Un net décalage entre les souhaits de créer/rependre et l’atteinte de cet objectif pour les femmes en ZUS


« L’entrepreneuriat des femmes dans les quartiers populaires : un objectif difficile à atteindre », CREDOC, consommation et modes de vie N° 281, mars

Méthodologie : Pour disposer d’effectifs suffisants d’entrepreneures, habitant dans les ZUS, trois années de l’enquête Emploi ont été regroupées (2010, 2011 et 2012) ; pour que la comparaison entre habitants des ZUS et habitants des autres quartiers soit pertinente, le choix a été fait de restreindre les zones hors ZUS aux unités urbaines d’au moins 20 000 habitants : les habitants des ZUS en emploi résident à 99% dans des agglomérations de cette taille.

Une enquête par questionnaire a aussi été réalisée en face à face au domicile des habitants des quartiers prioritaires de la future métropole Aix-Marseille-Provence. 920 questionnaires ont été collectés.

 

L’entrepreneuriat est peu développé dans les quartiers liés à la politique de la Ville : sur la période 2010-2012, 5% des actifs en emploi sont entrepreneurs dans les zones urbaines sensibles (ZUS), contre 10% dans les autres quartiers des unités urbaines de taille similaire.

 

2% des femmes en emploi sont entrepreneures dans les ZUS, contre 6% hors ZUS ; elles sont 22% des entrepreneurs contre 32% dans les autres quartiers.

 

20% se déclarent employeur, contre 31% pour les hommes et 33% pour les femmes entrepreneures hors ZUS ; elles travaillent aussi plus souvent à temps partiel (30% contre 25 pour les femmes hors ZUS) ; 30% interviennent dans le secteur des services aux particuliers (17% pour les femmes hors ZUS, 2% pour les hommes en ZUS). De ces faits, 60% déclarent un revenu inférieur à 15 000€ annuels avant impôt, contre la moitié de leurs confrères des ZUS et un peu moins de la moitié des entrepreneures hors ZUS.

 

Pourtant elles sont plus diplômées que les entrepreneurs en ZUS, et presque autant que les femmes entrepreneures (44% issues de l’enseignement supérieur contre 57%, mais 71% de niveau bac contre 75% pour les femmes hors ZUS et 44% pour les hommes en ZUS contre 61% hors ZUS).

90% sont de nationalité française (73% les hommes en ZUS et 95% les femmes hors ZUS)

Enfin, elles vivent bien plus souvent seules, sans conjoint, ni enfant (28% contre 15% des femmes hors ZUS et 15 % des hommes entrepreneurs des ZUS).

 

L’enquête spécifique à Marseille sur l’aspiration à la création d’entreprise : un net décalage ente envie de créer et l’atteinte de l’objectif :

35% des femmes contre 40% des hommes ont répondu positivement envisager de créer/reprendre.

 

Comparées à leurs confrères masculins, les femmes disposent de moindres atouts pour mener à bien un tel projet ; elles sont à la fois moins diplômées (30% ont un niveau lycée ou supérieur, contre 36% des hommes), moins disponibles du fait de la présence plus fréquente d’enfants (63% contre 36% des hommes), plus éloignées du marché du travail (28% déclarent être inactives contre 15%).

La moitié sont attirées par le secteur des commerces et hôtels, cafés et restaurants, alors qu’un tiers des entrepreneures en ZUS travaillent dans ce secteur ; à l’inverse une sur 6 aspirent à travailler dans les services aux particuliers alors qu’1/3 y travaillent.