leur évolution. Rappelons que seuls 44% sont économiquement actifs lors de la crise sanitaire. Globalement leur chiffre d’affaires moyen a chuté de 12,8%, alors que leur nombre a progressé de 6,5%.

 

10 activités ont connu une progression ou la stabilité de leur chiffre d’affaire moyen, alors que globalement leur nombre est en régression.

 

A l’inverse 5 activités ont connu de fortes régression (au moins 20%) ; on y trouve la restauration/débit de boisson, les transports (taxi et fret), la réparation auto et les activités juridiques.

 

Il ne semble pas y avoir de relation entre les activités en progression de chiffres d’affaires et la progression du nombre de ces activités, voire celle du nombre d’économiques actifs ; par contre, la forte baisse du chiffre d’affaires est en lien avec une hausse notoire du nombre de créations.

 

 

Pour en savoir davantage : Stat’ur n°341 | Acoss.fr (urssaf.org)