35% des jeunes disent donner de leur temps dans le bénévolat


"Baromètre DJEPVA sur la jeunesse 2016", Institut National de la Jeunesse et de l'Education Populaire, octobre 2016

Méthodologie : l’enquête a été réalisée en ligne, entre décembre 2015 et janvier 2016, auprès d’un échantillon représentatif de 4 000 jeunes âgés de 18 ans à 30 ans, sélectionnés selon la méthode des quotas; certaines régions ont été surreprésentées afin de disposer d’un effectif minimum de 200 répondants sur chacune des régions. Parmi les caractéristiques de l’échantillon , citons : 54% ont de 18 à 24 ans et 46% de 25 à 30 ans; 60% ont le bac et au-delà; 47% sont localisés en unités urbaines d’au moins 200 000 habitants, 36% en unités de 2 000 à 200 000 habitants et 17% en milieu rural; 52% ont un emploi y compris en apprentissage, 33% sont étudiants ou inactifs et 15% chômeurs. Trois grandes thématiques structurent le rapport : – Le regard porté par les jeunes sur la société et sur leur propre situation. – L’engagement citoyen : adhésion associative, freins et leviers à l’engagement bénévole, mobilisation citoyenne sur les réseaux sociaux, opinion sur le service civique. – L’accès aux droits et aux dispositifs en faveur de l’insertion : les attentes d’aides des pouvoirs publics, l’accès aux droits sociaux, le renoncement aux soins médicaux, la mobilité internationale  

 

Le regard des jeunes sur la société et leur avenir

 

49% se décrivent positivement comme « heureux » (21%), « volontaires, décidés à avancer » (12%), « positifs face à leur avenir » (11%), autres (7%): mais 32 % ne citent que des éléments négatifs, projetant en particulier un regard sombre sur l’avenir (15%): 19%  évoquent des réponses neutres ou qui combinent des appréciations positives et négatives. Selon une autre mesure, 62% considèrent que leur vie correspond à leurs attentes (dont 10% tout à fait), et 12% pas du tout. 57% (dont 9 très confiants) se disent confiants dans l’avenir et 11% pas du tout confiants.

 

Les évocations positives « spontanées » mesurées sont d’autant plus répandues que le niveau de vie est élevé (44% parmi les plus modestes, 60% chez les plus aisés); la situation par rapport à l’emploi est également déterminante: ceux en emploi (62%), les étudiants (61%), se déclarent plus confiants par rapport à leur avenir que les chômeurs (40%) et les jeunes peu diplômés ni en emploi ni en formation (42%); les hommes (60%) se déclarant plus souvent confiants que les femmes (54%).

Le pessimisme n’est pas sans lien avec les attentats : 89% des 18-30 ans y perçoivent au moins une conséquence personnelle. L’exploitation de la dernière vague (2014) de l’enquête internationale European Social Survey financée par la Commission européenne met en lumière, de manière convergente, un taux de jeunes Français « heureux » proche (66%), un taux est à peine plus élevé que celui de l’ensemble de la population (61%); ces taux sont plus faibles que ceux observés dans la plupart des pays de l’UE 28.

 

Le regard des jeunes sur les relations entre les personnes est positif: -88% estiment que les relations entre hommes et femmes sont bonnes (29% très bonnes). -79% sont largement positifs concernant les relations entre générations (23% très bonnes) ; 87%  pour ceux ayant des revenus mensuels supérieurs à 2 000 €. -68% (20% très bonnes) concernant les relations entre jeunes d’origine différente (74% pour les étudiants, 63% pour les chômeurs et les inactifs non-étudiants). Par rapport à leurs aînés, les jeunes sont plus ouverts à la différence : pour 65% des 15-17 ans la diversité des cultures est une richesse (53% pour les 18-40 ans, 50% pour les 41-70 ans et 36% pour les plus de 70 ans).  

 

L’engagement des jeunes

 

L’engagement peut se définir comme tout acte volontaire animé par des convictions ou des valeurs; l’étude a adopté une définition large de l’engagement (durée ,forme diverses…). En 2015, l’enquête sur l’engagement des jeunes menée par le CRÉDOC avait montré que les jeunes étaient très présents dans le monde associatif, en tant qu’adhérents mais aussi pour y donner de leur temps bénévole et particulièrement mobilisés au travers de formes d’expressions protestataires, individuelles, ponctuelles et surtout non affiliées; outre l’engagement de fait, l’enquête avait permis de mettre en lumière un très fort potentiel de mobilisation des jeunes parmi ceux qui ne sont pas déjà bénévoles, notamment dans le monde associatif. Qu’en est-il en 2016 ?

 

34% adhèrent à au moins une association,  20% dans des associations de type altruiste et militant (cumul de la participation aux associations caritatives, pour le tiers-monde, pour l’environnement, syndicales, politiques…), 19% une association sportive et 7% une association culturelle.

76% y donnent de leur temps bénévolement. 35% déclarent donner bénévolement de leur temps en consacrant quelques heures à une association ou autre organisation au moins ponctuellement dans l’année; 23% le font régulièrement (chaque semaine,14% ou chaque mois; 9%), 13% moins souvent et 12% à l’occasion d’un évènement; 53% ne le font jamais. Par rapport à leurs voisins européens, les jeunes Français âgés présentent un taux de participation bénévole très haut : près de 1,5 fois que le taux mesuré au Royaume-Uni ou en Allemagne, et 2 fois plus par rapport à l’Espagne et l’Italie.

 

La participation bénévole hebdomadaire est la plus faible parmi les jeunes qui ne sont ni en emploi et ni en formation et peu diplômés (8% contre 14% en moyenne), chez les jeunes d’origine modeste et inactifs non-étudiants (9 %); à l’inverse les étudiants (17%), les enfants de cadres supérieurs (18%), et ceux bénéficiant des plus hauts revenus (16 %), les plus diplômés (de 16 à 20% pour les bac et au-delà contre 8 à 11 pour les niveaux inférieurs) sont plus souvent engagés dans des activités bénévoles hebdomadaires; les femmes sont moins engagées (11%); le bénévolat est aussi plus présent en zone rurale (18% de participation hebdomadaire contre 13% en zones urbaines).

 

En définitive, « toutes choses égales par ailleurs » sont plus souvent engagés les hommes, les 18-24 ans, les étudiants, les actif en emploi stable (CDI à temps plein), et les ruraux; l’engagement va de pair avec une vision positive des jeunes sur leur situation actuelle et à venir et lorsqu’ils ont le sentiment que leur avis compte.

 

Les jeunes qui ne donnent jamais de leur temps bénévole ont été interrogés sur leur propension à s’engager pour une cause:  31% seraient prêts à devenir bénévoles, soit 56% des jeunes qui ne sont pas déjà engagés dans des activités bénévoles;  le potentiel d’engagement de la jeunesse est très fort puisque 78% sont déjà bénévoles ou prêts à le devenir.

 

On peut distinguer quatre groupes de jeunes selon la manière dont ils se positionnent :

Le vivier avec les étudiants et les jeunes qui ont un niveau de diplôme supérieur

– À l’opposé, les jeunes les plus en retrait de la vie économique (peu diplômés, ni en emploi et ni en formation, et inactifs non-étudiants).

Les jeunes établis dans l’engagement (plus souvent des jeunes hommes).

– Ceux qui constituent un potentiel important d’engagement, moins engagés mais davantage prêts à le faire quand ils ne sont pas déjà bénévoles (les femmes, les demandeurs d’emploi diplômés).

 

Interrogés sur les 2 principales causes qui leur donneraient envie de s’engager : le sport (22 %), la santé et l’environnement (20%), et l’éducation (19%),  la paix dans le monde (15%), la solidarité (15%), la culture et les loisirs (15%), la lutte contre les discriminations (13%), l’action humanitaire (13%), l’intervention d’urgence en cas de crise (13%), le patrimoine (6%).

 

Le sport est plus cité  par les hommes (33% contre 11% des femmes), et les étudiants (27%); les femmes ont davantage cité la santé, la recherche médicale et l’aide au malade (27% contre 20 en moyenne); la solidarité sociale attire aussi les femmes (20% contre 15% en moyenne), par ailleurs souvent issues de secteurs professionnels en relation avec l’engagement. Les jeunes peu diplômés, inactifs non-étudiants ont  difficulté à identifier une cause pour laquelle ils pourraient s’engager.

 

Pour 51%, le 1er frein à l’engagement est le manque de temps (dont 11% consacrés aux proches), sachant que le temps passé selon l’âge est de l’ordre de 4 à 7 heures, mais aussi 16% le rapport à l’aide (9% les autres ne les aident pas, 7% le besoin d’aide), 6% parce que cela ne sert à rien ou 5% parce ils ne se sentent pas compétents. Les jeunes des catégories aisées qui font état de nombreuses activités, évoquent le plus le manque de temps, tout comme les étudiants, bien plus que les chômeurs.

 

2 autres raisons peuvent expliquer aussi les freins :

-Les résultats de l’enquête Eurobaromètre 2011 réalisée auprès de 15-30 ans à la demande de la Commission européenne plaçaient la France en dernière position sur la question de la reconnaissance de l’engagement bénévole : seulement 7% des jeunes bénévoles déclarent avoir bénéficié d’une reconnaissance de leur expérience de bénévolat en France contre 25% en moyenne au sein de l’Union européenne.

47% estiment que leurs avis ne sont pas entendus dans les espaces dans lesquelles ils évoluent : ceux qui ont plus souvent le sentiment d’être entendus sont les plus actifs dans la vie associative (72% pour les engagés chaque semaine) : les diplômés du supérieur (62%), les étudiants (56%), les hauts niveaux de revenus (64%), et les hommes (55% contre 50% chez les femmes), alors que les chômeurs (38%), les peu diplômés ni en emploi ni en formation (35%), les inactifs non-étudiants (34%), estiment qu’ils ne sont pas ou peu entendus. Sans doute, le fait de ne pas être entendu contribue-t-il grandement au fait que seulement 38% votent habituellement (vs 67 pour les plus de 30 ans) et 25% assez souvent (vs18) et que 2% seulement appartiennent à un parti politique (vs 4) et 2% à un syndicat (vs 6). Ils privilégient les réseaux sociaux, les pétitions, les manifestations de rue, le boycot. ou l’occupation de lieux.

 

les 2/3 ont utilisé internet au cours des douze derniers mois pour lire les opinions d’autres personnes, 60% sur des questions de société et 48% sur des questions politiques; 29% ont rendu leur opinion plublique  sur la société et 22% sur des questions politiques; ceux qui donnent du temps dans le cadre du bénévolat sont les plus utilisateurs. 36% ont par ailleurs signé des pétitions; 20% des jeunes réticents à devenir bénévoles ont signé une pétition ou participé à une consultation en ligne, 18% se sont exprimés sur des questions de société, et 15% sur des questions politiques.

 

Une typologie en 5 classes a été établie pour situer leur engagement dans la vie de la cité, 2 classes sont le fait des non engagés et 3 autres le fait des engagés :

En ce qui concerne les non engagés : une 1ére classe fait état de jeunes en retrait de la vie publique (17%) :  pour 29% d’entre eux,  aucune cause ne pourrait les motiver à s’engager (contre 9% sur l’ensemble); ils ne se mobilisent pas non plus sur internet; les hommes sont surreprésentés (55% vs 50 en moyenne). Ils sont plus souvent très peu diplômés (29% de niveau brevet des collèges (vs 21); 21% sont inactifs; 12% sont aussi logés gratuitement chez les parents (vs7). -Une seconde est le fait de non investis faute de temps (28%) : 70% souhaiteraient le faire; ils sont peu actifs sur Internet et publient peu leurs opinions, s’investissant sur les réseaux de manière plus passive; on y trouve 60% de femmes et davantage de 25 ans et plus (46% vs 40); s’ils sont aussi souvent en emploi et bénéficient un peu plus souvent d’une situation professionnelle stable (65% sont en CDI vs 60); ils sont plus souvent en couple (47% vs 42), avec des enfants (23% vs 19)

 

En ce qui concerne les engagés :

-Une 1ére classe regroupe des jeunes à l’engagement limité (20%) : Leur utilisation d’internet est proche de celles de l’ensemble des jeunes : un peu plus de la moitié publient leurs opinions, et un quart mobilisent Internet pour lire les avis des autres (26% vs 22); Ils sont plus diplômés que la moyenne (36% un diplôme de niveau supérieur au baccalauréat, vs); 83% ont déjà travaillé mais ils sont moins souvent en emploi au moment de l’enquête; les causes de leur engagement se trouvent plus souvent dans l’idée d’utilité sociale, mais ils en ont assez peu le temps.

-Une seconde regroupe les très engagés dans la vie associative (19%) : six sur dix expriment leurs opinions sur Internet ou signent des pétitions en ligne (vs 51%); ce sont à 62% des hommes, à 37% des étudiants et à 25% des franciliens; 38% ont un diplôme supérieur au baccalauréat (vs 30); 35% sont en emploi stable (vs 30); Ils vivent aussi souvent que les autres jeunes avec leur conjoint, mais ont plus rarement des enfants (20% vs 24); Ils déclarent plus souvent que leur foyer est propriétaire du logement dans lequel ils vivent (43% vs 36); leur engagement est davantage synonyme de loisirs du type sport (42%) ou culture (20%) mais aussi pour la jeunesse et l’éducation (23%).

-Une 3éme classe concerne des jeunes très engagés dans la vie civique (16%) : 70% publient leurs opinions sur des sujets civiques, politiques ou signent des pétitions en ligne (vs 51); Ils sont plus jeunes qu’en moyenne (68% ont 25 ans ou moins, âge du service civique auquel 44% ont participé); quand ils ne sont pas étudiants (34% d’entre eux), ils sont moins bien insérés sur le marché du travail (19% au chômage vs 15) et moins souvent en emploi (39% vs 46), moins souvent en emploi durable (24%); 44% (vs 37) vivent chez leurs parents; ils sont plus souvent locataires du parc social (25% vs 20); ils sont davantage attirés par des causes sociales ou militantes comme l’action humanitaire (19% vs 13) ou la lutte contre les discriminations (16% vs 13); l’envie de s’engager dans un service civique provient plus souvent du souhait d’être utile à la société (28% vs 20).

 

85% expriment un besoin d’aide accrue de la part des pouvoirs publics : 36% pour payer leurs factures, 32% pour trouver un emploi, 27% pour accéder à un logement, 20% pour payer des soins médicaux, 15% pour payer des dépenses de loisir (sport, culture), 14% pour définir leur orientation professionnelle. En 2013, 20% des jeunes femmes et 17% des jeunes hommes sont pauvres. Le besoin d’un soutien financier est plus souvent cité par les jeunes femmes (43% vs 36%), étant plus souvent en emploi à temps partiel, avec des revenus inférieurs; de même les jeunes aux niveaux de vie intermédiaires, en logement autonome, ou qui ont des enfants.

 

Enfin hors vacances,14% sont partis à l’étranger au cours des 5 dernières années pendant au moins 15 jours consécutifs, dont 6% dans le cadre d’études, 7% pour des raisons professionnelles et 1% pour des missions bénévoles: les catégories sociales les plus élevées partent près de 2 fois plus que la moyenne (27% des professions indépendantes, 25% des cadres) et les diplômes les plus élevés (37% pour les 2émes années de master contre seulement 6% des sans diplôme, 70% pour les grandes écoles). Les jeunes qui sont les plus engagés dans la vie de la cité, qu’ils soient adhérents d’une association, bénévoles, ou qu’ils aient effectué un service civique, présentent des taux de départ à l’étranger nettement supérieurs aux autres.

 

61% des jeunes partis plus de quinze jours à l’étranger en dehors des vacances ont le sentiment d’avoir développé de nouvelles compétences, que ce soit la maitrise de langues (33%), la capacité d’adaptation (24%) ou des compétences techniques (20%); 52% des jeunes partis à l’étranger font directement référence à l’emploi ou la formation comme bénéfice de leur départ, qu’il s’agisse de la précision d’un projet professionnel, l’accès à une formation à leur retour, le fait d’avoir trouvé un emploi plus facilement, ou qui réponde mieux à leurs aspirations, ou encore de créer leur entreprise. 20% ont déclaré s’être fait des amis ou des connaissances, et 11% avoir créé une association ou s’être investi dans un projet associatif. 52% ont bénéficié d’une reconnaissance des acquis de leur expérience de mobilité, sous une ou plusieurs formes (21% validation de crédits, 12% une VAE, 12% la délivrance d’un certificat, et 15% par d’autres moyens). 68% (vs 55) se montrent plus confiants dans l’avenir.