Cinq types de stratégies de la gestion de l’emploi lors du premier confinement.


"QUELLES STRATÉGIES DE GESTION DE L’EMPLOI DANS LES ENTREPRISES FACE À LA CRISE SANITAIRE ? UNE ANALYSE DU PREMIER CONFINEMENT EN FRANCE" CNAM, CEET, N°186, décembre 2022

Méthodologie : les données utilisées s’appuient principalement sur l’enquête ACEMO-COVID (Dares, Insee), issues d’une enquête mensuelle mise en place en avril 2020 interrogeant les établissements du secteur privé de 10 salariés ou plus (hors agriculture) sur leur situation en matière d’emploi au 31 mars 2020.

 

Globalement la stratégie pour l’emploi pendant le confinement a visé son maintien, avec une pratique qui se cale sur la gestion des ressources humaines et de l’organisation du travail pratiquées avant la crise.

 

♦ Une stratégie mixte : télétravail, travail sur site, chômage partiel (31% des établissements)

53% ont des salariés en télétravail, 38% des travailleurs sur site, et 36% des salariés en chômage partiel ; en revanche, ils n’ont pas recours à la flexibilité externe et l’emploi est stable. 

L’usage du chômage partiel apparaît principalement motivé par des raisons économiques, et non par des restrictions égales d’activité.

L’emploi en CDD et à temps partiel est peu développé ; les salaires sont élevés. La part des cadres est importante.

L’utilisation des outils numériques est fréquente. 

 

Le secteur industriel est surreprésenté dans ce groupe, ainsi que les établissements de taille moyenne et de grande taille.

Leur situation économique apparaît très favorable avec les niveaux les plus élevés de productivité et d’intensité capitalistique.

 

♦ L’utilisation massive du télétravail (22%).

75% des établissements sont au service d’une stratégie globale de persévérance, avec maintien de l’emploi ; à contrario, ils utilisent très peu le chômage partiel, et la flexibilité externe apparaît absente. 
Ces établissements sont surreprésentés dans les services intensifs en connaissance (finance, recherche et développement…) et dans l’éducation. Leur situation économique avant la crise apparaît favorable, tandis que la qualité de l’emploi y est également élevée. Les salaires sont supérieurs aux autres groupes d’entreprises pour toutes les catégories socioprofessionnelles ; les CDD et les temps partiels sont moins fréquents que la moyenne.
Le télétravail était déjà pratiqué avant la crise sanitaire : 23% déclarent que plus de 20% de leurs salariés pratiquaient déjà le télétravail.

42% des salariés pratiquaient un niveau élevé d’usage des outils numériques ; les accords de télétravail y sont  très fréquents (57%) 

 

♦ Le recours large au chômage partiel (20%).

Dans 70% des établissements, la plupart des salariés sont en chômage partiel, et le recours au télétravail apparaît très limité.

Les restrictions d’activité constituent la principale raison avancée, ce qui soutient l’idée d’une stratégie d’exit temporaire avec maintien de l’emploi (pour 93% des établissements), soutenue par les politiques publiques.

Les salaires y sont plus bas que la moyenne, et la part des CDD ou du temps partiel est au contraire plus élevée. 
Le taux d’usage des outils numériques avant la crise est faible (17% des salariés). 

 

D’un point de vue sectoriel, les établissements du secteur de la construction et de l’hôtellerie-restauration, touchés par les restrictions d’activité, sont surreprésentés.

 

Les indicateurs économiques montrent que ces établissements sont structurellement dans une situation plus fragile (faible productivité, faible intensité capitalistique, faible internationalisation).

 

♦ Le travail sur site (20%)
Ces établissements ont conservé la plus grande partie de leur main-d’œuvre sur site (81%).
Le télétravail est peu répandu, de même que le chômage partiel (83% des établissements n’ont aucun salarié en chômage partiel).
Dans ce groupe, les établissements ont donc principalement recours à une flexibilité fonctionnelle et une stratégie d’innovation afin d’adapter les conditions de travail au maintien de l’activité sur site.

Toutefois, dans les établissements, au sein de ce groupe, où l’emploi augmente (12% du groupe), on observe également une flexibilité numérique, qui passe par le recours à la sous-traitance, à l’intérim, ou à des recrutements en CDD.

ils se caractérisent aussi par une plus forte proportion de salariés exposés à des risques professionnels avant la crise sanitaire.

 

Ils se situent dans des secteurs différents, avec une concentration dans les industries «low tech», le commerce et la santé, où l’activité s’est maintenue pendant le confinement, voire a connu un accroissement.

 

Ils présentent une situation économique peu favorable, des salaires faibles, et des ressources très limitées en matière de flexibilité spatiale (faible taux d’utilisation des outils numériques, très faible part d’accords sur le télétravail).

 

Une stratégie de flexibilité externe (7%)

71% n’ont pas renouvelé certains contrats temporaires ; 67% ont annulé ou repoussé des recrutements, et quelques-uns ont même réduit les contrats permanents. le climat social semble plutôt dégradé.

Le contexte de ces établissements est marqué par une réduction du niveau de l’emploi.

La part de l’emploi en CDD ou à temps partiel fin 2019 y sont les plus élevées de l’ensemble des groupes. Le chômage partiel y est utilisé de manière limitée.

Ils sont principalement situés dans les transports et les services peu qualifiés.

 

Ils apparaissent très peu performants en matière économique (leur productivité est la plus faible de tous les groupes).  

Pour en savoir davantage : https://ceet.cnam.fr/publications/connaissance-de-l-emploi/quelles-strategies-de-gestion-de-l-emploi-dans-les-entreprises-face-a-la-crise-sanitaire-une-analyse-du-premier-confinement-en-france-1378825.kjsp?RH=1507126380703