Si les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur et appartenant à une Zus s’insère aussi bien que les jeunes diplômés d’autres milieux urbains, il n’est est pas de même pour les hommes non diplômés ou de formation secondaire.


«Insertion des jeunes issus de quartiers sensibles : les hommes doublement pénalisés», Bref du CEREQ N°309, avril 2013

Trois cohortes (1998, 2004 et 2007) ont été suivies pendant leurs trois premières années sur le marché du travail

 

Parmi ces jeunes, les enfants d’ouvrier sont majoritaires, ceux dont le père est cadre ou profession intermédiaire sont beaucoup plus rares que parmi les autres jeunes urbains (14% contre 35%).

Leur environnement familial est plus éloigné du marché du travail : pour la cohorte 2007, seuls 59% ont un père effectivement en emploi quand ils finissent leurs études (contre 76% des autres jeunes urbains) et, pour une majorité d’entre eux, leur mère est inactive ; les jeunes issus de l’immigration, particulièrement non européenne, sont très largement surreprésentés (45% ont au moins un de leurs parents né à l’étranger contre 19 % des autres jeunes urbains).

 

Après la troisième, plus de la moitié des jeunes de ces quartiers ont été orientés vers les filières de l’enseignement professionnel (moins du tiers pour les autres jeunes urbains) ; pour autant, ils ont eu moins souvent accès à des formations par apprentissage, formations qui ont la vertu de faciliter le passage de l’école au travail. Ils sont aussi moins nombreux que les autres jeunes urbains à avoir entrepris des études supérieures (35% contre 59% pour la cohorte 2007) ; ils y réussissent moins bien (deux fois plus de risques de quitter l’enseignement supérieur sans avoir obtenu un diplôme supérieur au bac).

 

Entre les cohortes 1998 et 2007, la part de ceux exposés plus d’un an au chômage augmente de 11 points (de 24% à 35%), et celle de ceux en emploi, trois ans après la sortie de formation, baisse de 12 points (de 73% à 61%) :

Taux d’emploi

à 3 ans

Hommes

Femmes

ensemble

Non diplômés

Diplômés du secondaire

Diplômés du supérieur

Zus

Autres

Zus

Autres

Zus

Autres

Zus

Autres

Zus

Autres

Zus

Autres

Cohorte 2007

60

75

62

74

61

75

42

55

61

67

83

85

Cohorte 1998

77

85

68

80

73

82

57

65

76

79

87

90

Ecarts

-17

-10

-6

-6

-12

-7

-15

-10

-15

-12

-4

-5

Plus d’un an de

chômage dans les

3 dernières années

Hommes

Femmes

ensemble

Non diplômés

Diplômés du secondaire

Diplômés du supérieur

Zus

Autres

Zus

Autres

Zus

Autres

Zus

Autres

Zus

Autres

Zus

Autres

Cohorte 2007

39

21

32

17

35

19

55

30

35

21

15

11

Cohorte 1998

22

12

27

16

24

14

36

43

23

16

11

8

+3Ecarts

+17

+9

+5

+1

+11

+5

+19

+13

+12

+5

+4

+3

Les difficultés de l’emploi ouvrier, en baisse régulière au cours des années 2000, contribuent à expliquer la très forte dégradation des conditions d’insertion des non diplômés, une dégradation amplifiée pour les jeunes des quartiers classés Zus (le taux d’emploi trois ans après la sortie des jeunes urbains non diplômés perd 10 points entre 2001 et 2010, contre 15 pour les jeunes non diplômés des Zus) ; autre explication, la faible densité d’emplois à proximité, aggravée par la mauvaise image de ces quartiers, entrave à l’embauche.

 

Les caractéristiques sociodémographiques et scolaires expliquent une bonne part de l’écart observé entre les jeunes de Zus et les autres jeunes urbains sur l’indicateur du taux d’emploi à trois ans ; les effets territoriaux, sont nettement moins marquants.

Cependant les résultats sont plus contrastés si l’on distingue différents sous-groupes parmi les jeunes ; les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur de la cohorte 2007 s’insèrent aussi bien, voire mieux, que les autres jeunes urbains, une fois prises en compte les différences de caractéristiques ; par contre, les effets territoriaux se renforcent pour les non-diplômés et pour les hommes.