Sources : le calcul des profils de revenus s’appuie sur les seules enquêtes Revenus fiscaux et sociaux (2011 à 2017), et pour les profils de consommation, sur les enquêtes Budget de famille (2011 et 2017).
Définitions :
– les dépenses pré-engagées sont réalisées dans le cadre d’un contrat difficilement renégociable à court terme (notamment logement et frais associés, les services financiers et assurances);
– les dépenses peu compressibles sont des postes de consommation difficilement arbitrables à court terme parce qu’ils répondent à des besoins essentiels (dépenses alimentaires, de santé, de transports) ;
– les dépenses compressibles sont les postes les plus arbitrables et donc les plus sensibles aux évolutions de revenu.
Les transferts (prestations sociales notamment) réduisent largement les inégalités, alors qu’en proportion les consommations par type de produit et de services sont assez proches.
⇒ Les revenus par quintile (des moins aisés aux plus aisés)
En 2017, le revenu disponible moyen annuel par unité de consommation (UC) est de 29 954€, soit environ 2 500€ par mois, une moyenne qui cache d’importantes disparités : le revenu moyen par UC du premier quintile (les 20% les plus modestes) est de 1 100€ par mois, contre 4 700€ pour celui du dernier quintile (les 20% les plus aisés). En ne tenant compte que des revenus nets d’activité et des revenus du patrimoine, l’écart entre le premier et le dernier quintile serait de 1 à 10, mais la prise en compte des transferts nets le réduit à 4,3.
La structure du revenu disponible brut varie fortement entre les différents quintiles. Pour les ménages les plus aisés, les revenus d’activité indépendante et les revenus financiers pèsent beaucoup plus : respectivement 14 et 11% du revenu brut de ces ménages, contre au plus 2 et 3% pour les autres ménages. Par contre, la part des transferts est aussi bien plus faible (4 %) pour les ménages aisés que pour les autres ménages (comprise entre 16 et 57%).
Ce décalage est le fait des impôts directs (27% du revenu chez les ménages les plus aisés), qui contribuent pour près des deux tiers à l’impôt total. Les prestations reçues par ces ménages comptent pour 28% du revenu brut (vs 35% en moyenne). Du fait des retraites, les prestations reçues par les ménages les plus aisés sont deux fois plus élevées que celles des ménages les plus modestes. Pour les 20% les plus modestes, les transferts nets représentent plus de la moitié de leur revenu brut.
Entre 2011 et 2017, la baisse des revenus financiers réduit les écarts de revenu : le revenu des 20% les plus aisés baisse de 6,7% en euros constants, principalement en raison de la chute de leurs revenus financiers (– 30,6%) ; cela est non seulement dû à la crise, mais aussi au changement temporaire de fiscalité avec la fin du prélèvement libératoire pour les intérêts et les dividendes.
Alors que les revenus des ménages des quatre premiers déciles progressent en euros constants, la croissance du revenu des quintiles intermédiaires s’explique presque intégralement par la hausse des salaires nets.
⇒ Les écarts de revenu selon l’âge sont moins élevés qu’entre les quintiles :
♦ les 40-49 ans, catégorie la plus aisée, perçoivent un revenu par ménage deux fois plus élevé que les moins de 30 ans, les plus modestes.
♦ Chez les ménages seniors (60 ans ou plus), les prestations (principalement les pensions de retraite) représentent près de 70% du revenu, contre 15% pour les ménages plus jeunes. Entre 2011 et 2017, les revenus des ménages les plus âgés (70 ans ou plus) s’accroissent fortement (+ 8,6% en € constants) en raison du dynamisme des prestations retraites (la part des retraités cadres ou professions intermédiaires a augmenté chez les retraités).
♦ Chez les moins de 60 ans, les revenus d’activité constituent la source essentielle de revenu (86% du revenu).
La variation avec l’âge des revenus du patrimoine est elle aussi marquée : ils composent près de 30% du revenu des 70 ans ou plus (dont la moitié correspond aux loyers imputés aux ménages propriétaires de leur résidence principale), contre 7% chez les moins de 30 ans.
⇒ La structure de la consommation des ménages :
♦ Une majorité de type de dépenses de consommation sont proportionnellement proches quelques soit le quintile : les dépenses de logement et ses annexes, de l’alimentation, des transports, des loisirs et de la santés ont un écart d’au plus % entre le 1er et le dernier quintille
♦ Par contre les moins aisés dépensent aussi 2 fois plus en communications et en alcools et tabac et 30% de plus en habillement, chaussures, alors que les plus aidés dépensent bien plus en restaurants et hôtels, en meubles et entretien courant de la maison (ils sont habituellement propriétaires de leur logement).
Par rapport aux plus jeunes, les seniors dépensent une plus grande part en alimentation et, au contraire, sensiblement moins en transports et en hôtels et restaurants. Ils dégagent le plus fort taux d’épargne (21,8%, contre 15,9%).
Le plus souvent, la structure du panier de consommation reste néanmoins assez proche pour tous les quintiles.
⇒ Les dépenses pré-engagées, peu compressibles et compressibles
♦ Le poids des dépenses pré-engagées (essentiellement liées au logement) est assez homogène. En revanche, hors loyers imputés (non ressentis comme telle par les ménages puisqu’il ne s’agit pas d’une dépense effective), il décline nettement quand le niveau de vie progresse, mais augmentent nettement pour les plus de 70 ans, pour les retraités et les inactifs.
♦ Les dépenses peu compressibles sont assez proches des caractéristiques observées; toutefois, pour les ménages les plus modestes, les choix de consommation sont plus contraints : en 2017, rapportées à l’ensemble des dépenses hors loyers imputés, elles représentent 35% de leur consommation, contre 50% pour les plus aisés . Il en est de même pour les ménages retraités agriculteurs, ouvriers et employés.
♦ Les dépenses compressibles : c’est le fait des plus aisés, des plus jeunes et des CSP aux revenus les plus conséquents
⇒ Le taux d’épargne
L’épargne d’un ménage (la différence entre son revenu et sa dépense de consommation), est d’autant plus importante qu’il est aisé (moins de 5% pour les 2 premiers quintile, d’environ 10% pour les 2 suivants et de 28% pour le dernier quintile).
Le taux d’épargne croît régulièrement avec l’âge, de moins de 9% chez les moins de 40 ans à 18% chez les 50-59 ans. Ce n’est pas nécessairement le cas pour les personnes les plus âgées, dont une large proportion vit en institution.
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4764600