Qui sont les femmes cheffes d’entreprise, porteurs de projet ?


"INDICE ENTREPRENEURIAL FRANÇAIS 2023 Volet Femmes" Bpifrance, mars 2024

Méthodologie : l’échantillon ne précise pas le nombre de femmes interrogées appartenant vraisemblablement au fichier Bpifrance (excluant notamment la plupart des libéraux appartenant à des ordres et nombre d’activités de services), mais seulement le nombre total de personnes interrogées (5 500 sans connaitre leur activité, leur tranche d’âge et s’ils sont ou non microentrepreneurs) ; l’interrogation a été faite par questionnaire auto-administré en ligne du 15 au 30 juin 2023 par l’Ifop.

L’enquête a aussi été menée auprès d’un échantillon de 504 personnes résidantes dans les Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et âgée de 18 ans et plus (est-ce un échantillon supplémentaire ?) Interrogation par téléphone du 21 juin au 4 juillet 2023 par l’Ifop.

Les résultats interrogent quand l’on constate les fortes variations inexpliquées d’une année sur l’autre, alors que ceux-ci devraient être proches.

Le poids important des cessions interroge lui aussi : le fait de 51% des femmes vs 56 chez les hommes, alors que l’on sait le peu de reprise parmi les nouveaux chefs d’entreprise.

 

Par contre les comparaisons entre les 4 sous-populations observées peuvent fournir des tendances, même si quelques unes sont en contradiction avec d’autres travaux.

Le grand manque dans cette étude comme dans la plupart conduites en direction des TPE et PME est la recherche du pourquoi ces différences (au fil des années), mais aussi au regard des autres études proposant des résultats différents. La recherche du pourquoi ces différences ferait avancer la fiabilité de la connaissance.

Enfin l’étude propose de connaitre les résultats détaillés en interrogeant le lien bpifrance-création.fr/observatoire et celui-ci vous conduit à déchetterie. com ?

 

Une étude fort intéressante quant aux thèmes traités, mais dont la fiabilité interroge.

 

15% des femmes seraient chefs d’entreprise, 15% d’ex-chef d’entreprise, 10% seraient porteurs de projet et 7% auraient l’intention de créer (mais on ne peut les cumuler semble-t-il, un même répondant pouvant appartenir à plusieurs sous-populations : exemple un chef d’entreprise en activité peut avoir dans le passé été chef d’une autre entreprise ou être porteur du projet d’une nouvelle entreprise, voire avoir l’intention d’en créer/reprendre une). Ces 4 sous-populations constituent ce que les réalisateurs de l’enquête appelle “chaine entrepreneuriale”.

Pour leur part les hommes sont 19% chefs d’entreprise, 22% ex chefs d’entreprise, 16% porteurs de projet et 9% intentionnistes.

 

⇒ Qu’en est-il des femmes et des hommes chefs d’entreprise et ex chefs d’entreprise ?

♦ Leurs caractéristiques : en tant que chef d’entreprise, les femmes sont plus jeunes (37% moins de 30 ans vs 27 pour les hommes), une situation proche chez les ex chefs d’entreprise (ce qui m’étonne plus) ; elles seraient légèrement plus diplômées de l’enseignement supérieur (chefs d’entreprise 41 et 38 pour les hommes ; pour les ex chefs d’entreprise 34 et 33) et au même niveau pour les diplômées de niveau au plus égal au CAP (alors que les autres enquêtes font état de femmes nettement plus diplômées en tant que créatrices d’entreprise).

Enfin, elles seraient antérieurement à la création/reprise (ce que je suppose) de leur entreprise proches des hommes si l’on regroupe les catégories cadres et chefs d’entreprise (ce qui n’est pas le cas en création d’entreprise). Elles sont plus souvent employées et moins souvent ouvrières.

 

♦ Les motivations comparées.

 

⇒ Plus précisément quelles sont les motivations et les difficultés des femmes cheffes d’entreprise, au regard des hommes ?

♦ En termes de motivation qui ont généré la création/reprise de leur entreprise actuelle, les femmes s’inscrivent davantage que les hommes dans la réalisation d’un rêve, l’exercice d’une activité conforme à leurs valeurs. Par contre moins que les hommes, elles souhaitent affronter de nouveaux défis, créer une entreprise pour construire un projet familial, ou augmenter leurs revenus ou leur patrimoine, voir mettre en œuvre une idée nouvelle.

En termes de difficultés, elles sont plus inquiètes que les hommes d’un revenu insuffisant ou de son instabilité, d’une concurrence trop vive ou d’un marché insuffisant et d’une remise en cause de l’équilibre vies professionnelle/vie familiale. Les hommes sont plus sensibles à leur manque de crédibilité (c’est pourtant ce que les femmes affirment dans d’autres enquêtes), et au manque d’appui de professionnels.

⇒ Les porteurs de projet et les intentionnistes chez les femmes et les hommes.

♦ Les motivations des porteurs de projet : si les motivations comme être son propre patron ou réaliser un rêve sont proches chez les femmes et les hommes, chez les femmes le fait de souhaiter créer son emploi est plus présent ; par contre les hommes sont plus sensibles au fait d’affronter de nouveaux défis, de saisir une opportunité ou de construite un projet familial.

Curieusement les femmes porteurs de projet mettraient davantage en œuvre une idée nouvelle que les hommes, alors que c’est l’inverse chez les chefs d’entreprise et les hommes choisiraient de créer une entreprise pour plus que les femmes exercer une activité conforme à leurs valeurs (alors que les femmes chefs d’entreprise affirment le contraire).

 

♦ Les intentionnistes : en termes de motivation, les femmes plus que les hommes souhaitent réaliser un rêve, être leur propre patron et exercer un e activité conforme à leurs valeurs.

♦ Les difficultés des porteurs de projet : les femmes disent avoir moins de difficultés que les hommes mais manque de soutien familial ou amical, craignent davantage le déséquilibre vie professionnelle/vie familiale et l’investissement financier trop lourd, alors que les hommes s’inquiètent davantage de leur manque de compétences pour créer et du stress généré.

 

En termes de difficulté des intentionnistes, plus que les hommes, elles craignent l’insuffisance de revenu et les démarches administratives complexes, alors que les hommes affirment davantage le manque de soutien de leur entourage, le manque d’expertise dans le métier et la crainte de trop de responsabilité.

⇒ Comparons les caractéristiques, les motivations et les difficultés des femmes selon qu’elles sont cheffes d’entreprise, ex cheffes d’entreprise, porteurs de projet ou intentionnistes.

 

♦ En termes de caractéristiques, les porteurs de projet seraient plus jeunes que les autres sous-populations (48% vs 37-39) ; bien sûr les porteurs de projet et les intentionnistes s’inscrivent peu dans la tranche des 50 ans et plus -11-13% vs 23-28). Les ex cheffes d’entreprise ont plu souvent un niveau d’études au plus le CAP (50% vs 39 les cheffes d’entreprise et 27 les intentionnistes). Bien évidemment les ex cheffes d’entreprise s’inscrivent plus dans l’inactivité du fait de leur départ en retraite notamment (41% vs 22 les intentionnistes).

 

♦ En ce qui concerne leurs motivations : les cheffes d’entreprise se différencient des porteurs de projet par le fait de vouloir être leur propre patron et exercer leur activité en respectant leurs valeurs, moins pour mettre en œuvre une idée nouvelle (ce qui est caractéristique du comportement entrepreneurial). Par contre le décrochage est grand avec les intentionnistes plus éloignées des réalités de l’entreprise, en ce sens quelles privilégient le fait d’être son propre patron, de réaliser un rêve, d’augmenter leurs revenus, de changer de métier, voire d’affronter de nouveaux défis. 

♦ Quid des difficultés ?

Les chefs d’entreprise sont avec les intentionnistes les plus conscientes à la fois des revenus insuffisant ou instables, et de la concurrence trop vive ou d’un marché insuffisant. Les porteurs de projet sont par contre plus sensibles au manque d’appui de professionnels et de leur entourage, à leur manque de compétences et de crédibilité, sans oublier le risque d’échec. Les intentionnistes sont bien plus inquiètes des revenus insuffisants, du risque d’échec, des démarches administratives, du trop de responsabilité et de stress voire de l’investissement financier important.

 

♦ Noter les conséquences de la conjoncture difficile pour les porteurs de projet : les femmes ont été plus impactées que les hommes, envisageant plus souvent de travailler à leur compte ; elles sont aussi plus souvent licenciées, en recherche d’emploi, ou ont démissionné.

⇒ Les hors chaine, quelles difficultés face au fait de s’installer à son compte ?

34% (mais 44% en QPV) des femmes n’ont jamais songé à créer une entreprise tout comme 26% (mais 32 en QPV) des hommes.

Les femmes mettent en avant comme principales difficultés, le revenu insuffisant, le trop de responsabilité et de stress, le risque d’échec, les démarches administratives, et le lourd investissement financier. Les hommes sont plus inquiets que les femmes en ce qui concerne le revenu, la concurrence et leur manque d’expertise dans le métier, voire le manque de soutien.

 

Noter que comparées à leurs collègues cheffes d’entreprise, ces dernières citent moins souvent le revenu insuffisant, la concurrence vive, le manque d’expertise dans le métier, la remise en cause de l’équilibre vie professionnelle/vie familiale et la manque de soutien, montrant qu’elles sont insuffisamment conscientes des problèmes qui vont se poser à elles.

⇒ L’accompagnement pour les chefs d’entreprises et les porteurs de projet.

♦ 23% des femmes et 22% des hommes y ont eu recours (bien moins que les chefs d’entreprise (42 et 39%). S’agit-il pour les chefs d’entreprise de l’accompagnement lors de la création de leur entreprise ou au fil de leur développement ?

Par qui ont-ils été accompagné ?

Les femmes cheffes d’entreprise disent l’avoir été par un acteur social de proximité (?) ou leur entourage proche, c’est à dire des non professionnels de la création d’entreprise, puis par des communautés d’entrepreneurs (qu’entendre par là ?), puis par un expert-comptable ou un consultant (pourquoi Integer les CCI dans cette rubrique alors qu’il y a une rubrique spécifique pour les structures dédiées à la création ?), et quasiment au même niveau par une pépinière/un incubateur et une structure dédiée à la création (un chiffre bien plus faible que ceux d’autres enquêtes). Globalement les hommes chefs d’entreprise disent avoir été davantage été accompagné (alors que dans d’autres enquêtes ce sont les femmes qui l’ont été, du moins par l’entourage et par des structures dédiées).

 

Les porteurs de projet femmes disent avoir été accompagnées davantage par des structures dédiées et par un incubateur, moins par leur entourage, par leur expert-comptable ou un acteur social de proximité. Les hommes l’ont beaucoup plus été par un incubateur/pépinière (ce qui est pourtant rare ?).

♦ 38% des femmes et 30% des hommes porteurs de projet ne l’ont pas sollicité vs 21% des femmes cheffes et 24% des hommes chefs d’entreprise.

Pourquoi ce décalage ? D’une part 32% des femmes et 30% des hommes porteurs de projet répondent l’avoir sollicité sans l’obtenir ou l’ont refusé (suite à leur sollicitation !), d’autre part 24% des femmes et des hommes comptent le demander.

 

 

Les principales raisons de non accompagnement pour les porteurs de projet sont de largement de l’ordre de la méconnaissance, soit le fait de ne pas savoir qui contacter et comment s’y prendre (25%), soit la méconnaissances des solutions d’accompagnement (15%), soit l’auto persuasion de ne pourvoir y avoir accès (9%), voire le découragement dû au démarches à entreprendre (6%). Viennent ensuite le souhait de ne pas dépenser d’argent pour ce type de prestation (24% et 19 les hommes), ou le fait de ne pas en avoir eu besoin (13 et 24).

Pour en savoir davantage : https://bpifrance-creation.fr/observatoire/etudes-thematiques/indice-entrepreneurial-francais/ief-2023